La route des thés oscille entre nomadisme et sédentarité, elle est faite d'étapes, comme autant de points d'attache dans un mouvement perpétuel. Elle symbolise le voyage. Les buveurs de thé sont une confrérie dont fait partie la grande voyageuse Lucie Azema.L'autrice parcourt l'histoire de ce breuvage millénaire, des premières caravanes aux colonisations, de ses usages à ses significations. Elle explore cette tension entre arrêt et mouvement, qui nous incite à embrasser nos propres errances et nos ancrages, à approcher une philosophie du voyage par étapes, à naviguer en suivant les aléas des chemins et des rencontres, à emprunter des routes aussi bien physiques qu'imaginaires.
De la mort de Louis XIV à la convocation des États généraux, la France des Lumières est un laboratoire où des administrateurs dévoués au roi comme à l'État inaugurent des chantiers aussi ambitieux que risqués, de la refonte fiscale à la réorganisation de la monarchie administrative. Les gens de lettres animent l'espace public et bousculent les frontières du secret du roi. Jamais un appareil d'État n'a reçu autant de projets de réformes. Pourtant, lorsqu'il s'agit de passer de l'expérimentation à l'application, roi et ministres hésitent et souvent trébuchent.Louis XV rompt avec la représentation traditionnelle du souverain de guerre pour se poser en roi de paix et en roi citoyen, serviteur du bien public, rendant perceptible le processus de désacralisation de l'autorité monarchique. Mais la croissance économique inégalement répartie met la société sous tension. Hors des frontières nationales, l'heure est aux expériences audacieuses, de l'alliance franco-anglaise défendue par le régent Philippe d'Orléans à l'intervention armée aux côtés des Insurgents américains en lutte contre leur souverain.
1559-1629 est une séquence dramatique pour le royaume de France, profondément divisé par la question religieuse. Les protestants constituent environ 10% de la population française au début des années 1560. Les monarques sont de jeunes hommes incapables de gouverner par eux-mêmes ou des princes déconsidérés aux yeux de leurs sujets. En dépit des efforts de Catherine de Médicis et du chancelier Michel de L'Hospital, qui accordent aux protestants la liberté de culte, le royaume sombre dans le chaos:exactions et batailles se succèdent et les violences culminent en 1572 avec la Saint-Barthélemy. On assiste même à deux régicides (Henri III en 1589 et Henri IV en 1610).Temps de crise sans précédent, les guerres de Religion constituent le creuset de la monarchie absolue d'Ancien Régime. Henri IV parvient à reconstituer l'unité du royaume autour de l'idéal d'obéissance à la figure royale et son fils Louis XIII bénéficie de ses succès pour achever de créer une monarchie puissante capable de s'imposer sur la scène européenne.
16 mai 1770. Marie-Antoinette épouse celui qui deviendra Louis XVI. Émerveillée par les fastes de Versailles, la jeune dauphine se lasse rapidement des devoirs de sa charge. Pour fuir les contraintes imposées par l'étiquette, elle s'éloigne de la cour en compagnie de quelques privilégiés, les favoris de la reine.
Loin de garder la réserve habituelle des reines de France, Marie-Antoinette entend vivre comme bon lui semble, en compagnie du beau et volage duc de Lauzun, du méprisant baron de Besenval, ou encore du ténébreux comte de Fersen. Elle goûte la joie de retrouver ses amis en des lieux interdits, voués à l'intimité et au délassement. Nombre de courtisans briguent la place de favori dans son coeur. De Versailles à Trianon, les intrigues se nouent et se défont entre les candidats et leurs soutiens, au gré des fantaisies de la reine.
De la chute de l'Ancien Régime à celle de Napoléon, ce volume aborde l'une des périodes clefs de l'histoire de France, fondamentale pour comprendre le fonctionnement de notre démocratie. Le plan mêle une approche thématique et un récit des événements. La moitié des chapitres est ainsi ordonnée autour des grandes ruptures:1789, «année sans pareille», bien sûr, mais aussi la naissance de la République en 1792, la Terreur, les années du Directoire, puis celles du Consulat et de l'Empire, aujourd'hui au centre des nouvelles recherches des historiens. Les chapitres thématiques abordent les questions économiques et sociales, les religions, l'histoire culturelle, la Contre-Révolution et l'émigration, les relations internationales et les problèmes coloniaux, les questions militaires.Dans «l'atelier de l'historien», un aperçu de l'historiographie de la période rappelle à quel point la Révolution, le Consulat et l'Empire ont été, deux siècles durant, un enjeu dans les querelles entre historiens, tant que l'idée même de révolution déclenchait des oppositions partisanes, aujourd'hui en grande partie apaisées. C'est une période centrale de l'histoire de France qui se trouve ici revisitée.
Les femmes font aujourd'hui du bruit ? C'est en regard du silence dans lequel les a tenues la société pendant des siècles. Silence des exploits guerriers ou techniques, silence des livres et des images, silence surtout du récit historique qu'interroge justement l'historienne. Car derrière les murs des couvents ou des maisons bourgeoises, dans l'intimité de leurs journaux ou dans leurs confidences distraites, dans les murmures de l'atelier ou du marché, dans les interstices d'un espace public peu à peu investi, les femmes ont agi, vécu, souffert et travaillé à changer leurs destinées.
Qui mieux que Michelle Perrot pouvait nous le montrer ? Historienne des grèves ouvrières, du monde du travail et des prisons, Michelle Perrot s'est attachée très tôt à l'histoire des femmes. Elle les a suivies au long du XIXe et du XXe siècles, traquant les silences de l'histoire et les moments où ils se dissipaient. Ce sont quelques-unes de ces étapes que nous restitue ce livre.
11 novembre 1630 : à l'issue d'une journée mouvementée, Louis XIII choisit de maintenir sa confiance en Richelieu pour s'engager, à ses côtés, dans une politique dominée par les préceptes de la raison d'État. 1&ersup; septembre 1715 : Louis XIV meurt au terme du règne le plus long et le plus brillant de l'histoire de France. D'une date à l'autre, ce siècle fut le temps des rois absolus, qui portèrent à son comble la sacralité du pouvoir monarchique en mobilisant toutes les ressources littéraires et artistiques. Les fastes de la religion royale furent mis au service d'une autorité inouïe. Pour en rendre compte, les contemporains regroupèrent sous le terme générique d'« Extraordinaire » les impôts nouveaux, les tribunaux exceptionnels, les pouvoirs confiés aux intendants, etc.La guerre, avec son cortège de malheurs et de nécessités impérieuses, fut la manifestation la plus sensible de l'autorité royale. Elle exigea une mobilisation toujours croissante de la société et de l'État, dont elle fut la matrice. Pour la financer, le recours au crédit et à la vente d'offices modifia profondé-ment les structures sociales du royaume. Les élites inves-tirent massivement dans ces charges vénales qui, parfois, les anoblissaient en entretenant la confusion entre dignité sociale et service du Roi. Ainsi débutait la longue histoire d'une relation singulière entre la société française et l'État.
En six volumes d'exceptions, publiés entre 1994 et 2002 aux éditions de Fallois, Simone Bertière a raconté l'histoire des reines, célèbres ou oubliées, qui ont fait la France de la Renaissance à la fin de la monarchie. Voici l'édition définitive - en un beau et fort volume - des deux premiers consacrés au XVIe siècle qui ont vu s'épanouir comme jamais le pouvoir des femmes avant que les tragédies des guerres de religion n'engagent une éclipse accentuée par l'application de plus en plus rigide de la loi salique. Sous la plume élégante et inspirée de l'auteur entrent notamment et successivement en Majesté Anne de Bretagne, Jeanne de France, Marie d'Angleterre, Claude de France, Eléonore d'Autriche, Marie Stuart, Marguerite de Valois, Louise de Lorraine et naturellement Catherine de Médicis.
Pour cette nouvelle édition de luxe, illustrée de deux forts cahiers hors-texte, la grande historienne a entièrement revu, corrigé et actualisé son texte qui fait, rare en histoire, a été unanimement salué par la critique tout en racontant un très large succès public.
Un maître-ouvrage qui conjugue au plus point la rigueur historique avec l'art du récit.
À la faveur de la démultiplication prodigieuse de l'information, le monde connaît aujourd'hui une obsession conspirationniste d'une ampleur inédite. Cette propension à interpréter les faits à l'aide d'une grille de lecture faisant fi de la réalité n'a cependant pas attendu notre temps pour prendre forme. Les grands traits du complotisme contemporain prennent en réalité naissance pendant la Révolution française, époque d'une richesse remarquable en matière d'intrigues avérées mais aussi, et surtout, imaginaires. Dès les premiers mois de 1789, ont surgi plusieurs explications alternatives des événements. Pour certains témoins, qu'ils soient favorables ou non à la Révolution, les faits observables à l'oeil nu sont un leurre. Les vraies causes du grand bouleversement politique sont à trouver ailleurs. Sur le banc des accusés figurent les philosophes, les protestants, les francs-maçons, les illuminés de Bavière ou encore l'Angleterre.
La première partie du livre est consacrée aux multiples facettes de cette fièvre complotiste, dont l'incarnation littéraire prend la forme fascinante d'un roman d'aventures ayant pour principaux héros le duc d'Orléans, Jacques Necker, Adam Weishaupt, Voltaire et William Pitt. Dans la seconde partie, l'auteur propose un éclairage particulièrement brillant de cette obsession de la main cachée. Pour ce faire, il nous entraîne dans les tréfonds de l'imaginaire politique de l'Ancien Régime et des années révolutionnaires jusqu'à son inquiétant avatar du XXIe siècle. Un sujet plus actuel que jamais traité par un de nos meilleurs historiens actuels.
Rien ne prédestinait Henri de Navarre à devenir Henri IV, roi de France. Le trône de France était bien pourvu en héritiers et l'adhésion de Henri à la Réforme le disqualifiait. Il lui fallut pour y parvenir trente ans et une hécatombe. Son itinéraire est jonché de morts, par la guerre ou la maladie. Il en émerge les mains pures, sans une égratignure. Une chance ? Pour les chrétiens d'alors, tout ce qui advient est dû à la Providence, dont ils sont les agents obligés. Henri, d'une intelligence hors pair, se crut voué par elle à une mission : rétablir la concorde dans un pays déchiré par les guerres de religion.
Un récit fidèle à l'histoire, mais aussi palpitant qu'un roman, retrace au fil du temps son parcours tumultueux. Toute une époque revit, dans sa singularité. Simone Bertière déploie à nouveau son talent de conteuse, rendant clair ce qui est compliqué, redonnant vie aux personnages, restituant le climat des temps anciens. Bref, faisant du lecteur un complice pour un plaisir partagé.
Du personnage, pourtant hors du commun, de Marie-Louise O'Murphy, maîtresse secrète de Louis XV, on ne connaissait absolument rien, hors le célèbre tableau de François Boucher qui l'a représentée, nue, allongée sur un voluptueux sofa. Considérée comme un sujet négligeable, cette jeune fille, glissée à 15 ans dans le lit de Louis XV, était depuis toujours reléguée dans les rayons démodés de la « petite histoire ». Or la vie de Marie-Louise O'Murphy ne se résume pas à une simple suite d'anecdotes galantes et sa liaison avec le roi n'est pas le fruit du hasard ou du caprice.
Pour dessiner le portrait de cette femme étonnante, Camille Pascal a conduit une véritable enquête dans des archives jusque-là méconnues ou inexploitées. Preuves à l'appui, il révèle les dessous d'un système de cour - où la sexualité du roi est un enjeu politique - et les mécanismes financiers, souvent occultes, qui permettaient de la satisfaire. Une invitation à explorer le côté obscur du siècle des Lumières.
Pendant la période révolutionnaire, de nombreuses mutineries éclatèrent dans les principales marines de guerre européenne. Pendant qu'à terre les roturiers se dressaient contre le pouvoir et les privilèges de l'aristocratie et que les esclaves se soulevaient dans les plantations des Antilles, des dizaines de milliers de matelots dirigèrent leurs armes contre leurs officiers et renversèrent l'autorité absolue des capitaines. Au tournant du siècle, de 35 à 50 % des marins servant dans l'Atlantique nord avaient participé au moins une fois à une mutinerie.
Niklas Frykman explore cette décennie de conflits. Il montre comment la radicalité des mutineries mêlait les cultures égalitaires des communautés maritimes atlantiques et le républicanisme constitutionnel des peuples en révolution.
Au temps de la voile, le métier de marin est le plus complexe de tous, celui pour lequel l'erreur pardonne le moins. Aussi le jour où l'on franchit pour la première fois l'échelle de coupée est-il déterminant. C'est bien plus qu'un milieu naturel qu'il s'agit de dominer désormais:une langue qui est celle de la navigation, une manière de voir et de réfléchir, un rythme de travail et de veille, l'étroitesse encombrée du bord sous l'immensité du ciel et des flots, la violence des hommes en plus de celle des éléments. Tout le monde n'y résiste pas, mais l'attraction de la mer demeure.L'historien Olivier Chaline nous raconte comment, dans la France des XVII? et XVIII? siècles qui se lance plus que jamais sur les océans, tant d'enfants et de très jeunes hommes ont appris la mer.
Promis au métier d'armes, Armand Jean du Plessis de Richelieu prend l'habit religieux et part à l'assaut des plus hautes sphères politiques. Devenu cardinal puis Premier ministre de Louis XIII, il travaille à l'unification de la France et au renforcement du pouvoir royal. Brillant, clairvoyant, mais aussi ambitieux, il possède toutes les qualités de l'homme politique. Son oeuvre n'a pas seulement marqué le règne de Louis XIII mais aussi le règne suivant : avec le même esprit, son successeur Mazarin a repris et poursuivi sa politique. À la lumière de documents inédits, Michel Carmona dresse un portrait approfondi de ce grand homme d'État - l'une des figures les plus importantes de l'histoire de France.
Fin août 1572. À Paris, des notaires dressent des inventaires après décès, enregistrent des actes, règlent des héritages. Avec minutie, ils transcrivent l'ordinaire des vies au milieu d'une colossale hécatombe. Mais ils livrent aussi des noms, des adresses, des liens.
Puisant dans ces archives notariales, Jérémie Foa tisse une micro-histoire de la Saint-Barthélemy soucieuse de nommer les anonymes, les obscurs jetés au fleuve ou mêlés à la fosse, à jamais engloutis. Pour élucider des crimes dont on ignorait jusqu'à l'existence, il abandonne les palais pour les pavés, exhumant les indices d'un massacre de proximité, commis par des voisins sur leurs voisins. Car à descendre dans la rue, on croise ceux qui ont du sang sur les mains, on observe le savoir-faire de la poignée d'hommes responsables de la plupart des meurtres. Sans avoir été prémédité, le massacre était préparé de longue date - les assassins n'ont pas surgi tout armés dans la folie d'un soir d'été.
Au fil de vingt-cinq enquêtes haletantes, l'historien retrouve les victimes et les tueurs, simples passants ou ardents massacreurs, dans leur humaine trivialité : épingliers, menuisiers, rôtisseurs de la Vallée de Misère, tanneurs d'Aubusson et taverniers de Maubert, vies minuscules emportées par l'événement.
Au début du XVIe siècle, quatre jeunes princes hors du commun montent sur les principaux trônes d'Europe. Henri VIII en Angleterre, en 1509 ; François Ier en France, en 1515 ; Charles Quint en Espagne puis dans l'Empire, en 1516 et 1519 ; Soliman le Magnifique dans l'empire ottoman, en 1520. Cette nouvelle génération qui prend le pouvoir a la tranquille arrogance de la jeunesse, mais Henri VIII se distingue de ses contemporains. Car le roi pénètre bientôt dans des territoires où aucun de ses prédécesseurs n'a jamais osé s'aventurer. Si c'est un jeune roi pieux au coeur de l'Europe catholique qui monte sur le trône, c'est un prince schismatique, qui a créé une Église nationale et une nouvelle manière de régner, qui meurt en 1547. Pendant ces trente ans, il aura fait sauter les unes après les autres de multiples digues séculaires : rupture avec la papauté ; exécution de sa seconde épouse, de son principal ministre, de son chancelier, d'un cardinal, de sa cinquième épouse ; tour de vis fiscal sans précédent ; suppression de tous les monastères du royaume ; confiscation de dizaines de palais, de châteaux et de demeures nobles.
Henri VIII est aussi le monarque anglais le plus célèbre parce que son histoire demeure l'une des meilleures que l'on puisse raconter. Tout y est. La violence et le sexe. L'amour et la haine. Le pouvoir et la démesure. L'amitié et la trahison. Le fils écrasé par son père ; le père écrasant ses enfants. Le casting, ensuite, est absolument exceptionnel. Si l'on s'arrête un instant sur le personnage principal, au moment où il monte sur le trône, force est de reconnaître que rarement un roi d'Angleterre aura à ce point incarné la royauté. L'homme est un colosse de près d'un mètre quatre-vingt-dix. Il est jeune - il n'a pas encore 18 ans -, en bonne santé, beau et cultivé, riche et athlétique. Mais, progressivement, cette incarnation parfaite du prince de la Renaissance se mue en tyran sanguinaire ; de jeune premier, il se transforme en vieux-beau, puis en débris. Les premiers rôles féminins n'ont rien à lui envier, qui, pour s'en limiter aux épouses, incarnent différents stéréotypes: la sainte, l'intrigante, la discrète, le laideron, l'allumeuse, le bas-bleu. Les seconds rôles masculins sont également remarquables, du flamboyant et indispensable Thomas Wolsey à l'impénétrable Thomas Cromwell, en passant par le veule et arrogant Thomas Howard ou Thomas More, l'inflexible et souriant martyr. On se promène dans des châteaux tendus de tapisseries de fil d'or ; on poursuit des cerfs à bride abattue ; on voit des chevaliers en armure briser leurs lances en se percutant à pleine vitesse ; des hérétiques sont brûlés, puis écartelés, pendant que les plus brillants esprits du temps débattent sur la paix et l'harmonie ; le roi tente de réitérer les exploits d'Henri V en envahissant la France ; le peuple se soulève contre les réformes religieuses du souverain. Mais le règne est en même temps une tragédie intemporelle et universelle sur l'amour, la famille, la guerre, la liberté de l'esprit, et le pouvoir. Et dans cette histoire, tout est vrai !
«Terreur », guerres de Vendée, impossible représentation du peuple, abandon des idéaux d'égalité : la Révolution française était-elle vouée à l'échec ?
La Révolution est exemplaire dans l'histoire de France, par les espoirs qu'elle a suscités et les déceptions qu'elle a provoquées. Qui n'a loué l'enthousiasme de ses débuts et la grandeur de son projet ? Qui ne connaît les désenchantements causés par les violences, les massacres de Vendée, l'exclusion des opposants ou des femmes de la vie politique, l'ambiguïté des promesses abandonnées ? Ce livre expose et étudie les contradictions de la période révolutionnaire hors des polémiques ou des plaidoyers. Il ne s'agit ni de justifier les violences au nom d'idéaux parfois illusoires, ni de rejeter tout en bloc.
Dans un essai incisif qui tire parti de décennies de recherches, Jean-Clément Martin fait l'histoire de ce qui a échoué dans le but de répondre aux débats encore vifs et de mieux penser les enjeux politiques et sociaux contemporains.
Informateur secret de Pie VI sous la Révolution, Louis-Siffrein-Joseph de Salamon (1750-1829), fut l'un des rares survivants des massacres de septembre 1792.Au récit du tableau d'horreur de la prison de l'Abbaye succède celui de ses neuf mois d'errance, vêtu d'une carmagnole, dans les fourrés du bois de Boulogne et dans le village de Passy pour échapper à la condamnation à mort par contumace. De nouveau sous le coup d'une accusation capitale à la fin de 1796, le voilà écroué pendant quatre-vingt-quatorze jours, à la Grande Force d'abord, puis à la Conciergerie, avant de comparaître par deux fois devant ses juges.Témoignage vivant, pittoresque et mouvementé, ces onze années de l'existence de l'abbé de Salamon se dévorent comme le plus trépidant des romans. «L'espion qui venait de la foi» : le titre siérait comme un gant à ses Mémoires.
Il a fallu à la Révolution trois jours et deux nuits, du 14 au 16 octobre 1793, pour juger et exécuter Marie-Antoinette. Elle était condamnée d'avance. C'est bien sûr le procès d'une reine, c'est aussi celui d'une étrangère, c'est enfi n celui d'une femme et c'est celui d'une mère.
Le procès de Marie-Antoinette demeure l'une des énigmes les plus opaques de la Révolution.
Avait-elle eu autrefois à prendre des décisions politiques dont le peuple français aurait eu à se plaindre?
En quoi, une fois la République proclamée (21 septembre 1792) et le roi exécuté (21 janvier 1793), menaçait-elle, du fond de sa prison du Temple puis de la Conciergerie, l'ordre nouveau? Son procès fut-il exigé par une intense mobilisation populaire? Cherchait-on à la faire évader? Rien de tout cela.
En examinant attentivement les minutes du procès éclair qui lui a été intenté par le Tribunal révolutionnaire les 14, 15 et 16 octobre 1793, en scrutant - ce qui n'avait jamais été fait avant lui - la biographie des jurés, en restituant le climat politique et la lutte de factions marquant la « mise à l'ordre du jour » de la Terreur (5 septembre), Emmanuel de Waresquiel raconte - avec émotion mais sans parti pris - trois journées pathétiques. Il révèle les questions humiliantes posées à l'accusée, il rapporte les réponses dignes apportées à d'infâmes calomnies, il montre l'absence de véritables droits de la défense d'une femme condamnée d'avance. Il est clair que Marie-Antoinette n'a été que la victime expiatoire de conflits politiques qui régnaient entre la Convention, la Commune de Paris et les Jacobins.
Dans ce nouveau livre à l'érudition impeccable, l'auteur multiplie les révélations et donne avec subtilité son sens véritable au moindre des propos tenus. Décrivant le cadre, dépeignant les protagonistes, il restitue avec son talent habituel une atmosphère étouffante. Ne s'interdisant pas de dévoiler au lecteur les réflexions qu'éveillent chez l'historien des XVIIIe et XIXe siècles ce moment paroxystique du basculement révolutionnaire, Emmanuel de Waresquiel donne là le livre le plus dense, le plus littéraire et le plus personnel de sa carrière.
La traite négrière organisée par les Etats dès le XVIe siècle est à l'origine du racisme contemporain : de ce constat, Christine Taubira développe avec passion l'histoire trop méconnue des Nègres marrons, insurgés, résistants et résistantes, qui ont pris part à tous les combats menant à l'abolition. L'esclavage a-t-il toujours existé ? Quelle est la différence entre l'esclavage moderne et l'esclavage contemporain ? Doit-on regretter toute l'aventure coloniale ? Mère engagée, Christine Taubira répond à sa fille par un subtil jeu de questions-réponses, pour éclairer sur l'histoire des souffrances et des révoltes des victimes de l'esclavage.
Au cours des XV et XVI siècles, la péninsule Italienne fut le théâtre de onze guerres, toutes parmi les plus violentes du temps. Souvent présenté comme un affrontement voulu par des souverains français aux ambitions chimériques, de Charles VIII à Henri II, ce cycle de guerre a pourtant une réalité européenne. Toutes les grandes puissances du moment étant impliquées, qu'il s'agisse de l'Espagne et des Pays-Bas, du Saint Empire allemand, de la Suisse ou encore de l'Empire ottoman. Par ailleurs, toutes les entités politiques italiennes furent des acteurs majeurs de ces conflits, Naples, Rome, Florence, Venise ou Gênes menant des actions autonomes et tentant de survivre face aux léviathans des XV et XVI siècles.
En rassemblant les meilleurs spécialistes de chaque « pays », ce livre permet ainsi de comprendre ce que furent les guerres d'Italie en sortant d'une perception francocentrée et en donnant à lire toute l'originalité de ce qui fut bien l'un des tout premiers conflits européens. Ce faisant, il invite à repenser bien des événements - la bataille de Marignan, le sac de Rome...- ou des parcours - Machiavel, Charles Quint, le pape Jules II...
L'année 1789 est une succession d'épisodes d'une densité et d'un rythme sans précédents. Le 17 juin, le roi perd son pouvoir au profit de l'Assemblée nationale. Cette révolution politique et institutionnelle est suivie d'une révolution populaire le 14 juillet, d'une révolution sociétale le 4 août, d'une révolution idéologique le 26 août, d'une révolution sociale les 5 et 6 octobre. En moins de quatre mois, un système plus que millénaire est abattu.
Alexandre Maral restitue l'enchaînement, serré, des événements à la lumière de la perception qu'en ont eue les habitants du lieu - souverains, courtisans, députés, citadins.
S'appuyant sur des archives, des périodiques, des témoignages personnels et des dépositions inédites, il revient avec maestria sur un processus qui contient en germe la proclamation de la République et la condamnation à mort du souverain.