Fallois
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Le 19 novembre 1703, au terme d'une longue captivité, est mort à la Bastille un prisonnier dont nul ne connaissait le nom ni le motif de l'incarcération. Marcel Pagnol a tenté de percer le secret. Et voici comment il présente son récit : "L'histoire du prisonnier masqué met en scène des personnages qui sont tous d'une originalité puissante ; Louis XIV, Louvois, Charles II, Saint-Mars, Fouquet, Lauzun, l'affreux Nallot, le pauvre La Rivière, le silencieux major Rosarges, Antoine Rû, le porte-clefs provençal, et le méthodique du Junca, dont l'orthographe est un régal, et qui écrivait, nous dit-on, des lettres à Mme de Sévigné ! Le premier devoir de l'historien, c'est de rétablir la vérité en détruisant les légendes.
Sans lui, l'histoire des peuples ne serait qu'un vaste poème, où les faits, agrandis et dramatisés par l'imagination des foules, grandement embellis ou inventés par les flatteurs des rois, brilleraient, couleur d'or ou de sang, dans une lumineuse brume."
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Ce livre écrit par l'auteur de L'Espion et le Traître raconte la vie extraordinaire d'un bandit de haut vol, Adam Worth (1844-1902).
Il naît en Allemagne en 1844. Sa famille émigre aux États-Unis quelques années plus tard. Les Worth sont misérables. Dans le quartier de la Petite Allemagne (Die kleine Deutschland) à New York où ils habiteront, le jeune Adam se trouvera au coeur de l'«École du crime», la meilleure du monde, pourrait-on dire. On y apprend méthodiquement l'art de percer les coffres-forts, de faire des faux billets, d'imiter les signatures. Bientôt l'usage de la nitroglycérine fera l'objet d'un enseignement particulier. Quand, après la guerre de Sécession, Adam Worth doit faire le choix d'une carrière, c'est pourvu d'un très solide bagage qu'il décide de vivre résolument en marge des lois.
Une devise: pas de violence : pour lui, seuls les imbéciles portent des armes quand ils aident la société, fondamentalement injuste, à «restituer» Son intelligence et son audace vont faire immédiatement merveille. Il se constitue un réseau de collaborateurs dévoués et - pour la plupart - discrets.
Dans le dernier quart du XIXe siècle le nombre des banques ne cesse croître aux États-Unis. La profession choisie par Adam Worth et qu'il exerce sous divers pseudonymes ne connaît pas le chômage. Et les fabricants de coffres-forts ont du mal à moderniser assez rapidement leurs prototypes pour mettre en échec les monte-en-l'air.
Un haut fait d'armes (il dévalise proprement la Boylston National Bank de Boston) lui vaut une «exposition médiatique» inopportune. Il change de nom et de continent. Londres, Paris, la Belgique et l'Afrique du Sud (le pays des diamants...) lui permettront d'élargir son champ d'action. Il est bientôt à la tête d'une multinationale qu'il dirige avec fermeté mais sans violence. Il soigne sa façade mondaine ; sa mise, son élocution, sa prodigalité donnent l'image d'un gentleman victorien.
Parmi les exploits il faut signaler «l'enlèvement» en 1876 de la duchesse de Devonshire («Georgiana», pour ses admirateurs): il s'agit d'un tableau célèbre du grand portraitiste Gainsborough.
Il vivra vingt-cinq ans avec elle et ne la restituera avec la complicité de Pinkerton que quelque temps avant sa mort.
Il «tombera» en 1892 («le Waterloo de Worth», dit Macintyre) par la faute d'un collaborateur apeuré lors d'une banale affaire de fourgon postal en Belgique. Condamné à sept ans de prison, il sera libéré au bout de cinq ans.
De retour à Londres avec ses enfants, il reprend ses activités et meurt paisiblement dans son lit le 3 janvier 1902.
Son fils profitera d'un accord entre son père et Alan Pinkerton pour commencer une carrière de détective à la Pinkerton.
Adam Worth est enterré dans le cimetière de Highgate dans une fosse commune sous le nom de Henry J. Raymond. Une petite pierre tombale fut posée pour désigner son lieu de repos en 1997 par la Jewish American Society pour la préservation de son histoire.
«Napoléon du crime», prince de la pègre, etc. l'Agence Pinkerton, qui le suit longtemps à la trace sans pouvoir le démasquer, lui rendra un vibrant hommage.
Aucun superlatif n'est épargné par ses biographes.
Lorsqu'il inventera le personnage de Moriarty, Conan Doyle empruntera plus d'un trait à cette vivante légende. L'Étrange cas du Dr Jekyll et Mr Hyde (1886) n'est pas très éloigné du sien. Et notre Arsène Lupin national, qui possède sa dextérité et cultive lui aussi ses dehors mondains pourrait lui avoir - indirectement - emprunté plus d'un trait, s'il est vrai que Maurice Leblanc doit beaucoup à Sir Arthur Conan Doyle.
Le Napoléon du crime contient aussi un tableau de l'époque. On y voit vivre une foule de personnages pittoresques. Elle contient la matière de vingt romans.
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Condé, le héros fourvoyé
Simone Bertière
- Fallois
- Litterature De Fallois
- 12 Octobre 2011
- 9782877067775
La vie mouvementée de Louis de Bourbon, prince de Condé (1621-1686), se déroule au coeur du XVIIe siècle, dans une période elle-même très agitée : durant la minorité de Louis XIV, Anne d'Autriche et son ministre Mazarin, qui ont choisi de continuer la guerre entreprise contre les Habsbourg de Madrid et de Vienne, doivent faire face également à une rébellion intérieure, la Fronde.
Proche du roi par cousinage, mais issu d'une lignée de rebelles, le jeune homme s'impose à vingt-deux ans sur le champ de bataille de Rocroi comme un capitaine de guerre exceptionnellement doué. Six ans durant, de 1643 à 1648, il accumule ensuite les victoires, qui deviendront des cas d'école pour les militaires à venir. Il y fait preuve en outre d'une extrême bravoure, chargeant à la tête de ses troupes en prenant des risques inouïs. Considéré comme l'égal d'Alexandre, il entre dans la légende de son vivant.
La médaille a un revers. Puisque aucun exploit ne lui est impossible, il se croit tout permis. Dans la vie civile, accompagné de sa troupe d'amis, les « petits-maîtres », il multiplie les provocations, tant sur le plan des moeurs que sur celui de la religion. Il commence d'indisposer les autorités. En 1648, lorsque les magistrats déclenchent la révolte contre la pression fiscale, la régente ne peut que s'appuyer sur lui. Il la soutient lors du siège de Paris. Mais en récompense de ses services, il croit pouvoir tout exiger.
Exaspérée elle le fait mettre en prison, avant d'être contrainte de le libérer au bout d'un an. À sa sortie il opte pour la guerre civile, mais ne parvient pas à se constituer une base solide en province et, vaincu, se réfugie aux Pays-Bas, chez les Espagnols. Il combat à leurs côtés de 1653 à 1658, sans pouvoir empêcher leur défaite finale.
Quand il rentre en France après la Paix des Pyrénées, il lui reste un bon quart de siècle à vivre, dans un pays qui a profondément changé. Il récupère, au prix de sa soumission, ses biens et son statut de prince du sang, mais Louis XIV le tient durablement à l'écart, avant de lui offrir sur le tard l'occasion de deux campagnes militaires. Mais c'est comme homme privé qu'il opère sur lui-même une extraordinaire mutation, devenant aussi patient, attentif aux autres et généreux qu'il avait été coléreux et arrogant naguère. Dans son domaine de Chantilly, il offre aux esprits indépendants à qui pèse le dirigisme culturel régnant un chaleureux espace de liberté.
Ce livre est une biographie historique : le récit, non romancé, de la vie d'un homme.
Il apporte un éclairage précieux sur les mentalités d'une époque très différente de la nôtre. Un exemple. La France était alors en pleine mutation, la monarchie s'efforçait d'imposer son autorité à de grands seigneurs nostalgiques de l'indépendance dont ils jouissaient au temps de la féodalité. Le sentiment national, déjà vif dans la bourgeoisie, était quasi inexistant chez eux avant la Fronde. Le passage de Condé à l'ennemi est perçu par eux, sur le moment, comme légitime défense contre un abus de pouvoir royal. Mais à son retour, quand la victoire définitive de la France a modifié les façons de penser, il apparaît rétrospectivement comme une trahison. En pareil cas, est-il possible de juger, quand les critères ne sont plus les mêmes ?
Du point de vue psychologique le personnage, complexe, énigmatique, est à la fois inquiétant et fascinant. Quel est le moteur de sa conduite ? Il n'a pas fait de confidences.
Mais d'après ses actions, on aperçoit chez lui une constante : la haute conscience de sa valeur, le niveau élevé de ses exigences, le refus des limites, le défi à l'autorité, aux contraintes, à la mort. Et pour couronner une carrière contrastée, la victoire sur soi et une conversion religieuse in extremis. Comment se concilient en lui un rationalisme très poussé avec un déni de réel radical dès que sa personne est en cause ? L'historien apporte des pièces au dossier, mais s'interdit de trancher.
Plus largement, son cas invite à une double réflexion sur l'héroïsme et sur la gloire qui en découle. La quête de l'exploit, de l'absolu, est-elle vivable pour l'intéressé, et sous quelles formes ? Quelle place la société peut-elle réserver au héros ? a-t-il tous les droits ? peut-il se permettre n'importe quoi ? La question est valable pour n'importe quel champ d'action : d'où son intérêt actuel.
Autour de Condé, bien sûr, on rencontre dans ce livre tous les grands acteurs de l'époque, Richelieu, Anne d'Autriche, Mazarin, le jeune Louis XIV, et aussi Gaston d'Orléans, qui lui dispute la scène politique, et Turenne, qui lui dispute la gloire. Simone Bertière les fait tous revivre d'une plume alerte, comme de coutume, dans un récit nourri d'anecdotes et teinté d'humour.
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Considéré aux États-Unis - et dans le monde entier - comme le meilleur spécialiste de la Révolution russe, Richard Pipes a donné en janvier 1995 plusieurs conférences à l'Institut des Sciences humaines de Vienne.
À cette occasion, il s'est demandé - ce qui lui paraissait être les trois problèmes principaux que posait la Révolution russe - quelles étaient les raisons de la chute du tsarisme, du triomphe des bolcheviks et de l'ascension de Staline. Ses réponses diffèrent beaucoup de celles qu'a fournies l'école d'historiographie dénommée " révisionniste ", apparue à l'Ouest dans les années 60 et qui domine aujourd'hui encore le monde universitaire. Alors que les révisionnistes, comme un temps les historiens soviétiques, insistent sur les forces sociales, Pipes met l'accent sur le politique. De cette disparité de méthode résultent de grandes différences d'interprétation : aux yeux des révisionnistes, les événements sont conduits par d'irrésistibles forces anonymes ; à ses yeux, le facteur décisif est la volonté humaine. Au cours de son travail, il a pu avoir accès aux archives soviétiques. Ce livre tient compte des plus récentes informations sur le sujet, y compris de l'ouvrage de Lénine déposé secrètement à Moscou aux Archives centrales du Parti.
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Mal connus, les liens entre la plus célèbre de toutes les impératrices et la plus belle ville du monde sont une véritable page d'histoire que ce livre se propose de dévoiler.
À l'automne 1856, Sissi n'a pas vingt ans quand elle accompagne l'empereur François-Joseph dans un voyage à hauts risques à Venise. Un vent de révolte souffle sur la lagune. Après l'occupation française, les Vénitiens n'en peuvent plus de supporter la pesante tutelle des Habsbourg. L'accueil de la noblesse, comme celui du petit peuple, est glacial. Mais grâce à son charme naturel et à son intelligence politique, Sissi saura persuader son mari de prendre les mesures d'amnistie pour ramener le calme. Ce qui lui vaudra d'être surnommée «l'ange bienfaiteur».
Il n'en ira pas de même à Milan mais, envoûtée par la vieille cité lacustre et au prétexte de se soigner, elle y retourne cinq ans plus tard avec ses enfants pour un long séjour où elle peut enfin mener une vie de famille tranquille, loin de ses obligations officielles et de l'archiduchesse Sophie, son envahissante belle-mère. C'est là qu'elle commence sa fabuleuse collection de photographies sur les beautés féminines.
En perpétuel déplacement dans toute l'Europe et jusqu'en Égypte, toujours à la recherche d'un mieux-être sans cesse troublé par des drames familiaux, Sissi fait une dernière escale dans la Cité des Doges au soir de sa vie pour assister à l'inauguration de la première Exposition internationale d'art, baptisée Biennale deux ans plus tard. Un voyage qu'elle voulait incognito mais qui, contre toute attente, lui fera rencontrer pour la première fois les nouveaux maîtres de la Sérénissime, le roi et la reine d'Italie.
Sissi et Venise, ou le romantisme dans tous ses états...
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Aristocrate désargenté, traînant de prisons en procès, accaparé par des amours tumultueuses, Honoré-Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau, devient, en 1789, un homme public et le chef de file de la Révolution. En réalité, l'homme public Mirabeau n'a jamais cessé de se construire au prix d'une constante gymnastique de la volonté. Il a toujours été un homme d'Etat : lorsque, incarcéré à Vincennes, il voulait réformer le système pénitentiaire ; lorsque, faisant fléchir le balancier de la Bourse au fil de ses pamphlets, il se rêvait en grand argentier du royaume ; lorsque, séjournant à Berlin, il se posait en conseiller de Frédéric-Guillaume de Prusse. Il avait déjà revêtu l'armure de l'homme d'Etat ; ne lui manquait que la rencontre avec l'Histoire. 1789 allait l'ériger en annonciateur du jugement dernier de l'Ancien Régime. Ce Provençal, issu d'une " famille de frénétiques ", son père parle d'une " race effrénée ", son oncle du " salpêtre " qui est dans le sang des Mirabeau -, ce " monsieur Ouragan " ou " La Bourrasque ", selon son père, ce " Mirabeau-Tonnerre ", selon Camille Desmoulins, a toujours refusé le " piétinement sur place " de l'homme de pure réflexion. Grand intellectuel des Lumières, il nous apparaît finalement comme un intellectuel-homme d'action, comme tous les grands politiques. Si Mirabeau avait survécu, aurait-il été une des premières victimes de la Terreur ? Ou aurait-il réussi à établir cette monarchie constitutionnelle qu'il imaginait ?
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Hector, le défenseur de Troie dans l'Iliade, semble un personnage bien fait pour intéresser et émouvoir un public de notre temps.
C'est un héros plus humain qu'aucun autre. Homère aurait très bien pu montrer ce prince troyen sous un jour un peu hostile, comme un ennemi. Or, c'est le contraire qui se produit.
En effet, Homère nous présente Hector, Hector seul, entouré des siens, de son père et de sa mère, de sa femme et de son enfant - et tout le monde connaît les adieux admirables d'Hector et d'Andromaque : ceci forme autour de la personne d'Hector un réseau de sympathie, d'inquiétude et de profonde pitié.
Cette pitié trouve bientôt de quoi se justifier, car Hector va être tué dans le poème, il sera même maltraité après sa mort, Achille refusant de le laisser ensevelir.
Ces chants d'Homère, qui sont les plus beaux et qui se terminent par un apaisement, expriment ainsi d'un bout à l'autre la douleur de la mort à la guerre et le devoir de respecter les corps des victimes. Deux thèmes qui ont de quoi toucher les hommes de notre époque tourmentée.
Mais il se trouve aussi que ces textes sur la guerre de Troie n'ont pas cessé de vivre, d'être lus, d'être imités, d'être modifiés. Aussi je ne me suis pas contentée de cette relecture. A chaque fois j'ai voulu apporter des rapprochements : rapprochements avec d'autres textes grecs ; rapprochements avec des textes du Moyen Age, de l'époque classique, de l'époque moderne ; rapprochements même avec des scènes qu'il m'était arrivé de vivre ou de voir vivre.
De cette façon, en plus de l'émotion suscitée par le poème lui-même, le livre avait une chance de jeter quelques lumières sur un aspect particulier de l'histoire de la culture.
J. de Romilly.
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Aucun empereur romain n'a été aussi sévèrement condamné par l'Histoire que le fils d'Agrippine, arrivé au pouvoir par la volonté de sa mère à l'âge de dix-sept ans, mort à trente et un ans.
Cette condamnation, que faut-il en penser ? À travers une série de documents hétérogènes, qui reposent tous sur des témoignages authentiques ( lettres, actes publics, fragments de journal intime, etc.) On découvre la suite des événements (remis à leur date par les commentaires d'un complice, le découvreur du " dossier ") et les mobiles vraisemblables, ainsi que les réactions des différents personnages, acteurs ou témoins.
Il devient alors possible de discerner la complexité du réel que le récit historique, dit " objectif ", masque sous une apparente simplicité. Qui est Néron ? Un monstre de perversité ? Un enfant aimant et sensible à la beauté du monde ? Un enfant meurtri, privé d'amour ? Un adolescent soumis à toutes tentations de son imagination ? Un provocateur défiant la morale et les lois, et en position de le faire ? Un criminel pur et simple ? Son talent pour la musique a-t-il joué un rôle dans le destin du monde ? Et ce monde, l'a-t-il changé ? Chacun des textes recueillis dans ce dossier, et dont aucun n'est entièrement imaginé reflète une facette de la réalité.
C'est au lecteur lui-même, et à lui seul, qu'il revient de se faire historien, de découvrir le vraisemblable, au-delà de la légende, d'imaginer des angles de vision possibles et de composer un personnage et un paysage qui ne seront qu'à lui. Peut-être se plaira-t-il à retrouver, à travers ces témoignages, quelques-uns des problèmes de notre temps, par exemple ceux que pose la répartition des richesses ou le rôle assignable à la pensée et à la sensibilité des hommes, à côté des mécanismes et des fatalités dont nous nous plaisons à feindre qu'ils enchaînent la liberté humaine.
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pour le troisième centenaire de sa mort, la france honore la mémoire du maréchal de vauban.
remarqué par le cardinal mazarin à l'âge de vingt ans, il participe à quatorze sièges.
il est blessé plusieurs fois. c'est lui qui a fait le siège en 1667 des villes de tournai, douai, et lille, prises en neuf jours. il dirige aussi le siège de maastricht, en 1673. puis celui de mons et de namur, en 1691 et 1692.
excellent dans l'attaque, il est encore meilleur dans la défense. il couvre la france d'un réseau de forteresses et de fortifications qui la protègent contre les invasions et qui seront encore utilisées lors de la guerre de 1914.
on disait : " une ville construite par vauban est une ville sauvée, une ville attaquée par vauban est une ville perdue.
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mais c'est surtout l'homme de coeur qui nous intéresse et que nous admirons aujourd'hui.
en 1689, dans un mémoire sur le rappel des huguenots, il supplie louis xiv de revenir sur la révocation de l'édit de nantes.
dix-huit ans plus tard, dans un ouvrage intitulé projet d'une dîme royale, il préconise une réforme des impôts, et demande au roi de prendre conscience de la difficulté dans laquelle vivent les français.
généreux, courageux, simple et humain, bravant quand il le faut les foudres du roi, vauban donne un exemple rare, aussi valable aujourd'hui qu'il y a trois siècles.
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L'historienne traite de la relation complexe qu'entretenaient le roi Louis XIII et son principal ministre Richelieu. Le premier était soucieux de son autorité face aux ambitions du second, mais ils ont partagé des objectifs communs comme la consolidation de l'appareil d'Etat face aux grands féodaux et la fin de l'hégémonie des Habsbourg en Europe.
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A la fin de la Grande Guerre, Foch décide d'honorer la mémoire des généraux morts entre 1914 et 1918. Il y en a environ 90, mais dans sa liste il ne retient que ceux tués dans les tranchées. Ce livre raconte la carrière militaire de ces 42 généraux dont une plaque commémorative rappelle les noms dans une chapelle de l'église Saint-Louis des Invalides. Chaque famille garde le souvenir d'un grand-père, d'un grand-oncle tombé au champ d'honneur.
Rares sont ceux qui, revenant au pays de leurs ancêtres, ne lisent pas leur patronyme au fronton du monument aux morts. Ces longues listes ont longtemps conforté la conviction populaire, selon laquelle seuls les soldats étaient dans les tranchées, alors que les généraux suivaient le déroulement de la bataille depuis des abris bétonnés, loin de la mitraille. Ce n'était pas le cas. Nombreux étaient ceux qui se portaient dans les endroits les plus exposés, afin d'évaluer les meilleures chances de réussite des ordres qu'ils venaient de donner.
Les 2e classe ou les généraux, tous ont fait leur devoir.
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Né dans le duché de Parme en 1755, Louis-Marie de Narbonne-Lara fut ministre de la Guerre de Louis XVI, avant de devenir le confident de Napoléon. Emigré à Londres en 1792, avec l'aide de Mme de Staël, dont il était l'amant, il passe ensuite en Suisse puis en Allemagne et revient en France en 1801. L'Empereur, dont il devient le confident, le réintègre dans l'armée en 1809. Il fait la campagne de Russie en qualité d'aide de camp de l'Empereur.
Ambassadeur à Vienne il mène en compagnie de Fouché des négociations avec Metternich, puis Napoléon lui confie le commandement de la place de Turgau en Saxe, où il meurt en 1813 des suites d'une chute de cheval. "En faisant revivre sa brillante figure, écrit Emile Dard, je voudrais aussi populariser ses curieux et remarquables entretiens avec Napoléon, où, plus audacieux qu'Eckermann avec Goethe, il suggère mais aussi contredit".
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Talleyrand : la personnalité controversée par excellence, parce que l'une des rares à avoir conservé une existence véritable dans l'ombre de Napoléon.
"Le plus impénétrable et le plus indéchiffrable des hommes", dit de lui Mme de Staël, à laquelle il doit les débuts de sa carrière de ministre sous le Directoire. Un visage impassible : "Jamais visage ne fut moins baromètre", précise Stendhal. Au Congrès de Vienne, il retrouve Metternich. Talleyrand et Metternich : deux jumeaux en diplomatie. Les deux modèles du diplomate accompli. Les deux experts - ou les deux acteurs - qui donnent à la diplomatie sa patine classique.
Talleyrand et Metternich se connaissent depuis huit années, pendant lesquelles ils ont pu dialoguer et se rapprocher. Sans se départir d'une grande prudence : "Des hommes tels que M de Talleyrand sont comme des instruments tranchants avec lesquels il est dangereux de jouer". Le 30 septembre 1814, c'est le coup d'éclat de Talleyrand, son coup de poing sur la table des négociateurs au Rennweg, devant Metternich et les représentants des quatre Grands, surpris et effarés.
A Vienne, Talleyrand a voulu s'ériger en "tribun de la plèbe internationale", en porte-parole des petites puissances, non admises dans le cercle des "Grands". N'a-t-il pas ainsi inventé la "diplomatie à la française" ?
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"The Indomitable Marie-Antoinette" is an valuable contribution to our understanding of the significant role women have always played in history. It is one of a series of six biographies of the queens, regents and royal mistresses of the French monarchy. In it, the highly acclaimed Simone Bertiere re-reads the innumerable source materials about Marie-Antoinette, and in a most engaging style, paints a startlingly new portrait of the queen. With great psychological insight, she brings Marie-Antoinette and her circle back to life not as representatives of their class, but as flesh-and-blood human beings in positions of extraordinary power and privilege, facing profound changes in the world they could not understand but were supposed to lead.Why "indomitable"? Because however frivolous her tastes may have been, the fierce determination she showed in getting what she wanted was only matched by her resistance to anything she didn´t. She willfully carved out a private life for herself in the face of opposition from a most rigid and hierarchical court. And despite being ill prepared for it, she would in the end play a key political role in the French Revolution, incurring the hatred of the masses rising up against the crumbling monarchy.
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En 1942, un jeune chrétien participe activement au sauvetage d'enfants juifs internés avec leurs parents dans le camp de Vénissieux.
Quelques décennies plus tard, le même homme occupe les plus hautes fonctions de la diplomatie française. C'est ce destin singulier que nous livrent les souvenirs de Jean-Marie Soutou. Au lendemain de la guerre, il assiste à Belgrade à la prise du pouvoir par les communistes et à la rupture Tito-Staline, puis à Moscou au " dégel " de 1956. Profondément hostile aux totalitarismes et marqué par la philosophie de Maritain et de Mounier, il est naturellement partisan de la solidarité occidentale, sans pour autant que celle-ci signifie l'alignement sur Washington.
Dès 1944, il s'affirme européen convaincu et très tôt partisan du rapprochement franco-allemand. Proche collaborateur de Pierre Mendès France, il travaille à maintenir l'effort de construction européenne en dépit de l'échec de la CED. Ses fonctions lui ont ainsi permis de connaître de grands acteurs de la scène internationale et de dresser leurs portraits, entre autres ceux de Khrouchtchev ou de De Gaulle.
Sur la politique de grandeur gaullienne, il pose un regard lucide. De même, il rend compte des embarras auxquels il se heurta face à la politique menée à l'Elysée par Jacques Foccart. Il rappelle ainsi les rapports paradoxaux entre la France et ses anciennes possessions, notamment lorsque, ambassadeur auprès de Boumediene, il oeuvra à l'apaisement des relations franco-algériennes. Sa connaissance et son appréciation de l'action extérieure de la France viennent appuyer sa réflexion sur l'instrument diplomatique lui-même.
Si certaines de ses remarques donnent un éclairage particulier sur une époque historique, comme le retour de la Chine au plan international, les conséquences de Vatican II ou le Moyen-Orient après la guerre des Six Jours, les Mémoires de Jean-Marie Soutou contribuent à la réflexion sur la difficile conciliation de l'exercice d'une fonction d'Etat avec un engagement moral.
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Les quatre frères d'Orléans ; violence et passions au temps de la guerre de Cent Ans
Gérard de Senneville
- Fallois
- 16 Mars 2016
- 9782877069519
L'histoire tourmentée de quatre membres de la branche cadette des Valois : Louis d'Orléans, frère de Charles VI, assassiné en 1407 par le duc de Bourgogne, ses fils Charles, prisonnier à Azincourt en 1415, Jean, otage des Anglais pendant trente-deux ans, Philippe, mort de maladie et Dunois, enfant naturel, défenseur d'Orléans avec Jeanne d'Arc en 1429, ancêtres de Louis XII et de François Ier.
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Metternich le séducteur diplomate
Zorgbibe-C
- Fallois
- Litterature De Fallois
- 16 Septembre 2009
- 9782877066907
" Son regard bleu et bienveillant tromperait Dieu lui-même. " Le mot est de Stendhal. Metternich, le reconstructeur de l'ordre européen après les guerres napoléoniennes, fut un séducteur. Séducteur et Européen jusque dans ses amours : trois épouses autrichiennes, trois maîtresses russes, trois maîtresses françaises. Avec l'avantage d'une bonne conscience absolue : " Je n'ai jamais été infidèle. La femme que j'aime est, chaque fois, la seule au monde. " Une séduction brouillée par une fatuité presque naïve : le chancelier est convaincu de détenir la vérité. Il se décrit en Messie à travers l'Europe, sollicité par les différents monarques qui recherchent ses conseils et l'érigent en arbitre du monde. Pour ses contemporains, la cause est entendue : il est un menteur. Le secrétaire au Foreign Office, Canning, l'affirme : " C'est le plus grand menteur de l'Europe, et peut-être du monde civilisé. " Napoléon le confirme : " C'est le plus grand menteur du siècle. " Talleyrand n'est pas tendre pour son jumeau en diplomatie : Metternich " ment toujours mais ne trompe personne ", au contraire de Mazarin " qui trompait, mais ne mentait pas ". Metternich faisait confiance à la postérité : " Elle me jugera... tout autrement que tous ceux qui ont affaire avec moi aujourd'hui. " Quel regard porter sur Metternich, près de deux siècles après ce Congrès de Vienne qui fit danser toute l'Europe ? Charles Zorgbibe, professeur de droit public à la Sorbonne, dissèque et analyse les trois rôles que Metternich a assumés : le vainqueur de Napoléon, le praticien de la diplomatie, le fondateur d'un nouvel ordre international. Dans ses dernières années, Metternich se considérait comme " un vieux médecin dans le grand hôpital du monde ". Sa principale médication ? L'art de gouverner ne consiste pas à châtier mais à intégrer. Une médication à succès, puisqu'elle assurera un siècle de paix à l'Europe...
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Ce livre raconte pour la première fois l'extraordinaire histoire de Sergei Degaev, terroriste politique dans la Russie des tsars, qui disparut après avoir participé à l'assassinat du chef de l'organisation de la sécurité de Russie en 1883. Ceux qui connaissaient et admiraient Alexander Pell, tranquille professeur de mathématiques à l'université de Dakota, n'auraient jamais deviné qu'il était en réalité le révolutionnaire Degaev.
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C'est un fait qu'au-delà du tombeau, Napoléon se montre encore capable de soulever des passions aussi violentes que contradictoires, non seulement en France mais sur l'ensemble de la planète. Mais c'est un fait aussi que, si tous les éléments concrets de sa vie sont maintenant connus, ses mobiles, le sens et la portée de son action, restent à analyser, encore et toujours, car de cette analyse dépend en bonne part notre compréhension de l'histoire moderne de l'Europe. C'est ce qui est clairement apparu à l'éminent chercheur américain Steven Englund et l'a conduit à entreprendre cette passionnante et méticuleuse étude en choisissant délibérément un thème directeur bien précis, c'est-à-dire la pensée politique de Napoléon et son évolution. Avec une verve et une pénétration psychologique dignes d'un véritable écrivain, mais toute la scrupuleuse précision de l'historien, l'auteur nous détaille toutes les étapes intellectuelles et les expériences politiques - du " paolisme " au jacobinisme - ayant contribué à la formation de cette pensée, et amené le jeune Corse Napoleone Buonaparte à devenir le général Bonaparte, puis l'empereur Napoléon. Et il nous montre, ce faisant, sous un jour entièrement nouveau, l'étroit parallélisme existant entre cette évolution politique et l'éducation sentimentale de son personnage. Malgré de fréquents accents de sympathie, l'ouvrage de Steven Englund est sans complaisance. Il s'applique à comprendre et non à absoudre systématiquement. Il ne cherche à aucun moment à laisser dans l'ombre les traits négatifs de la personnalité de Napoléon, mais il sait, en même temps, à merveille nous en faire sentir le caractère exceptionnel, détruisant au passage certaines légendes.
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" c'est le bayard de l'armée ", dit napoléon en présentant oudinot au tsar de russie.
du chevalier sans peur et sans reproche, il a la bravoure et le mépris du danger : 32 blessures. prodigieux meneur d'hommes comme ney ou murat, remarquable tacticien comme lannes ou suchet, ce soldat fameux de la révolution participe à toutes les campagnes de l'empire sauf l'espagne. ses exploits à wagram lui valent son bâton de maréchal et son titre de duc de reggio. et, pourtant, le maréchal oudinot n'avait pas eu la biographie qu'il méritait.
peut-être parce que, fidèle à la république, il appartint aux généraux hostiles à la marche de bonaparte vers le pouvoir absolu ? peut-être aussi parce que, après l'empire, sa loyauté à l'égard des bourbons en fit la cible d'une campagne de dénigrement des bonapartistes ? son respect de la légitimité politique, son patriotisme, son sens du devoir militaire ainsi que ses qualités " civiles " laissent entrevoir derrière le sabreur " criblé de blessures " une personnalité plus riche et plus complexe, que cet ouvrage met pour la première fois en lumière.
loin de se réduire à la seule biographie de celui qui fut tour à tour et pleinement général républicain, maréchal d'empire et pair de france, cette suite de courts tableaux vifs et richement documentés fait aussi renaître à travers le portrait attachant du " grenadier oudinot " un siècle tumultueux de l'histoire de france.
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Ce n'est pas à proprement parler une biographie, c'est plutôt un récit biographique. Qui nous permet de faire la connaissance d'une personnalité considérable et particulièrement mal connue : Germaine de Staël.
Littérairement, elle n'a pas la dimension de Rousseau ou de Chateaubriand.
Historiquement, elle n'a pas l'importance de Robespierre ni de Napoléon.
Mais elle a tout connu, elle a traversé toutes les péripéties de cette époque tumultueuse, elle a pris la plume pour défendre ses idées, elle a eu une énorme influence, elle est en quelque sorte la première de ces femmes qui n'hésitent pas à s'engager en politique, qui défendent leurs idées, et donnent l'exemple d'une liberté courageusement assumée.
Erik Egnell a choisi de présenter un portrait de Mme de Staël plus vivant qu'érudit. C'est son mérite principal. À travers les nombreuses citations, qui nous permettent de parcourir l'oeuvre très abondante de Germaine de Staël, aussi bien dans ses écrits politiques que dans ses romans, nous découvrons la complexité d'une époque.
C'est aussi une voyageuse, qui fait découvrir à la France l'Allemagne et l'Italie, et introduit le romantisme en France à travers son essai De l'Allemagne.
Elle a à peine cinquante ans quand elle meurt. Mais elle a joué un grand rôle, elle a vécu de grandes passions, les passions de l'amour et la passion de la liberté, c'est un peu à cet égard l'incarnation de la modernité.
Erik Egnell, diplomate à la retraite, est l'auteur d'un roman, Un été à Coppet, où la réalité et l'imagination se conjuguent pour raconter l'épisode ultime de la relation d'amour-haine entretenue par Mme de Staël avec Napoléon (Éd. de Fallois).
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Né à Berlin en 1859, mort en exil aux Pays-Bas en 1941, le dernier des Hohenzollern a été le héros d'une double tragédie, celle d'un homme et celle d'une nation.
La tragédie d'un homme. Une intelligence rapide, apte à saisir les différents aspects d'un problème et soutenue par une mémoire solide. Un charme et une courtoisie qu'il était toujours prêt à déployer. Une aspiration à la conciliation, le besoin de concilier les forces rivales au sein de son Empire et les nations rivales sur la scène internationale. Une inclination à la paix, prouvée lors des crises marocaines de Tanger et d'Agadir ou face aux guerres balkaniques - et qui ne disparaît qu'en 1913, dans un grand mouvement romantique, lors de la célébration du centenaire de la guerre de libération prussienne contre Napoléon.
Mais aussi une profonde division intérieure, une fragilité nerveuse et physique. Une tension constante afin de surmonter son handicap de naissance - ce bras atrophié et paralysé qui fait de lui, selon son précepteur, le soldat le moins apte physiquement qu'ait jamais compté l'armée allemande... alors qu'il accède, à 29 ans, à la tête de la Prusse-Allemagne, l'État le plus militaire d'Europe. D'immenses pouvoirs personnels et l'angoisse de ne pas être en mesure de les assumer..
Une fuite en avant. Guillaume se fait le porte-parole arrogant de la montée en puissance du Deuxième Reich. Excellent orateur, le meilleur orateur allemand de son temps, il multiplie les discours belliqueux, menaçants, il invite ses armées à se comporter comme " les Huns sous Attila ". Il va jusqu'à transformer son visage aux traits sensibles, presque efféminés, en se défigurant avec sa célèbre moustache en croc, aux pointes dressées et jusqu'à transformer sa voix en adoptant l'accent guttural des officiers de Potsdam. Pour, dans un étonnant discours à Brême, en plein apogée du Reich, se livrer à une vibrante méditation sur la grandeur et le déclin des empires...
La tragédie d'une nation. L'Allemagne, unifiée depuis peu, qui voulait prendre toute sa place dans le heurt des ambitions européennes, être une nation conquérante parmi les nations conquérantes d'Europe, toutes soulevées par le besoin " darwinien " d'engager la lutte pour la vie d'où émergerait le peuple le plus fort, le plus entreprenant...
Mais une guerre n'était pas nécessaire à l'Allemagne pour devenir l'une des plus puissantes nations. Dernière arrivée dans la compétition impérialiste, elle avait réussi sa politique mondiale : " État tentaculaire ", elle était présente en Afrique, au Proche-Orient, en Chine, dans le Pacifique-Sud et ses émigrés formaient des communautés dynamiques, florissantes et restées attachées à la mère-patrie dans les deux Amériques. Portée par la discipline et le talent de ses chercheurs, de ses cadres économiques et de ses ouvriers, elle était au premier rang de la science et des industries les plus jeunes, chimique et électrique, qui partaient, elles aussi, à la conquête du monde. Elle était restée une nation militaire, avec la meilleure armée du continent et la seconde marine de guerre du monde, avec tous les risques qu'engendrait sa concurrence avec la flotte et le pouvoir naval britanniques... mais elle n'était plus une nation exclusivement féodale et militaire : les élites aristocratiques traditionnelles, les junkers qui avaient fait la Prusse, coexistaient désormais avec les " nouveaux messieurs " de l'industrie dans l'atmosphère pluraliste tissée par une presse et un parlement incisifs et remuants - un Reichstag où s'exprimaient nationalistes et libéraux-démocrates, et aussi la plus forte social-démocratie d'Europe.
L'avancée allemande vers l'hégémonie semblait irrésistible à la veille du premier conflit mondial. L'Allemagne continuait, certes, de payer l'erreur de Bismarck, le rapt des provinces françaises de l'Est considérées à tort comme revenant vers leur terreau germanique, une erreur que les successeurs de Bismarck payaient au prix fort puisqu'elle rendait impossible la réconciliation franco-allemande et suscitait l'encerclement progressif de l'Allemagne et de son ultime alliée, austro-hongroise. Pourtant, il est révélateur que les efforts britanniques pour contenir l'une des grandes ambitions de l'Allemagne impériale, la marche germanique vers l'Orient, le Drang nach Osten, aient semblé désespérés : le fameux chemin de fer Berlin-Bagdad, cette " arme ferroviaire " brandie par l'Allemagne au milieu des protectorats orientaux du Royaume-Uni, arrivait déjà à Mossoul ; le 19 mars 1914, les Britanniques cédaient le quart des parts de la Turkish Petroleum, c'est-à-dire de l'exploitation des pétroles d'Irak, à la Deutsche Bank.
On peut toujours rêver à ce qu'aurait été l'Europe sans le cyclone de la Première Guerre mondiale et ses neuf millions de morts parmi les générations les plus jeunes, et imaginer une Allemagne impériale qui aurait survécu, avec sa forte structure et ses repères, son évolution vers un parlementarisme classique - une Allemagne où l'aventure hitlérienne n'aurait pu prendre forme... En août 1914, à l'heure où les armées s'ébranlent, Lyautey s'écrie : " Ils sont fous ! Une guerre entre Européens, ce n'est pas une guerre, c'est une guerre civile ! "
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Témoin éclatant d'une page essentielle de notre histoire, Madame Roland joua un rôle décisif au sein du parti girondin et permit à son mari Jean-Marie Roland de La Platière de se trouver au premier plan de la vie politique entre 1791 et 1793.
Grande femme politique, séductrice, écrivain, elle semble être brusquement entrée dans l'ombre au XXe siècle.
Menie Grégoire la fait revivre dans un texte surprenant où elle montre comment cette enfant née au coeur de Paris, les pieds dans la Seine, à la proue du navire et à l'ombre du Vert Galant, grandit et va se révéler un personnage central de la Révolution.
Fille d'un graveur, elle fréquente Greuze et Chardin, se passionne pour Plutarque et les philosophes des Lumières, en particulier Rousseau.
Esprit éclairé, c'est encore elle qui ouvre en 1791 un salon rue Guénégaud où se retrouvent les députés les plus avancés de l'Assemblée. La politique girondine s'y élabore.
Pendant le ministère girondin, son mari occupe le ministère de l'Intérieur : favorable à la guerre, elle conseille la rupture avec la cour. Et le 2 juin 1793, c'est la chute. Madame Roland reprend les habits de Manon Phlipon. Incarcérée, elle prend le temps d'écrire ses Mémoires qui sont si précieux pour comprendre la société de l'Ancien Régime et l'histoire de la Gironde.
Fruit de précises et nombreuses recherches, Menie Grégoire nous raconte encore les circonstances, l'atmosphère, les bruits de couloir de cette époque à la fois brillante et si tragique. Elle nous fait enfin suivre le parcours d'une femme dont les valeurs sont la fierté, la conviction et le panache.
Difficile de ne pas l'aimer, impossible de ne pas l'admirer, souligne Menie Grégoire qui fait de Madame Roland un portrait à la fois sulfureux, lumineux et émouvant.
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Portrait de l'homme d'Etat, grand orateur et passionné d'art. Présenté comme l'âme de la Troisième République, ce précurseur et visionnaire n'eut de cesse de servir la patrie avec persévérance et désintéressement.