Alma Editeur
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La sainte entreprise ; vie et voyages d'Anne-Marie Javouhey (1779-1851)
Pascale Cornuel
- Alma Editeur
- 5 Novembre 2020
- 9782362794841
Elle choisit très tôt de se consacrer à Dieu et à l'enseignement des pauvres - particulièrement des femmes. Quittant la Côte-d'Or, non sans mésaventures, elle fonde en 1807 la première et la plus importante congrégation missionnaire féminine du xixe siècle : les Soeurs de Saint-Joseph de Cluny, toujours actives aujourd'hui.
Un séjour en Afrique marque profondément la « sainte entreprise » à laquelle Anne-Marie consacre sa vie voyageuse et ses combats. Mais c'est en Guyane, au cours des années 1830, que le projet se concrétise, inspiré par les missions jésuites du Paraguay. Malgré le mépris et l'hostilité de la structure esclavagiste - qui multiplie embûches et vexations -, elle fonde le village de Mana, véritable monde à l'envers. Ici, le pouvoir ne revient à aucun homme blanc et propriétaire. Les cheffes y sont aussi pauvres que ceux qu'elles dirigent.
Soutenue par une documentation largement inédite, voici l'histoire d'une femme d'exception dans un monde d'hommes. Anne-Marie Javouhey paya durement le prix de sa détermination. Sous ses apparences conformes au monde révolu de son enfance, son engagement dépassait alors les bornes de l'acceptable, sinon de l'imaginable.
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C'est l'histoire petit tableau attribué à Frans Hals, conservé au Louvre - sans doute l'image la plus connue de Descartes. De ce fait le « portrait de Descartes » proposé par Steven Nadler est celui du philosophe installé aux Pays-Bas, celui de Frans Hals, et celui du jésuite Augustin Bloemaert qui les mit en rapport. Derrière les trois personnages, se découvre le personnage principal : le Siècle d'or hollandais, laboratoire de la philosophie, de la religion et des arts.
« Il ne s'agit pas ici d'une biographie conventionnelle, dit Nadler. Je ne prétends pas présenter une nouvelle étude de la philosophie de Descartes (.) Je préfère m'en remettre à Hals. Le peintre de Haarlem nous a donné un portrait intimiste d'un grand penseur. J'entends moi aussi présenter Descartes et ses idées sous la forme d'un portrait intimiste».
Steven Nadler enquête donc sur le portrait peint par Frans Hals, désormais perdu, dont le Louvre ne possède que la copie. Au passage le lecteur découvre, sous un angle inattendu et novateur, la vie intellectuelle du XVIIe siècle à l'heure du basculement théologico-politique des Réformes protestante et catholique. Car les Pays-Bas sont au coeur d'un réseau de communications et où s'entrecroise toute l'Europe, l'un des autres centres névralgiques étant Paris. On remarquera ainsi les pages sur les milieux de l'art, notamment celui des commanditaires, ou sur le rôle d'Elzevier, éditeur de Descartes et de bien d'autres.
Bien qu'il prétende ne pas vouloir présenter « une nouvelle étude de la philosophie » de Descartes, Steven Nadler n'en offre pas moins une interprétation originale, solidement ancrée dans sa connaissance parfaite du philosophe et de son temps. Ce texte, très vivant, permet également aux non-spécialistes d'aborder différemment l'auteur du Discours de la méthode.
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Comment devient-on Vasco de Gama ? Le découvreur de la route maritime des Indes était un homme de petite noblesse, âpre et rude, qui mourut vice-roi des Indes. Le Portugal fit de lui un héros messianique. L'Occident inscrivit sa légende au chapitre flamboyant des "grandes découvertes". La très active Asie des XVe et XVIe siècles prêta pourtant peu d'attention à ce marchand venu de l'Europe, continent marginal et mal connu.
Voici enfin traduite en français l'oeuvre magistrale de l'historien indien. Un livre plein de bruits et de fureur qui satisfera ceux que passionne une histoire désormais globale et tout autant les amateurs de récits d'aventure ou de voyage.
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L'histoire était si belle qu'Hollywood en a produit une fiction dans les années 1990, One against the wind. Mary Lindell une Anglaise, devenue comtesse de Milleville par son mariage, a fait passer des milliers de réfugiés en Angleterre sous l'occupation allemande, en prenant la tête du réseau Marie-Claire, opérant notamment à Ruffec en Charentes, avant d'être déportée à Ravensbrück. Peu auparavant une série britannique la faisait figurer parmi les Femmes courage de la deuxième Guerre mondiale.
Alertée par Anise Postel-Vinay (déportée en 1942 à l'âge de 20 ans), après la parution de Résistantes (Alma, 2012) l'historienne Corinna von List a pu avoir accès à des dossiers jusqu'alors inaccessibles, assistée par la journaliste Marie-Laure Le Foulon. Les conclusions sont imparables : manipulatrice, Mary Lindell a menti. Son dossier révèle un jeu trouble et de fâcheuses accointances. De cette découverte, l'historienne a tiré les éléments d'une nouvelle édition de Résistantes qui sortira conjointement avec Mary Lindell l'enquête de Marie-Laure Le Foulon.
Le fameux comte de Milleville, père des trois enfants de Mary Lindell, était un escroc qui faisait main basse sur les biens des déportés, il sera d'ailleurs condamné à la Libération. Leur fils cadet, Octave, a intégré le réseau "Collaboration" et part en Allemagne de son plein gré. Quant à la benjamine Ghita elle est la maîtresse d'un agent de la Gestapo. Jusqu'à Ravensbrück où de drôles de rumeurs courent sur une Mary Lindell qui ne semble pas y avoir été internée : elle y est enregistrée dans les archives allemandes comme travaillant à l'hôpital SS ! Comme le résume une note de 1947 dans les archives nationales américaines (Washington DC) : "This family has an extremely bad réputation." Après la guerre, Mary Lindell malgré sa carte de déportée et d'invalidité à 75%, est inculpée d'intelligence avec l'ennemi. Un non-lieu est obtenu grâce au seul témoignage d'un agent de la Police municipale de Paris.
Dans les années 1950, l'Intelligence Service britannique, sollicitée par les autorités françaises suite à une demande de Légion d'honneur pour Mary Lindell, émet un avis défavorable. La décoration lui sera refusée (documents secrets déclassés à l'appui).
Pourtant en 1962, son heure arrive. Un écrivaillon, Barry Wynne, crée sa légende dans son livre, vite traduit en français : La peau du tambour (Presses de la Cité). La gloire est en marche et en 1979, elle devient l'héroïne d'une série britannique sur quatre Femmes courages pendant la II ème guerre mondiale avant que l'ouvrage de Wynne fasse l'objet d'une adaptation à Hollywood.
Recueillant le témoignage d'Anise Postel-Vinay (née en 1922) et des quelques rares survivants de cette époque, fouillant dans les archives françaises, anglaises et américaines Marie-Laure Le Foulon démonte les mensonges et les demi-vérités de Mary Lindell. Cette recherche nous conduit de la première Guerre où Mary Lindell se fit un nom à la Croix-Rouge jusqu'aux années 1960 où elle se trouve des biographes complaisants, en passant par les sombres épisodes de la Cagoule (années 1930) et de la collaboration. C'est l'histoire d'une aventurière, avide d'argent et de succès, mais aussi d'un milieu - celui du très douteux « comte de Milleville » et de sa famille.
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Thérèse ; le grand amour caché de Léon Blum
Dominique Missika
- Alma Editeur
- 3 Mars 2016
- 9782362791819
Un adage populaire dit que derrière chaque grand homme se cache une femme. Léon Blum n'échappe pas à la règle. Trois amours scandent sa vie. Mariée à Lise Bloch en 1896, il entretient pendant vingt ans une liaison tumultueuse avec Thérèse Peyrera. Un an après la mort de son épouse, il convole enfin, à 60 ans, avec Thérèse, de neuf ans sa cadette (1933). Mais Thérèse meurt en 1938, à 56 ans. La troisième femme de Léon Blum sera Jeanne, la compagne des mauvais jours, ceux de l'Occupation et de la déportation à Buchenwald. Thérèse - qui fut au coeur de la vie littéraire et politique de Blum - resta, bien malgré elle, son grand amour caché.
Née dans la bourgeoisie qu'on disait encore israélite, mariée à un agent de change, Thérèse, est une jolie fille, piquante, sportive, au tempérament d'artiste dans le Paris de la Belle Epoque. Infirmière décorée pendant la Grande Guerre, elle tombe amoureuse de Léon Blum, alors conseiller d'état, critique littéraire, dandy, et auteur d'un sulfureux ouvrage Du Mariage. Alors qu'elle divorce, Blum, lui, ne s'y résout pas. Commence une liaison qui durera 20 ans.
Libre, résolument moderne, Thérèse accepte, malgré son féminisme, de rester dans l'ombre du leader de la SFIO. Décoratrice, elle ouvre une boutique rue de Miromesnil au temps des Années folles, conduit son amant dans son bolide dans l'Aude où il est candidat, milite à la section la section du XVIe arrondissement de la SFIO, entre au Comité national des Femmes Socialistes. Les deux amants partagent une belle complicité intellectuelle et politique - non sans renoncements du côté de Térèse.
Leur mariage au moment du Front Populaire, fait d'elle le témoin privilégié de cette folle « embellie ». Première dame avant l'heure, celle que les socialistes désignent affectueusement comme la « citoyenne Blum », sacrifie sa santé à la grande aventure, luttant en cachette contre la maladie. Elle meurt lorsque tombe le Front Populaire.
Ce portrait est aussi celui de l'étonnante famille Pereyra : Thérèse ne peut être séparée de ses deux soeurs et leur mère. Dominique Missika fait revivre la complexité du « métier de femme » dans ces années de grandes espérances où tout survient trop tôt.
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Godescalc, le moine du destin ; IXe siècle
Ariel Suhamy
- Alma Editeur
- 22 Septembre 2016
- 9782362791994
Issu d'une grande famille saxonne, Godescalc se révolte contre son propre destin. Il refuse de se soumettre à la loi paternelle, qu'elle soit celle de sa famille ou de son ordre religieux. Il élabore une doctrine paradoxale de la prédestination : puisque Dieu seul est le maître du destin de l'homme aucun pouvoir humain ne saurait s'imposer à nous et nous dicter notre conduite. Quittant son monastère pour une vie de prédicateur errant, Godescalc porte à vif les tensions dans l'Empire carolingien et l'Église d'Occident. Ariel Suhamy campe ce monde de bruit et de fureurs, tout en faisant revivre l'audace et la sophistication du débat intellectuel et religieux - nécessairement politique. La prédestination selon Godescalc resurgit avec une virulence intacte lors de la Réforme et de la crise janséniste. Et c'est Spinoza qui, par-delà les siècles, lui répond de manière fascinante.