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Verdier
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Correspondance avec Alexandre Soljenitsyne et Nadejda Mandelstam
Varlam Chalamov
- Verdier
- Poche
- 4 Avril 2019
- 9782378560201
Rendu à la liberté en 1951 après avoir traversé l'expérience des camps les plus durs du stali- nisme (notamment les terribles mines d'or de la Kolyma), Chalamov entreprend avec une ardeur farouche de renouer - à travers son oeuvre mais aussi grâce à une foisonnante correspondance - les liens rompus avec la vie et la création.
L'interlocuteur privilégié est d'abord Alexandre Soljenitsyne. Chalamov confronte, avec celui qui fut le premier à défier aux yeux du monde le système communiste, sa vision de l'interne- ment concentrationnaire. Il rend hommage à Une journée d'Ivan Denissovitch qui vient de paraître, mais il n'en dispute pas moins avec son auteur de tous les détails qui font la force, la vérité du témoignage et la nouveauté d'une écriture.
Jugeant cette terrible traversée comme un temps absolument funeste, il définit ce que signifie dès lors à ses yeux écrire sur les camps et fait ainsi apparaître, entre lui et le grand prophète slavo- phile, une fracture qui est encore aujourd'hui au coeur d'une vive polémique.
Par ailleurs, Chalamov exprime son enthou- siasme à Nadejda Mandelstam (la compagne fidèle du grand poète du même nom) pour son livre Contre tout espoir, large fresque parcourant le monde artistique du XXe siècle russe. Ainsi naît une grande amitié dont témoignent ces échanges épistolaires. Quelques lettres à des amis du camp viennent compléter le volume.
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« Un grave penseur a suggéré que l'âge adulte ne sert à rien qu'à exaucer les désirs irréalisés de l'enfance. La nôtre a coïncidé avec le grand aggiornamento du début de la deuxième moitié du siècle dernier, le printemps du monde auquel a succédé, très vite, l'automne qui pèse toujours sur la terre. Nous semblions voués, comme nos devanciers, à ne rien entendre à ce qui se passait et nous concernait. Que nous ayons été les contemporains d'une conjoncture d'exception, c'est, rétrospectivement, l'évidence. Encore fallait-il un détonateur pour libérer les énergies soudain assemblées, fendre la muraille, briser les barreaux de l'isolement, de l'ignorance, du silence.
Le sort, les puissances occultes ont désigné Jean-Paul, qui s'est mis aussitôt en chemin. Il n'était plus que de le suivre. Mais l'aventure était à ce point déconcertante et neuve que ses échos roulent toujours plus d'un demi-siècle plus tard, ce qui explique ce besoin d'y revenir, cette correspondance. » Pierre Bergounioux.
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Le 28 décembre 1795, le jeune poète Friedrich Hölderlin devient le précepteur des enfants de Jacob Friedrich Gontard, un riche banquier de Francfort. Très vite, Hölderlin tombe amoureux de l'épouse de son employeur, Susette Gontard. Friedrich a 25 ans, Susette 26.
L'idylle naissante entre le poète et la jeune femme sera favorisée par des circonstances exceptionnelles : à l'été 1796, les Franc¸ais assiègent Francfort. Le banquier envoie sa femme, ses enfants et ses serviteurs près de Kassel pour les mettre à l'abri. Dès lors, Hölderlin et Susette Gontard nouent des liens d'une intensité exceptionnelle. Dans le roman qu'il est en train d'écrire, Hypérion, elle devient Diotima, du nom de la prêtresse de Mantinée dont Socrate rapporte l'enseignement sur l'amour dans Le Banquet de Platon.
En septembre 1798, une dispute éclate entre Hölderlin et Jacob Gontard, qui ne supporte plus les assiduités du jeune précepteur auprès de sa femme. Le poète quitte son emploi, mais reste secrètement en relation avec Diotima. Lorsqu'il apprendra sa mort, en 1802, son deuil insurmontable lui inspirera quelques-uns de ses plus beaux poèmes avant de contribuer au déclin de ses facultés mentales, jusqu'à la crise de folie qui le conduit en clinique psychiatrique en 1806, avant son installation chez le menuisier Zimmer à Tübingen. Les lettres, poèmes et témoignages contenus dans ce livre ont fait sortir la Diotima de Hölderlin de l'ombre où l'avait maintenue l'histoire littéraire. Elle se révèle une figure éminemment attachante, pleinement digne de l'amour que lui portait le poète, et tout à fait consciente du génie de celui-ci.