Calmann-Lévy
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Comment devient-on Staline ? Né pauvre, ce garçon séducteur et dangereux s'essaye à la poésie romantique, se prépare à entrer dans les ordres, mais trouve sa vocation dans l'action révolutionnaire. À la fois intellectuel, gangster et terroriste, le jeune Staline avait tout pour se forger un destin hors du commun dans la Russie de 1917 : peu de scrupules et un énorme appétit de vie et de pouvoir.
En s'appuyant sur dix ans de recherches, en particulier dans des fonds d'archives récemment ouverts en Géorgie et à Moscou, ainsi que sur les Mémoires de nombreux acteurs et témoins de l'époque, Simon Sebag Montefiore décape le vernis de la mythologie révolutionnaire. Il montre comment la rencontre, chez le jeune Staline, du banditisme caucasien, d'une paranoïa extrême et d'une idéologie impitoyable lui permit de conquérir le Kremlin et l'URSS et fit de lui un des dictateurs les plus sanguinaires de l'histoire.
Sont exposés ici ses liens ambigus avec la police secrète tsariste, ses nombreuses conquêtes féminines, ses innombrables crimes et délits, mais aussi le rôle qu'il joua dans la naissance du parti bolchevique et dans la révolution d'Octobre. On comprend mieux la question des nationalités, les luttes d'influence et la guerre idéologique, puis exterminatrice, entre bolcheviks et mencheviks avant et pendant la Révolution de 1917. Se trouvent aussi éclairées d'un jour nouveau ses relations avec Lénine, qu'il impressionna tant que celui-ci en fit, avec Trotski, son principal homme de main, avant de mesurer, trop tard, le danger qu'il représentait.
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« Rester éveillé. Le plus longtemps possible. Lutter contre le sommeil. Le calcul est simple. En une heure, je fabrique trente faux papiers. Si je dors une heure, trente personnes mourront... » Quand, à 17 ans, Adolfo Kaminsky devient l'expert en faux papiers de la Résistance à Paris, il ne sait pas encore qu'il est pris dans un engrenage infernal, dans une course contre la montre, contre la mort, où chaque minute a la valeur d'une vie. Durant trente ans, il exécutera ce méticuleux travail de faussaire pour de nombreuses causes, mais jamais pour son propre intérêt.
À travers son destin romanesque, et sous la plume de sa fille Sarah, on plonge au coeur d'une histoire de clandestinité, d'engagement, de traque et de peur. En arrière-plan du récit de sa vie se dessine le spectre d'un siècle où s'affrontent sans merci pouvoirs politiques, haines raciales, idéologies et luttes des peuples pour leur liberté et la dignité humaine. La Résistance, l'émigration clandestine des rescapés des camps avant la création d'Israël, le soutien au FLN, les luttes révolutionnaires d'Amérique du Sud, les guerres de décolonisation d'Afrique, l'opposition aux dictateurs d'Espagne, du Portugal et de Grèce, sont autant de combats pour lesquels il s'est engagé, au risque de sa vie et au prix de nombreux sacrifices. S'il a rejoint des causes en apparence contradictoires, Adolfo Kaminsky est toujours resté fidèle à ses convictions humanistes, à sa volonté de bâtir un monde de justice et de liberté. -
Tous les marins sont des chanteurs ; vie et mort d'Yves-Marie Le Guilvinec (1870-1900), poète et marin breton
Gérard Mordillat, François Morel, Antoine Sahler
- Calmann-Lévy
- 14 Octobre 2020
- 9782702180099
« Il n'y a pas de hasard ou il n'y a que des hasards », comme disait Rimbaud, et c'est dans un vide-greniers à Saint-Lunaire que François Morel a trouvé un vieil exemplaire défraîchi de La Cancalaise. Dans cette revue, endommagée par le temps, étaient reproduites une douzaine de chansons d'un poète et marin breton, Yves-Marie Le Guilvinec. Intrigué par l'originalité, la singularité de ce qu'il lisait, François Morel, avec l'aide de Gérard Mordillat, a voulu enquêter sur l'auteur oublié de ces textes et établir sa biographie.
Yves-Marie Le Guilvinec, né en 1870 à Trigavou, pêcheur sur les grands bancs de Terre-Neuve, cadet d'une famille nombreuse, est mort en mer en 1900. Il vécut sans autre horizon que la pêche à la morue et disparut au moment où la gloire lui tendait les bras.
La biographie d'Yves-Marie Le Guilvinec complétée par l'intégrale du texte de ses chansons est accompagnée de plusieurs lettres émouvantes à sa mère et d'une étude sur sa mort que nous devons à l'amabilité du Dr Patrick Pelloux, ainsi que de portraits par Ernest Pignon-Ernest. -
3 carnets de croquis réalisés par le jeune illustrateur Hors Rosenthal dans le camp de concentration de Gurs. L'auteur, mort à Auschwitz en 1942, présente la vie au camp avec ironie, en reprenant le personnage de Mickey Mouse qu'il met en scène en déportation, ou en réalisant une fausse brochure touristique des camps de la mort.
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En Pologne, après la libération ; l'impossible survie des rescapés juifs
Turkov-J
- Calmann-Lévy
- 1 Octobre 2008
- 9782702139134
En pologne, après la libération, les rares juifs, " survivants par miracle " (turkov) qui ont échappé à la shoah, espèrent commencer une vie nouvelle.
Leur désillusion est terrible, marquée par le retour d'un antisémitisme virulent, ponctué d'assassinats et de pogroms, et par la montée en puissance des communistes dans l'appareil d'état, au milieu de compatriotes dont beaucoup tentent de " terminer le travail " des nazis. telle est la réalité dont témoigne ici ionas turkov. celui que la presse juive considérait en 1944 avec son épouse diana blumenfeld, chanteuse de music-hall, comme " les seuls représentants du monde culturel juif à s'être sauvés du ghetto de varsovie ", fait le tableau de la difficile reconstruction de la pologne.
Ionas turkov raconte son quotidien à lublin, l'angoisse de ne pas retrouver sa fille et la nécessité, constante, de dissimuler sa judéité. il décrit ses tentatives pour faire connaître au monde la véritable situation des juifs polonais et pour déconseiller aux expatriés de rentrer en pologne. il évoque les enfants juifs rescapés et les tançons exigées pour leur restitution. ce triste constat, cette " décevante liberté " vont le conduire à s'exiler définitivement.
Tout d'abord aux états-unis, puis en israël oú il s'installe en 1966 et oú il meurt en 1982. cet ouvrage constitue le dernier opus de son journal.
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Juan Martin Guevara est le petit frère du Che, de 15 ans son cadet. Apprenant sa mort dans le maquis bolivien en lisant le journal, Juan Martin, ses frères et soeurs forment en silence un accord tacite : celui de ne jamais dévoiler leurs souvenirs, de ne jamais évoquer ce frère qu'au sein du clan Guevara.
Pendant près de cinquante ans, Juan Martin a gardé le silence même si l'ombre fraternelle le suit fidèlement à Buenos Aires, où il vit, et à La Havane où il séjourne régulièrement depuis 1959. Difficile en effet d'éviter l'image de l'icône révolutionnaire dans les rues des deux capitales et du monde entier.
Est-ce le sentiment du temps qui presse ? Juan Martin a décidé qu'il était de son devoir de « partager ce qu'il sait de son frère ». S'il ne raconte pas, lui, les anecdotes que personne n'a jamais ni lues ni entendues, qui le fera à sa place ? Même les enfants du Che, avec lesquels il a tissé des liens serrés, n'ont pas connu leur père dans sa jeunesse.
C'est ce Che intime dont l'histoire n'a jamais été racontée que Juan Martin nous livre ici. Il fait revivre ce frère aîné attentif et protecteur, complice prompt aux canulars, à l'humour noir et aux escapades. En le découvrant dans son nouveau rôle de chef à Cuba, en 1959, Juan Martin, qui restera 2 mois auprès de lui dans ce moment crucial, se souvient de l'aventurier idéaliste qu'il a adulé, vagabond au pied levé, frénétique courant d'air en quête d'épopée.
Juan Martin raconte aussi les relations du Che avec ses parents, excentriques, érudits et bohèmes, ses frères et soeurs qui, chacun à leur manière, ont participé à l'éveil politique du Comandante.
Détenteur d'un legs spirituel, Juan Martin Guevara témoigne pour la jeune génération afin qu'elle ne connaisse pas seulement son visage mais aussi ses valeurs et qu'elle trouve de l'inspiration dans l'épopée du révolutionnaire : « Le personnage du Che continue de se vendre dans le monde entier. La question de fond est de comprendre pourquoi. Pourquoi continue-t-il d'exercer cette fascination, d'avoir une telle présence? Ils ont essayé de le nier, de le tuer. Pourtant, il réapparaît sans cesse. Il est immortel. »
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Voici l'histoire de la dynastie des Romanov, avec ses tsars et tsarines, personnages tonitruants, autocrates-nés touchés par le génie ou la folie.
Cette captivante épopée, foisonnante d'anecdotes, raconte comment les Romanov ont construit leur empire de manière impitoyable, au gré de conspirations, de rivalités familiales et d'extravagances sexuelles. De Pierre le Grand, fêtard despotique, bâtisseur de l'autocratie russe qui exigeait l'ivresse permanente de sa cour, à Nicolas II, dernier empereur de Russie au destin tragique, dépeint comme un tsar réactionnaire et médiocre ayant précipité la chute de l'Empire, en passant par Catherine II, la plus grande des tsarines, qui multiplia les amants, ce livre dévoile leur monde secret et leur destinée hors du commun.
La plume vivante et inimitable de Simon Sebag Montefiore entremêle petite et grande histoire, et nous fait revivre avec une intensité remarquable les grands moments qui ont ponctué la légende des Romanov, pour qui gouverner la Russie fut à la fois une mission sacrée et un cadeau empoisonné. -
Parcours ; engagement et résistance, une vie
Miguel Benasayag
- Calmann-Lévy
- 21 Mars 2001
- 9782702131220
Miguel Benasayag nous donne ici son livre le plus personnel, et un témoignage bouleversant sur l'exil et la torture.
Pour la première fois, il accepte de parler de son rôle dans la résistance à la dictature argentine, de la prison, du terrorisme, de ses choix politiques, de son engagement de pédo-psychiatre en France. Il nous parle de sa découverte de ce que signifie être vraiment libre. Cette liberté intérieure agit dans le monde en développant toutes les potentialités créatrices de chaque situation. C'est l'aventure de la découverte de cette liberté dans sa puissance agissante qui est au centre de ce livre.
Né en Argentine, Miguel Benasayag fut l'un des principaux responsables du réseau de résistance E.R.P. sous la dictature. Emprisonné, torturé, il fut libéré avec d'autres franco-argentins sur intervention de Mitterrand. Il exerce aujourd'hui la psychanalyse dans un service de pédo-psychiatrie à Reims. Sur le plan politique, il participe à plusieurs mouvements de résistance au néolibéralisme capitaliste.
Miguel Benasayag est l'auteur d'une dizaine de livres tous parus aux éditions La Découverte, dont Le mythe de l'individu (1999), Du contre-pouvoir (2000). -
Winnie Mandela ; l'âme noire de l'Afrique du Sud
Stephen Smith, Sabine Cessou
- Calmann-Lévy
- 7 Novembre 2007
- 9782702135594
L'Afrique du Sud passe pour « le pays de Mandela ». Mais l'homme qui incarne le « miracle » politique en Afrique du Sud est si exceptionnel qu'il ne peut être représentatif d'un pays couturé des plaies de l'apartheid. Ce privilège ambigu revient à son ex-épouse, la « mère de la Nation » durant les décennies de combat, mais qui n'est finalement pas devenue la Première dame de la « nouvelle » Afrique du Sud, parce qu'elle s'est rendue coupable de crimes de sang à la tête du Mandela United Football Club, sa milice personnelle.
Peut-on combattre un système hideux comme l'apartheid, sans en emprunter des traits, sans embrasser la violence et la haine ? Voilà le fil conducteur de cette enquête biographique, riche en épisodes inédits, qui est aussi un retour sur le passé et une interrogation sur l'avenir de l'Afrique du Sud. Il s'agit ici de retracer une histoire extraordinaire, celle d'une fille du Transkei qui « monte » à Johannesburg, la Cité de l'or, où elle épouse en même temps que l'étoile montante de l'ANC, une lutte sans merci qu'elle devra mener seule. Durant les vingt-sept années que Nelson passera debout en prison, Winnie affronte l'apartheid au quotidien : elle est harcelée jour et nuit par la police, séparée de ses deux filles, torturée en prison, trahie par des « amis », assignée à résidence puis « bannie » au coeur du pays afrikaner, totalement isolée dans la « petite Sibérie » qu'est son exil intérieur. En dépit de toutes ses blessures intimes, c'est Winnie qui inspire la résistance contre l'ordre ségrégationniste, c'est elle - bien plus que l'ANC - qui est en phase avec les townships rebelles, d'abord avec la jeunesse de Soweto, en 1976, puis avec les ghettos du pays tout entier au milieu des années 1980. Cependant, à l'heure de la « libération » négociée, elle perd, outre ses postes dans le mouvement anti-apartheid arrivé au pouvoir, à la fois son mari et son honneur. Elle n'est plus qu'une icône abîmée. Et si c'était cela la vraie image de l'Afrique du Sud, le « pays de Mandela » qui se révèlera après la mort de Nelson ? -
L'homme sans concessions ; Arthur Koestler et son siècle
Michel Laval
- Calmann-Lévy
- 13 Avril 2005
- 9782702135662
Il y a des vies qui transcendent leur siècle. elles le sauvent, en quelque sorte, d'un jugement trop sévère de l'Histoire. La vie d'Arthur Koestler fut de celles-là. Né en 1905 dans une famille juive de la Mitteleuropa, Arthur Koestler noua avec l'Histoire une relation tumultueuse et passionnée qui le conduisit de la Vienne crépusculaire des années vingt à Londres où il mourut en 1983, sujet britannique parvenu au faîte d'une célébrité mondiale, en passant par la Palestine de la reconquête sioniste, le Berlin de la montée du nazisme, la Russie stalinienne de la grande famine de l'hiver 1932, l'Espagne de la guerre civile où il fut condamné à mort, la France de la drôle de guerre qui l'enferma dans un camp d'indésirables, le Londres de la résistance héroïque à Hitler où il trouva refuge, le Paris effervescent de la Libération, l'Amérique du maccarthysme naissant et l'Etat d'Israël à peine proclamé et déjà assailli. Auteur, avec Le Zéro et l'Infini, d'un des plus grands livres de la littérature politique du XXe siècle, exilé perpétuel, cosmopolite déraciné, calomnié et persécuté de son vivant, voué à une sorte d'oubli depuis sa mort, Arthur Koestler fut de tous les grands combats de son temps. Militant de la grande croisade antifasciste de l'entre-deux-guerres, il rompit avec le communisme lors des procès de Moscou et fut du petit nombre de ceux qui osèrent défier ensemble les deux grands systèmes totalitaires dont, l'un des premiers, il pressentit l'identité profonde. Rien ne put dévier sa route. rien n'échappa à son regard critique et à la liberté de son jugement. Ce livre est l'histoire de cette vie hors du commun. C'est aussi le récit d'une époque qui s'enivra d'abstractions criminelles et renia son humanité au nom d'utopies monstreususes. Michel Laval nous la fait revivre avec un exceptionnel talent de narrateur, en suivant pas à pas, combat après combat, un de ses acteurs les plus lucides et les plus courageux.
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"La métaphore du big-bang pourrait s'appliquer à n'importe quelle vie. Mais quand on a vu le jour après la Seconde Guerre mondiale en Pologne, c'est-à-dire nulle part selon la célèbre formule du père Ubu et dans le non-dit de la mère, tout commence effectivement par une gigantesque explosion qui a anéanti les époques antérieures, calciné les archives, brûlé la langue et effacé les noms des ancêtres."Ils forment un trio : Christophe, Anna et Mamouchkievitch, la mère omniprésente.De Varsovie à l'époque de Staline, au Paris des années soixante, ils nous entraînent dans un périple peuplé de personnages extravagants. Les situations rocambolesques se succèdent, le comique se mêle au tragique et la nuit, les fantômes resurgissent. Leur histoire si singulière se tisse autour de la mère et de l'amour démesuré qu'elle porte à son fils prodige, dont l'imagination débridée ne connaît pas de limites. La terre étant tout juste assez vaste pour lui, la petite Anna au "physique pas comme les autres" se tourne vers les étoiles jusqu'à devenir "doktorr astrophysik" Au fil du récit composé de particules de mémoire, l'épaisseur des personnages, leurs contacdictions, leurs zones d'ombre, le rapport compliqué qu'ils entretiennent avec leur judaïté et leur attachement inconditionnel à la Pologne. Ce livre foisonnant où jamais l'on ne s'apitoie est une leçon de vie et d'élégance face à l'adversité, comme un pied de nez au destin.
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Après l'Appel de De Gaulle du 18 juin 1940 il y eut, trois mois plus tard. ses appels moins connus des 23 et 24 septembre, qu'il lança devant Dakar pour convaincre les autorités vichystes de l'Afrique-Occidentale française (A-OF) de se rallier à la France Libre.Mal préparée, l'expédition franco-britannique sur Dakar se solda par un échec cuisant. Elle est l'une des pages les plus méconnues de la légende dorée du gaullisme et de la France combattante.Faiblesse des renseignements sur l'état d'esprit des populations, méconnaissance totale du terrain, météo catastrophique, refus paternaliste d'associer les "indigènes" à l'événement, manque d'enthousiasme des Britanniques... cette accumulation d'erreurs constitue la principale cause de la défaite de De Gaulle lors de sa première opération d'envergure. Cet échec complet faillit le conduire au suicide et manqua d'être fatal à la survie de son mouvement naissant comme le retrace cette vaste fresque, riche d'anecdotes sur les circonstances de la première rencontre entre De Gaulle et l'Afrique noire.UN ESSAI-DOCUMENT QUI PERCE LE MYSTÈRE DE DAKAR.
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Ode à l'homme qui fut la France ; Malraux, conquérant de l'impossible
Romain Gary
- Calmann-Lévy
- 15 Janvier 1997
- 9782702126868
Ode à l'homme qui fut la France A des moments cruciaux de la destinée du général de Gaulle - décembre 1958, mai 1969, novembre 1970 ù, Romain Gary a été convié à faire part au public américain du regard personnel qu'il portait sur celui qu'il appelait avec humour et affection " l'homme de sa vie ". Il en est résulté trois témoignages magnifiques demeurés jusqu'à ce jour inédits en français. Leur fait écho l'hommage méconnu que Gary a consacré à Malraux en 1977, un an après sa mort.
De Gaulle, Malraux, Gary : ce recueil est la rencontre au sommet de trois " conquérants de l'impossible ". -
Alberto Diaz Gutierrez, plus connu sous le nom de Korda, naît à La Havane en 1928, la même année qu'Ernesto « Che » Guevara en Argentine. D'origine modeste, il commence sa carrière en faisant du porte à porte pour une entreprise de caisses enregistreuses, malgré une licence de journalisme. C'est en essayant de vendre une machine à un photographe qu'il découvre sa vocation. En 1956, il crée le studio « Korda ». Les plus belles femmes de La Havane posent pour lui. Dans les premiers jours de 1959, quand les « Barbudos » déboulent dans la capitale cubaine, il devient photographe au nouveau quotidien Revolución.Une année plus tard, le 4 mars 1960, un cargo français, La Coubre, avec à son bord un chargement d'armes en provenance de Belgique, explose dans le port de la Havane. Le bilan est terrible : 75 morts et 200 blessés. Le lendemain, un meeting de protestation est organisé. A la tribune, brandissant un explosif, le Premier ministre Fidel Castro dénonce l'attentat et son auteur présumé, la CIA. « Au pied de la tribune, l'oeil vissé au viseur de mon vieux Leica, moi je mitraille Fidel et tous ceux qui l'entourent. Soudain, au bout de mon objectif de 90 mm surgit le Che. Il a une expression farouche. Par réflexe, j'ai appuyé deux fois sur le déclic : une prise verticale, une autre horizontale. Je n'ai pas eu le temps d'en faire une troisième, il était déjà reparti. J'ai continué à photographier l'assistance. Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir étaient là... »La photo du Che n'est finalement pas publiée mais Korda en tire un agrandissement 30 x 40 et l'accroche dans son studio. Sept ans plus tard, en juin 1967, le monde entier se demande où est passé Guevara. Personne ne sait encore qu'il est en train d'allumer un foyer de guérilla en Bolivie. Un éditeur italien proche des dirigeants cubains, Giangiacomo Feltrinelli, est à la recherche d'une bonne photo du Che. « Je lui ai donné deux tirages. Dès que la mort du Che a été annoncée, Feltrinelli a sorti une affiche. » Publié à des millions d'exemplaires, le fameux poster est devenu l'image la plus diffusée sur la planète mais le photographe n'a pas touché un centime de droits d'auteur. Alberto Korda n'est pas amer, seulement fier que son nom soit associé à la légende du Che. Il vit toujours à Cuba et ses photos sont exposées dans le monde entier.
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Voici un Hegel nouveau, qui ne ressemble guère aux images familières, trop tôt coulées dans le bronze. Des documents inconnus, d'autres méconnus, une meilleure connaissance de l'entourage du philosophe et de l'histoire de son temps, permettent de tracer de l'auteur de La Phénoménologie de l'esprit un portrait singulièrement enrichi.
Car Hegel a systématiquement dissimulé, plus ou moins efficacement, plusieurs aspects de son existence, de son activité et de sa pensée intime. Et cela en divers domaines : familial, religieux, politique, philosophique... Disciples et adversaires ont ensuite rivalisé de mauvaise foi pour alourdir encore ses silences.
Le temps est venu de redécouvrir Hegel et de lui restituer son véritable visage, à la fois inquiétant et séduisant, vivant.
Professeur honoraire à l'université de Poitiers, Jacques d'Hondt est l'auteur de nombreux livres sur Hegel, dont il est en France le spécialiste incontesté.
Il a été président de la Société française de philosophie et de l'Association des Sociétés de philosophie de langue française ; il est membre du Comité de direction de la Hegel-Vereinigung et correspondant de l'Académie des sciences de Leipzig.
Il s'agit là de la première biographie de Hegel en langue française. -
Le 16 août 1972, le général Mohamed Oufkir tente d'assassiner Hassan II. Son coup d'Etat échoue. Oufkir est criblé de balles au palais. Version officielle : un "suicide de trahison". Quatre mois plus tard, Fatima, la veuve du général, et ses six enfants sont arrêtés. Pendant dix-neuf ans, ils disparaissent de la surface de la terre, emmurés dans le jardin secret du roi du Maroc.
De la palmeraie d'Assa, leur premier lieu de détention, à Bir-Jdid, un mouroir spécialement aménagé à leur intention, de leur évasion à leur arrivée en France, Stephen Smith fait revivre la terrible odyssée de ces morts vivants qui furent les intimes du souverain. Mais il raconte aussi pour la première fois la vie controversée de leur mari et père, héros de guerre et tortionnaire, connétable du roi et "général félon", jusqu'au "drame shakespearien" qui finit par dresser l'un contre l'autre Hassan II et son homme lige.
Récit biographique, saga familiale, livre d'enquêtes, notamment sur l'affaire Ben Barka, Oufkir, un destin marocain révèle les arcanes du palais et décrit, de l'intérieur, l'appareil répressif d'un régime que le général a servi puis trahi. Il restitue aussi son histoire à une famille dont on a voulu effacer jusqu'au souvenir. Car retracer le destin des Oufkir, ce n'est pas seulement réécrire les cinquante dernières années du Maroc, éclairer sa décolonisation et le rôle ambigu que la France y a joué et continue d'y jouer, c'est aussi remonter le fleuve amnésique de l'actualité jusqu'à la source d'un despotisme à la façade républicaine.
Stephen Smith est le correspondant Afrique de Libération, pour lequel il couvre le Maroc depuis de nombreuses années. Ce livre, qui s'appuie sur les témoignages de Fatima, Malika, Myriam et Raouf Oufkir, est le fruit de dix années d'enquête.
Stephen Smith a déjà publié chez Calmann-Lévy La Guerre du cacao (avec Jean-Louis Gombeaud et Corinne Moutout, 1990), Somalie, la guerre perdue de l'humanitaire (1994), Ces Messieurs Afrique 1 et 2 (avec Antoine Glaser, 1992 et 1997). -
Sacré Charles ! De Gaulle vu par les anglais
François Malye
- Calmann-Lévy
- 9 Septembre 2015
- 9782702154595
Alors que l'on croyait avoir tout lu ou tout écrit sur de Gaulle, les archives britanniques, en déplaçant le regard de l'autre côté de la Manche, dressent un portrait insolite de notre géant national.
Mine d'informations exceptionnelles, les dépêches, les télégrammes, les rapports de Churchill, Anthony Eden, Duff Cooper, du général Edward Spears ou du diplomate Harold Nicolson décrivent un homme arrogant, autoritaire, voire fasciste, en tout cas, trop français. Tout y est rapporté, ses colères, ses jugements assassins, son intimité, sa famille, sa santé - surveillée de très près - et la comédie qu'il aime jouer aux ambassadeurs de la couronne venus à Paris. « Un bon acteur », dira même l'un d'entre eux qui, à quelques semaines de son retour en mai 1958, n'a pas discerné chez lui « le moindre désir de revenir au pouvoir ».
Grâce à un travail minutieux de fouilles dans les archives, l'auteur a mis au jour des documents inédits, truffés d'anecdotes savoureuses, qui témoignent des relations tumultueuses et romanesques, dignes de la guerre de Cent ans, que de Gaulle entretint avec les Britanniques de 1940 à la fin de sa vie.
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Roma Ligocka est la petite fille au manteau rouge de La Liste de Schindler de Spielberg, l'unique tache de couleur dans un paysage dévasté rendu en noir et blanc. C'est au lendemain de la projection de ce film dans lequel elle s'est reconnue qu'elle s'attelle à la rédaction de La Petite Fille au manteau rouge, ébranlée par cette évocation brutale de son passé. Son récit de survivante du ghetto de Cracovie est publié dans douze pays et rencontre un succès public et critique considérable.
Une fois que l'on a raconté, est-on libéré ? Oui, mais le sentiment d'être peu faite pour le bonheur demeure, malgré les rencontres décisives - celle de David notamment, autre rescapé de la Shoah dont Roma tombe amoureuse. C'est un frère de destin, un infirme de la vie, comme elle. Ne peut-elle finalement aimer que ses semblables, ceux qui portent en eux une douleur d'enfance jamais vraiment guérie ? La sienne va être ravivée par un coup de poignard inattendu.
Alors que Roma Ligocka mène à travers le monde une tournée de lectures pour la promotion de son best-seller, elle reçoit un appel téléphonique mystérieux qui fait basculer sa vie. Un journaliste prétend que, en déportation, son père était un traître au service des nazis, un kapo.
Comment vivre avec l'image de ce père, un héros dans sa mémoire, peut-être un traître dans la réalité ? Comment vivre avec le passé et vivre tout court, puisqu'une histoire d'amour se noue avec David, qu'elle ne peut mettre dans la confidence ?
Plus d'une année s'écoulera avant que Roma Ligocka ne réponde à ces questions, sache si David tient toujours à elle et qui son père était vraiment.
Un récit de vie très personnel qui met à jour ce qui restait tu dans La Petite Fille au manteau rouge et qui révèle combien le succès rend vulnérable, fait s'exposer aux coups et aiguise la tentation d'un repli sur soi finalement mortifère. Roma Ligocka se défend, cherche et trouve, et sa rage de vivre l'emporte sur tout le reste. -
« face aux reflets du soleil levant, au rose noyé des brumes sur l'étang, je fais le serment de chercher à m'élever, à progresser toute ma vie et d'en payer le prix. » marie gouze, une jeune provinciale née en 1748, mariée contre son gré, devient veuve et monte à paris avec son petit garçon.
Ni courtisane ni soumise, elle prend le nom d'olympe de gouges.
En élargissant ses enjeux personnels à ceux de la révolution française, elle rejoint le courant d'une époque et s'illustre dans la défense des droits des femmes.
La plupart des faits historiques cités sont exacts. mais ceci est un roman. le chemin qui mène une jeune fille soumise à devenir une femme libre est de tous les temps.
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François Guizot : Historien, philosophe, homme d'État
Jean-Claude Casanova, Collectif
- Calmann-Lévy
- 22 Janvier 2025
- 9782702194249
La postérité est injuste avec François Guizot.
Elle tarde encore à reconnaître l'importance et l'ampleur d'une oeuvre qu'elle a paresseusement ramenée à quelques phrases, tronquées et sorties de leurs contextes.
Pourtant, chacun des nombreux champs du savoir ou de l'action publique que Guizot a abordé porte encore sa marque, qu'il s'agisse de philosophie, d'histoire, ou des institutions de l'État.
Professeur d'histoire à la Sorbonne, où Taine et Tocqueville assisteront à ses cours, il est l'auteur d'une oeuvre dont Marx se nourrira et qu'il ne cessera de citer. Penseur de la démocratie, il en discutera les fondements et les limites avec Tocqueville.
Son action comme ministre ne fut pas moindre. La République lui doit son réseau d'écoles communales, la création de l'Académie des sciences morales et politiques au sein de l'Institut de France, celle de l'École libre des sciences morales et politiques, ancêtre de Sciences Po et, pour couronner le tout, rien moins que les trois couleurs du drapeau français.
À l'occasion du cent-cinquantenaire de sa mort, les essais réunis dans ce volume, de Jean-Claude Casanova, Jacques Verger, Aurelian Craiutu, Françoise Mélonio, et Xavier Darcos, éclairent les multiples aspects de cette oeuvre riche et féconde que Guizot nous a léguée -
Un ouvrage de référence sur la communauté juive au vingtième siècle le siècle des juifs retrace la fascinante histoire du peuple juif tout au long du siècle écoulé. s'appuyant sur une iconographie extrêment riche et souvent inédite, martin gilbert décrit les individus, les courants historiques et les grands événements, positifs ou tragiques, qui ont profondément ébranlé le monde et le judaïsme.
L'auteur relate l'histoire de cette communauté dispersée depuis le début du siècle, implantée en europe, au moyen-orient et en asie, puis les combats des sionistes pour l'installation d'un foyer national en palestine, et ceux des immigrants qui ont fui l'europe avec l'espoir d'une vie meilleure. il dresse également un portrait des écrivains, des compositeurs et des comédiens juifs de renommée internationale, ainsi que des chercheurs, juges, législateurs, entrepreneurs et intellectuels dont les initiatives et les idées ont modelé la société contemporaine.
Cette chronique compte son lot de tragédies : tout au long du vingtième siècle, le peuple juif a été victime de pogroms, de persécutions, d'exécutions de masse ... mais cela ne doit pas nous faire oublier la renaissance et le développement des communautés juives en israël, en amérique du nord et dans le monde entier. orthodoxes, juifs sécularisés, communautés issues de toutes les régions de la planète... tous ont une place dans cette passionnante évocation du judaïsme à l'aube du vingt et unième siècle.
Martin gilbert raconte cette histoire aussi émouvante qu'extraodinaire, sans perdre de vue les informations centrales, en y ajoutant des anecdotes pleines de sens et des petits détails authentiques qui donnent à la chronique de l'historien le souffle de la vie.
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Le destin extraordinaire d'Albine de Montholon nous fait traverser l'histoire de France de la Révolution de 1789 à celle de 1848, et trouve son épilogue invraisemblable mais attesté un siècle plus tard, dans le bunker du chancelier du IIIe Reich allemand.
Epouse de Charles-Tristan de Montholon, comte d'Empire, Albine fut le dernier amour de Napoléon à Sainte-Hélène, la mère d'une petite Joséphine dont l'Empereur était le véritable père, et la cause indirecte de la mort de ce dernier, en raison de la passion amoureuse et clandestine liant les trois protagonistes de cette tragédie.
Plus d'une centaine de documents inédits apportent à cette biographie romancée une valeur ajoutée, historique incontestable sur l'énigme de Sainte-Hélène.
René Maury tenant le masque mortuaire de Charles-Tristan de Montholon, en compagnie de François de Montholon-Candé, (D.R.) François de Montholon-Candé, descendant en ligne directe de Charles-Tristan de Montholon, dernier compagnon et assassin présumé de Napoléon à Sainte-Hélène, écrit dans sa préface : " Au terme d'une analyse très fine sur la personnalité de ses héros, René Maury nous apporte ici une interprétation tout à fait crédible et dont la probabilité se trouve étayée par les documents inédits que je lui ai laissé consulter. " -
Qui gardera les enfants ? mémoires d'une féministe iconoclaste
Yvonne Knibiehler
- Calmann-Lévy
- 31 Janvier 2007
- 9782702137277
« Qui gardera les enfants ? Cette question s'adresse à toute la société. Aujourd'hui, l'écrasante majorité des mères qui travaillent ont beaucoup de peine à concilier leurs tâches professionnelles avec leurs responsabilités maternelles. La plupart n'osent pas se plaindre. Elles ont peur qu'on les oblige à choisir : "Si vous n'y arrivez pas, rentrez chez vous !" Leur silence arrange bien les pouvoirs en place. Je suis de celles qui ont refusé de "choisir". Mon refus inspire tout ce livre. Il relie mon expérience personnelle à l"histoire collective de plusieurs générations. » Spécialiste de l"histoire des femmes, Yvonne Knibiehler s"est toujours engagée de manière subtile et particulière dans toutes les grandes causes du xxe siècle : le travail des femmes, les différences entre les sexes, la maternité, le féminisme, l"éducation, la citoyenneté, la décolonisation... Souvent à contre-courant de la pensée dominante, elle a montré en plein combat féministe que la maternité demeurait un enjeu central de l"identité féminine. Aujourd"hui, alors que de plus en plus de femmes sont incitées à rentrer dans leur foyer, elle dénonce la fatigue des mères.
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Roger garaudy ou l'itinéraire d'une négation
Prazan/Minard
- Calmann-Lévy
- 14 Février 2007
- 9782702137604
On peut se représenter Roger Garaudy comme un caméléon, tant il a changé de couleur au cours de sa longue vie d''intellectuel engagé. Né à Marseille en 1913 dans une famille de petits employés, Roger Garaudy commence son engagement comme militant protestant, ce qui ne l'empêche pas d'entrer tôt au Parti communiste et d'y faire une ascension fulgurante après guerre, tout en poursuivant des études de philosophie. Sa verve et son mordant, sa servilité, aussi, en font rapidement un de ses porte-parole les plus en vue. Son témoignage dans le procès Kravchenko marque le faîte de sa gloire comme stalinien officiel. C'est sa période rouge vif. Bientôt, il prend ses distances tout en se posant en victime des « durs », et guigne du côté des gauchistes libertaires qui animent Mai 68. Séquence rouge et noire. Mais voilà que la thématique tiers-mondiste l'appelle. C'est l'occasion de se poser en champion de l'anticolonialisme, de fustiger l'arrogance de l'Occident et d'incarner « le sanglot de l'homme blanc ». Son engagement va très loin, puisqu'il se convertit à l'islam et chante les bienfaits de la révolution khomeinyste. Période verte. Des dizaines de livres émaillent ces années de retournements successifs, mais aucun d'entre eux n'est pris véritablement au sérieux. Jusqu'à sa période brune. En signant Les Mythes fondateurs de la politique israélienne, Garaudy accède enfin à la notoriété tant convoitée. Ce livre négationniste lui vaudra deux procès, qu'il perdra, mais surtout un succès immense et instantané dans tout le Moyen-Orient. Vilipendé et méprisé en France, Roger Garaudy devient dans les années 90 un propagandiste de l'antisémitisme dans le monde musulman, multipliant interviews, conférences de presse et débats ayant pour thème le « mythe » de la Shoah. Invité en grande pompe par les rois, les présidents à vie et les imams, il est devenu le principal inspirateur des ayatollahs et des ennemis d'Israël, dont Mahmoud Ahmadinejad ou Hassan Nasrallah. Ce livre retrace l'itinéraire en zigzag d'un intellectuel raté mais exalté et dévoile l'étendue de son ultime forfaiture, dont peu d'observateurs occidentaux ont pris la mesure.