Memoire Du Livre
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Robespierre ne conduit pas un peuple, il veille simplement sur un dogme, écrit Friedrich Sieburg.
Si sa personne donne une impression de raideur et de taciturnité, ceci s'explique par cette sorte d'activité de sphinx où le dictateur s'épuisait durant de longues nuits. Son instrument est la Justice, son monde empirique le Club des Jacobins. Il n'a pas besoin d'organiser cette société, il n'a pas besoin de lui faire saisir les leviers de la vie publique. Tout cela s'effectue automatiquement, entraîné par le poids de l'Idée.
L'incroyable drame de la Révolution française, avec son horrible et grandiose explosion de passions, de personnalités et de tout ce que peut produire la nature humaine apparaît parfois comme un seul et même engrenage imposant à chacun son automatisme contre lequel tous essaient de réagir furieusement. Est-ce là la plus grande manifestation de l'individualisme ? C'est infiniment plus : c'est une course essoufflée sur la crête étroite qui sépare la politique de la mort.
Un " incorruptible " impose sa folie purificatrice et meurt de la violence qu'il a contribué à répandre. Pour Michel Voyelle, " à partir de sa confrontation ambiguë avec Robespierre associant admiration hypnotisée et condamnation radicale, Friedrich Sieburg transmet, à plusieurs niveaux de lecture, un témoignage précieux ". Ce livre, qui bénéficie d'une remarquable traduction de Pierre Klossowski, est la plus pénétrante étude consacrée à la Révolution française par un écrivain allemand du XXe siècle, comme le fut, sous forme dramatique, au XIXe siècle, La Mort de Danton de Büchner.
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" Il faut lire ce livre ; il faut le relire ; il faut se pénétrer de lui.
C'est plus que de la polémique, c'est de l'histoire, de la forte et tragique histoire... Bien qu'écrit au jour le jour, selon l'accident de l'heure, et le coup de théâtre de la journée, il a, par la pensée directrice qui l'anime, par l'esprit philosophique qui en relie, l'une à l'autre, les feuilles éparses, une valeur d'unité, une ampleur de synthèse qui étonne, qui passionne et qu'on admire... L'iniquité !...
Oui, oui ! C'est bien elle, toute nue et sans fard, qui a pris possession de la vie, de toute la vie, de la vie politique, de la vie judiciaire, de la vie sociale !... Elle est partout. Jamais elle n'avait montré, aussi effrontément, avec une telle impudence, dans une si sanglante lumière, sa face détestée de ténèbres et de crimes ". OCTAVE MIRBEAU, L'Aurore, 2 février 1899.
" C'est l'histoire journalière d'un grand esprit, d'un esprit dont la certitude lente avança d'un pas chaque jour, qui du même mouvement développa sa conviction, son action et sa pensée.
Je crois qu'ils dureront, ces courts articles de L'Aurore, ces courts articles de cent lignes qui, dans l'automne d'une année tragique, tranquilles, forts et sûrs, maintenaient chaque jour une nouvelle prise sur le mensonge et l'obscurité. " LEON BLUM, La Revue blanche, 1901.
Cette nouvelle édition de L'Iniquité, établie par Michel Drouin, enrichie de huit articles non retenus par l'auteur et parus dans La Dépêche, est la première réédition de ce livre depuis plus d'un siècle.
Les articles consacrés à l'affaire Dreyfus composent au total sept volumes. " Mémoire du Livre " publiera les six autres tomes au cours des années à venir.
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L'affaire Dreyfus ; vers la réparation
Georges Clémenceau
- Memoire Du Livre
- Essais Documents Memoire Du Livre
- 22 Octobre 2003
- 9782913867420
Inaugurée avec L'Iniquité, la première réédition de la somme magistrale de Georges Clemenceau consacrée à l'Affaire Dreyfus se poursuit avec Vers la réparation, réunion des articles écrits au paroxysme de l'affaire, de juillet à décembre 1898, et publiée en juin 1899. Convaincu de l'innocence de Dreyfus depuis la fin du procès Zola (février 1898), Clemenceau continue sa campagne acharnée pour exiger, dans L'Aurore et dans La Dépêche, la révision du procès. Jour après jour, il dénonce l'abaissement honteux du pouvoir civil - gouvernement et parlement -, devant les machinations des faussaires de l'Etat-Major, les illégalités flagrantes, les mensonges de la presse réactionnaire et antisémite. Son génie pamphlétaire, salué par Octave Mirbeau et Léon Blum, stigmatise tous les sophismes agités par ceux qui écartent la justice, la loi et le droit, au nom de la patrie et de la raison d'Etat. Ne perdant jamais de vue le déporté à l'île du Diable, Clemenceau déplore " l'universelle banqueroute de toutes les formes politico-religieuses de pitié ". Comme nous y invite Jean-Noël Jeanneney dans sa préface : Ouvrez l'ouvrage. Vous serez saisi par sa force, entraîné par son élan. Je ne vous propose pas une satisfaction érudite. Il s'agit d'une histoire vraie que vous suivrez, entraîné par un tel guide, avec plus de passion, que n'importe quelle intrigue imaginaire. Le foisonnement des passions, des querelles subalternes, des rebondissements imprévus ne détourne jamais du droit chemin une aventure où le romanesque des situations et le pittoresque des acteurs entraînent aussi vivement le lecteur d'aujourd'hui que s'il ne connaissait pas la fin de l'histoire. L'attention circule constamment des épisodes les plus colorés aux controverses les plus hautes sur les principes d'une République idéale. Modèle de journalisme engagé, pour les nouvelles générations ? Oui, bien sûr. Mais davantage : une leçon de rigueur et d'énergie. Le rôle majeur et oublié du futur " Tigre ", principal héraut de l'Affaire, avec Lazare, Zola et Jaurès, a été magnifié par Hannah Arendt dans Les Origines du totalitarisme - Sur l'antisémitisme : La grandeur de la position adoptée par Clemenceau est qu'il ne combattait pas une erreur judiciaire en particulier, il se battait pour des idées abstraites : la justice, la liberté, le civisme, ces idées qui avaient été au coeur du patriotisme jacobin d'autrefois. Enrichie par seize articles non retenus par l'auteur, en 1899, et par des inédits, cette nouvelle édition de Vers la réparation est établie et annotée, comme pour L'Iniquité, par Michel Drouin. Mémoire du livre publiera les cinq autres tomes au cours des années à venir. Prochain volume : Contre la Justice.
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L'affaire dreyfus ; contre la justice
Georges Clémenceau
- Memoire Du Livre
- 17 Janvier 2007
- 9782913867529
Inaugurée avec L'Iniquité, suivie de Vers la Réparation, la première réédition, après un siècle d'oubli, de la somme monumentale de Georges Clemenceau consacrée à l'Affaire Dreyfus, se poursuit avec Contre la Justice, réunion chez Stock en 1900 des articles écrits et publiés dans L'Aurore entre le 12 décembre 1898 et le 31 mars 1899.
Continuant jour après jour sa campagne pour exiger la révision du procès du capitaine condamné en 1894 à la déportation perpétuelle, Clemenceau, salué par Octave Mirbeau, Charles Péguy, Anatole France, Marcel Proust et Léon Blum, s'acharne à démasquer les menées retorses des politiciens au pouvoir et finit par obtenir, d'un parlement apeuré, le vote d'une loi de " circonstance ", rétroactive, destinée à dessaisir la Chambre criminelle de la Cour de cassation jugée favorable à la cause de Dreyfus afin d'étendre la révision à l'ensemble de la Cour suprême. D'où le titre, Contre la Justice, " qui peut paraître étrange, sinon même choquant ", comme le souligne Jean-Denis Bredin dans sa préface.
Face à un nouvel abaissement du pouvoir civil devant les machinations incessantes des faussaires de l'État-Major pour étouffer la vérité, face aux mensonges et aux menaces d'une violence inouie de la presse réactionnaire et antisémite, Clemenceau hisse au plus haut niveau le débat fondamental entre le respect des principes républicains et les forfaitures commises au nom de la raison d'État.
Nouvelle illustration du rôle capital de Clemenceau dans l'Affaire, ce troisième volet nous restitue non seulement l'histoire rigoureuse du drame qui a secoué la France, mais surtout offre au lecteur d'aujourd'hui un aspect méconnu de la prodigieuse destinée du Tigre. Un tel engagement confirme le jugement d'Hannah Arendt, magnifiant dans Les Origines du Totalitarisme. Sur l'antisémitisme, l'apport décisif de ce fabuleux pamphlétaire pour défendre l'idéal républicain : " La grandeur de la position adoptée par Clemenceau est qu'il ne combattait pas une erreur judiciaire en particulier, il se battait pour des idées, " abstraites " : la justice, la liberté, le civisme, ces idées qui avalent été au coeur du patriotisme jacobin d'autrefois (...) ". Une telle apologie des valeurs démocratiques aide à mieux saisir la haine du régime de Vichy ordonnant le 4 avril 1941, par un décret signé Darlan et Carcopino (sous l'autorité de Philippe Pétain, qui devait son bâton de maréchal à... Clemenceau !), le retrait de cette oeuvre majeure du dreyfusisme de toutes les bibliothèques publiques de France.
Enrichie de quatorze articles parus dans La Dépêche, mais non retenus par l'auteur, en 1900, cette nouvelle édition de Contre la Justice est établie et annotée par Michel Drouin, comme pour les volumes précédents. Mémoire du Livre publiera les quatre tomes suivants au cours des années à venir. Prochain volume: Des Juges.
Ouvrage publié avec le concours du Sénat.
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Bonaparte
Pierre Larousse
- Memoire Du Livre
- Essais Documents Memoire Du Livre
- 23 Janvier 2002
- 9782913867307
Bonaparte, le nom le plus grand, le plus glorieuse, le plus éclatant de l'histoire, sans excepter celui de Napoléon, général de la République française, né à Ajaccio, le 15 août 1769, mort au château de Saint-Cloud près de Paris, le 18 brumaire. Ainsi commence l'un des articles les plus étonnants de l'histoire des dictionnaires et des encyclopédies : son auteur fait mourir un personnage à la date ou celui-ci prend un chemin qu'il désapprouve, quitte à l'étudier plus tard dans un autre article.
Cette biographie , engagé et partiale, par Pierre Larousse n'a rien perdu de son intérêt. Elle reflète ce qui passionnait son époque et retrace avec enthousiasme l'ascension de Bonaparte. L'ouvrage est exemplaire de l'histographie dans les années 1860.
L'édition du Bonaparte devrait replacer Pierre Larousse au premier rang des historiens de son temps, non loin de Michelet avec lequel il partage une vision engagée de l'Histoire.
Une suite : Napoléon sera prochainement éditée par Mémoire du Livre.
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Les cinq girouettes ; ou servitude et souplesse de son altesse sérénissime le prince chancelier Jean-Jacques Régis de Cambacéres, Duc de Parme
Jean-Louis Bory
- Memoire Du Livre
- Essais Documents Memoire Du Livre
- 20 Février 2002
- 9782913867314
Second personnage de l'Etat français sous le Consulat puis sous l'Empire, Jean-Jacques Régis de Cambacérès fut l'un des plus proches collaborateurs de Napoléon.
Homosexuel, il sut faire accepter sa différence, qu'on appelait alors " le petit défaut ". Grand juriste - on lui doit le Code civil ou Code Napoléon -, il fut, politiquement, d'une souplesse extrême : il servit la Royauté, la Révolution, l'Empire, la Royauté à nouveau, l'Empire le temps des Cent-Jours, puis une nouvelle fois la monarchie. Une girouette ? Non. Cinq maîtres du retournement de veste à l'intérieur d'un même personnage, selon Jean-Louis Bory qui a composé son livre en cinq temps : Première girouette : A comme Ancien (régime).
Deuxième girouette : B comme Bouleversement, Barras, Bonaparte, Brumaire. Troisième girouette : C comme (second) Consul, Code civil, Couronnement. Quatrième girouette : D comme Désastre. Cinquième girouette : E comme Exil, Exit. Autour de cet " a-héros ", l'écrivain revisite l'Histoire loin des images d'Epinal. Son ironie fait feu des quatre fers. Au gré d'une liberté insolente de poète polémiste, le portrait de Cambacérès éclate et se dissout dans un éblouissant tableau de l'Empire et des moeurs politiques d'hier et de demain.
Paru en 1978, Les Cinq Girouettes est le dernier livre que Jean-Louis Bory publia de son vivant.
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Ce siècle avait deux ans ; mémoires
André Gillois
- Memoire Du Livre
- Essais Documents Memoire Du Livre
- 13 Février 2002
- 9782913867338
La première édition de « Ce siècle avait deux ans » date de 1980 (Editions Belfond). Par la suite, André Gillois publia, sous d'autres formes, d'autres versions de ses souvenirs (« Boulevard du temps qui passe », Le Pré-aux-Clercs 1986, ainsi qu'une version très allégée, « Adieu mon siècle », aux éditions Ornicar, en Février 2000).
Mais l'édition que nous présentons aujourd'hui se veut une version « définitive ». Des trois volumes précédents, André Gillois a conservé les chapitres les plus significatifs, ajoutant des compléments passionnants qu'il s'était jusqu'à maintenant refusé à laisser paraître.
De la première édition du « journal de Jules renard aux Editions François Bernouard en 1925, dont il fut l'instigateur et le responsable, à la matinée du 6 juin 1944 en tête à tête avec le général De Gaulle furieux d'être « privé » de débarquement, en passant par la fameuse dédicace de Proust à son amie Madame Shaikévitch, puis aux rencontres avec Courteline, Einstein, Caocteau et Sache Guitry, André Gillois tire un fabuleux feu d'artifice. Bourré d'anecdotes, son récit brosse le tableau de plusieurs époques et fait visiter les coulisses de l'histoire et de la création.
Ajoutons que son style sec, nerveux, enjoué, est un régal.