Le Seuil
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Etty Hillesum (1914-1943) est avec Anne Frank l'autre grande voix néerlandaise de la Shoah. Le journal intime qu'elle a tenu de 1941 à 1943, paru en 1985 sous le titre Une vie bouleversée, a suffi à rendre inoubliable la figure de cette jeune juive d'Amsterdam, morte à Auschwitz à l'âge de vingt-neuf ans. Cependant, en dehors du cheminement spirituel qui a accompagné les deux dernières années de sa courte existence, nous ignorons presque tout d'elle.
Aussi la Fondation Etty Hillesum a-t-elle officiellement chargé l'écrivaine néerlandaise Judith Koelemeijer d'écrire « l'histoire de sa vie ». Une biographie définitive : c'est bien ce que nous livre ici l'autrice, qui a passé dix ans à dépouiller archives et documents inédits, à interroger les rares témoins survivants et leurs descendants, poussant ses recherches jusqu'en Russie, aux États-Unis, en Israël.
Pour la première fois, nous appréhendons Etty dans l'ample contexte de sa famille, de ses amitiés, de ses amours et de son quotidien à Amsterdam sous la botte nazie : étudiante à éclipses, militante antifasciste, jeune femme moderne et sensuelle. Paradoxalement, à mesure que l'étau se resserre, elle sent se libérer en elle des forces insoupçonnées, avant que la catastrophe ne l'amène à « devenir qui elle est ».
Le portrait magistral d'une femme animée d'une foi indéfectible en l'homme. -
Ces grandes figures qui ont fait l'histoire : charisme et politique au XXe siècle
Ian Kershaw
- Le Seuil
- L'univers Historique
- 25 Août 2023
- 9782021488524
L'époque contemporaine a vu l'émergence de conflits planétaires. Des sociétés entières ont été bouleversées. À leur tête, des dirigeants capables de galvaniser les foules, qui détenaient un terrifiant éventail d'instruments de contrôle, de propagande et de mort.
Le nouveau livre de Ian Kershaw propose une analyse lucide et stimulante des conditions d'émergence de cette toute-puissance, en passant au crible les personnalités et les moyens d'action de ces autocrates, qu'ils agissent sur la scène mondiale (Lénine, Staline, Hitler, Mussolini) ou que leur rôle se cantonne à une échelle plus nationale (Tito, Franco). Qu'est-ce qui, chez ces individus, et à l'époque où ils vivaient, leur a permis d'exercer un pouvoir aussi illimité et meurtrier ? Et qu'est-ce qui a mis fin à cette ère de terreur ?
Rassemblant un groupe de figures contrastées, qui inclut aussi de grands dirigeants tels Churchill, de Gaulle, Adenauer, Gorbatchev, Thatcher et Kohl, Kershaw utilise sa connaissance unique du champ politique pour réfléchir à la manière dont des chefs politiques, en tout point différents, ont exercé le pouvoir et changé le monde.
Un ouvrage vif et passionnant par l'un des meilleurs analystes de l'histoire politique de du XXe siècle. -
De proche en proche : Une famille ordinaire dans l'Histoire de France
Emma Rothschild
- Le Seuil
- L'univers Historique
- 10 Janvier 2025
- 9782021516791
Par une sombre après-midi d'hiver, en 1764, dans la ville paisible d'Angoulême, 83 personnes se réunissent pour signer un contrat prénuptial pour la fille d'une certaine Marie Aymard, une veuve illettrée. Ce même nom apparaît sur une procuration concernant les biens de son défunt mari, un menuisier parti travailler sur l'île de Grenade. Deux documents conservés dans les archives : voilà tout ce qu'il reste de son existence. C'est peu au regard de l'épaisseur d'une vie, mais, pour qui sait les lire attentivement, ce point de départ est suffisant pour essayer d'écrire l'histoire de Marie et de ses descendants. Emma Rothschild se lance dans l'aventure et plonge le lecteur dans une enquête historique de grande ampleur, sur cinq générations.
Les membres de l'obscure famille Aymard n'ont laissé derrière eux presque aucune lettre personnelle. Certains ont voyagé jusqu'en Syrie, au Mexique et à Tahiti, d'autres sont restés à Angoulême. Leurs fortunes sont diverses : à la dernière génération, celle que l'on suit jusqu'en 1906, on trouve une couturière impécunieuse demeurant à Paris, et le cardinal Lavigerie, archevêque d'Alger.
Qu'est-ce que le destin d'une famille ordinaire peut nous dire sur les mobilités sociales et les mutations économiques d'un long XIXe siècle ? Beaucoup, c'est le pari des romanciers. C'est aussi celui que relève avec brio Emma Rothschild, en historienne. -
De Gaulle ; une certaine idée de la France
Julian Jackson
- Le Seuil
- L'Univers Historique
- 22 Août 2019
- 9782021396317
S'appuyant sur une très large masse d'archives et de mémoires, Julian Jackson explore toutes les dimensions du mystère de Gaulle, sans chercher à lui donner une excessive cohérence. Personne n'avait décrit ses paradoxes et ses ambiguïtés, son talent politique et sa passion pour la tactique, son pragmatisme et son sens du possible, avec autant d'acuité et d'esprit. Des citations abondantes, éblouissantes d'intelligence, de drôlerie, de méchanceté parfois, restituent la parole de De Gaulle mais aussi les commentaires de Churchill et de tous ceux qui ont appris à le connaître, à se méfier de lui ou à s'exaspérer de son caractère vindicatif, de son ingratitude ou de ses provocations...
Aucun détail inutile ici et aucun des défauts de ces biographies-fleuves où l'on se perd, mais une narration toujours tendue, attachée aux situations politiques, intellectuelles, sociales et aux configurations géopolitiques qui éclairent une action et son moment.
Julian Jackson relit cette existence politique hors norme et son rapport à la France à la lumière des questions du passé, qu'il restitue de manière extraordinairement vivace, et de celles qui nous occupent aujourd'hui - et notamment l'histoire coloniale et l'Europe, la place de la France dans le monde, mais aussi évidemment les institutions de la Ve République. En ce sens, c'est une biographie pour notre temps.
C'est aussi une biographie à distance, par un observateur décalé qui mieux qu'aucun autre fait ressortir le caractère extravagant d'un personnage singulier à tout point de vue, extraordinairement romanesque dans ses audaces comme dans ses parts d'ombre, et dont l'héritage ne cesse de hanter la mémoire des Français.
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Sigmund Freud ; en son temps et dans le nôtre
Elisabeth Roudinesco
- Le Seuil
- 18 Novembre 2014
- 9782021183795
Des centaines d'ouvrages ont été écrits de par le monde sur le médecin viennois, fondateur de la psychanalyse (1856-1939), et quelques dizaines de biographies lui ont été consacrées. Pourquoi proposer aujourd'hui une nouvelle lecture de sa vie et de son oeuvre ?
D'abord parce que, depuis la dernière en date de ces biographies, celle de Peter Gay (Hachette, 1991), de nouvelles archives ont été ouvertes aux chercheurs (sur ses patients, notamment) et l'essentiel de sa correspondance est désormais accessible. Mais aussi, surtout, parce qu'il restait beaucoup à dire sur l'homme et son oeuvre. Et d'abord ceci : l'invention de la psychanalyse est profondément liée à la critique de la famille traditionnelle, que Freud aura éprouvé dans sa propre enfance, lui, l'aîné des huit enfants d'Amalia et de Jacob Freud, né à Freiberg en Moravie.
Et encore ceci : le fondateur de la psychanalyse est d'abord un Viennois de la Belle-Epoque, sujet de l'Empire austro-hongrois, héritier des Lumières allemandes et juives. Quant à la psychanalyse elle-même, elle est le fruit d'une entreprise collective, d'un cénacle romantique au sein duquel Freud aura donné libre cours à sa fascination pour l'irrationnel, les sciences occultes, la part obscure de nous-mêmes, transformant volontiers ses amis en ennemis, à la fois Faust et Mephisto en quelque sorte. Toujours au nom de la raison et des Lumières.
Que Freud, encore, penseur de la modernité, mais conservateur éclairé en politique, n'aura cessé d'agir en contradiction avec son oeuvre.
Le voici en son temps, dans sa famille, en son cénacle, entouré de ses collections, de ses femmes, de ses enfants, de ses chiens, le voici enfin en proie au pessimisme face à la montée des extrêmes, pris d'hésitations à l'heure de l'exil londonien, où il finira sa vie.
Le voici dans notre temps aussi, nourrissant nos interrogations de ses propres doutes, de ses échecs, de ses passions.
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Simone Veil : la cause des femmes et des enfants
Dominique Missika
- Le Seuil
- 1 Avril 2022
- 9782021478983
Le 26 novembre 1974, Simone Veil monte à la tribune de l'Assemblée nationale pour défendre la loi légalisant l'interruption volontaire de grossesse. Elle entre dans la lumière. Elle n'en sortira plus. Par son courage et sa détermination, elle devient une icône que les Françaises ne cesseront de remercier.
Toutefois, son engagement pour la cause des femmes ne commence ni ne finit avec cette bataille. Le transfert en métropole des militantes du FLN détenues en Algérie, la réforme du droit de l'adoption, la promotion du travail des femmes sont autant de sujets qui la mobilisent en tant que haut fonctionnaire au ministère de la Justice. Puis, devenue ministre, elle améliore la protection des enfants, crée le statut d'assistante maternelle, aide les femmes à concilier travail et maternité, se bat pour les infirmières et les sages-femmes, etc. La parité sera l'un de ses chevaux de bataille. Son combat pour l'égalité réelle entre les hommes et les femmes se poursuivra, dans une étonnante continuité de conception et d'action. Profondément marquée par l'expérience concentrationnaire, Simone Veil, tout au long de sa vie, s'est appliquée à faire évoluer la société avec les armes de la loi, au nom de la justice. Grâce à de nombreux documents (brouillons de discours, notes, courriers officiels, rapports, articles de presse...), dont certains inédits, ce sont les propres mots de Simone Veil qui constituent le fil conducteur de ce livre. Il nous invite à mieux comprendre son action en faveur des femmes et des enfants, en France et dans le monde.
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Une vie géniale à nulle autre pareille - celle d'une femme partie en quête de vérité jusqu'à en mourir ; mais plus encore celle d'une femme en amour avec l'esprit, malgré la violence extraordinaire de son temps.
Philosophe, écrivain, poète, mystique, partisane de toutes les luttes politiques des années 1930, jusqu'à se faire ouvrière chez renault. à la fois engagée dans la guerre d'espagne et la france libre, simone weil n'a jamais dissocié son action de sa parole, son combat politique de son engagement spirituel, sa vision philosophique de sa pratique mystique, albert camus, emil cioran ou andré breton ne s'y sont pas trompés, qui l'ont saluée comme l'un des êtres les plus libres qui ait été.
Ce portrait met en lumière les seuils franchis, les choix résolus - le renoncement à l'amour, les amitiés, la charité totale et l'heure de la mort. il élucide le grand rêve de simone weil : vivre, dans la fraternité, l'amour immense qu'elle portait à son prochain, et partager avec lui la souffrance du monde. christiane rancé fait surgir devant nous une femme résolument en avance sur son siècle, dont la présence, l'exemple nous sont nécessaires.
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Che ; Ernesto Guevara, une légende du siècle
Pierre Kalfon
- Le Seuil
- L'epreuve Des Faits
- 20 Décembre 1997
- 9782020136945
Le 9 octobre 1967, Ernesto Guevara est fusillé en Bolivie. Un mythe est né : celui du Che, qui, abandonnant le pouvoir, a tenté de réconcilier Marx et Rimbaud en reprenant le combat. Qui était ce condottiere au regard intense devenu légende du siècle ? Au-delà de l'icône, l'auteur reconstitue une existence fulgurante, dominée par la passion de la révolution.Journaliste, écrivain et diplomate, Pierre Kalfon a parcouru l'Amérique latine pendant plus de trente ans. Cette biographie, vendue à des centaines de milliers d'exemplaires dans le monde, s'est imposée comme l'ouvrage de référence sur le Che.« Il a fallu cinq ans d'enquête et deux ans d'écriture pour donner naissance à cette très belle biographie, sans doute la plus complète sur le « Che ». »Le Monde
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Jacques Schiffrin, un éditeur en exil : la vie du fondateur de la Pléiade
Amos Reichman
- Le Seuil
- La Librairie Du Xxie Siècle
- 7 Octobre 2021
- 9782021449501
Né dans une famille juive aisée de la Russie impériale, Jacques Schiffrin (1892-1950), éditeur de renom, connut à deux reprises l'exil. D'abord à Paris, où il fut en 1931 le fondateur de la « Bibliothèque de la Pléiade », puis, dans les années 1940, à New York, où il participa à la création de Pantheon Books.
Si la « Bibliothèque de la Pléiade » contribua grandement au prestige de la culture française dans les années 1930, la Seconde Guerre mondiale mit fin à l'idylle française du fondateur de la « Pléiade ».
Après la guerre, à New York, Schiffrin voulut revenir à Paris. Il aurait en effet semblé évident qu'il reprenne la direction de la « Bibliothèque de la Pléiade ». Devenue, avec son accord, la propriété de Gallimard dès 1933, il en était resté l'unique directeur. Mais les conséquences de la politique d'« aryanisation » avaient incité Gaston Gallimard à congédier, en novembre 1940, Schiffrin de la direction de cette collection qu'il avait lui-même créée.
Amos Reichman évoque avec une grande sensibilité la tristesse de l'exil tout en nous offrant, grâce à ses recherches minutieuses dans les archives des deux côtés de l'Atlantique, la correspondance de Schiffrin avec ses amis, notamment Roger Martin du Gard.
En cet âge d'or de l'édition, Schiffrin imprima sa marque durable. L'héritage qu'il nous laisse est immense. Ses deux créations perdurent jusqu'à aujourd'hui. En France, la « Bibliothèque de la Pléiade » est devenue l'arbitre du classicisme et Pantheon Books a beaucoup enrichi l'édition en langue anglaise.
Avec son lot de malheurs personnels et de succès magnifiques, la vie de Jacques Schiffrin offre un parfait reflet du XXe siècle.
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Un activiste des Lumières ; le destin singulier de Benjamin Lay
Marcus Rediker
- Le Seuil
- 3 Octobre 2019
- 9782021279429
Markus Rediker trace le portrait d'une magnifique figure de la lutte pour l'abolition de l'esclavage. Né en 1682 en Angleterre, Benjamin Lay fut tour à tour berger, gantier, marin. Il vécut dans la campagne de l'Essex, à la Barbade puis dans une habitation troglodyte aux environs de Philadelphie. Influencé par le radicalisme des premiers Quakers, il acquit très tôt la conviction de l'égalité de tout être humain et n'eut de cesse d'exiger la libération immédiate et sans conditions de tous les esclaves, à une époque où l'abolitionnisme restait très minoritaire. Activiste de la première heure, cet homme singulier (qui était de petite taille) n'hésitait pas à choquer ses contemporains, usant de tous les moyens d'action pour bouleverser les conventions sociales, et ébranler les consciences. Il interrompait les offices, organisait des happenings, où il éclaboussait de faux sang les propriétaires d'esclaves. Il dérangeait. On le moqua. Mais son nom bientôt fut sur toutes les lèvres, des plus puissants aux plus humbles...
Puisant dans les témoignages de l'époque, dans les écrits de Lay, Rediker nous conte avec passion et rigueur le destin de cet homme visionnaire dont les combats ont de nombreux échos avec les préoccupations d'aujourd'hui (abolitionniste, il fut aussi végétarien, défenseur de la cause animale, opposé à la peine de mort). Il devint l'ami de Benjamin Franklin et croisa peut-être Voltaire. Benjamin Lay est, à bien des égards, un précurseur. Il est aussi une figure éclatante d'une histoire populaire des Lumières.
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« Alexandre Jollien a subi un accident de naissance. Strangulé par son cordon ombilical, il a brièvement mais trop longuement rencontré la mort dans ces minutes inaugurales consacrées d'habitude à l'épiphanie de la vie. L'oxygène ayant manqué au cerveau, il porte en lui, avec lui, dans le creux de sa matière grise, la trace du souffle de la mort qui, jour après jour, dans le détail, se manifeste dans une démarche, une élocution et des gestes qui ne ressemblent pas à ceux des autres. Pas plus que son intelligence, d'ailleurs, ne ressemble à celle des autres : affûtée, pointue, vive, exercée, habile, et pour cause, elle soulève le moindre signe sous la pierre et décode le plus petit souffle de sens là où il se trouve. Débordant un corps répondant plus lentement aux sollicitations du monde, Alexandre Jollien déploie une pensée claire, lucide et voyante. » Michel Onfray
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« Je souhaite présenter un autre Blum, un homme tourné vers l'action, faisant preuve d'une incroyable énergie, d'une force qui dément l'image de son personnage fragile à la voix inaudible utilisée par les pamphlétaires antisémites. Un homme d'action, courageux, ne reculant pas devant l'adversaire, se battant en duel, faisant face aux foules menaçantes durant la tentative d'attentat de février 1936, affrontant le régime de Vichy, un homme qui n'hésite pas, lors d'un épisode peu connu, à menacer de ses poings Xavier Vallat. Il existe des archives non utilisées, comme celles de la Préfecture de Police de Paris qui soulignent cette dimension du personnage qui me semble négligée. Les archives dites de Moscou montrent un Blum en campagne électorale parcourant chaque jour des centaines de kilomètres, haranguant les foules, fréquentant les cafés et les rencontres entre camarades socialistes tout en rédigeant ses lettres d'amoureux. Car Blum écrit d'innombrables lettres d'amant passionné, longues, précises, très "physiques".
De l'Affaire Dreyfus à Vichy, je souhaite faire redécouvrir cet acteur exceptionnel, ce Juif d'État, normalien et haut fonctionnaire du Conseil d'État, en revenant aussi sur sa théorie de l'État, sa fidélité à l'idéal républicain et son engagement sioniste et sur l'aide constante qu'il apporta aux réfugiés de tous bords, républicains espagnols, juifs polonais ou allemands. » Pierre Birnbaum, professeur émérite à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, est l'auteur de nombreux ouvrages.
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De 1941 à 1943, à amsterdam, une jeune femme juive de vingt-sept ans tient un journal et y consigne ce que vont être les dernières expériences de sa vie.
Le résultat: un document extraordinaire, tant par l'incontestable qualité littéraire que par la foi qui en émane. une foi indéfectible en l'homme alors même qu'il accomplit ses plus noirs méfaits.
Car si les années de guerre voient l'extermination des juifs partout en europe, elles sont belles et bien, pour etty hillesum, des années de développement personnel et de libération spirituelle.
Celle qui note en 1942 : " en dépit de toutes les souffrances infligées et de toutes les injustices commises, je ne parviens pas à haïr les hommes ", et, quelque temps plus tard : " j'ai déjà subi mille morts dans mille camps de concentration.
Tout m'est connu, aucune information nouvelle ne m'angoisse plus. d'une façon ou d'une autre, je sais déjà tout. et pourtant je trouve cette vie belle et riche de sens. a chaque instant. " celle-ci, donc, recherche et trouve sa morale propre et la justification de son existence dans l'affirmation d'un altruisme absolu. loin de se dérober au destin de masse qu'elle juge inéluctable, elle décide de l'assumer pleinement et d'employer ses talents à soulager les maux de ses compagnons de misère.
Partie du camp de transit de westerbork le 7 septembre 1943, etty hillesum est morte à auschwitz le 30 novembre de la même année.
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Jésuites, une multibiographie Tome 2 ; les revenants
Jean Lacouture
- Le Seuil
- 30 Septembre 1992
- 9782020122146
Supprimée en 1773 sous la pression de la cour d'Espagne par le pape Clément XIV, la Compagnie de Jésus renaît en 1814 dans une Europe bouleversée par la Révolution française, l'épopée napoléonienne, le triomphe des Lumières et l'émergence de la rationalité scientifique. C'est pourtant dans un climat de restauration monarchique et catholique que ressurgissent d'abord ces « revenants qui prennent longtemps la tête de la contre-révolution.
Jean Lacouture poursuit ainsi et jusqu'à nos jours le récit d'une prodigieuse aventure collective commencée au milieu du XVIe siècle et compose la « multibiographie » de ces « hommes en noir », compagnons et héritiers d'Ignace de Loyola. Si la tonalité de cette deuxième « époque » est différente ? plus grave, moins épique, plus dérangeante ?, on verra que les personnalités qu'elle met en scène sont largement à la hauteur des flamboyants pionniers des origines. Du père De Smet évangélisant les indiens d'Amérique à Pierre Teilhard de Chardin, Pedro Arrupe ou Michel de Certeau, les jésuites continuent d'incarner cette avant-garde de l'Église, cette compagnie d'élite dont les audaces marquent encore, en profondeur, toute l'histoire de notre civilisation.
Jean Lacouture, avec un talent de biographie et d'historien amplement reconnu, clôt ainsi une oeuvre-épopée dont la critique unanime et d'innombrables lecteurs ont déjà salué l'exceptionnelle réussite.
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On a dit de Diego Rivera, peintre symbole de la nation mexicaine, qu'il était le plus grand peintre muraliste que le monde ait connu depuis la Renaissance. C'est évident. Qu'il avait subi, pendant les longues années passées en France et en Espagne, des influences trop disparates (du Greco à Braque, de Cézanne à Vlaminck, et des cubistes en général). C'est vrai aussi.
Mais quand Rivera rentre au Mexique en 1921, en pleine période post-révolutionnaire - Zapata est tué deux ans avant, Pancho Villa deux ans plus tard -, c'est un incomparable créateur, aiguillonné par un voyage au Yucatàn, qui entreprend l'ensemble des fresques qui vont décorer la toute nouvelle école préparatoire de Mexico.
La légende est lancée : celle du muraliste génial qui va couvrir de fresques, avec ses amis Siqueiros et Orozco, nombre de monuments publics; celle du communiste encombrant, invité officiel de Staline à Moscou pour célébrer le dixième anniversaire de la révolution d'Octobre avant d'être expulsé d'Union soviétique l'année suivante; celle de l'homme à femmes, vivant intensément sa violente passion pour Frida Kahlo ou d'innombrables liaisons plus éphémères, avec Tina Modotti notamment, qu'il avait engagée pour photographier ses fresques.
Cet homme turbulent, incontrôlable, connaîtra l'apogée de sa gloire et l'amertume de la défaite en 1933, à New York, où il était invité, en grande pompe, à réaliser une fresque monumentale au Rockefeller Center. Sa fresque, qui mettait en opposition capitalisme et maixisme, à peine achevée, provoqua la colère des Rockefeller qui la firent détruire purement et simplement.
Il n'y avait pas eu de biographie de Rivera depuis plus de quarante ans. C'est dire l'intérêt exceptionnel du travail (en fait une véritable enquête) de Patrick Marnham, auteur de livres de voyages et de biographies, qui nous restitue ici la formidable existence, toute de cahots et d'enthousiasmes, de celui qu'on a appelé le « Pablo Picasso des Amériques »
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Après plus de deux siècles de république, les noms des souverains français continuent à hanter nos mémoires comme notre imaginaire. De Clovis à Napoléon, de Charlemagne à Louis XIV, Bernard Phan dresse un portrait haut en couleurs des rois qui ont fait la France, dans sa géographie comme dans son histoire. Chacun à sa façon, avec plus ou moins de panache et de succès, a en effet contribué à façonner le territoire, la monarchie, parfois lempire, français. Cest cette construction qui est ici commentée pas à pas, règne après règne, guerre après guerre. Tous les rois, mais aussi les reines, lorsquelles ont eu un rôle politique, sont répertoriés, leur règne analysé et leur talent à exercer le pouvoir, à létendre ou à le conserver jaugé et jugé. Cest une histoire de France à travers ses souverains qui est ainsi dessinée, avec à lappui cartes et arbres généalogiques des différentes dynasties.Un guide pour ne plus jamais visiter Versailles, Fontainebleau ou les châteaux de la Loire en ignorant tout de ceux qui y ont vécu.
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Lou Andreas-Salomé ; l'alliée de la vie
Stéphane Michaud
- Le Seuil
- Biographie Seuil
- 26 Février 2000
- 9782020230872
Oú était lou andreas-salomé ? enigmatique malgré sa célébrité, trop souvent estimée essentiellement pour ses amitiés amoureuses avec les grandes figures de son temps, nietzsche, rilke, freud et bien d'autres, les lecteurs méconnaissent la singularité de cette femme aux avant-postes de la modernité.
Stéphane michaud, servi par un talent et un savoir indéniables, nous livre sa biographie qui surpasse de loin ce qui a déjà été écrit sur lou. l'accès à l'intégralité des archives inédites (écrits littéraires, psychanalytiques, correspondances, etc. ) permet aujourd'hui de justifier, grâce à une analyse plus approfondie, les passions que cette femme a si souvent déchaînées. cette entreprise de longue haleine nous fait redécouvrir lou andreas-salomé.
La grande crédibilité de cette biographie permet d'engager de nouveaux débats tant sur une époque que sur ses prolongements présents.
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Et si le parrain était une femme ; vies et destin d'Hélène Martini
Arnaud Ardoin
- Le Seuil
- 10 Octobre 2019
- 9782021418996
Juillet 1945. Hélène Martini a 20 ans lorsque, rescapée des camps, elle arrive en France. C'est la misère, la faim, les nuits à la belle étoile. Alors, pour gagner sa vie, elle devient mannequin nu aux Folies Bergère. C'est le début de son ascension.
D'elle on ne sait rien ou si peu. Pourtant, celle qu'on appelait « l'impératrice de Pigalle », est devenue une véritable légende. Partie de rien, elle a fini par régner sur un empire tentaculaire composé de théâtres et de cabarets à strip-tease.
Jamais elle n'a accepté que l'on raconte son parcours extraordinaire... Pour la première fois Arnaud Ardoin remonte la piste de son destin hors du commun.
Il raconte ses relations avec la pègre de Pigalle, son mariage avec Nachat Martini, réfugié syrien, homme d'affaire sulfureux, ses liens avec l'OAS, ses amitiés avec le show-business, sa mystérieuse soeur Alice, dont personne ne sait qui elle était vraiment pour elle, l'acquisition des Folies Bergère, comme une revanche sur la vie.
La vie d'Hélène Martini dessine une époque entre ombre et lumière. Elle témoigne de tout un pan de la Ve République, où vedettes du cinéma et de la chanson, hommes politiques et voyous se côtoyaient. Une vie comme un roman, où la réalité dépasse la fiction.
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Charles Tillon ; le chef des FTP trahi par les siens
Fabien Tillon
- Le Seuil
- Don Quichotte
- 18 Mars 2021
- 9782021429541
Qui était Charles Tillon ? Comment le chef et créateur des FTP (Francs-tireurs et partisans) a-t-il pu sombrer dans l'oubli ? Son parcours, digne d'un héros populaire, est celui d'une navigation à vue dans les eaux démontées du xxe siècle. D'une guerre mondiale à l'autre, des navires révoltés de la Méditerranée aux sables brûlants des bagnes de Biribi, d'une jeunesse prolétaire et militante aux aventures ministérielles, du Front populaire victorieux aux tragédies du Frente popular, de la Bretagne socialisante à l'Allemagne agonisante, du pacifisme amer à la Résistance armée, du lyrisme de la Reconstruction à l'insanité stalinienne, de l'exclusion du Parti (accusé de « nationalisme bourgeois », de défiance envers l'URSS, de complot contre le parti et d'appropriation de fonds secrets en vue de buts cachés...) au ralliement à l'esprit de 68, de Prague abandonnée aux loups nazis à Prague envahie par la soldatesque rouge, de victoires en défaites, de trahisons en trahisons ...
Fabien Tillon, en voulant lui rendre hommage, rend aussi justice à son grand-père. S'appuyant sur des sources familiales jamais exploitées mais aussi de nombreuses archives, il brosse brillamment le portrait d'un homme engagé qui, trahi par les siens et victime des pires travers du stalinisme, incarna vaille que vaille l'honneur du communisme français.
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Robespierre, derniers temps
Jean-philippe Domecq
- Le Seuil
- Fiction Et Cie
- 1 Janvier 1984
- 9782020066815
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Volontaires pour l'usine ; vies d'établis 1967-1977
Virginie Linhart
- Le Seuil
- Histoire Contemporaine Essais
- 14 Mai 2010
- 9782021027921
Avant et après Mai 68 ils furent quelques dizaines, puis presque un millier, à quitter leur famille, à abandonner leurs études, pour partir travailler en usine. Ils renonçaient à leur statut d'intellectuel, choisissaient de vivre aux côtés des ouvriers, insufflant l'idée révolutionnaire dans les usines. Ils s'inspiraient des recommandations du président Mao Tse Toung qui prônait de « descendre de cheval pour cueillir les fleurs ». On les a appelés « les établis », un terme mystérieux qui au fil des années ne disait quasiment plus rien à personne alors que j'avais passé mon enfance parmi eux.
Lorsque j'ai commencé à partir à la recherche de ceux qui s'étaient établis, j'avais leur âge : celui de leur départ en usine. C'était pour moi la première tentative de réconciliation avec le passé militant de mes parents dont je ne connaissais que les désenchantements. Au fil des récits, au rythme des paroles recueillies, je découvrais les références, les aspirations et les désillusions d'une époque où l'engagement était total. Je pensais alors que si je parvenais à bien comprendre cette histoire, la mienne ferait sens. J'ignorais encore qu'après les parents il me faudrait aller chercher leurs enfants dans un autre récit, écrit vingt ans plus tard, pour enfin avoir le sentiment que les petits cailloux ramassés en chemin toutes ces années m'avaient permis de trouver ma propre route.
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Théroigne de Méricourt ; une femme mélancolique sous la Révolution
Elisabeth Roudinesco
- Le Seuil
- Fiction Et Cie
- 1 Janvier 1989
- 9782020103817