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Françoise Sagan, en 1954, est une jeune fille de dix-huit ans comme les autres, ou presque. Issue du quartier chic de la plaine Monceau, la mèche en désordre, Françoise sort, s'amuse, dîne chez Lipp avec son amie Florence Malraux, mais elle écrit, et avec quelle justesse. Le 15 mars 1954, l'éditeur René Julliard, alors patron de la maison « à la mode » publie le premier roman de Françoise Quoirez, dite Sagan, « Bonjour Tristesse », et tout change. Françoise devient riche et célèbre, noctambule et légendaire, culte et pourchassée. De Paulhan à Mauriac, de Blanchot à Bataille, les messieurs se penchent sur ce cas d'étonnante précocité, et nous échappe peut-être la portée universelle, la douleur de ces mots : « Je n'étais pas à l'âge où la fidélité séduit. Je connaissais peu de choses de l'amour : des rendez-vous, des baisers et des lassitudes ».
Nous sommes en 2014. Romancière et femme qui sort d'un terrible chagrin d'amour, Anne Berest se revêt « de la vie de Françoise pour oublier la sienne », et tisse sa jeune vie enlacée à celle de son aînée. Roman vrai, biographie ou autofiction ? Les trois à la fois, et en tout cas une superbe réussite. Et surtout comment, dans le miroir que vous tend le passé, le mythe Sagan rencontre l'éternelle jeunesse.
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Les troix exils ; juifs d'algérie
Benjamin Stora
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- Un Ordre D'idees
- 13 Septembre 2006
- 9782234058637
L'idée de ce livre est née un matin de novembre 2004, quand Benjamin Stora, accompagné de son fils, s'est rendu pour la première fois à Khenchela, petite ville de l'est algérien d'où vient sa famille paternelle. Voyageant entre mémoire et histoire, quête personnelle et enquête historique, sources privées et archives inexplorées, il reconstitue les trois exils qui ont marqué le destin des Juifs d'Algérie. En moins d'un siècle en effet, ils sont sortis par trois fois de ce qui était jusque-là leur univers familier. Il se sont éloignés de la vie juive en terre d'islam quand le décret Crémieux de 1870, faisant d'eux des citoyens français, les a mis sur la voie de l'assimilation. Ils ont été rejetés hors de la communauté française de 1940 à 1943 avec les lois de Vichy. Et ils ont quitté les rives algériennes avec l'exode de 1962. A travers cet essai historique sensible et rigoureux, enrichi de documents inédits, on découvre l'originalité de ce judaïsme algérien à la fois passionnément attaché à la République française et profondément pétri de traditions religieuses, mais aussi la complexité et les ambiguïtés des relations entre Juifs et Musulmans.
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Oui, la vie dHenri Decoin valait bien un roman. Et elle valait bien un roman de son fils. On na pas retenu de Decoin père quil avait été dans sa jeunesse, recordman de France de natation et sélectionné pour les Jeux olympiques de 1912. On ne se souvient plus de lui comme ayant fait partie de lescadrille de Guynemer durant la Première Guerre mondiale. Cest pourtant durant la Grande Guerre quHenri Decoin se met à écrire des nouvelles. Démobilisé, il se lance dans une carrière de journaliste sportif puis dans le cinéma et cest avec sa deuxième femme, Danielle Darrieux quil a épousée en 1935 quil commence à connaître le vrai succès.
Le couple ayant signé un contrat avec Universal (elle comme actrice, lui comme superviseur ), ils partent tous deux aux Etats-Unis fin 1937. Parce que cela fait plus américain, Henri fait place à « Henry ». De retour en France, ses films jusque-là plutôt légers deviennent plus noirs, plus profonds, des films qui pour certains deviendront de vrais chef-duvres du patrimoine cinématographique français : La Vérité sur bébé Donge (1952), Razzia sur la Schnouf (1955)...
De la vie de ce père au destin exceptionnel, Didier Decoin a fait un roman où tout est vrai. Un livre irrésistible, drôle, sensible. Un livre dans lequel transparaît léblouissante personnalité dHenri Decoin et le formidable amour que lui voue son fils. -
Winston ; comment un seul homme a fait l'histoire
Boris Johnson
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- 2 Septembre 2015
- 9782234079663
« Profondément intelligent...Ce livre est saisissant. » The Times « L'énergie de Churchill - son inlassable recherche d'enthousiasme, de gloire et de pouvoir - demandait un écrivain aussi pétillant et passionnant pour rendre justice à son histoire. Johnson est cet écrivain. » The Mail on Sunday « Une performance de haut vol... Johnson n'a pas seulement célébré Churchill dans ce livre, il l'a égalé avec un panache incomparable. » Financial Times « Captivant... Boris est un écrivain superbe, accessible, avec une touche de bonne humeur. » The Independent « Aussi divertissant qu'édifiant sur les accomplissements d'un grand homme. » The Daily Telegraph « Didactique mais jamais pédant, rythmé mais jamais superfi ciel... Pas une fois l'immense travail de recherche ne pèse sur la lecture. » Daily Express
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Le dernier poilu ; Lazare Ponticelli (1897/2008)
Véronique Fourcade
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- 22 Octobre 2008
- 9782234061842
Le nom de Ponticelli restera désormais dans l'Histoire comme celui du dernier témoin des atrocités de la Première Guerre mondiale. On sait moins qu'il figure, plus discrètement il est vrai, dans les annales du monde économique et industriel français. Car la vie extraordinaire de Lazare Ponticelli ne se résume pas à ses faits d'armes, ses six ans de mobilisation, sa « croix de guerre » italienne .Lazare ne sait ni lire ni écrire et ne parle pas français lorsque, à l'âge de 9 ans, il fuit la misère de son Italie natale pour rejoindre, seul, sa mère et ses deux frères à Paris. Après l'épreuve de 14-18, les trois frères travaillent dur comme ramoneurs. Analphabètes, leurs mains débordent d'intelligence et leurs muscles de courage. Ils créent une entreprise de montage et d'entretien de cheminées d'usine. Après la seconde guerre mondiale durant laquelle les frères apportent leur contribution à la Résistance, la société Ponticelli diversifie ses activités, emploie des milliers de personnes, ouvre plusieurs agences à l'étranger et en province dont une en 1955 à Bassens, en Gironde, où le groupe emploie aujourd'hui 250 personnes.
Malgré son ascension sociale, l'homme n'a jamais quitté son petit pavillon du Kremlin-Bicêtre, où il s'était installé en 1922. Plus que centenaire, il y vivait seul, faisant tous les jours son marché et lisant les chroniques économiques des journaux pour boursicoter, lui qui avait veillé à ce que sa société ne soit jamais cotée en Bourse !
En 1996, il obtient la Légion d'honneur. Son dernier défi était d'être « le der des ders », il l'a réussi : il meurt le 12 mars 2008 à l'âge de 110 ans, trois semaines après l'avant-dernier, Louis de Cazenave. . -
Si on se souvient encore de Bernard Lazare (1865-1903), c'est grâce au portrait fait de lui par Péguy dans Notre Jeunesse. Lazare-le Juste entre tous, le premier à avoir pris la cause de Dreyfus au moment où tout semblait perdu, avant Zola et tous les autres. Bernard Lazare est en effet cela, l'infatigable avocat de l'innocence du « petit capitaine juif », le héros d'une aventure chantée par Péguy et passée ainsi à la postérité.
Le grand mérite de cette biographie est de ne pas s'en tenir à cette image simpliste: Lazare, avant d'être le porte-parole des dreyfusards, a été un écrivain symboliste admis aux fameux "mardis" de Mallarmé, un penseur anarchiste, et même, comble de paradoxe, un juif antisémite. Comme certains de ses coreligionnaires, et comme beaucoup de ces anarchistes fin-de-siècle, Lazare a commencé par conspuer le sémitisme des Juifs fraîchement arrivés de leur Pologne ou de leur Russie natales.
C'est un portrait contrasté et précis que brosse Philippe Oriol, qui ne veut laisser dans l'ombre aucune part de cette vie que la légende a tôt recouverte
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Eunice, Whitey, Agnes, Ralph, Ralph encore, mais aussi Paula, Inez, Larry, Evelyn, Cherie, May et Pat. C'est à leurs côtés que Marilyn Monroe vécut ses derniers mois à Los Angeles en 1962. Des amis, des collaborateurs, des proches... en réalité quasiment tous ses employés. Une armée des ombres à la hiérarchie mouvante, composée d'alliés des débuts et de nouvelles recrues. Un entourage à défaut d'une famille. Que signifi ait pour eux côtoyer la plus grande star d'Hollywood, jamais à court de paradoxes ? Qui étaient-ils et quels liens avaient-il tissés avec celle qui mourut à trente-six ans, adulée de tous, mais seule dans sa maison de Brentwood à peine meublée ? Une plongée au coeur des coulisses d'un monde disparu à travers douze personnages, héros du roman vrai des derniers jours de Marilyn Monroe.
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Tout commence par l'aventure individuelle d'un jeune homme ambitieux et pressé, marié à une femme plus âgée que lui et qui, pour parvenir à ses fins, bouscule les gens en place. En une demi-décennie, il parvient à conquérir le pouvoir grâce à un mélange détonnant d'audace, de vitesse et de chance. Au final, un « coup d'État » qui change la donne. Bonaparte, Macron ? Il fallait oser.
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Né sous louis xviii (en 1822) et mort à la veille de l'affaire dreyfus (en 1894), maxime du camp s'intéressa à tous les aspects d'une époque marquée par de nombreuses crises politiques et sociales, de vastes évolutions techniques et de furieuses batailles littéraires.
Mille raisons conduisent donc à citer son nom. il fut l'ami le plus proche de flaubert, entraînant celui-ci sur les routes de bretagne et les eaux du nil. a l'occasion de ce voyage en egypte, en 1849, il eut l'idée d'utiliser la photographie, alors balbutiante, pour rapporter des images exactes des monuments et publia à son retour le premier livre illustré de "dessins photographiques". principal animateur de la revue de paris, il permit à baudelaire d'y faire connaître edgar poe et à flaubert d'y publier son premier roman, madame bovary. l'histoire retient aussi sa blessure au cours des combats de juin 1848, sa rivalité avec mérimée pour conquérir le coeur de valentine delesset, son amitié avec mme sabatier, la belle présidente, sa participation à l'expédition des deux-siciles aux côtés de garibaldi, ses ouvrages sur paris, ses souvenirs littéraires, les polémiques que déclenchèrent sa dénonciation implacable des excès de la commune le nom de maxime du camp est ainsi fréquemment évoqué, mais toujours à propos d'un autre sujet et jamais pour lui-même. un siècle après sa mort, aucun ouvrage ne lui a été consacré et son image en a été souvent grossièrement déformée.
En explorant la mine trop peu exploitée que constituent les archives personnelles de du camp déposées à la bibliothèque de l'institut, en scrutant ses oeuvres, en déchiffrant les passages non publiés de sa correspondance avec flaubert, gérard de senneville révèle un homme tout différent de celui habituellement dépeint. poussé par une extraordinaire curiosité, du camp apparaît comme un précurseur du journalisme d'enquête, de l'histoire contemporaine, des grands reportages.
Ce "reître littéraire, tenté par toutes les originalités de la vie moderne," - selon l'expression de jules claretie - méritait bien une biographie.
Haut fonctionnaire, gérard de senneville a exercé d'importantes responsabilités dans le domaine de l'urbanisme et de l'aménagement du territoire.
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Le 5 mars 1984, Gérard Lebovici quitte précipitamment son bureau après un mystérieux coup de téléphone. Il est retrouvé deux jours plus tard dans sa voiture, stationnée dans le parking souterrain de l'avenue Foch, exécuté de quatre balles dans la nuque. Son meurtrier n'a jamais été identifié. Mais vingt ans après, le personnage reste opaque.En dépit des portes restées closes, Jean-Luc Douin a eu envie de comprendre cet homme qui, de son vivant, restait pour beaucoup un mystère, et dont la mort brutale, non élucidée, alimenta toutes sortes de rumeurs. Officiellement, Gérard Lebovici est le créateur d'Artmédia, la plus puissante agence artistique de France, qui gère les intérêts de Jean-Paul Belmondo, Catherine Deneuve, François Truffaut. Il est aussi le fondateur des éditions Champ Libre, qui éditèrent Bakounine, Clausewitz, Simon Leys, George Orwell, nombre d'écrits révolutionnaires et situationnistes. Mais qui était réellement Gérard Lebovici, fasciné par Jacques Mesrine et ami de Guy Debord ? Un individu au destin exceptionnel, doté d'un pouvoir occulte et de vies parallèles ? Ou l 'homme de l 'ombre dont cette biographie traque les secrets, cet incorruptible résolu à vivre à l'écart des récupérations, cet insoumis acharné à confondre les apparences, orchestrer ses révoltes, déjouer les pièges sociaux ?
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Ces papes qui ont fait l'Histoire : De la Révolution à Benoît XVI
Henri Tincq
- Stock
- 29 Mars 2006
- 9782234058477
Le rôle historique et politique de premier plan joué par Jean-Paul II ne doit pas faire oublier que plusieurs « locataires » du Vatican ont eux aussi, au cours des derniers siècles, marqué non seulement l'histoire de l'Église mais aussi l'Histoire tout court. Ce livre propose de retracer les portraits de ces papes dont les convictions et le règne ont pesé sur le cours de l'histoire. Au fil des pages, on redécouvre les figures « modernistes », comme par exemple celle de Pie VII, le pape qui signe avec Napoléon le Concordat limitant les pouvoirs de l'Église par rapport à l'État français, ou de Léon XIII, qui accepte le ralliement de l'Église à la République et s'intéresse au catholicisme social. Inversement, l'auteur décortique l'impact des pontificats plus conservateurs comme celui de Pie IX, qui organise le concile de Vatican I, lance le dogme de l'infaillibilité pontificale et cristallise l'opposition de l'Église à l'égard de la modernité démocratique. Enfin, Henri Tincq revient sur le parcours des grands papes du XXe siècle : Pie XI, pourfendeur de la montée des totalitarismes brun et rouge dont il est contemporain ; Pie XII, qui laisse faire la Shoah ; Jean XXIII et Paul VI, dont les noms restent inséparables du grand virage pris par l'Église catholique avec Vatican II ; Jean-Paul II enfin et Benoît XVI. Mais ce dernier sera-t-il un grand pape ?
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Du franchissement des Alpes vers Milan, en 1800, à la retraite de Russie, en 1813, la vie de Henri Beyle est étroitement mêlée à l'aventure napoléonienne, toute sa jeunesse habitée par l'enthousiasme et l'énergie que lui insuffla "le plus grand homme qui ait paru dans le monde depuis César".
Vers 1816, Stendhal, qui a trente-trois ans et vit à Milan, entame la rédaction de la Vie de Napoléon. En 1817, des attaques contre l'Empereur déchu et l'irritation produite par la lecture d'un violent libelle posthume de Mme de Staël l'incitent à poursuivre l'ouvrage sur un ton plus polémique.Ce texte fragmenté analyse brillament la prise de pouvoir de Bonaparte ainsi que l'esprit de la politique de Napoléon, de son armée et de son système d'administration.
Vingt ans après, Stendhal revient à son projet, encouragé par les nouvelles dispositions du public de la Monarchie de Juillet et l'abondance des sources d'information. Il se présente au lecteur comme un ancien soldat, témoin et acteur des hauts faits de Napoléon. Toutefois, le ton est différent : l'admirateur toujours aussi enthousiaste du général Bonaparte se montre plus critique envers l'Empereur qui, en fondant une dynastie, a renoncé à être "fils de la Révolution". L'ouvrage Mémoires sur Napoléon est plus fourni que la mouture de 1816 et présente une fresque singulière de cette période unique grâce au souci du détail et à la finesse psychologique qui constituent l'essentiel de l'esthétique de Stendhal.
Ces textes, tous deux inachevés, furent publiés par Romain Colomb, ami de Stendhal, dans une édition tronquée qui a toujours prévalu jusqu'ici. Colomb, considérant que bon nombre de pages avaient été recopiées, les avaient négligées. Or, l'édition qu'a établie Catherine Mariette a pour intérêt fondamental de restituer ces pages qui, malgré les emprunts évidents d'information, sont de Stendhal, reconnaissable à son style si particulier.
Pour la première fois, les fabuleux chantiers napoléoniens de Stendhal sont reproduits ici dans leur intégralité. Les hésitations, les repentirs et les trouvailles nous font entrer dans l'atelier de l'écrivain et suivre, au fil d'une écriture vibrante, l'élaboration d'une oeuvre qui se voulait aussi ample et ambitieuse que celle de napoléon Bonaparte, le héros qu'elle s'était attachée à raconter.
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Génie et démesure d'un Pharaon :
KHÉOPS Ramsès II et, douze siècles avant lui, Khéops, furent deux grands pharaons bâtisseurs. Les témoignages abondent sur le premier ; à l'inverse, un profond silence entoure le second : l'iconographie statuaire fait défaut et les témoignages historiques sont très rares. L'un d'eux émane d'Hérodote qui, après enquête en Egypte, affirma que Khéops avait suscité l'aversion de son peuple et que sa sépulture se trouve dans le rocher, sous sa pyramide, sur une île baignée par le Nil : assertions jugées invraisemblables encore aujourd'hui.
Jean Kerisel entreprend une étude scientifique interdisciplinaire de l'oeuvre de Khéops, permettant de reconstituer les phases de la construction, leur chronologie, les efforts immenses demandés au peuple, pour conclure que les prétendues invraisemblances d'Hérodote sont probablement vérités.
La grande Pyramide n'est qu'une partie d'une oeuvre qui marquera les dynasties suivantes. Au total, en dépit de sa démesure et des souffrances qui en résultèrent pour le peuple, Khéops apparaît comme le plus génial des rois de l'ancienne Egypte par l'originalité de son oeuvre, ses brillantes qualités d'architecte et d'ingénieur hydraulicien ainsi que par son sens de l'organisation du territoire. Il suscite à la fois fascination et hostilité, rejet et admiration.
Docteur d'Etat ès-sciences physiques, directeur général honoraire au ministère de la Reconstruction, devenu ingénieur-conseil, Jean Kérisel a été président de la société des ingénieurs et scientifiques de France.
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Héritier d'une grande famille du xixe siècle qui s'était illustrée dans l'industrie, la finance et la politique, Paul-Louis Weiller a vécu plusieurs vies successives.
Ingénieur de l'Ecole centrale, il est un héros de l'aviation pendant la guerre 1914-1918. Imposant l'utilisation de la photographie aérienne lors des vols de reconnaissance, il est plusieurs fois abattu avec son avion et blessé. Douze fois cité à l'ordre de l'armée, fait officier de la Légion d'honneur à vingt-cinq ans, il termine la guerre auprès du maréchal Foch et assiste à la signature du traité de Versailles comme aide de camp du chef des armées alliées.
Patron d'industrie dès l'âge de vingt-neuf ans, de 1922 à 1940, Paul-Louis Weiller développe la plus importante entreprise européenne de construction de moteurs d'avion, Gnôme et Rhône, qui deviendra la SNECMA après sa nationalisation en 1945. Il crée des lignes aériennes qui seront regroupées par l'Etat en 1933 pour devenir Air France dont il sera un des premiers administrateurs. Arrêté en 1940 par le gouvernement de Vichy, il s'enfuit en Amérique du Nord où il contribue à l'action de la France libre.
De retour en Europe après la guerre, il concentre son activité sur la finance internationale et le mécénat artistique. Il soutient la rénovation du château de Versailles, crée une compagnie de ballets, aide de nombreux artistes. Son objectif est de refaire de Paris la capitale de la culture. Cette action est couronnée en 1965 par son entrée à l'Académie des Beaux-Arts.
Paul-Louis Weiller mène une intense vie mondaine entre les familles royales d'Europe, les hommes politiques, de Vincent Auriol à Georges Pompidou et Richard Nixon qui sont ses amis, les personnalités des arts, des lettres, du cinéma et de la scène. Il anime le dernier des salons parisiens, dans la tradition de ceux décrits par Marcel Proust.
La biographie minutieuse que lui consacre Jacques Mousseau nous restitue ainsi un des personnages les plus singuliers de notre époque, qui disparut après avoir connu un siècle de vies exceptionnelles. -
François Furet ; les chemins de la mélancolie
Christophe Prochasson
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- 17 Avril 2013
- 9782234063716
Historien à l'oeuvre puissante, universitaire d'institution, citoyen engagé dans la politique de son temps, journaliste : François Furet (1927-1997) a été tout cela à la fois. Le modèle même de l'intellectuel français, en somme, comme le XXe siècle en a connu d'illustres.
Les convulsions de ce siècle, ses tragédies et ses espoirs, ont été la toile de fond de toutes les réflexions de François Furet. Qu'il s'agisse de ses travaux fondateurs sur la Révolution française à l'aube de sa carrière, de son activité de commentateur de l'actualité dans France Observateur puis dans Le Nouvel Observateur, ou de son dernier grand livre consacré à l'illusion communiste, Le Passé d'une illusion, François Furet n'a cessé en fait de s'efforcer de déchiffrer l'énigme qu'aura été le siècle dans lequel il a vécu. Ce siècle, il l'a parcouru à grandes enjambées, sans rien négliger de ce qu'il a comporté d'important, autant sur le plan intellectuel que sur le plan politique.
Ses livres ont été abondamment lus et commentés, ils ont d'ailleurs donné lieu à des interprétations opposées. Mais le récit de sa vie restait à faire ; il n'est pas moins éclairant ni moins passionnant que l'oeuvre, et il jette sur elle un singulier éclairage. Car, et c'est peut-être l'apport principal de cette biographie, de la vie à l'oeuvre de François Furet, et de son oeuvre à sa vie, la fécondation aura été la règle. -
Qui est Mardochée Naggiar ? Un inconnu dont les traces sont ténues mais d'emblée intrigantes. Dans son journal, un missionnaire anglais, ayant séjourné à Tunis en 1821, parle de ce Juif cultivé, auteur d'une grammaire et d'un lexique berbères, qui lui apprenait l'arabe, devisait librement sur la condition de ses coreligionnaires et avait de l'entregent, tant à Paris chez quelques savants qu'à Tunis au palais beylical.
C'est bien assez pour lancer Lucette Valensi sur sa piste. L'homme a voyagé, fait des rencontres, tissé des liens avec divers orientalistes européens. L'historienne mène l'enquête, convoque les témoins et cerne progressivement son personnage à travers les images réfractées par ceux qui furent ses interlocuteurs ou ses contemporains. On découvre ainsi Naggiar à Paris sous le Consulat et les premières années de l'Empire, installé du côté de la place des Victoires, il fréquente la Bibliothèque nationale, croise Silvestre de Sacy et d'autres lettrés pour lesquels il effectue des travaux de traduction. On le suit à Trieste, il commerce, copie, traduit, fournit des manuscrits à ses correspondants érudits, tandis que le tumulte de la guerre secoue l'Europe. On le retrouve à Tunis, dans le sillage du comte Camille Borgia, friand de textes historiques, au Bardo, le palais du Bey, où il est interprète officiel, dans le quartier franc où il rencontre des consuls européens, au port de la Goulette où il va récupérer des chargements de mouchoirs fins ou ces cygnes, écureuils et chats angoras réclamés, faute d'espèces sonnantes, à un orientaliste hollandais qui a omis de le payer. Sans doute habite-t-il le quartier juif où il s'est remarié avec une jeune vierge.
Lucette Valensi, ajustant avec précision et talent les fragments de vie, parvient à retrouver Mardochée Naggiar en son temps. Elle fait ainsi exister, à la croisée de plusieurs mondes, cet individu singulier qui n'était pas voué à la postérité. -
Viktor Orekhov un dissident au KGB
Nicolas Jallot
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- 18 Mai 2011
- 9782234070318
Moscou, août 1978. Le capitaine du KGB Viktor Orekhov est arrêté et condamné à huit ans de réclusion dans un camp de régime sévère. Deux ans plus tôt, cet officier chargé de la surveillance et de la répression des dissidents est « passé de l'autre côté du miroir » et a décidé, au péril de sa vie, d'aider et de protéger ceux qui se battent pour les droits de l'homme et la liberté en URSS.
Après une deuxième condamnation aux travaux forcés pour un motif fallacieux, Viktor Orekhov apprend qu'un contrat a été passé sur sa tête par ses anciens supérieurs. En 1997, toujours menacé, il est contraint à l'exil. Aujourd'hui, l'ex-brillant officier du KGB est livreur de pizzas aux États-Unis où il vit sans papiers, sans identité, sans téléphone...
Après dix ans d'enquête, Nicolas Jallot a retrouvé ce héros anonyme, cas unique dans l'histoire. Et, pour la première fois, Viktor Orekhov accepte de raconter son histoire.
À travers le destin hors du commun du « dissident du KGB » transparaît le portrait sans concessions des trente dernières années de l'URSS, d'un système totalitaire vu de l'intérieur par un de ses acteurs et de la Russie d'aujourd'hui. -
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