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De sa vingtième à sa cinquantième année, Tolstoï a construit l'essentiel de son oeuvre romanesque: il est alors le plus grand écrivain de langue russe, célébré dans le monde entier. Mais à cinquante ans, il est victime d'un ébranlement intérieur. Jusqu'à la fin de sa vie, il a alors recherché, chez les philosophes d'abord, puis dans la religion, le sens caché de l'existence, se donnant pour mission de se sauver lui-même, et toute l'humanité avec. C'est ce moment de bascule, où Tolstoï en pleine gloire a décidé de se retirer du monde, qui a toujours fasciné le grand écrivain viennois Stefan Zweig.
La présentation de Stefan Zweig s'ouvre sur un Tourgueniev moribond qui, du fond de sa couche, rédige quelques mots à l'attention de Tolstoï pour le supplier de reprendre la plume (« Revenez à la littérature ! C'est votre don véritable. Grand écrivain de la terre russe, entendez ma prière ! »). Avec cette scène inaugurale, Zweig amène aussitôt le lecteur au moment clé de la biographie de Tolstoï : vers sa cinquantième année, l'écrivain russe est victime d'un ébranlement intérieur qui va le pousser à rechercher sans fin, chez les philosophes d'abord, puis dans la religion, le sens caché de la vie. Zweig ne cache pas son admiration pour celui qui s'est alors donné pour mission de se sauver lui-même, et toute l'humanité avec. -
Publiée en 1931, cette biographie de Napoléon est toujours reconnue par les historiens pour le sérieux de ses sources et la qualité de son écriture. Bainville y traite son sujet sans préjugés, dépassant la simple narration pour approfondir et analyser les événements. Son portrait de Napoléon reste criant de vérité, pour son génie comme pour ses dérives.
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De Neufchâtea u à Vaucouleurs la Meuse coule libre et pure entre les trochées de saules et d'aulnes et les peupliers qu'elle arrose, se joue tantôt en brusques détours, tantôt en longs circuits, et divise et réunit sans cesse les glauques filets de ses eaux, qui parfois se perdent tout à coup sous terre. L'été, ce n'est qu'un ruisseau paresseux qui courbe en passant les roseaux du lit qu'il n'a presque pas creusé; et, si l'on approche du bord, on voit la rivière, ralentie par des îlots de joncs, couvrir à peine de ses moires un peu de sable et de mousse.
Mais dans la saison des pluies, grossie de torrents soudains, plus lourde et plus rapide, elle laisse, en fuyant, une rosée souterraine qui remonte çà et là, en flaques claires, à fleur d'herbe, dans la vallée. -
Jean-Baptiste Colbert est sans doute l'un des personnages politiques les plus illustres et en même temps des plus secrets de histoire de France. Né le 29 août 1619 à Reims, et mort le 6 septembre 1683 à Paris, il fut successivement l'un des principaux ministres de Louis XIV, Contrôleur général des finances de 1665 à 1683, secrétaire d'État de la Maison du roi, et secrétaire d'État de la Marine de 1669 à 1683.
Réputé cassant et peu disert, cette éminence grise du royaume n'était guère aimée de la Cour. Le cardinal Mazarin, peu avant sa mort le 9 mars 1661, recommande à Louis XIV de prendre Colbert à son service par la phrase célèbre : « Sire, je dois tout à votre Majesté, mais je m'acquitte de ma dette en lui présentant Colbert ».
Cet ouvrage revient sur les principales étapes de son ascension fulgurante au sommet du système monarchique et sur ses principales réalisations. Si le Roi Soleil était la tête pensante de nombreux projets, Colbert en fut l'artisan pour leur réalisation. Colbert - La face caché du Soleil revient sur le rôle souvent méconnu de ce grand commis de l'État. -
Histoire de la prostitution chez tous les peuples du monde
Pierre Dufour
- Culturea
- 8 Novembre 2022
- 9782385089610
S'il est difficile de définir le mot Prostitution, combien est-il plus difficile de caractériser ce qui est son histoire dans les temps anciens et modernes! Les graves auteurs du Dictionnaire de l'Académie (dernière édition de 1835) n'ont pas trouvé pour ce mot-là une meilleure définition que celle-ci: «Abandonnement à l'impudicité.» Avant eux, Richelet s'était contenté d'une définition plus vague encore: «Déréglement de vie;» mais peu satisfait lui-même de cette explication, dont l'insuffisance accuse la modestie, il en avait complété le sens par une phrase moins amphibologique: «C'est un abandonnement illégitime que fait une fille ou femme de son corps à une personne, afin que cette personne prenne avec elle des plaisirs défendus.» Cette phrase, dans laquelle les auteurs du Dictionnaire de l'Académie ont puisé leur définition, ne dit pas même tout ce que renferme le mot Prostitution, puisque l'abandonnement dont il s'agit s'est étendu, en certaines circonstances, aux personnes des deux sexes, et que les plaisirs défendus par la religion ou la morale sont souvent autorisés ou tolérés par la loi. Ce trafic sensuel, que la morale réprouve, a existé dans tous les siècles et chez tous les peuples; mais il a revêtu les formes les plus variées et les plus étranges, il s'est modifié selon les moeurs et les idées; il a obtenu ordinairement la protection du législateur; il est entré dans les codes politiques et même parfois dans les cérémonies religieuses; il a presque toujours et presque partout conquis son droit de cité, pour ainsi dire, et il est encore, de nos jours, sous l'empire du perfectionnement philosophique des sociétés, il est l'auxiliaire obligé de la police des villes, il est le gardien immoral de la moralité publique, il est le triste et indispensable tributaire des passions brutales de l'homme. Dans un style littéraire vif, érudit, et enlevé, Pierre Dufour nous livre une magistrale histoire du métier le plus vieux du monde qui paraîtra en pas moins de cinq volumes entre 1851 et 1853.
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Parmi les grands aventuriers dont la célébrité occupa l'Europe au XVIIIe siècle, Cagliostro fut, sans contredit, un type tout à fait à part et qui mérite d'être étudié avec une sérieuse attention. Arrivant au milieu de l'époque la plus sceptique qui fut jamais, ce charlatan eut ses triomphes, ses sectaires, ses admirateurs et ses dupes comme s'il eût vécu à la cour de Catherine de Médicis, aux beaux jours de la sorcellerie, de l'astrologie et de la nécromancie. Le XVIIIe siècle, dans sa dernière période, sortant des mains de Voltaire et des encyclopédistes, ne croyait presque plus en Dieu; il était rationaliste comme un logicien absolu, matérialiste comme un débauché incorrigible, et cependant il fut crédule comme un enfant, ou plutôt comme un vieillard énervé et qui a recours aux empiriques.
La science avait fait de magnifiques conquêtes sur l'erreur; elle triomphait radieusement. Une tache vint cependant à passer sur cet astre, et les esprits ébranlés doutèrent de la science. Cette tache sur un disque étincelant, c'était le charlatanisme, dont la propagande grandissait de jour en jour. Ces aberrations de l'esprit public se rencontrent dans les meilleurs temps.
Et nous-mêmes, si vains aujourd'hui de nos progrès immenses et des merveilleux et riches résultats de la science, nous si fiers, avec raison, de nos forces et de nos conquêtes, nous XIXe siècle, sommes-nous exempts de toute infirmité morale, et avons-nous si bien redressé et pourchassé le charlatanisme, qu'il n'ait pu verser dans notre coupe un grain de folie ?
Mais ces considérations nous mèneraient peut-être plus loin que nous ne voudrions. Notre but est seulement d'étudier un des plus curieux caractères du temps passé, de raconter d'étranges fourberies, de dérouler sous les yeux du lecteur l'odyssée d'un aventurier célèbre, d'intéresser et d'amuser autant que possible, de prémunir et d'instruire s'il y a lieu, ou plutôt si cette mission n'est pas au-dessus de nos forces.
Toutefois, que nos lecteurs ne s'y trompent pas, ce n'est point un roman que nous écrivons. À travers une vie extraordinaire comme celle de Cagliostro, on rencontre bien des chemins tortueux où l'on est forcé de s'engager faute de documents certains; mais il est aussi des points historiques très lumineux dans cette existence exceptionnelle, et sur lesquels il n'est pas permis d'hésiter.
Nous dirons donc toute la vérité, cherchant à montrer le comte de Cagliostro tel qu'il était, avec sa physionomie caractéristique, sans déguiser ses vices, mais aussi sans amoindrir ses qualités. Avec une autre éducation et d'autres débuts dans le monde, Cagliostro, au lieu d'avoir été un grand aventurier, souvent criminel, serait peut-être devenu un homme célèbre et honoré. -
Mémoires historiques sur les templiers
Philippe Antoine Grouvelle
- Culturea
- 30 Août 2022
- 9782385083267
Au matin du 13 octobre 1307, les Baillis et Prévôts de France ouvrirent un pli scellé qui ne devait être ouvert que ce jour-là. C'était un ordre de Philippe-le-Bel ordonnant l'arrestation simultanée de tous les Templiers (Chevaliers, Servants, Prieurs, etc.) du royaume de France et leur incarcération.
Les même dispositions et le même ordre furent aussi accomplies dans tous les royaumes d'Europe: Angleterre, Irlande, Écosse, Allemagne, Hollande, Espagne, Portugal, Italie, Danemark, etc. Cette arrestation se fit en accord avec le pape Clément V. Quel était donc le crime dont on accusait les Templiers pour qu'ils fussent tous arrêtés si brusquement? Un de leur plus gros crimes était leur immense richesse et leur grande puissance. Le roi de France ainsi que plusieurs souverains étrangers avides et cupides voulaient s'emparer de ces richesses; pour ce faire, il fallait que l'ordre du Temple fut aboli, et quelle meilleure accusation pour arriver à ce résultat que celle d'hérésie ?
Soumis à la question ordinaire et extraordinaire, à des pressions et des promesses de liberté les Templiers avouèrent tout et n'importe quoi. Un chevalier déclara même devant la commission pontificale qu'en raison des tourments endurés, il aurait été prêt à jurer qu'il avait tué lui-même le Christ. À l'aide des documents et archives de l'époque, l'auteur essaie de se frayer un chemin dans ce labyrinthe et de démêler le vrai du faux. -
On aurait de la peine à trouver, dans toute l'histoire de France, un événement dont les causes soient moins connues et dont le caractère soit plus diversement apprécié que la condamnation des Templiers sous Philippe le Bel. Les chevaliers du Temple étaient-ils coupables? Quels motifs ont pu pousser le roi de France à provoquer leur destruction? Quelles raisons ont pu déterminer le Saint-Siège à prononcer leur abolition? Les trois études rassemblées dans cet ouvrage éclairent considérablement le débat en le resituant dans le contexte plus large d'un affrontement de l'Église catholique et d'une royauté française qui vise l'empire universel.
À l'aide de documents inédits, ou interprétés autrement qu'on ne l'a fait jusqu'à ce jour, Émile Boutaric retrace l'histoire des rapports de Philippe le Bel avec Clément V au sujet des Templiers.
Ernest Renan, dans deux études capitales, dresse le portrait de deux des acteurs principaux du drame: celui de l'idéologue «laïc» Pierre Du Bois (avocat de Coutances) et celui du ministre-homme de main, garde du sceau royal: Guillaume de Nogaret, que Dante surnomma, à cause de l'expédition d'Anagni, le nouveau Pilate (Il nuovo Pilato si crudele).