Karthala
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Henry de Castries (1850-1927) ; du faubourg Saint-Germain au Maroc, un aristocrate islamophile en re
Daniel Rivet
- Karthala
- Terres Et Gens D'Islam
- 17 Juin 2021
- 9782811128920
"Tour à tour officier de bureau arabe dans le Sud-Ouest oranais de 1875 à 1882, conseiller général en Maine-et-Loire de 1884 à 1914, colonel d'un régiment de la territoriale sur le front en 1914, conseiller historique du gouvernement chérifien après-guerre au Maroc, Henry de Castries (1850-1927) échappe à toute catégorisation simpliste. Aristocrate, il le fut par son maintien en société, mais il devint arabophile au Maghreb, recueillit la parole des gens sous la tente bédouine en ethnographe accompli et suivit au plus près la pratique du culte des saints dans le Sud marocain. Monarchiste, il fut un ardent partisan de l'expansion coloniale de la France, précipitant le ralliement des siens à la République. Catholique intransigeant en surface, il devint en son for intérieur un croyant abrahamique pratiquant un monothéisme traversant les confessions, sous l'influence de l'islam. Conseiller général, il se détacha du camp de l'ordre établi et fut l'avocat discret, mais tenace, des sans voix, des exclus.
Grâce au fonds Dampierre, aux Archives nationales, on peut examiner Castries sous toutes ses facettes et arracher l'homme aux stéréotypes. Malgré ces marqueurs puissants que sont l'appartenance à la plus haute aristocratie, au catholicisme de combat et à l'habitus colonial, il se distingua par une manière de servir en tant qu'officier et conseiller général et par sa manière d'écouter les gens les plus démunis et de les aider, comme par son attention extrême à ses informateurs « indigènes » qui sont toujours, dans sa quête du savoir, des collaborateurs de plain-pied. Aussi c'est sous un double angle de vue que cette biographie a été composée : un pied dans l'histoire socio-politique de la IIIe République et, au prix d'un pas de côté, l'autre pied dans l'histoire des gens ordinaires."
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Vie de Léopold Sédar Senghor ; noir, français et africain
Janet g. Vaillant
- Karthala
- 1 Mars 2006
- 9782845867574
Initialement publiée aux Etats-Unis, La vie de Léopold Sédar Senghor, Noir, Français et Africain constitue la bibliographie la mieux documentée sur une des personnalités africaines les plus marquantes du XXe siècle.
Tout à la fois poète, homme politique et intellectuel, Léopold Sédar Senghor (1906-2001) a été, au cours de sa longue carrière, au centre de bien des controverses. Poète honoré par de nombreux prix, Senghor a été le premier Africain élu à l'Académie française pour sa contribution à la culture française; homme d'Etat, il a été de 1960 à 1980 le premier président du Sénégal indépendant, une nation qui reste l'une des plus démocratiques d'Afrique; comme intellectuel, il a été l'un des instigateurs de la négritude qu'il définissait comme " la manière de s'exprimer du Nègre, le caractère du Nègre, le monde nègre, la civilisation nègre" et aussi un de ceux qui ont mené l'Afrique de l'Ouest vers l'indépendance.
Grâce à ses recherches, ses entretiens, sa collecte minutieuse des données sur une longue période, Janet G. Vaillant a pu dresser, avec le regard critique de l'historienne, un portrait captivant et complexe de cet homme hors du commun. Elle nous introduit à l'enfance de Senghor par la description de son milieu familial, de la culture traditionnelle des Sérères, du système colonial institué par les Français qui lui ont donné le sens contradictoire de sa place.
Elle nous montre le jeune Senghor poursuivant ses études et faisant son éducation littéraire dans le Paris de la fin des années 1920, puis s'impliquant dans cette fraternité particulière de "gens de couleur" qui s'est cristallisé dans cette ville au milieu des années 1930. C'est là que s'est forgée la théorie de la négritude dont Senghor est devenu le talentueux porte-parole. La biographie de Senghor éclaire aussi bien notre compréhension de l'Afrique des indépendances et de ses dirigeants que l'histoire intellectuelle et littéraire de la France et des Afro-Américains.
Janet Vaillant souligne les liens entre l'expérience personnelle de Senghor, son oeuvre politique, sa poésie et les effets de son idéologie politique sur la construction de l'Etat au Sénégal. Elle nous propose également une réflexion sur le contexte plus large de son oeuvre, sa dette et sa contribution à la pensée et à la littérature noire en France et en Amérique et sur son importance comme dirigeant d'un peuple colonisé cherchant à définir de nouveaux rapports avec l'Occident industrialisé.
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Les enfants de Madeleine ; famille, liberté, secrets et mensonges dans les colonies françaises de l'océan indien
Sue Peabody
- Karthala
- 26 Novembre 2019
- 9782811126797
C'est une saga politique qui est dessinée dans ce livre, au travers du destin d'une famille tenue en esclavage dans l'océan Indien. Il s'agit de Madeleine, jeune Bengalie esclave, vendue en Inde à une femme célibataire, puis à une famille qu'elle accompagne depuis la France jusqu'à La Réunion. Pour elle et pour ses enfants, surtout pour Furcy, son fils benjamin, la question de l'affranchissement est centrale. Après le décès de sa mère, Furcy se lance dans un combat pour la liberté devant les cours françaises et britanniques qui va durer plusieurs décennies. Cette lutte de toute une famille d'esclaves a permis de redéfinir l'esclavage et la liberté au XIXe siècle.
Cet ouvrage d'histoire a obtenu en 2017 le prix Pinkney de la Society for French Historical Studies, en tant que meilleur livre américain en histoire française.
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Capitaine Mamadou Racine Sy (1838-1902) ; une figure sénégalaise au temps des tirailleurs
Seydou madani Sy
- Karthala
- Tropiques
- 8 Juin 2014
- 9782811111861
À travers les archives, la légende familiale et également à l'aide d'enquêtes de terrain, cet ouvrage évoque la figure légendaire du capitaine Mamadou Racine Sy. L'auteur ne nous offre pas une apologie, mais répond au désir d'apporter une contribution à la connaissance de ce moment de l'histoire africaine que fut l'entreprise coloniale.
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Maurice Ulrich ; témoin et acteur de l'histoire de 19454 à 2007
Simone Ulrich
- Karthala
- 19 Août 2015
- 9782704813254
Après avoir partagé pendant près de soixante-dix ans la vie de Maurice Ulrich, son épouse évoque avec émotion son cheminement et sa victoire exemplaire sur un destin incertain. Elle retrace les riches étapes de sa carrière, l'éclairant et l'étayant par des témoignages amicaux et des notes de travail longtemps conservées.
Dès sa sortie de l'Ecole Nationale de la France d'Outre-Mer, Maurice Ulrich commence sa carrière comme conseiller économique auprès du gouvernement du roi Sihanouk du Cambodge, et est distingué par Pierre Mendès France lors des conférences de Pau et de Genève. Intégré au corps des Affaires étrangères, il rejoint l'équipe des bâtisseurs de l'Europe, à Paris et à Bruxelles, auprès de Maurice Couve de Murville et devient un des experts en la matière. Il sera directeur de cabinet dans les ministères de l'Education nationale puis de l'Equipement d'Olivier Guichard, et, sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing, auprès des ministres successifs des Affaires étrangères, Jean Sauvagnargues et Louis de Guiringaud.
Devenu Président d'Antenne 2 pour conforter l'organisation de cette chaîne lancée avec talent par Marcel Jullian, il est aussi, pendant plusieurs années, président du Siècle, ce prestigieux club de l'élite française. Après le Quai d'Orsay, il entre au Conseil d'Etat. De conviction gaulliste, c'est le maire de Paris, Jacques Chirac, qui a préfacé ce livre, qui lui demande de le rejoindre à l'Hôtel de ville comme directeur de l'information et de la communication, fonction qu'il cumulera avec celle de sénateur RPR lorsqu'il est élu en 1993. Cette époque marquera le début d'une longue collaboration et d'une profonde amitié liée avec Jacques Chirac, dans un parcours aventureux, passant par une cohabitation avec François Miterrand dans l'épisode « Matignon », et se terminant par douze années à l'Elysée, à la présidence de la République comme conseiller auprès du Président.
Chaque chapitre décrivant le déroulement de cette grande carrière est accompagné d'une série de notes écrites, avec les annotations portées par leurs destinataires, notamment celles de Jacques Chirac. Ces notes apportent un témoignage exceptionnel inédit et historique à ces cinquante dernières années qui ont fait la France.
Simone, qui l'a accompagné depuis leur rencontre à l'université de Bordeaux, illustre ce long parcours par des photographies témoins, mêlant la construction paisible de leur cellule familiale à celle d'un nouvel ordre européen et mondial.
Contient 2 cahiers-photos.
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Tito de Alencar. un dominicain martyr de la dictature brésilienne
Leneide Duarte-plon, Clarisse Meireles
- Karthala
- Signes Des Temps
- 8 Octobre 2020
- 9782811127732
Raconter l'histoire de Tito, c'est revenir sur la dictature militaire mise en place au Brésil en 1964. Installée sous le nom de « révolution rédemptrice », la dictature supprima le Parlement, gouverna par des actes institutionnels et mit en prison les opposants politiques. À cette opposition, va alors s'associer cette partie de l'Église catholique qui avait choisi le christianisme de la libération. Des laïcs, des prêtres et des religieux, notamment des dominicains, en font partie. Ce livre marche sur les traces de l'un d'entre eux, Tito de Alencar.
En 1968, le dominicain Tito a 23 ans quand il s'engage, avec plusieurs de ses frères, dans des actions de soutien à la résistance et notamment à l'Armée de libération nationale (ANL), dirigée par Carlos Marighella. Mais le violent système de répression de la dictature ne tardera pas à l'arrêter, à le ficher, puis à l'emprisonner en novembre 1969. Tito sera torturé ce même mois par l'équipe du commissaire Sergio Fleury, puis transféré en d'autres centres où les actes de tortures reprendront. Il sera libéré mais banni du pays en janvier 1971. Réfugié en France, il se suicida quelques années plus tard. La torture avait réussi à le détruire psychologiquement, transformant sa vie en un enfer de délires et d'hallucinations.
Lors de l'édition brésilienne de cet ouvrage en 2014, des personnalités en ont souligné sa portée. « Le livre a changé la vision que j'avais de l'engagement des dominicains à l'époque » (Bernardo Kucinski, écrivain). « Il n'y a pas dans cette oeuvre matière à spéculations doctrinaires. Tout est direct et vivant, comme se doit d'être le témoignage d'amis et compagnons qui ont partagé dans le danger les mêmes valeurs » (Alfredo Bosi, écrivain, professeur de littérature brésilienne et académicien). « Quel bel exemple de compréhension et de respect de sa tragique aventure chrétienne de liberté ! » (Magno Vilela, historien et ex-dominicain).
Publié aujourd'hui en français, ce livre vaut en lui-même pour l'honneur de Tito. Il vaut aussi comme un appel et une leçon pour notre époque, où la liberté et la justice restent toujours à préserver, ou à conquérir et reconquérir.
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La formidable histoire d'Alexandre Glasberg
Nick Lampert
- Karthala
- Signes Des Temps
- 8 Avril 2021
- 9782811128296
Qui était le « formidable » Alexandre Glasberg ? Un émigré juif de l'ex-empire russe arrivé en France en 1932, devenu prêtre catholique à Lyon. Un polyglotte qui comptait le yiddish parmi ses langues courantes. Un homme d'une audace étonnante qui a sauvé de nombreux juifs de la déportation pendant l'occupation allemande de la France. Il échappe de justesse aux griffes de la Gestapo à Lyon en 1942, et réapparait sous un nom d'emprunt, curé d'un village du Tarn et Garonne le jour, résistant actif la nuit.
Après la libération, il monte à Paris et fonde une association pour aider les survivants des camps et les personnes déplacées par la guerre. Cette association est devenue COS, en créant des Maisons de retraite, des Centres pour handicapés et des Centres d'accueil pour demandeurs d'asile. Une combinaison unique de services, éclairée par une éthique exigeante : « Tout faire pour la personne, ne rien faire à sa place », très en avance sur son temps. Quarante ans après son décès, la Fondation COS Alexandre Glasberg est restée fidèle aux valeurs de son fondateur tout en développant largement ses activités.
L'abbé Glasberg était une figure fascinante, un esprit libre, dynamique, aux multiples facettes, impossible de catégoriser : prêtre mais pas homme d'institution, francophile ardent et défenseur passionné des réfugiés, sioniste engagé mais partisan du peuple palestinien, socialiste mais étranger aux débats doctrinaux. Et dans les relations personnelles, à la fois très sociable et très privée. Rien d'étonnant à ce qu'il soit considéré comme une énigme. Ce livre retrace les moments clés de sa vie extraordinaire et met en lumière sa personnalité envoûtante.
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Biographie politique de Diori Hamani ; premier président de la République du Niger
André Salifou
- Karthala
- 11 Octobre 2010
- 9782811102029
Au moment où sont célébrés les cinquante ans de l'indépendance des Etats africains francophones, l'ouvrage d'André Salifou vient à point nommé nous offrir une biographie du leader politique nigérien Diori Hamani. A l'instar de ses pairs, tels Felix Houphouët-Boigny ou Léopold Sedar Senghor, celui-ci compte en effet parmi les leaders politiques qui ont assumé le passage de l'Etat colonial à l'Indépendance.
L'ouvrage d'André Salifou retrace l'histoire particulière d'une indépendance africaine. Comme les autres, elle fut animée par une utopie fondatrice, qui continue à marquer aujourd'hui la vie des nouvelles générations africaines. Dans cette immense aventure, le premier président du Niger a toute sa place, que reconnaissait le Général de Gaulle dans le premier tome de ses Mémoires d'espoir : "A l'image de son pays où se joignent le désert et la savane, Diori Hamani sait unir les vues lointaines et le sens pratique dans l'action qu'il mène au-dedans et au-dehors".
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Ernest Noirot, un administrateur colonial hors normes (1851-1913)
Philippe David
- Karthala
- Relire
- 13 Août 2012
- 9782811107239
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Jean Ramadier, gouverneur de la décolonisation
Jacques Larrue, Jean-marie Payen
- Karthala
- Tropiques
- 1 Janvier 2000
- 9782845860117
La décolonisation dont il s'agit ici est celle - a posteriori - de l'Indochine (1941-1944), puis celle de l'Afrique au Sud du Sahara (1958-1960).
Elle ne concerne pas les territoires où Jean Ramadier n'a pas servi. Le héros de cet ouvrage porte un nom célèbre : c'est le fils du Président Paul Ramadier. Mais les auteurs ont pour ambition de lui donner, comme on dit, un prénom. Car Jean Ramadier a été, lui aussi, à sa manière, un personnage historique. Ce gouverneur de la France d'Outre-Mer, l'un des derniers, a été amené à exercer sa mission à la charnière de deux mondes et de deux époques, et à préparer les territoires coloniaux à des indépendances difficiles.
Il a souffert personnellement de la dureté des temps et des choses. En Indochine, ayant participé à la résistance contre l'occupation japonaise, il a été torturé dans les trop célèbres " cages de bambou " de la kempetaï, la Gestapo japonaise. Au Cameroun, il a sacrifié définitivement une carrière prometteuse à ses convictions. Précurseur en nombre de choses, il a eu le tort impardonnable d'avoir raison trop tôt.
Homme de contrastes apparents, il était gai et généreux dans ses rapports, alliant l'action la plus directe à une profondeur de pensée étonnante quand on constate la masse de travail qu'il a réalisée. Etre de ses amis n'était certes pas de tout repos, mais il a suscité parmi ses administrés, ses collègues, ses proches, des amitiés si profondes et si dévouées que, selon les auteurs, " à leur connaissance aucun n'a regretté le choix qu'en Afrique ou ailleurs ils ont fait d'être auprès de lui ".
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Victor Schoelcher, abolitionniste et républicain ; approche juridique et politique de l'oeuvre d'un fondateur de la République
Anne Girollet
- Karthala
- Hommes Et Societes
- 10 Janvier 2000
- 9782845860049
Deux années après la commémoration du cent-cinquantenaire de la IIe République, Victor Schoelcher (1804-1893) est présenté, plus que jamais, comme le symbole de l'abolition de l'esclavage.
Or, cette approche réduit non seulement l'abolition à un seul homme - représentant d'une République généreuse - mais encore l'image de Schoelcher, car ses contradictions et surtout, son républicanisme sont passés sous silence.
Schoelcher lutta, physiquement et politiquement pour une République démocratique et sociale en ayant sans cesse le souci de l'application concrète, pour tous, des principes républicains : Liberté, Égalité, Fraternité.
La République se devait donc non seulement de garantir l'inviolabilité de la vie humaine et le respect de la dignité de l'homme mais encore de donner à chacun les moyens de participer activement à la vie de la société (droit de vote, instruction, secours public, notamment).
Ce modèle de République, Schoelcher entendait le faire appliquer également aux colonies. Son action fut décisive dans l'abolition juridique de l'esclavage en 1848 et dans l'organisation du statut légal pour les affranchis.
Cependant, il fut assimilationniste sans être universaliste en intégrant la dimension culturelle dans ses revendications : c'est la dialectique de la nationalité et de la citoyenneté qui suscita de nombreux débats pendant toute la période colonisatrice.
Schoelcher était colonialiste. Néanmoins, s'il s'insère dans son siècle par son colonialisme, il s'en détache par son assimilationnisme basé sur l'égalité qu'il traduit pour les quatre vieilles colonies par le principe de la départementalisation.
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Robert Delavignette, savant et politique (1897-1976)
Romuald Fonkoua, Bernard Mouralis, Anne Pirou
- Karthala
- Hommes Et Societes
- 1 Novembre 2003
- 9782845863477
40 ans après l'accession des pays africains à l'indépendance, et face aux problèmes nombreux que connaît l'Afrique noire contemporaine, il a paru intéressant d'évoquer la figure de Robert Delavignette, savant et politique.
D'abord administrateur responsable de cercle au Niger puis en Haute-Volta, il a été très vite appelé à des fonctions politiques : directeur de cabinet de Marius Moutet, ministre de la France d'Outre-Mer dans le gouvernement du Front Populaire, directeur de l'Ecole Coloniale puis de l'Ecole Nationale de la France d'Outre-Mer, avant de devenir directeur des Affaires politiques au ministère de la France d'Outre-Mer, de la libération jusqu'au début des années 50.
Parallèlement à ces activités politiques, Robert Delavignette a réalisé une oeuvre littéraire importante, d'un ton très personnel, et publié de nombreux ouvrages et articles sur les finalités de la colonisation et de la décolonisation, développant en particulier un discours décalé aussi bien par rapport au thème de l'"oeuvre coloniale de la France" que par rapport à la thèse qui voit dans l'indépendance l'achèvement du Politique.
La grandeur de l'oeuvre et de la pensée de Delavignette trouve probablement son ressort dans la place qu'y tient la référence constante à l'universalisme républicain.
Celui-ci le conduit à se montrer sceptique à l'égard de toute vision essentialiste de l'Afrique et à apposer au discours théorique de l'ethnologue la logique pratique du responsable politique qui constitue chez lui une véritable source de connaissance.
Les différentes contributions contenues dans cet ouvrage dépassent le clivage entre l'Afrique coloniale et l'Afrique postcoloniale. Elles étudient les questions de l'administration et du développement des pays (hier colonisés, aujourd'hui indépendants) à partir de l'expérience d'un administrateur des colonies.
Elles établissent une continuité entre l'oeuvre littéraire coloniale et les oeuvres littéraires africaines. Elles invitent surtout à réfléchir aux conséquences de l'occultation d'une mémoire franco-africaine.
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Jaillissant, à la surprise générale, de la succession d'Ahmadou Ahidjo, le président Paul Biya a bravé un parcours de turbulences que peu d'acteurs politiques contemporains peuvent s'autoriser : retournement spectaculaire de la parole de son prédécesseur, deux tentatives de coup d'Etat, une crise économique féroce, la désobéissance civile, la violence de la rue, une opposition insurrectionnelle appelant à la guerre civile armée, les trahisons des fidèles, les annonces de décès, le tir groupé de la presse depuis une quinzaine d'années, les manoeuvres des partisans et des adversaires qui parfois deviennent des ennemis.
Depuis 1982, Paul Biya a traversé ces épreuves à la surprise générale, confondant les sceptiques et renaissant, comme l'animal de la légende, chaque jour du néant où certains l'avaient trop vite barricadé. L'essai de Michel Roger Emvana, même s'il aborde la question par des voies peu orthodoxes dans ce genre d'opération, s'appuie sur des faits biographiques, historiques et politiques que tout observateur de la scène reconnaît parce qu'il les connaît : l'enfance au village ; le parcours scolaire à Nden, Edéa, Yaoundé, Paris ; la carrière du grand commis de l'Etat au service de l'intérêt général jusqu'à son accession au sommet de la responsabilité républicaine.
Tel est le cheminement politique de Paul Biya depuis le 6 novembre 1982. (Extrait de la préface du Professeur Gervais Mendo Ze).
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Louis Massignon au coeur de notre temps
Jacques Keryell
- Karthala
- Hommes Et Societes
- 3 Mai 2000
- 9782865378883
Un premier ouvrage, Louis Massignon et ses contemporains, s'est efforcé de montrer en quoi consistaient les relations d'amitiés de Louis Massignon.
Ce nouvel ouvrage tente de le prolonger et de l'approfondir pour montrer que c'est grâce à l'autre que l'on peut " porter sa propre vie spécifique, intellectuelle ou spirituelle, à un plus haut degré de perfection ". Cet " amical compagnonnage " entre les humains doit être avant tout de l'ordre du coeur et de l'amitié.
Islamologue reconnu, Louis Massignon compte ici parmi ses amis et interlocuteurs.
Daniel Fontaine, Lawrence d'Arabie, Gabriel Boulad, René Voillaume, Bernard Guyon, Thomas Merton, Charles de Foucauld, quatre intellectuels algériens. Ses relations avec la Syrie et l'Egypte ont marqué sa vie. L'impact de cette vie, de son enseignement ont été et restent considérables pour tous ceux qui sont concernés par l'Islam, car Massignon leur a donné des clés sûres pour l'étude de la civilisation musulmane et la connaissance de ceux qui s'en réclament.
Certains lieux comme Ephèse, Jérusalem, Isé, ont influencé sa vie spirituelle où le pèlerinage a été déterminant.
Louis Massignon nous apparaît ainsi comme susceptible d'inspirer les jeunes générations pour les amener à une attitude de fraternité universelle et à la pratique d'un dialogue culturel et religieux.
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Maria Deraismes ; journaliste pontoise ; une féministe et libre-penseuse au XIX siècle
Claude Singer
- Karthala
- Tropiques
- 2 Août 2011
- 9782811105341
Libre-penseuse et franc-maçonne, Maria Adélaïde Deraismes, dite Maria Deraismes (1828-1894), est une figure marquante du mouvement républicain et féministe français au XIXe siècle, mais elle reste méconnue.
C'est pour aider à combler cette lacune que la Fédération du Val-d'Oise de la Libre Pensée lui a consacré un colloque à Pontoise (Val-d'Oise) en 2009 avec l'Association laïque des Amis de Maria Deraismes. Intellectuelle érudite et passionnée, Maria Deraismes est en rupture avec les pratiques habituelles de son milieu et de son époque. Outre ses revendications féministes, le lecteur découvrira la diversité de ses engagements : la défense du droit des enfants, ses critiques à l'encontre d'une Église catholique et de ses représentants enfermés dans leurs traditions, ses révoltes devant l'injustice, son combat pour la démocratie et la République.
Cet ouvrage reprend les contributions de Claude Singer, président de la Fédération du Val-d'Oise de la Libre Pensée ; Liliane Fraysse, agrégée d'histoire, professeur honoraire ; Amélie Averlan qui a réédité Eve dans l'humanité (recueil de discours de Maria Deraismes) ; Louis Couturier, secrétaire de l'Institut de Recherche et d'Étude de la Libre Pensée ; Andrée Prat, historienne, présidente de la commission histoire de la Fédération française du Droit Humain ; Jean-François Dupaquier, journaliste et écrivain ; Michèle Singer, secrétaire de l'Association laïque des Amis de Maria Deraismes ; Jacqueline Mazzola, gynécologue médicale, et Rose Boutaric, syndicaliste.
La conclusion est apportée par Marc Blondel, président de la Fédération nationale de la Libre Pensée.
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Leon-Etienne Duval, évêque d'Algérie : Etudes, témoignages et documents
Bernard Hodel, Sylvie Duval, Jean-robert Henry
- Karthala
- Hommes Et Societes
- 27 Septembre 2024
- 9782384092130
Quand Mgr Duval devient évêque de Constantine en 1947, ce n'est pas un prélat révolutionnaire, ni un théologien progressiste, ni même un partisan affiché de l'indépendance. Mais la situation coloniale et les événements successifs auxquels il se trouve confronté vont tremper sa personnalité et révéler le caractère et les qualités d'un homme solidement ancré dans ses convictions religieuses et morales, qui doivent beaucoup à la pensée augustinienne sur la fraternité universelle. Dès son arrivée dans un diocèse meurtri par la révolte et la répression de mai 1945, l'injustice sociale qu'il ne cesse de dénoncer se confond de plus en plus à ses yeux avec l'injustice coloniale. Il essaie de peser sur elle dans ses messages aux fidèles qui l'amèneront par exemple à condamner sans ambiguïté et sans délai la torture après l'insurrection algérienne du 1er novembre 1954.
A la tête de l'archevêché d'Alger durant la guerre d'Algérie, sa vision du problème algérien évolue vers un soutien progressif à la solution d'indépendance. Au Concile, où il est très actif, Mgr Duval incarne une Eglise qui a choisi d'être algérienne et qu'il dirigera jusqu'en 1988. En 1965, il fut promu cardinal et il obtint la même année la nationalité algérienne.
Cet ouvrage a pour origine un colloque tenu en mai 2019 à l'Université de Fribourg (Suisse) sous le titre « Mgr Léon-Étienne Duval face aux conflits». Ses lignes directrices étaient les suivantes : ne pas s'en tenir aux seules années des «événements d'Algérie» qui correspondent aux premières années de l'épiscopat de Mgr Duval à Alger, mais essayer de retracer tout son itinéraire, en s'appuyant sur les travaux d'historiens algériens et européens et sur le témoignage de proches de l'évêque, chrétiens ou musulmans. Des documents inédits ont aussi été sollicités.
Histoire de l'Eglise à l'université de Fribourg, Sylvie Duval, professeure associée d'histoire médiévale à l'Université de Bologne, et Jean-Robert Henry, directeur de recherches honoraire au CNRS, qui avait piloté avec Abderrahmane Moussaoui, dans cette même collection, le livre sur L'Eglise d'Algérie et les chrétiens dans l'Algérie indépendante.