Autour de Florian Mazel, les meilleurs spécialistes de la période médiévale nous offrent une ambitieuse synthèse qui propose, à la lumière des recherches les plus récentes, et en cheminant au fil d'une soixantaine de textes et d'une centaine d'images, un nouveau récit du Moyen Âge européen.
« Le Moyen Âge est une séquence de temps qui n'a pas d'âge, hors d'âge si l'on veut, et son altérité est profonde. Mais cette étrangeté, le dépaysement que l'on peut éprouver en ses allées, n'est ni sans charme ni sans intérêt. Le Moyen Âge représente en effet, par son altérité même, un extraordinaire lieu de vagabondage et un remarquable terrain d'exercice pour l'esprit critique, où réfléchir entre autres choses, à relative distance des passions contemporaines, aux relations entre public et privé, communauté et identité, hiérarchies et solidarités, rôle et statut, mémoire et histoire, violence et solidarité, droit et tradition, don et échange, imaginaire et identité, institution et pouvoir, croissance et environnement... Qui trouverait la chose inutile ? » Florian Mazel
Avec clarté, sens de la narration, érudition, le grand historien qu'était René Grousset raconte neuf croisades sur deux siècles, de 1095 (prédication d'Urbain II) à 1291 (défaite de Saint-Jean d'Acre). Un classique.
Cette édition de poche établie à partir de la version intégrale publiée en 1//1 rassemble plusieurs récits remarquables qui retracent l'expérience de Varlam Chalamov dans les camps du Goulag où il passa dix-sept années de sa vie. Le camp, dit Varlam Chalamov, est une école négative de la vie. Aucun homme ne devrait voir ce qui s'y passe, ni même le savoir. Il s'agit en fait d'une connaissance essentielle, une connaissance de l'être, de l'état ultime de l'homme, mais acquise à un prix trop élevé.
C'est aussi un savoir que l'art, désormais, ne saurait éluder.
Les lieux communs ont la vie dure. Ainsi cette idée d'un Moyen Âge dualiste, qui aurait instauré une guerre entre le corps et l'âme : d'un côté, un corps coupable, source du péché, de l'autre, une âme pure tournée vers Dieu. Réfutant cette construction, Baschet montre que le Moyen Âge chrétien a développé une pensée soucieuse de valoriser l'unité psychosomatique de la personne. Ce modèle a permis de penser l'être humain mais aussi l'ordre social dont l'Église est alors l'institution dominante. Décloisonnant sa réflexion et dépassant les limites du Moyen Âge, l'auteur s'attache aux différentes perceptions de la personne dans d'autres cultures, de la Chine impériale aux sociétés amérindiennes en passant par l'Afrique ou la Nouvelle-Guinée. Un voyage comparatiste indispensable pour évaluer la singularité des conceptions occidentales de l'humain et mettre à distance l'idée moderne du moi.
Le long XIII? siècle marque l'âge d'or de la dynastie capétienne, qui compte des personnalités fortes:Philippe II Auguste, saint Louis, Philippe IV le Bel. Il bénéficie d'une dynamique agricole soutenue et d'une révolution technique, qui s'exprime notamment dans l'érection des cathédrales.La prospérité - relative - des campagnes permet aussi l'essor des échanges et des villes. Littérature courtoise et naturalisme gothique témoignent d'une certaine douceur de vivre.La monarchie construit progressivement un territoire et un État, dont la nouvelle doctrine s'appuie sur la souveraineté et non plus sur la suzeraineté. Le pouvoir capétien trouve l'un de ses fondements dans l'alliance étroite du trône et de l'autel, même si cela ne va pas sans tensions avec la papauté. Après 1270, la crise du système féodal provoque difficultés, famines, chômage et troubles sociaux, préliminaires de la grande crise du XIV? siècle. Le pouvoir monarchique, cependant, ne cesse de se renforcer. Se met alors en place un binôme caractéristique du futur État moderne:guerre et fiscalité.Le contexte des temps, positif ou négatif, réinterprété à la lumière des recherches récentes, plonge le lecteur dans un des «grands siècles» de l'histoire de France.
Ecrit en marge des ouvrages qu'il a publiés au cours de la période 1980-2004, les textes initialement parus dans L'Histoire, et qui sont à l'origine de cet ouvrage, révèlent les différentes étapes du cheminement de la réflexion de Jacques Le Goff. Ils en sont le prolongement, les éclairent, en expliquent la genèse. Ils expriment les résultats des principales recherches et réflexions menées par l'historien qui a renouvelé notre regard sur la vie des hommes de ce long Moyen Âge, sur leurs croyances, leurs habitudes, leurs représentations de l'Au-delà, et même leurs rêves... À la lumière de ce document exceptionnel, l'histoire se révèle une discipline en devenir où l'historien doit sans cesse remonter à ses sources et toujours confronter l'éclairage du passé aux ombres mouvantes du présent.
Les vikings sont l'objet de bien des fantasmes. À travers les séries, le cinéma, les BD ou encore le jeu vidéo, la pop culture s'est emparée de ce « barbare » bien pratique pour raconter des histoires à grand spectacle. Grand, fort, sûr de lui et maniant la hache comme personne au Moyen Âge, le viking serait l'archétype du guerrier idéal. Pourtant, cette image doit être grandement nuancée. Si l'aspect guerrier des vikings est indéniable, il ne représente qu'une fraction de leur histoire.
Dans cet ouvrage collectif, Benjamin Brillaud, alias Nota Bene, sa compagne Calie et une équipe d'experts, d'historiens et d'universitaires posent un autre regard sur ces hommes et femmes du Nord, sur leur vie et leurs croyances. Comment vivaient-ils au quotidien et comment s'organisait leur société ? Comment ont-ils réussi à devenir ces navigateurs hors pair qui ont laissé leurs traces sur plusieurs continents ? En quoi croyaient-ils vraiment et comment le christianisme a-t-il pu influencer l'image que nous avons d'eux ?
S'il existe déjà de nombreux livres sur les vikings, Les Vikings se veut un ouvrage non seulement très riche en illustrations mais aussi complet, accessible et sérieux qui répond à ces questions et qui s'adresse au passionné d'Histoire comme à l'amateur. En voyageant à travers les siècles et le monde, celui-ci déconstruit les mythes et les idées reçues pour se rapprocher de la réalité historique. Une réalité tout aussi intéressante, si ce n'est plus, que la vision romantique que l'on a du viking !
Deux siècles durant, deux dynasties françaises, les Plantagenêt et les Valois, placées l'une à la tête de l'Angleterre, l'autre sur le trône des fleurs de lys, se sont livré une lutte à mort. Comment les rois de France, qui font figure de besogneux, tandis que leurs flamboyants adversaires récoltaient les lauriers de Crécy, Poitiers et Azincourt, ont-ils in fine remporté la victoire ?
Ce n'est certes pas le seul effet du hasard ou de la Providence. Les Valois ont gagné, parce que, mieux que leurs adversaires, qui ne manquaient pourtant ni de volonté ni d'intelligence, ils ont su concevoir et mettre en oeuvre une stratégie globale, diplomatique et militaire, mais aussi politique, fiscale, sociale et idéologique. C'est ce que démontre avec brio Amable Sablon du Corail à travers le passionnant récit de cette confrontation totale, dont l'objet était tout autant la conquête des coeurs et des âmes que celle de territoires, de villes ou de forteresses.
Traduit dans plus de vingt langues, ce livre est le bréviaire indispensable de qui veut se familiariser avec le Moyen Âge. Car, entre la légende noire d'un «âge des ténèbres» et la légende dorée d'une «belle époque» médiévale, il y a la réalité d'un monde de moines, de clercs, de guerriers, de paysans, d'artisans, de marchands ballottés entre violence et aspiration à la paix, foi et révolte, famine et expansion. Une société hantée par l'obsession de survivre et qui parvient à maîtriser l'espace et le temps, à défricher les forêts, à se rassembler autour des villages, des châteaux et des villes, à inventer la machine, l'horloge, l'Université, la nation. Ce monde dur et conquérant, c'est celui de l'enfance de l'Occident, un monde de « primitifs » qui transforment la terre en gardant les yeux tournés vers le ciel, qui introduisent la raison dans un univers symbolique, équilibrent la parole et l'écrit, inventent le purgatoire entre l'enfer et le paradis.
La France des xiv e et xv e siècles est marquée par la tragédie : famines, pestes, révoltes populaires, conflits civils et militaires... C'est le siècle de la « Guerre de Cent Ans ». La durée du conflit, les souffrances de ceux qui l'ont provoqué ou en ont pâti, interdisent cependant de le résumer à l'apparence des événements dramatiques. Ainsi, ce livre s'attache moins à la narration circonstanciée des malheurs de ces guerres sans fin qu'à les comprendre, afin de restituer l'ordre qui se cache derrière le chaos des apparences. L'« automne du Moyen Âge » est marqué par l'affirmation de l'État monarchique, une construction territoriale unifiée par la soumission à la souveraineté du roi. La conscience d'une identité « nationale », incarnée par Jeanne d'Arc, s'est forgée dans la douleur d'un siècle de fer, alors que Charles VII (1422-1461) n'est plus un prince féodal mais un véritable chef d'État. Boris Bove renverse des idées reçues à propos de « la crise » des xiv e et xv e siècles : il invite à se méfier des chroniqueurs, trop enclins à détecter les signes annonciateurs de l'Apocalypse. Le temps de la guerre de Cent Ans n'est pas celui d'une décadence globale mais une période tourmentée et féconde, comme en témoigne l'éclat des arts, des lettres et de la vie de cour et qui parvient, malgré tout, à renaître et à édifier les fondements d'un monde nouveau.
Gentes dames et preux chevaliers, gueux et sorcières, moines rubiconds et inquisiteurs fanatiques, mais aussi Robin des Bois, Jeanne d'Arc, Gengis Khan, Saladin, Mélusine, le roi Arthur... Le Moyen Âge est bien plus qu'une période historique : c'est un livre d'images foisonnant où artistes, créateurs et cultures populaires n'ont eu de cesse de puiser, réinventant inlassablement selon leur goût et celui de leur temps enluminures, donjons et cathédrales. Rassemblant les meilleurs chercheurs sur le sujet, ce dictionnaire, premier du genre, décrypte en plus de 120 entrées cette recréation d'un Moyen Âge fantasmé qu'on désigne sous le nom de « médiévalisme », de Walter Scott à Umberto Eco, de l'Allemagne au Japon en passant par la Turquie et l'Afrique, des romans historiques aux films et séries de fantasy, sans oublier les jeux vidéo, les jeux de rôle, la bande dessinée, la peinture, les fêtes médiévales, la musique et la poésie... Un bréviaire indispensable pour explorer les mille métamorphoses de ce temps lointain qui obsède notre imaginaire contemporain.
Cet ouvrage réunit 72 contributeurs et contributrices sous la direction d'Anne Besson, directrice du Dictionnaire de la fantasy (Vendémiaire, 2018), William Blanc, auteur du Roi Arthur, un mythe contemporain (Libertalia, 2016) et de Vincent Ferré, directeur du volume Médiévalisme. Modernité du Moyen Âge (2010).
En 1968, je reçus proposition d'écrire, pour la collection Trente journées qui ont fait la France, le livre consacré à l'un de ces jours mémorables, le 27 juillet 1214. Ce dimanche-là, dans la plaine de Bouvines, le roi de France Philippe Auguste avait affronté malgré lui la coalition redoutable de l'empereur Otton, du comte de Flandre Ferrand et du comte de Boulogne Renaud ; il était, grâce à Dieu, resté le soir maître du champ. L'empereur avait détalé ; les deux comtes rebelles étaient pris. Victoire, comme on l'a dit et répété, fondatrice : les assises de la monarchie française en furent décidément raffermies. Une bataille. Un événement. Ponctuel. Retentissant.
Quel intérêt, pour le grand historien des sociétés médiévales que fut Georges Duby, attaché aux profondeurs d'une histoire longue et lente, d'accepter de traiter un sujet aussi convenu dans une collection qui, de surcroît, incarnait un genre d'histoire si étranger à celui dont il était un illustre représentant ?
Renouveler de fond en comble l'approche de l'événement. Le subvertir de l'intérieur. Substituer au récit une anthropologie de la guerre au XIIIe siècle et amorcer une histoire du souvenir. Planter le drapeau de l'histoire nouvelle sur l'Annapurna de l'histoire la plus traditionnelle, écrit Pierre Nora, l'historien des lieux de mémoire, dans sa préface qui situe ce grand classique dans le mouvement de la production historique.
Il n'y a sans doute guère de période historique qui n'ait fait l'objet d'interprétations aussi contrastées que le Moyen Age : louée par les romantiques, dédaignée par les humanistes, elle est encore aujourd'hui tantôt considérée comme un repoussoir absolu, tantôt comme une source inépuisable d'inspiration et d'évasion. Pourtant, de quel Moyen Age parle-t-on ? De celui qui naît sur les ruines du monde romain, en construisant une société originale faisant la synthèse des héritages antique, germanique et chrétien ? De celui des chevaliers et des paysans, avec ses cathédrales qui aujourd'hui encore marquent le paysage de nombreuses villes d'Europe ? Ou encore de celui des villes foisonnantes, de la culture florissante et de l'expansion économique et territoriale de l'Occident ? Définie en creux dès l'époque moderne comme l' "époque du milieu" , c'est-à-dire celle comprise entre la chute de l'Empire romain et la Renaissance, le Moyen Age couvre en réalité une durée de mille ans, sur un espace immense allant de l'Europe du Sud à la Scandinavie, des îles Britanniques à l'Europe centrale.
Sans s'enfermer dans une vision figée en grands blocs faussement homogènes, le lecteur pourra ainsi connaître et comprendre une période essentielle, mais complexe, et évaluer la manière dont elle a influencé, et influence encore, l'histoire de l'Occident.
La bataille de Poitiers, en 732, opposant les troupes arabo-berbères d'Abd elRahman aux Francs de Charles Martel, est un événement de l'histoire de France, peu à peu devenu mythe historiographique et enjeu de mémoire. Cet ouvrage revient tout d'abord sur les faits puis déconstruit le mythe et les usages fallacieux par l'extrême droite occidentale.
Pour le public français, la Chanson des Nibelungen évoque à peine plus que de lointaines sagas germaniques peuplées d'elfes évoluant dans de sombres forêts de l'Est de l'Europe ou aux confins légendaires de contrées du Septentrion impossibles à situer sur une carte. Aux adorateurs de Richard Wagner, elle dira forcément un peu plus. Pourtant, le maître de Bayreuth en a largement réinventé la matière. Quant au terme « Nibelungen », de Nebel (brume, brouillard...), il est même intraduisible. Est-ce un domaine, un empire, un peuple ? Peut-être les trois à la fois. Joël Schmidt, conjuguant ses talents d'écrivain et d'historien, nous conte cette fabuleuse histoire à partir des versions des trois manuscrits qui sont parvenus jusqu'à nous, en moyen et haut allemand. Mettant au jour les origines de la Chanson, il démontre comment ces légendes, colportées par des anonymes, ont ensemencé l'imaginaire populaire. Qu'en ont fait les trouvères et les troubadours ? Comment les artistes s'en sont emparé, de Richard Wagner à Fritz Lang ? Qu'en ont fait l'idéologie et la politique ? Une immersion dans un monde merveilleux qui ravira les amateurs de mythologie nordique.
En avril 1431, le nef Querina, navire vénitien, quitte la Crète pour les Flandres, avec à son bord soixante-huit hommes. Le voyage devait durer dix mois. Dix-huit mois plus tard, seuls onze rescapés emplis d'effroi reviennent à Venise.
De leur épouvantable naufrage, nous possédons deux témoignages, l'un de Pietro Querini, propriétaire et capitaine du navire, et l'autre des marins Cristoforo Fioravante et Nicolò de Michiel.
Tous racontent comment, poussés par des tempêtes incessantes en plein Atlantique, après des semaines de dérive, ils échouèrent finalement au coeur de l'hiver boréal sur une île déserte de l'archipel des Lofoten, au nord de la Norvège.
Dans ces récits de survivants nous est révélée avec une force rare la peur universelle de l'engloutissement dans les abysses.
Un ouvrage de référence pour comprendre la période fascinante du Moyen Âge.
S'étalant du Ve au XVe siècle - couvrant près de 1 000 ans d'histoire -, le Moyen Âge a longtemps été dominé par des superstitions et des croyances erronées, le réduisant à une période d'obscurantisme, de régression et de violences. Une époque sombre entre deux périodes d'âge d'or que sont l'Antiquité et la Renaissance. Or, le Moyen Âge est immensément plus complexe.
Marqué par la prédominance de l'Église dans tous les aspects de la société féodale, l'influence du christianisme et la croissance d'une économie agricole, le Moyen Âge est au coeur de fortes interactions commerciales, culturelles et politiques. Les frontières extérieures de l'Europe se fixent à la suite des croisades et des conquêtes militaires, et les premières grandes explorations sont menées. Les États se consolident, d'importantes innovations techniques et une exceptionnelle production artistique voient le jour. En 400 pages et riche d'autant d'illustrations, cet ouvrage propose au lecteur de redécouvrir cette époque clé de l'histoire à travers les innombrables dynasties régnantes, parmi elles, les Mérovingiens, les Carolingiens, les Capétiens ou encore les Valois.
Cette véritable encyclopédie, publiée en collaboration avec le journal Le Monde, s'appuie sur des cartes détaillées, des frises chronologiques et une importante iconographie pour offrir une compréhension complète de cette période fascinante, à l'origine des premières bases de la société moderne.
Game of Thrones est la série de tous les records : qu'on l'apprécie ou pas, elle a suscité un engouement public et médiatique qu'on ne peut ignorer. Ni la saga romanesque de G. R. R. Martin ni la série de HBO ne sont des fictions «historiques», mais toutes deux utilisent l'histoire, en particulier médiévale. Derrière les dragons et les batailles, les images et les symboles, c'est une certaine vision de l'histoire qui est mise en scène, un Moyen Âge fait de feu et de sang, qui apparaît comme l'envers sombre de notre société. C'est ce Moyen Âge réel et fantasmé, glorifié et redouté, que ce livre entend révéler et décrypter. Quelle histoire forgeons-nous ? À quelle histoire croyons-nous ? Et qu'est-ce que cela dit de nous ?
Dans cet essai somptueusement illustré, la grande médiéviste italienne Chiara Frugoni observe et analyse minutieusement des tapisseries, des miniatures, des mosaïques, des sculptures, des tableaux et des encyclopédies illustrées pour nous montrer les mille facettes de la tradition séculaire, aussi symbolique que réelle, qui liait les hommes et les animaux. Autant d'images commentées qui rendent vivante et palpitante cette époque lointaine dont a hérité notre culture. Chiara Frugoni nous promène dans le bestiaire imaginaire et quotidien des hommes du Moyen Âge, où la crainte se mêle à la fascination.
Dans ce livre étrange et profondément original, Ernst Kantorowicz scrute le «mystère de l'État», concentré dans la métaphore des deux corps du roi : le mystère de l'émergence, dans le cadre des monarchies de l'Occident chrétien, entre Xe et XVIIe siècle, au travers et au-delà de la personne physique du Prince, de cette personne politique indépendante de lui bien qu'incarnée en lui, et destinée à vivre un jour de sa vie propre sous le nom d'État. C'est l'alchimie théologico-politique qui a présidé à cette opération capitale que reconstitue l'ouvrage.La transmutation de la figure royale a pour point de départ le modèle des deux natures du Christ. Elle a pour moteur la rivalité mimétique à la faveur de laquelle le pouvoir séculier s'affirme en face de l'Église en s'emparant de ses attributs de corps mystique. Son accomplissement passe enfin par l'installation dans une perspective de perpétuité temporelle qui achève de conférer au corps politique invisible constitué par le Roi (et ses ancêtres et ses successeurs) et la communauté de ses sujets passés, présents et à venir une réalité légitime supérieure au corps de chair du même monarque.Avec une prodigieuse érudition, Ernst Kantorowicz éclaire les fondations métaphysiques de l'État moderne. Le savoir le plus spécialisé est au service ici de l'exhumation d'un des pans les plus secrets et les plus décisifs du «miracle européen». Il fait de ce chef-d'oeuvre de l'histoire médiévale l'un des livres clés de nos origines.
Si les trois fils de Philippe le Bel, qui régnèrent de 1314 à 1328, sont connus grâce aux livres de Maurice Druon et à la série qui en a été tirée - Les Rois maudits -, que savons-nous réellement de la vie et de l'action des derniers Capétiens?? La fiction a certes retenu les frasques de leurs épouses dans la tour de Nesle ou la supposée malédiction lancée depuis son bûcher par Jacques de Molay, mais la place de leurs règnes mérite en réalité d'être réévaluée. Pour comprendre la politique de Louis X (1314-1316), Philippe V (1316-1322) et Charles IV (1322-1328), et la dynamique qui entraîne la fin d'une dynastie qui régna sur la France pendant plus de trois siècles, l'auteure s'empare des pièces à la disposition de l'historien. Elle montre alors qu'en parachevant l'oeuvre de leur père, les trois frères ont, chacun avec leur personnalité, posé les fondements de la France des Valois et comptent eux aussi parmi les artisans de la construction de la monarchie française.
Le 14 novembre 1522 s'éteignait dans le silence du château de Chantelle, loin des fastes et de l'animation de la cour, Anne de France, dame de Beaujeu, duchesse de Bourbonnais et d'Auvergne, fille de Louis XI et soeur de Charles VIII. Tour à tour, elle avait guidé un royaume et un duché avec finesse et autorité. Considérée par ses contemporains comme l'une des femmes les plus puissantes de son temps, cette «?fille des fleurs de lys?» déploya son pouvoir sous des formes politiques, symboliques et littéraires qui firent d'elle l'une des princesses les plus remarquables de l'Europe des années 1500.
En même temps qu'il explore un monde en pleine effervescence politique et qu'il invite à une immersion dans le passé de la monarchie française, cet ouvrage a pour ambition de dévoiler les multiples facettes d'Anne de France. À la lumière de sources inédites, Aubrée David-Chapy offre un nouveau regard sur cette figure hors du commun, à la fois dernière grande princesse médiévale et première femme de pouvoir de la Renaissance.
« Au xii e siècle, des prêtres se sont mis à parler plus souvent des femmes, à leur parler aussi, à les écouter parfois. Celles de leurs paroles qui sont parvenues jusqu'à nous éclairent un peu mieux ce que je cherche, et que l'on voit si mal : comment les femmes étaient en ce temps-là traitées. Évidemment, je n'aperçois encore que des ombres. Cependant, au terme de l'enquête, les dames du xii e siècle m'apparaissent plus fortes que je n'imaginais, si fortes que les hommes s'efforçaient de les affaiblir par les angoisses du péché. Je crois aussi pouvoir situer vers 1180 le moment où leur condition fut quelque peu rehaussée, où les chevaliers et les prêtres s'accoutumèrent à débattre avec elles, à élargir le champ de leur liberté, à cultiver ces dons particuliers qui les rendent plus proches de la surnature. Quant aux hommes, j'en sais maintenant beaucoup plus sur le regard qu'ils portaient sur les femmes. Elles les attiraient, elles les effrayaient. Sûrs de leur supériorité, ils s'écartaient d'elles ou bien les rudoyaient. Ce sont eux, finalement, qui les ont manquées. » G. D.