Une période de presque trois ans sépare la fin de l'Ancien régime de l'effondrement de la monarchie. Entre 1789 et 1792, la famille royale, contrainte de quitter Versailles et ses fastes, vit assignée à résidence à Paris, au palais des Tuileries.Louis XVI n'est plus un monarque absolu, et la France révolutionnaire se dote d'une constitution. Tout près du palais, à l'Assemblée, les députés s'emploient à la construction de ce nouveau régime au fil de débats houleux. La fébrilité de la rue est palpable et, sous la pression populaire, les éclats de violence se multiplient dans Paris. Plus loin, en Europe, les puissances étrangères observent la France avec inquiétude. Aux Tuileries, Louis XVI, Marie-Antoinette, leurs deux enfants et quelques fidèles, sous surveillance permanente, voient leur destin bouleversé.À travers des documents d'archives, des gravures, des oeuvres d'art, des objets et pièces de mobilier des Tuileries, c'est cette période tumultueuse qui est ici donnée à voir, avec une lumière particulière sur le quotidien du couple royal, la correspondance secrète de Marie-Antoinette avec le comte suédois Axel de Fersen et l'intimité d'un château aujourd'hui disparu.
De la chute de l'Ancien Régime à celle de Napoléon, ce volume aborde l'une des périodes clefs de l'histoire de France, fondamentale pour comprendre le fonctionnement de notre démocratie. Le plan mêle une approche thématique et un récit des événements. La moitié des chapitres est ainsi ordonnée autour des grandes ruptures:1789, «année sans pareille», bien sûr, mais aussi la naissance de la République en 1792, la Terreur, les années du Directoire, puis celles du Consulat et de l'Empire, aujourd'hui au centre des nouvelles recherches des historiens. Les chapitres thématiques abordent les questions économiques et sociales, les religions, l'histoire culturelle, la Contre-Révolution et l'émigration, les relations internationales et les problèmes coloniaux, les questions militaires.Dans «l'atelier de l'historien», un aperçu de l'historiographie de la période rappelle à quel point la Révolution, le Consulat et l'Empire ont été, deux siècles durant, un enjeu dans les querelles entre historiens, tant que l'idée même de révolution déclenchait des oppositions partisanes, aujourd'hui en grande partie apaisées. C'est une période centrale de l'histoire de France qui se trouve ici revisitée.
À la faveur de la démultiplication prodigieuse de l'information, le monde connaît aujourd'hui une obsession conspirationniste d'une ampleur inédite. Cette propension à interpréter les faits à l'aide d'une grille de lecture faisant fi de la réalité n'a cependant pas attendu notre temps pour prendre forme. Les grands traits du complotisme contemporain prennent en réalité naissance pendant la Révolution française, époque d'une richesse remarquable en matière d'intrigues avérées mais aussi, et surtout, imaginaires. Dès les premiers mois de 1789, ont surgi plusieurs explications alternatives des événements. Pour certains témoins, qu'ils soient favorables ou non à la Révolution, les faits observables à l'oeil nu sont un leurre. Les vraies causes du grand bouleversement politique sont à trouver ailleurs. Sur le banc des accusés figurent les philosophes, les protestants, les francs-maçons, les illuminés de Bavière ou encore l'Angleterre.
La première partie du livre est consacrée aux multiples facettes de cette fièvre complotiste, dont l'incarnation littéraire prend la forme fascinante d'un roman d'aventures ayant pour principaux héros le duc d'Orléans, Jacques Necker, Adam Weishaupt, Voltaire et William Pitt. Dans la seconde partie, l'auteur propose un éclairage particulièrement brillant de cette obsession de la main cachée. Pour ce faire, il nous entraîne dans les tréfonds de l'imaginaire politique de l'Ancien Régime et des années révolutionnaires jusqu'à son inquiétant avatar du XXIe siècle. Un sujet plus actuel que jamais traité par un de nos meilleurs historiens actuels.
Le procès de Marie-Antoinette demeure l'une des énigmes les plus opaques de la Révolution.
Avait-elle eu autrefois à prendre des décisions politiques dont le peuple français aurait eu à se plaindre?
En quoi, une fois la République proclamée (21 septembre 1792) et le roi exécuté (21 janvier 1793), menaçait-elle, du fond de sa prison du Temple puis de la Conciergerie, l'ordre nouveau? Son procès fut-il exigé par une intense mobilisation populaire? Cherchait-on à la faire évader? Rien de tout cela.
En examinant attentivement les minutes du procès éclair qui lui a été intenté par le Tribunal révolutionnaire les 14, 15 et 16 octobre 1793, en scrutant - ce qui n'avait jamais été fait avant lui - la biographie des jurés, en restituant le climat politique et la lutte de factions marquant la « mise à l'ordre du jour » de la Terreur (5 septembre), Emmanuel de Waresquiel raconte - avec émotion mais sans parti pris - trois journées pathétiques. Il révèle les questions humiliantes posées à l'accusée, il rapporte les réponses dignes apportées à d'infâmes calomnies, il montre l'absence de véritables droits de la défense d'une femme condamnée d'avance. Il est clair que Marie-Antoinette n'a été que la victime expiatoire de conflits politiques qui régnaient entre la Convention, la Commune de Paris et les Jacobins.
Dans ce nouveau livre à l'érudition impeccable, l'auteur multiplie les révélations et donne avec subtilité son sens véritable au moindre des propos tenus. Décrivant le cadre, dépeignant les protagonistes, il restitue avec son talent habituel une atmosphère étouffante. Ne s'interdisant pas de dévoiler au lecteur les réflexions qu'éveillent chez l'historien des XVIIIe et XIXe siècles ce moment paroxystique du basculement révolutionnaire, Emmanuel de Waresquiel donne là le livre le plus dense, le plus littéraire et le plus personnel de sa carrière.
«Terreur », guerres de Vendée, impossible représentation du peuple, abandon des idéaux d'égalité : la Révolution française était-elle vouée à l'échec ?
La Révolution est exemplaire dans l'histoire de France, par les espoirs qu'elle a suscités et les déceptions qu'elle a provoquées. Qui n'a loué l'enthousiasme de ses débuts et la grandeur de son projet ? Qui ne connaît les désenchantements causés par les violences, les massacres de Vendée, l'exclusion des opposants ou des femmes de la vie politique, l'ambiguïté des promesses abandonnées ? Ce livre expose et étudie les contradictions de la période révolutionnaire hors des polémiques ou des plaidoyers. Il ne s'agit ni de justifier les violences au nom d'idéaux parfois illusoires, ni de rejeter tout en bloc.
Dans un essai incisif qui tire parti de décennies de recherches, Jean-Clément Martin fait l'histoire de ce qui a échoué dans le but de répondre aux débats encore vifs et de mieux penser les enjeux politiques et sociaux contemporains.
Lorsque les Treize Colonies proclament leur indépendance en 1776, l'Amérique s'enlise dans un conflit qui oppose les révolutionnaires à la Grande-Bretagne jusqu'à la fondation des États-Unis en 1783. L'histoire nous enseigne que c'est Benjamin Franklin qui en est l'instigateur. Premier émissaire à la cour de Louis XVI, il obtient en 1778 le soutien de la France, qui accepte alors de fournir des armes aux insurgés. Mais le père fondateur n'a en réalité joué qu'un rôle secondaire dans cette affaire, et ce n'est pas son histoire qui est racontée ici.
C'est celle de trois improbables alliés qui, dès 1776, s'unissent pour soutenir la Révolution américaine : Beaumarchais, le célèbre auteur du Barbier de Séville ; le chevalier d'Éon, l'excentrique et ambigu agent secret français ; et Silas Deane, un commerçant du Connecticut. Ensemble, entre actes d'espionnage au détriment des Anglais, diplomatie clandestine au profit de l'armée continentale et tractations secrètes avec la France, ils parviennent à armer les rebelles. Mais si nos protagonistes font montre d'intelligence, de ruse et de courage pour parvenir à leurs fins, ils se posent aussi en véritables anti-héros. En effet, vaniteux, hypocrites, menteurs et égoïstes, les trois comploteurs évoluent vers un chemin semé d'embuches où les quiproquos et les intrigues sentimentales et sexuelles dignes des meilleurs Vaudeville s'enchaînent.
Ce sont leurs aventures rocambolesques mais véritables qui ont permis aux États-Unis de voir le jour, et que nous découvrons dans ce récit à la fois vivant, étonnant et amusant. Un vrai plaisir de lecture !
L'année 1789 est une succession d'épisodes d'une densité et d'un rythme sans précédents. Le 17 juin, le roi perd son pouvoir au profit de l'Assemblée nationale. Cette révolution politique et institutionnelle est suivie d'une révolution populaire le 14 juillet, d'une révolution sociétale le 4 août, d'une révolution idéologique le 26 août, d'une révolution sociale les 5 et 6 octobre. En moins de quatre mois, un système plus que millénaire est abattu.
Alexandre Maral restitue l'enchaînement, serré, des événements à la lumière de la perception qu'en ont eue les habitants du lieu - souverains, courtisans, députés, citadins.
S'appuyant sur des archives, des périodiques, des témoignages personnels et des dépositions inédites, il revient avec maestria sur un processus qui contient en germe la proclamation de la République et la condamnation à mort du souverain.
À la tribune de la Convention nationale, Robespierre dénonce une conspiration menée par une faction nouvelle qui intrigue jusqu'au sein des comités de la République. On connaît la suite de l'histoire. D'accusateur, Robespierre et ses alliés sont finalement à leur tour accusés de conspirer contre le Gouvernement révolutionnaire, puis arrêtés et guillotinés. Au coeur de cette tragédie politique, le thème du complot est omniprésent. Il foisonne en réalité depuis le début de la Révolution, et s'infusera jusque dans les discours qui tenteront de justifier ou d'interpréter ce moment de l'histoire française. Ce livre vise à comprendre, dans une approche au carrefour de l'histoire culturelle, des mentalités et de l'imaginaire, le rôle du thème complotiste dans la Révolution, arme redoutable pour conquérir ou garder le pouvoir, mais aussi moteur des luttes politiques et de la violence populaire.
Michelet (1798-1874), pour comprendre la formation de la monarchie, a voulu en étudier la ruine : son Histoire de la Révolution française parut de 1847 à 1853. Elle est demeurée, depuis lors, parce que écrite au plus près des archives, le Grand récit de référence, historique, épique, lyrique. Il n'est jusqu'aux historiens contemporains, marxistes ou libéraux, qui n'y aient puisé, ne l'aient discuté, ne s'en soient inspirés. «Toute histoire de la Révolution jusqu'ici était essentiellement monarchique. Celle-ci est la première républicaine, celle qui a brisé les idoles et les dieux. De la première page à la dernière, elle n'a eu qu'un héros : le peuple.»
« Si un historien fut longtemps ignoré, et pour de mauvaises raisons, c'est bien Augustin Cochin. On peut même dire que l'homme et l'oeuvre seraient tombés dans un oubli complet si François Furet ne les avait tirés du sépulcre où l'historiographie révolutionnaire de la Révolution les avait ensevelis.
À l'heure où l'on se gargarise de mots, à l'heure où le despotisme de «l'opinion», ou de ce qui en tient lieu, se fait plus sentir que jamais, à l'heure où la démocratie partout célébrée est davantage un mantra qu'une réalité, en ces temps de disette et de médiocrité de la pensée, le retour aux grandes oeuvres, originales et puissantes, est toujours comme un bain de Jouvence. » Patrice Gueniffey Chartiste de formation, historien de métier et sociologue de tempérament, Augustin Cochin est mort au champ d'honneur à trente-neuf ans, en 1916. François Furet le considérait comme l'un des deux historiens, qui, avec Tocqueville, surent penser la Révolution française. Cochin est assurément celui qui a mis à jour le mécanisme de la Révolution, au sein de sociétés de pensée qui vont modeler une opinion publique nouvelle et l'esprit démocratique moderne.
Cette oeuvre majeure, pour la première fois accessible dans sa quasi-exhaustivité, permet à la fois de comprendre l'effondrement de l'Ancien Régime et de visiter les soubassements du phénomène démocratique. Outre l'essentiel du corpus d'histoire de la Révolution, dont le fameux Les Sociétés de pensée et la démocratie, cet ouvrage contient l'ensemble des études de Cochin sur le protestantisme français, jusqu'ici jamais publiées en volume. Il donne aussi à lire la correspondance inédite de l'historien où la finesse de l'homme vient percer la carapace du chercheur.
Augustin Cochin fera toujours débat. Mais les questions qu'il entreprit d'explorer en solitaire il y a un siècle sont encore d'aujourd'hui. C'est déjà beaucoup, et assez pour lui accorder toute notre attention.
« Si un historien fut longtemps ignoré, et pour de mauvaises raisons, c'est bien Augustin Cochin. On peut même dire que l'homme et l'oeuvre seraient tombés dans un oubli complet si François Furet ne les avait tirés du sépulcre où l'historiographie révolutionnaire de la Révolution les avait ensevelis. ».
Cochin est assurément celui qui a mis au jour le mécanisme de la Révolution, au sein de sociétés de pensée qui vont modeler une opinion publique nouvelle et l'esprit démocratique moderne. Accessible pour la première fois dans sa quasi-exhaustivité, cette oeuvre majeure permet de comprendre l'effondrement de l'Ancien Régime et de visiter les soubassements du phénomène démocratique.
Comment l'élan démocratique de 1789 a-t-il pu donner naissance à la violence terroriste de 1793 ? Cette question obsédait déjà les contemporains, qui y voyaient non seulement un défi politique et une épreuve morale mais aussi un scandale logique.
Timothy Tackett n'instruit pas ici le procès de la Révolution, il décrit le processus révolutionnaire. S'appuyant sur les correspondances pour la plupart inédites des acteurs des journées révolutionnaires, le grand historien américain restitue le sens des événements et des engagements, au plus près de la manière dont ils furent vécus, ainsi que des émotions politiques qui s'y exprimèrent. Il montre avec brio comment l'on peut devenir terroriste.
« Crois ou meurs ! Voilà l'anathème que prononcent les esprits ardents au nom de la liberté ! » Ainsi s'indigne le journaliste Jacques Mallet du Pan dans le Mercure de France du 16 octobre 1789, au tout début de la Révolution. Voilà qui s'inscrit en faux contre la thèse, solidement ancrée aujourd'hui, de deux révolutions : une bonne, celle des droits de l'homme, qui aurait dérapé pour aboutir à une mauvaise, celle de la Terreur.
Et si la Révolution tout entière avait été un immense, un désolant gâchis, et ce dès les premiers jours ? Et si ce qui a été longtemps présenté comme le soulèvement de tout un peuple n'avait été qu'une folie meurtrière et inutile, une guerre civile dont l'enjeu mémoriel divise toujours les Français ? Il fallait reprendre l'enquête en revisitant les événements, en les décryptant et en se libérant de l'historiquement correct.
Ce récit circonstancié s'adresse à tous ceux qui souhaitent qu'on leur raconte enfin une autre histoire de la Révolution française, la vraie."
La Révolution française est d'abord un événement dont il importe de connaître de cours et la portée. L'expansion révolutionnaire, la place de la guerre, la Terreur, la Contre-Révolution s'inscrivent dans cette période de l'histoire française.
Mais la Révolution, c'est aussi une remise en cause d'un ancien ordre et l'émergence de valeurs nouvelles dans les domaines du politique, du social, de l'économique, de la démographie. Le religieux et le culturel ont été également profondément modifiés : une place importante est faite à l'histoire des mentalités, aux traits de cet homme « régénéré » que la Révolution a rêvé de promouvoir, à sa vie quotidienne, à ses aspirations.
Cet ouvrage éclaire ce moment fondateur et offre un tableau complet et sensible de cette décennie qui a changé le cours de l'histoire. Il propose enfin un état des lieux de la Révolution française, entre mémoire et héritage.
Qualifié par Léon Daudet de « livre-bombe », de « livre-événement », La Révolution française, premier ouvrage de Pierre Gaxotte paru en 1928, est un classique des études révolutionnaires.
Enrichi et régulièrement refondu par l'auteur d'édition en édition, cet ouvrage devenu incontournable montre comment à partir de 1790 les révolutionnaires actifs étaient peu nombreux et comment la Terreur, devenue instrument d'une révolution économique et sociale, frappe en priorité le monde paysan et du commerce.
Pierre Gaxotte décrit de façon iconoclaste la Révolution française qui ne s'est pas faite selon lui « contre un tyran » mais « contre un roi qui n'était plus assez roi ». Sa vision de l'Ancien Régime et ses analyses des grands événements, qui ont rythmé l'effondrement du royaume, renouvellent la perception de cette période essentielle de notre histoire.
Michelet (1798-1874), pour comprendre la formation de la monarchie, a voulu en étudier la ruine : son Histoire de la Révolution française parut de 1847 à 1853. Elle est demeurée, depuis lors, parce que écrite au plus près des archives, le Grand récit de référence, historique, épique, lyrique. II n'est jusqu'aux historiens contemporains, marxistes ou libéraux, qui n'y aient puisé, ne l'aient discuté, ne s'en soient inspirés. "Toute histoire de la Révolution jusqu'ici était essentiellement monarchique. Celle-ci est la première républicaine, celle qui a brisé les idoles et les dieux. De la première page à la dernière, elle n'a eu qu'un héros : le peuple."
Stéphane Bern et Lorànt Deutsch, deux grands passionnés d'histoire et de patrimoine, vous entrainent dans un parcours historique à Paris, qui vous fera revivre les grandes heures de la Révolution française.
Une balade qui va vous plonger plus de 200 ans en arrière et au cours de laquelle éléments originaux, croquis et gravures, défi lent à côté des lieux majestueux du passé, comme la tour du Temple ou encore le cirque du Palais-Royal.
De la place de la Bastille, où tout a commencé, à la place de la Concorde, qui a vu l'exécution du roi de France, nos deux guides d'exception vous raconteront les anecdotes et les évènements incontournables de cette période.
LAISSEZ-VOUS GUIDER AU COEUR DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE COMME VOUS NE L'AVEZ JAMAIS VUE !
Plus de 120 cartes et infographies pour raconter la Révolution française, dans toute son ampleur et son effervescence.
- Circulation des hommes, des idées, des biens, crises financière et sociale : le contexte qui précède les événements de 1789.
- 1789-1791 : de la rupture avec l' Ancien Régime à l'échec de la monarchie constitutionnelle.
- 1792-1799 : la guerre, les divisions et déchirures, la radicalisation révolutionnaire.
- La France de Bonaparte : l'autorité ne remet pas en cause tous les acquis de la Révolution.
Cet atlas inscrit, de façon inédite, la Révolution française dans l'histoire du monde et dans le long terme. Le basculement s'étend de l'Europe au Nouveau Monde et dans les colonies, dès les années 1770 et jusqu'à la France napoléonienne.
Michelet (1798-1874), pour comprendre la formation de la monarchie, a voulu en étudier la ruine : son Histoire de la Révolution française parut de 1847 à 1853. Elle est demeurée, depuis lors, parce que écrite au plus près des archives, le Grand récit de référence, historique, épique, lyrique. Il n'est jusqu'aux historiens contemporains, marxistes ou libéraux, qui n'y aient puisé, ne l'aient discuté, ne s'en soient inspirés. «Toute histoire de la Révolution jusqu'ici était essentiellement monarchique. Celle-ci est la première républicaine, celle qui a brisé les idoles et les dieux. De la première page à la dernière, elle n'a eu qu'un héros : le peuple.»
Le 18 Brumaire est le commencement et la fin d'une histoire ; il marque l'accession au pouvoir de Bonaparte et l'épilogue provisoire d'une Révolution française qui n'en finit pas de s'achever. Depuis 1789, elle a parcouru tout le cycle des formes politiques connues pour s'enliser dans une impasse dont elle ne sait plus comment sortir :
La République, souillée par la Terreur, est devenue impossible ; la monarchie, synonyme de contre-révolution, l'est autant. C'est donc au général corse, devenu un héros national sur les champs de bataille, qu'il revient de l'en sortir : fils de la Révolution, il en incarne la gloire militaire sans avoir à en assumer les excès ; né à la péripétie du royaume, il a assez de proximité avec ses compatriotes pour comprendre les passions révolutionnaires et assez de distance pour ne pas y succomber. Lui seul paraît capable de réconcilier les deux peuples et les deux histoires que la Révolution a séparés. Mais pour comprendre la réussite de son coup d'audace, dont ce livre restitue le cours haletant, c'est le régime du Directoire, ses incuries et son échec, que l'auteur interroge aussi à frais nouveaux. Brumaire est un vrai coup d'État, mais singulier : sans violence ou presque, sans victimes, sans proscrits, entouré d'un consentement tel qu'il sera longtemps considéré comme une élection que les circonstances avaient privée des formes légales.
Et même s'il inaugure un régime plutôt éphémère, l'irruption de Bonaparte dans l'histoire révolutionnaire imprimera durablement sa marque sur notre légendaire national et l'esprit de nos institutions.
Le 21 janvier 1793, à Paris, Louis XVI est guillotiné publiquement. L'événement est considérable par sa radicalité. Henri III et Henri IV avaient été assassinés ; Louis XVI est exécuté au terme d'un jugement rendu au nom de la nation et de la République. La Révolution est victorieuse. Elle s'était réalisée peu à peu depuis 1789, quand le roi avait dû réunir les États généraux. D'affrontements en crises, elle s'était affirmée contre le monarque jusqu'à le chasser du trône le 10 août. Le 21 janvier marque une nouvelle ère pour le pays, ainsi que pour les pays européens : ce qui s'accomplit ce jour-là se veut exemplaire pour les peuples désireux de se libérer des princes et des rois. Conséquence inattendue, la guerre se généralise à tout le continent.
La détermination nécessaire pour en arriver là explique le titre de ce livre : outre le fait que le mot « exécution » désigne une peine capitale appliquée après sentence d'un tribunal et évoque une destruction délibérée, il désigne plus largement une opération effectuée en appliquant des règles et des procédures, réalisée au terme d'un projet mûri.
Pendant plusieurs mois, en effet, les Français hésitèrent à fixer le sort du souverain déchu et se déchirèrent d'abord pour définir les modalités du procès, ensuite pour savoir s'ils allaient le tuer. L'exécution légale a été un choix extrêmement difficile à faire, qui a laissé plus de traces mémorielles que l'acte lui-même. C'est pourquoi, l'ouvrage s'intéresse plus aux querelles et aux rapports de forces entre groupes révolutionnaires, qu'à l'examen de la responsabilité du roi et à sa personnalité. À côté du destin tragique de Louis XVI et de la rupture du lien du pays avec la monarchie en janvier 1793, la France se cherche entre Révolution et République dans ces mois d'automne-hiver 1792-1793 : c'est là que se trouve le coeur du livre. (Jean-Clément Martin).
On a beaucoup étudié la Révolution, moins la Contre-Révolution. Pourtant, très tôt, la Révolution a trouvé en face d'elle nombre d'adversaires.
La Contre-Révolution ne se résume pas aux Chouans. Diverse dans son inspiration, ses objectifs, ses assises sociales, sa presse, sa localisation géographique, ses réseaux, ses complots, ses combats, elle n'est pas facile à saisir dans toutes ses ramifications.
Jean Tulard, aidé de spécialistes incontestés, a su relever le défi de faire entendre les idées souvent caricaturées ou méprisées de cette nébuleuse contre-révolutionnaire, plus variée qu'on ne le pense.
Y sont posés les jalons de cette histoire, disséquées les origines, les composantes, les doctrines, les actes et la postérité et proposés des portraits de figures contre-révolutionnaires qui méritaient d'être redécouvertes pour appréhender dans sa totalité l'événement révolutionnaire.
Une étude désormais incontournable sur le sujet.
Le procès de Louis XVI et son exécution le 21 janvier 1793 sont le moment clé où la Révolution doit se définir elle-même.
À Barnave qui déclare : «Allons-nous terminer la Révolution, allons-nous la recommencer? Un pas de plus dans la ligne de la liberté serait la destruction de la royauté, dans la ligne de l'égalité la destruction de la propriété», Robespierre oppose le droit à l'insurrection contre la tyrannie : «Citoyens, vouliez-vous une révolution sans révolution? Qui peut marquer, après coup, le point précis où doivent se briser les flots de l'insurrection populaire? À ce prix, quel peuple pourrait jamais secouer le joug du despotisme?» Saint-Just enfin, soutenant que le roi est coupable simplement d'être monarque puisque le rapport entre un peuple et un roi, fondé sur une usurpation, est par trop inique, lance à la face du monde : «On ne peut pas régner innocemment, la folie en est trop évidente. Tout roi est un rebelle et un usurpateur.» Écoutons les Conventionnels régicides : leur débat résonne jusqu'à nos jours.
La Révolution française est l'un des moments clés de l'histoire nationale. Nos imaginations sont marquées par des noms, des mots, des lieux. Réservoir inépuisable de fantasmes, cette période suscite nombre d'idées reçues, sans cesse revisitées au gré de notre propre histoire : « La Révolution est fille de la misère », « La Révolution française commence avec la prise de la Bastille », « Robespierre fut le roi de la Révolution », « La Révolution est anti-religieuse », « La Révolution française a causé un génocide en Vendée », « La Révolution française marque le début des temps modernes »...
Jean-Clément Martin est professeur émérite de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, ancien directeur de l'institut d'Histoire de la Révolution française. Il a consacré de nombreux livres à la Révolution française comme à la Contre-Révolution et à leurs mémoires.