Jésus-Christ buvait de la bière dépayse le lecteur en le plongeant d'emblée dans un village rural de l'Alentejo, au Portugal. Au premier plan, Rosa, quinze ans, une adolescente à l'érotisme brut. Elle rêve aux héros de ses romans policiers et westerns, et suce comme des bonbons des cailloux qui lui rappellent des moments plus ou moins heureux de sa jeune existence. Son grand-père s'est jeté dans un puits, sa grand-mère devenue veuve, Antónia, s'est emmurée dans sa vieillesse, sa mère, Isabel, archéologue, a épousé un paysan de condition inférieure, João Lucas Marcos Mateus, puis, vite lassée de son mari, est tombée dans l'alcoolisme et la nymphomanie, devenant pour Rosa l'incarnation de la Sainte Vierge avant de disparaître définitivement.
Se sentant proche de la mort, Antónia a un rêve qu'elle confie à sa petite-fille : se rendre en Terre sainte ! Un désir qui sera bien étrangement exaucé par le petit cercle de Miss Whittemore, la millionnaire anglaise qui a racheté le village. Celle-ci dort dans le squelette d'une baleine et y héberge un sage hindou, un sorcier yoruba africain et le professeur Borja, un vieil illuminé. N'ont-ils pas tous décidé de déguiser ce modeste village en Jérusalem, organisant même un repas de Cène où l'on boira. de la bière ? Car - nombreux sont ceux qui l'ignorent - c'était la boisson de prédilection de Jésus-Christ.
Un livre à la fois bouleversant et désopilant, semé d'histoires gigognes, qu'on lit à bride abattue, immergé dans un monde rural baroque où se télescopent - pour le plus grand bonheur d'un lectorat varié - personnages frustes et érudits excentriques.