CNRS
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Cette biographie de Tito a été mondialement saluée comme l'ouvrage le plus abouti sur l'ancien maître de la Yougoslavie. Fondée sur une quantité impressionnante d'archives inédites, l'étude de Pirjevec explore les zones d'ombre, fait revivre les paradoxes et les ambiguïtés d'un Tito que rien ne semblait destiné à se hisser au rang des chefs d'État les plus influents du XXe?siècle.
Comment ce fils d'apprenti, ancien ouvrier d'usine, est-il parvenu à s'emparer du Parti communiste yougoslave ? Quelle fut la nature de son engagement dans les Brigades internationales du temps de la guerre d'Espagne ? Comment comprendre son rôle de partisan, passé maître dans l'art de la guérilla, durant l'occupation de son pays par les nazis ? Quelle fut sa responsabilité dans le massacre des Croates oustachis en 1945 ? Staline a-t-il vraiment cherché à l'empoisonner ? Comment, dans l'après-guerre, s'est-il imposé comme l'une des principales figures des non-alignés ?
Pirjevec pousse son enquête dans les replis les plus intimes de cet homme fasciné par le pouvoir, qu'il exerça d'une main de fer malgré quelques timides concessions à la démocratie. -
Talleyrand ; dernières nouvelles du diable
Emmanuel de Waresquiel
- CNRS
- Biblis
- 4 Mai 2017
- 9782271115355
Grand seigneur corrompu, cynique absolu, charmeur irrésistible, multiple, paradoxal et successif, ce diplomate au long cours, l'homme aux treize serments et le ministre d'un demi-siècle a tout négocié : la Révolution, l'Empire, les Bourbons, la paix, l'Europe, son mariage, sa fortune et jusqu'à sa mort. Emmanuel de Waresquiel nous rappelle qu'au-delà des trahisons et des reniements, l'évêque défroqué fut un fils des Lumières, un libéral convaincu. Il nous montre le diplomate en action, le manoeuvrier et le visionnaire, le négociateur, le théoricien et l'inventeur du principe de légitimité. Il nous montre aussi l'homme d'affaires aux prises avec son « immense fortune », le formidable metteur en scène de son propre personnage. L'homme de fer qu'a été Talleyrand, apparaît derrière les masques, la pudeur et les secrets.
Un homme qui aura laissé la France moderne en héritage.
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Une histoire de l'Empire romain d'Orient sous le règne de Justinien, au VIe siècle. Justinien a marqué de son empreinte l'Antiquité tardive. Sous son autorité, l'Empire, réformé, brille par de grandes réalisations. La construction de Sainte-Sophie, la reconquête de l'Afrique du Nord et de l'Italie, l'instauration d'un code législatif pérenne sont quelques-unes de ses grandes oeuvres. Cependant, si Justinien a été le dernier empereur à avoir réuni les deux parties de l'Empire romain, c'est au prix de l'appauvrissement de sa partie orientale. Et sa codification du droit romain n'a pas supprimé de grandes injustices sociales.
Cadre du règne, établissement de nouvelles lois, guerres de reconquêtes ou guerres défensives, réalisations architecturales, problèmes sociaux et économiques, politique religieuse : Pierre Maraval nous décrit ici le quotidien de l'Empire et décrypte une des plus grandes figures de l'histoire byzantine.
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5 août 1392. Le jeune roi Charles VI est saisi d'une hallucination furieuse et se rue sur son frère, l'épée haute. C'est la première crise de ce prince installé pour trente ans dans sa maladie. Jamais on n'avait vu, jamais on ne devait revoir situation si extraordinaire : que faire d'un roi fou ?
Bernard Guenée décrit la maladie avec les yeux, les mots et les concepts des contemporains désemparés. Dangereux, inapte à gouverner alors que le royaume est aux prises avec les plus graves difficultés, Charles VI n'est pourtant ni déposé ni écarté du pouvoir. Jamais roi si faible n'a porté en sa personne une idée plus forte de la royauté sacrée. La folie de Charles VI est pour quelque chose dans la construction de l'État moderne. -
Talaat Pacha : l'autre fondateur de la Turquie moderne, architecte du génocide des arméniens
Hans-Lukas Kieser
- CNRS
- 25 Mai 2023
- 9782271146342
Grand Vizir, homme de parti à la tête du Comité Union et Progrès, Talaat Pacha (1874-1921) a exercé un pouvoir considérable et s'est imposé comme le dirigeant de facto de l'Empire ottoman pendant la Grande Guerre. Hans-Lukas Kieser brosse ici magistralement son portrait, depuis son rôle dans la révolution jeune-turque de 1908 jusqu'à son exil dans l'Allemagne de Weimar en 1918 et son assassinat. Il explique comment Talaat s'est maintenu à la tête de l'Empire grâce à un puissant mélange d'impérialisme revisité, d'islam politique, de violence extrême et d'ultra ethno-nationalisme qu'il a contribué à forger et qui a affecté toutes les minorités non turques. Il examine précisément ce qui l'a conduit à organiser et faire exécuter un acte monstrueux, fondateur de la nation turque : le génocide des Arméniens. Replaçant cette histoire au coeur des événements mondiaux, pointant la complicité plus ou moins appuyée de ses voisins occidentaux, Hans-Lukas Kieser montre combien les actions cataclysmiques de Talaat et ses crimes, restés impunis, ont été déclencheurs de notre "?terrible XXe?siècle?".
Par sa conception de ce que devait être la nation, Talaat, avant Kemal Atatürk en 1923, a posé les fondations de la Turquie moderne. Il a continué à exercer une influence souterraine jusqu'à nos jours.
Préface d'Antoine Garapon
Traduction de l'allemand par Gari Ulubeyan -
Palmyre. Histoire et archéologie d'une cité caravanière à la croisée des cultures
Christiane Delplace
- CNRS
- 23 Mars 2017
- 9782271066282
La tragique actualité syrienne a ravivé le mythe de Palmyre. Il est devenu urgent de redécouvrir les grandeurs de cette cité gréco-romaine d'Orient aux confins des mondes romain et parthe, puis perse. Dans cette synthèse historique et archéologique inédite, Christiane Delplace, l'une des meilleures spécialistes du site, met des images sur les mots, fait resurgir les monuments, nous donne à voir l'histoire politique et culturelle.
En réunissant une iconographie rare, l'auteur nous guide dans la suite des histoires palmyréniennes et nous livre les différentes facettes de ce trésor antique. Les grandes étapes historiques de la ville y sont contées de la manière la plus précise : Palmyre avant les Romains et le raid d'Antoine, la montée en puissance de la ville au Iersiècle, son apogée au IIejusqu'à la percée des périls au IIIesiècle, et son déclin. À chacune de ces étapes, l'auteur nous fait sentir la personnalité de la ville, à travers la place des cultes, du commerce, de la guerre ou des morts. Les monuments sont expliqués, commentés, datés et replacés dans leur contexte. Le sanctuaire de Bêl, les temples, la grande colonnade, les monuments de spectacles, l'habitat ou les tombeaux de Palmyre se relèvent. Les caravanes et les tribus palmyréniennes renaissent. Palmyre scintille à nouveau.
Mettant son art ancien, le dessin, au service de la science moderne, Jean-Claude Golvin, architecte et archéologue (CNRS), offre ici trois restitutions graphiques majeures de Palmyre et de son environnement.
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Fils du roi Hugues Capet, Robert régna seul de 996 à 1031. Prince guerrier, combattant ferme pour conserver la Bourgogne, il fut aussi un esprit profondément religieux, poussant la dévotion au-delà de ce qu'exigeait sa fonction royale, façon peut-être de compenser par l'idéologie sa relative faiblesse politique et matérielle. Il fut un homme amoureux, bravant même le pape par passion pour sa seconde femme, Berthe de Blois, avant de devoir l'écarter au profit de la terrible Constance d'Arles.
Il fut enfin musicien et bâtisseur, et alluma en 1022 le premier bûcher d'hérétiques, afin de mieux servir la paix et la justice de Dieu. Comme ses contemporains, il passa l'an mil sans vraiment s'en apercevoir. Lorsqu'il mourut quatre ans après avoir fait sacrer et couronner son successeur Henri Ier, la dynastie capétienne était désormais solidement installée à la tête du royaume des Francs, qui entrait avec vigueur dans une période d'expansion et de renouveau.
Entre Louis le Pieux et Saint Louis, Robert le Pieux, malgré l'obscurité qui l'entoure, ne fait pas mauvaise figure.
Prix de la biographie historique de l'Académie française.
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L'homme oublié du canal de Panama ; Adolphe Godin de Lépinay
Bernard Meunier
- CNRS
- Histoire
- 23 Août 2018
- 9782271095169
Qui se souvient de l'inauguration officielle du canal de Panama le 15 août 1914 ? Personne. Pourtant, après un chantier qui s'est étalé sur trente-cinq ans, un navire passe d'un océan à l'autre pour la première fois. Ce canal de Panama a été le chantier de tous les excès, le plus long, le plus coûteux en vies humaines, engloutissant des quantités énormes de capitaux venant de France, puis des États-Unis, et ternissant la carrière de nombre d'hommes politiques.
La réussite finale de ce canal entre deux océans est due à un ingénieur français méconnu, Adolphe Godin de Lépinay. Celui-ci avait présenté, dès mai 1879, le projet d'un « canal à écluses » lors d'un congrès international organisé par Ferdinand de Lesseps, tout juste auréolé de la construction du canal de Suez. Pourtant, il faudra attendre 1906 pour que son projet soit définitivement adopté, après bien des vicissitudes et des pertes humaines. Pourquoi son idée simple a-t-elle mis si longtemps pour faire son chemin ? Que se serait-il passé si dès 1879, Ferdinand de Lesseps avait choisi la proposition d'un canal à écluses, au lieu de dilapider l'argent dans un projet irréalisable de « canal à niveau » ?
La marche de l'Histoire a gardé très peu de traces de l'inspiration géniale de cet ingénieur, impliqué pourtant dans de nombreux projets. Le parcours de ce brillant polytechnicien est emblématique d'une époque, celle des infrastructures nouvelles qui vont permettre à la France de passer à l'ère de la modernité et d'exporter un certain savoir-faire.
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Prix Guizot.
En conflit fréquent avec les puissances européennes, Napoléon se voulait aussi créateur et animateur d'une diplomatie active, nourrie de références historiques et de traditions héritées de ses prédécesseurs. Il a ainsi tenté d'assurer, et pas seulement par les armes, la prépondérance française en Europe et dans le monde. Au-delà des rivalités avec l'ennemi héréditaire anglais, des luttes d'influence avec les autres grandes puissances, Napoléon se préoccupait aussi d'horizons plus inattendus, parfois même exotiques : des Antilles au Maroc, de la Pologne à l'Irlande. C'est à la découverte d'une autre facette de la politique extérieure de Napoléon que nous invite cet ouvrage.
« Thierry Lentz nous plonge dans les arcanes de la diplomatie napoléonienne, dont il distingue les lignes directrices appliquées à des ensembles géopolitiques souvent peu explorés par l'historiographie. » L'Histoire, octobre 2012.
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Ferdinand Ier de Bulgarie : un tsar dans la tourmente des Balkans
Charlotte Nicollet
- CNRS
- 8 Juillet 2021
- 9782271119841
Fondée en 1878 par le traité de San Stefano, puis mutilée par celui de Berlin la même année, la principauté autonome de Bulgarie voit ses destinées confiées en 1887 à Ferdinand de Saxe-Cobourg et Gotha. Le nouveau knyaz s'évertue dès son avènement à imposer les ambitions de son pays dans l'arène internationale et à mener les Bulgares vers la réalisation de leurs idéaux nationaux. À la fois vassale de l'Empire ottoman, jusqu'à la reconnaissance de son indépendance en 1908, et sous influence russe, la Bulgarie demeure un enjeu du conflit latent que se livrent les deux empires. Ferdinand Ier se heurte également à la rivalité des États environnants et aux politiques balkaniques contradictoires des puissances européennes.
Le prince aiguise son sens de la diplomatie au fil des ans. Il déploie une politique extérieure visant à tirer profit de la position stratégique de son pays et des inimitiés des forces en présence. Cette politique est mise à l'épreuve au cours des secousses qui rythment les premières décennies du XXe?siècle, notamment pendant les guerres balkaniques et le premier conflit mondial. Les deux défaites de?1913 et?1918, vécues par la population comme des «?catastrophes nationales?», ont durablement marqué la mémoire bulgare. Mais ces échecs, loin d'être imputables au seul Ferdinand, résultent aussi d'un écheveau de causes complexes caractérisant alors la région.
Au travers du portrait du tsar, Charlotte Nicollet présente unehistoire incarnée des Balkans à la veille du délitement ottoman.
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Par quels hasards de l'histoire ce modeste Gascon, journaliste et avocat, happé par le bouillonnement d'idées neuves dans la France des années 1820, est-il devenu une figure majeure de l'histoire américaine, sénateur de la Louisiane à Washington, ambassadeur des États-Unis à Madrid, trait d'union entre les républicains européens et leur lutte pour la libération des peuples, l'Amérique qui fait son entrée sur la scène internationale et la libération de Cuba du joug espagnol ?
La première grande crise américano-cubaine, c'est lui. L'expansionnisme américain et la course à l'isthme transocéanique, qui préfigure le canal de Panama, c'est encore lui. Des montagnes ariégeoises à la Maison Blanche, de la France au Sénat américain, des rues de Paris à celles de la Nouvelle-Orléans sur les bords du Mississippi, l'homme du Grand Fleuve épouse les grandes luttes pour la liberté au XIXe siècle. Jusqu'à donner son nom à l'un des Liberty ships, ces bateaux venus libérer l'Europe dès 1942.
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Le vase de Soissons, la pieuse Clotilde, la victoire de Tolbiac, le « courbe-toi fier Sicambre » et la colombe de Reims.
Au fondement de la mémoire nationale, ces images ont installé Clovis comme premier roi très chrétien et père de la France.
L'information que nous livre, presque seul, l'évêque Grégoire de Tours sur Clovis est pourtant bien incertaine. La date même de son baptême n'est pas assurée. C'est pourquoi, après s'être attaché à reconstituer ce qui, dans le parcoursmême du roi, est le plus vraisemblable, il fallait montrer comment s'est construite et a été utilisée cette figure de légende.
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Au XIXe siècle, l'homme préhistorique fait l'objet d'une rude controverse scientifique et philosophique. Les terrasses quaternaires de la vallée de la Somme sont la scène principale de ces débats sur l'existence de l'homme « antédiluvien ». La figure majeure de ce combat pour la reconnaissance de la Préhistoire a été celle de Jacques Boucher de Perthes (1788-1868), un savant original, tout à la fois douanier, poète, romancier, moraliste, philanthrope, paléontologue et archéologue.
150 ans après la disparition de ce curieux et passionnant personnage, voici rééditée la première étude biographique qui lui fut consacrée. Publiée en 1940, elle est due à la plume de Léon Aufrère (1889-1977), géographe, préhistorien, conservateur du musée Boucher de Perthes d'Abbeville et historien des sciences. Aufrère fut le dernier à avoir pu consulter l'ensemble des archives personnelles et scientifiques de Boucher de Perthes avant leur disparition dans les bombardements de mai 1940.
Cette biographie restitue ces matériaux aujourd'hui disparus. Les spécialistes de la préhistoire et de son histoire, Arnaud Hurel et Yann Potin, accompagnent la réédition de cet ouvrage méconnu, car peu diffusé du fait du contexte de la guerre et de l'Occupation, mais tout simplement irremplaçable.
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Député à vingt-cinq ans, premier socialiste à recevoir un portefeuille ministériel, ministre de la Guerre en 1914, représentant du Gouvernement dans l'Alsace redevenue française, président du Conseil puis président de la République en 1920, Alexandre Millerand a mené sa carrière politique à la vitesse « d'un boulet de canon », selon l'expression de son camarade Viviani.
Pourtant, malgré une oeuvre incontestable de pionnier, il est aujourd'hui le grand oublié du roman national, à la différence de ses amis, Clemenceau, Poincaré, Briand ou Jaurès. L'engagement de celui qui s'illustra comme un des premiers adversaires de Boulanger et un défenseur de Dreyfus a été mal compris. Dépassé à gauche alors qu'il défend l'idéal républicain et un socialisme du gouvernement, il l'est aussi à droite, son patriotisme ayant été largement utilisé et manipulé par l'extrême droite. Son idéal de gouvernement au centre est rejeté par les partis politiques, qui le chassent brutalement du pouvoir en 1924, le précipitant dans une retraite volontaire de vingt années.
Grâce à l'exploitation d'archives inédites, Jean-Philippe Dumas retrace le parcours de cet homme politique tout entier d'exigence et de refus du compromis. À travers le regard toujours vif de celui-ci, il relit l'histoire de la Troisième République, mais surtout fait revivre une pensée essentielle sur la France, la République et la nation.
À l'heure où les thèmes mis en avant par Millerand, la laïcité, le patriotisme, la modernisation des institutions, mais aussi le paritarisme, sont au coeur des débats qui passionnent la société française, il est plus que jamais nécessaire de faire appel à l'expérience d'un homme qui a conduit le pays aux moments les plus dramatiques de son histoire. -
Aristocrate cosmopolite, inégalable praticien de la diplomatie, le prince de Metternich a marqué le XIXesiècle de son empreinte. Admirateur du siècle des Lumières, mais fermement opposé aux idéaux révolutionnaires, l'homme d'État autrichien impose sa vision des relations internationales après la chute de Napoléon. Son chef-d'oeuvre est le Congrès de Vienne (1814-1815), qui assurera un long siècle de paix en Europe. Metternich fut également un modernisateur et le gage d'une stabilité qui permit à l'Autriche de consolider sa puissance. « Ma biographie me fera peut-être connaître d'une manière défavorable, mais du moins elle ne sera pas ennuyeuse », prophétisait le chancelier autrichien. L'ouvrage de Luigi Mascilli Migliorini en atteste, c'est un Metternich toujours sur la brèche, déroutant, à la fois solennel et sceptique, imprévisible, que fait revivre ce récit haletant et admirablement documenté. Le fondateur du nouvel ordre européen y apparaît dans tout son génie et dans toutes ses contradictions.
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L'épopée impériale appartient pleinement à l'imaginaire national, la figure de l'Empereur imprègne encore en profondeur la relation des Français à leur histoire.
Ce héros national, Napoléon lui-même a commencé à le forger : les Bulletins de la Grande Armée et le Mémorial de Sainte-Hélène y ont largement pourvu, appuyé par tout un appareil de propagande efficace et tout-puissant. C'est là l'origine de la légende dorée de l'Empereur qu'illustreront entre autres les tableaux de Gros et de David, et qui sera déclinée par des auteurs de renom comme Musset, Stendhal ou Béranger. C'est une autre légende que diffuseront ses opposants politiques, de Chateaubriand à Madame de Staël : celle de l'ogre corse, du parvenu de la Révolution, du fatal étranger...
Du sauveur de la nation au fléau de Dieu, de Prométhée triomphant au démiurge puni, Napoléon ne se résume jamais à un seul avatar : il est une figure ambivalente, brouillée, entre réalité historique et création littéraire.
Le mythe napoléonien ou comment la littérature romantique et pamphlétaire a réinventé un homme au croisement de la bataille d'opinions et de la légende.
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Histoire de la documentation en France ; culture, sciences et technologie de l'information (1895-1937)
Sylvie Fayet-scribe
- CNRS
- Cnrs Histoire 7/1
- 6 Décembre 2000
- 9782271057907
Entre la fin du XIXe siècle et la Seconde Guerre mondiale, la société de l'information se forge grâce à la mise au point des méthodes de collecte, de traitement et de diffusion de l'information scientifique et technique.
En effet, le livre qui régnait jusqu'alors en maître dans le domaine de l'imprimé se voit concurrencé par des supports nouveaux : périodiques, photographies, microfilms et microfiches... Ceux-ci sont désormais considérés comme porteurs d'une information qui peut être indexée et circuler dans un " réseau de documentation ". Deux précurseurs, Paul Odet (1868-1944) en Belgique et le général Sebert (1839-1930) en France, joueront un rôle clef dans l'exploration et la normalisation du secteur de la documentation nouvellement apparu.
Au sein d'associations nationales et internationales, ils proposent des techniques modernes d'exploitation et de repérage de l'information, et mettent en place la terminologie toujours en cours. Les professionnels de la documentation qui leur succéderont se préoccuperont de transmettre leur savoir-faire aux usagers et, dès 1935, l'expression " science de l'information " voit le jour. S'appuyant sur le dépouillement des archives inédites de ces associations, Sylvie Fayet-Scribe retrace l'histoire de la documentation, indissociable de celle de la maîtrise des outils d'accès à la connaissance que nous utilisons encore aujourd'hui sur l'Internet.
A travers l'analyse du savoir accumulé par les professionnels du document, dont beaucoup seront des femmes, le lecteur découvre les conditions dans lesquelles la culture de l'information s'est progressivement affirmée comme l'une des dimensions fondamentales du XXe siècle.
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Guizot ; la traversée d'un siècle
Laurent Theis
- CNRS
- Cnrs Histoire 7/1
- 11 Septembre 2014
- 9782271081599
Guizot politique, historien, diplomate, journaliste, Guizot trônant sur son siècle qu'il marqua d'une empreinte encore visible sur nos institutions, notre système éducatif, notre relation au passé. Plusieurs fois ministre puis président du Conseil sous la monarchie de Juillet, cet homme, qui a vu de ces yeux le Terreur en 1794 et la Commune en 1871, a fasciné bon nombre de ces contemporains.
Intellectuel et homme d'action, il a joué un rôle comme ministre de l'Instruction publique par la loi de 1833 créant une école primaire par commune. Passé à la postérité, son célèbre « enrichissez-vous ! » a fait de lui l'un des chantres du libéralisme français.
Loin des caricatures, Laurent Theis explore la philosophie politique de ce grand serviteur de l'État ; son idéal d'un gouvernement des esprits par la souveraineté de la raison ; sa religion, formée d'un attachement à l'Église réformée dépourvu de mysticisme et réduit au minimum de dogmes ; sa conception de l'histoire fondée sur l'évolution de la civilisation européenne conduisant à l'avènement des classes moyennes et au système représentatif.
Un Guizot inattendu et visionnaire dont l'action irrigue tout un siècle, de la fin de l'Ancien Régime au début de la IIIe République.
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L'abbé Breuil ; un préhistorien dans le siècle
Arnaud Hurel
- CNRS
- Biblis
- 2 Octobre 2014
- 9782271082541
Homme d'Église, explorateur infatigable et savant mondialement reconnu, l'abbé Breuil (1877-1961) a révolutionné notre connaissance de la préhistoire. Il a mené une vie d'aventure et de passion, ponctuée de grandes découvertes et dédiée à une quête fascinante : la compréhension des origines de l'homme. Dans cette biographie, Arnaud Hurel retrace la destinée exceptionnelle de l'abbé préhistorien, premier à visiter Lascaux.
Vêtu de son éternelle soutane, béret négligemment vissé derrière l'oreille et cigarette aux lèvres, Breuil a lutté sans relâche pour la reconnaissance de sa discipline, animé d'innombrables réseaux et suscité autant de polémiques. Tout en s'acquittant de missions d'espionnage parfois peu compatibles avec l'habit ecclésiastique. Militant de la cause évolutionniste et homme de foi, il lutte contre l'instrumentalisation des études préhistoriques par le parti anticlérical. Non sans peine, l'inclassable abbé doit composer avec ses deux autorités de tutelle : l'Église et la science.
« Cette première biographie rend un hommage lucide et appuyé à cet homme qui fut l'ami de Teilhard de Chardin. », Le Nouvel Observateur.
« Cette biographie est passionnante, tant du point de vue de l'histoire de la science préhistorique que de l'Église dans son rapport à de nouveaux savoirs », La Croix.
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L'Abbé Breuil Arnaud HUREL En bref La première biographie du " pape de la préhistoire ".
Le livre Homme d'Eglise et homme d'action, voyageur au long cours, explorateur infatigable et savant mondialement reconnu, l'abbé Breuil (1877-1961) a révolutionné notre connaissance de la préhistoire. Une vie aventureuse et passionnée, ponctuée de grandes découvertes et dédiée à une quête fascinante : la compréhension des origines de l'homme. Dans cette biographie nourrie aux meilleures sources, Arnaud Hurel retrace la destinée exceptionnelle de l'abbé préhistorien, du séminaire de Saint-Sulpice aux grottes de Lascaux, de l'Institut de paléontologie humaine au Collège de France en passant par l'Italie, l'Allemagne, la Chine, l'Afrique du Sud.
Vêtu de son éternelle soutane, béret négligemment vissé derrière l'oreille et cigarette aux lèvres, le " pape de la préhistoire " a lutté sans relâche pour la reconnaissance de sa discipline, animé d'innombrables réseaux et suscité autant de polémiques. Tout en s'acquittant de missions parfois peu compatibles avec l'habit ecclésiastique : en Espagne pendant la Première Guerre mondiale, Breuil mène des opérations d'espionnage au profit du Bureau naval français de Madrid...
Militant de la cause évolutionniste, il s'attire les réprimandes de la hiérarchie catholique. Homme de foi, il lutte contre l'instrumentalisation des études préhistoriques par le parti anticlérical. Non sans peine, l'inclassable abbé doit composer avec ses deux autorités de tutelle : l'Eglise et la science.
Une biographie magistrale.
L'auteur Historien, Arnaud Hurel est chercheur à l'Institut de paléontologie humaine du Museum national d'histoire naturelle. Il est l'auteur de La France préhistorienne de 1789 à 1941 (CNRS Editions, 2007).
Arguments - 2011 : année Breuil (50e anniversaire de sa mort en août).
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Simon Nora, une volonté modernisatrice
Robert Frank, Eric Roussel, Jean-Noël Jeanneney
- CNRS
- 3 Mars 2016
- 9782271080028
Homme de courage et de conviction, esprit volontaire et visionnaire, Simon Nora (1921-2006) fut l'un des principaux acteurs de la modernisation française. Résistant à vingt ans, énarque à vingt-cinq, il fut l'un des proches collaborateurs de Pierre Mendès France puis de Jacques Chaban-Delmas quand celui-ci, Premier ministre, mit en oeuvre son projet de « nouvelle société » en 1969. Cofondateur de L'Express dans les années cinquante, directeur général du groupe Hachette, puis directeur de l'ENA, Simon Nora est également l'auteur de plusieurs rapports dont celui sur les entreprises publiques (1967) et le fameux rapport sur l'informatisation de la société française, en collaboration avec Alain Minc (1978). Évoquer le parcours de Simon Nora, c'est revisiter un paysage politique et intellectuel qui reste la toile de fond des débats d'aujourd'hui.
Le présent ouvrage reprend les interventions de l'hommage rendu à Simon Nora aux lendemains de sa mort, en 2006, à la Bibliothèque nationale de France à l'initiative et sous la présidence de Jean-Noël Jeanneney ; ainsi que celles d'un colloque en 2013 à l'Institut d'Études Politiques de Paris dans le cadre de l'Institut Pierre Mendès France, sous la présidence d'Éric Roussel et avec le concours de Robert Frank, président de son comité scientifique.
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L'oeuvre de Jorge Semprun, exilé, résistant, déporté, écrivain, homme politique, explore les territoires de la mort. Traversant le XXe siècle et ses désastres, arpentant une Europe ravagée, elle interroge la solitude, la fraternité, la littérature et la beauté du monde.
L'oeuvre de Jorge Semprun, exilé, résistant, déporté, écrivain, homme politique, explore les territoires de la mort. Traversant le XXe siècle et ses désastres, arpentant une Europe ravagée, elle interroge la solitude, la fraternité, la littérature et la beauté du monde.
Cette enquête entrelace histoire, psychanalyse, critique littéraire, documents d'archives et paroles vives des témoins. Comment survit-on à l'expérience concentrationnaire ? Quel rôle joue alors la littérature ? Qui sont ces personnages récurrents qui traversent son oeuvre ?
En choisissant la fiction comme voie royale du témoignage, Semprun transgresse les canons du genre et suscite de nombreux débats alimentés par son statut particulier d'employé à Buchenwald et son parcours dogmatique au Parti communiste espagnol. Chez lui, la séparation fiction/réel est totalement artificielle.
On suivra donc Semprun et ses doubles narrateurs de l'enfance au grand âge, Semprun dont l'oeuvre inclassable, hommage aux résistants et aux disparus, est devenue une arme de guerre contre l'effraction traumatique, formant un journal clinique inédit riche d'enseignements.
Préface de Boris Cyrulnik -
Quel homme politique fut Bonaparte ? Faut-il, comme Chateaubriand, souligner le « contraste entre ses actions prodigieuses et leurs misérables résultats » ?
En spécialiste de l'histoire institutionnelle, Gérard Grunberg passe au crible les différentes réalisations de l'antilibéral absolu que fut Napoléon Bonaparte. Incapable d'établir un système d'institutions stables et légitimes, animé d'un esprit de conquête qui aboutit à un grave bouleversement de l'Europe dont la France ne tira aucun profit, l'homme qui voulait terminer la Révolution laissa la société française aussi divisée après son règne qu'avant sa prise du pouvoir. Les deux grands legs de Bonaparte, l'État central tentaculaire et l'amour de la gloire, ont longtemps retardé l'entrée de la France dans la modernité.
Le réquisitoire éclairé d'un grand politologue.
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Darlan a été, après Laval, l'homme de la collaboration avec l'Allemagne. Missionné par Pétain, il s'est efforcé d'opérer un rapprochement entre la France et le Reich hitlérien, allant jusqu'à l'alliance militaire et prévoyant une co-belligérance de fait aux côtés des puissances de l'Axe. La France aurait ainsi pu se retrouver dans une guerre contre l'Angleterre, voire contre les Etats-Unis en 1941-1942.
Nourrie d'archives longtemps fermées aux chercheurs, la vivante étude de Bernard Costagliola retrace la carrière de l'amiral ambitieux et dresse un bilan sans concession du « jeu » de Darlan, ce marin improvisé diplomate dans le cadre unique de la guerre.
Il montre que, contrairement à une idée répandue, Darlan fut un « super-collaborateur ». Avant de rejoindre Alger où il mourra sous les balles de résistants royalistes, le fidèle second de Pétain envisageait d'aller beaucoup plus loin que Laval en termes de rapprochement militaire avec Berlin.