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Fata Morgana
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En avril 1915, Apollinaire, parti au front, reçoit le quatrain prometteur «d'une femme de France» signé du pseudonyme Yves Blanc sous lequel se cache Jeanne Burgues-Brun, poète et romancière résidant à Montpellier. Quatre vers qui deviendront son «talisman» protecteur et qui lançeront, entre les deux écrivains, une correspondance, de marraine à filleul de guerre, d'une soixantaine de lettres. Les mots affectueux de la jeune femme, dotée d'une certaine audace et n'hésitant pas à faire d'Apollinaire son «maître», plaisent au poète qui, en réponse, manie l'écriture géniale et impétueuse qui a construit son oeuvre. Ces deux esprits érudits content leur quotidien, s'échangent leurs impressions sur le conflit, l'époque, le sentimental, vacillent entre légèreté et fièvres amères. Animés du même goût pour la littérature, leurs considérations poétiques viennent enrichir les espoirs et les craintes que la période inflige inévitablement à ses acteurs et ses témoins.
Ce volume associe pour la première fois les envois de la marraine, jusqu'alors totalement inédits, à ceux de son célèbre «bleu soldat de rêve» qui furent publiés, séparément en 1951, amputés de nombreux passages.
La préface de Pierre Caizergues vient détailler l'importance et le caractère exceptionnel de cet ensemble désormais complet. -
Lettre à René Char sur les incompatibilités de l'écrivain
Georges Bataille
- Fata Morgana
- 11 Septembre 2019
- 9782377920532
René Char pose, en mai 1950 dans la revue Empédocle, cette question infiniment ouverte : «Y a-t-il des incompatibilités ?». Il la pose à la cantonade, mais s'adressant à des écrivains et à des intellectuels à qui il laisse le soin de l'orienter selon leur propre questionnement. La réponse de Georges Bataille, gage d'une estime et d'une amitié sincères, est des plus ambitieuses et aborde le problème de l'action opposée au langage, celui du langage comme mode de l'action et entraîne l'écrivain vers une remise en cause de sa position : «Y a-t-il des incompatibilités entre l'écriture et l'engagement ?» Ce questionnement, à une époque où la position sartrienne pèse de tout son poids, entraîne Bataille dans la dissection minutieuse d'un monde en pleine déconstruction et des rapports de l'intellectuel au pouvoir, questions plus actuelles que jamais.
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Ton père errant : lettres de Paul Valéry à sa fille Agathe
Paul Velery, Agathe Valery
- Fata Morgana
- 10 Septembre 2021
- 9782377920891
Je lis pour remplir un temps sans gaieté, les magnifiques drames de Don Pedro Calderon de la Barca. Cela vaut Shakespeare. Il est vrai que pour toi tous ces inconnus sont égaux. Je t'engage à travailler. Tu n'es pas sans en avoir besoin. N'attends pas que le besoin se fasse sentir. Tu fais des fautes qui commencent à être assez ridicules. Je vois dans ta lettre qu'une conversation n'est pas ininterréssante - et que tu es inviter chez Simonne. Renonçons à ces petites ordures grammaticales.
J'espère surtout que Mr Co, une fois habillé, ne voudra pas que son cerveau soit moins bien doté que son derrière. Soyez chics, très bien, mais de toutes parts. Il y en a qui ont les pieds propres et les idées vaseuses. Je préfère l'inverse. Et je désire encore plus que tout soit net, intus et extra. Je l'engage à se méfier de l'histoire et à se tenir au courant de ce côté pour ne pas avoir à tout avaler en fin d'année. Qu'il se munisse aussi en littérature. Je regrette que pendant ces vacances il n'ait pas pu se donner à la pratique pure et simple du calcul des logarithmes et des sinus - C'était une machine acquise et il n'y avait plus à y penser.
Désormais conservée au Musée Paul Valéry de Sète, cette myriade de lettres entre un père et sa fille dévoile un Valéry assoiffé d'affection et rongé d'inquiétudes («Angoisse, mon véritable métier», notait-il en 1910). Avec Agathe, née en 1906 et future gardienne de son oeuvre, il partage une tendresse exacerbée qui, sans jamais tarir, demeurera au coeur de sa vie d'écrivain. Du foyer familial, creuset littéraire et artistique, à son mariage avec Paul Rouart, petit-fils d'Henri Rouart, Agathe n'a cessé de recevoir de son père les témoignages d'un amour inaltérable. Une correspondance rare où la sensibilité se drape parfois d'un humour grinçant qui, sans nul doute, viendra bousculer la réputation de «froide rigueur» qui colle à la peau de ce penseur majeur du vingtième siècle.
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Personne n'a mieux compris ce Parjure que vous ; c'est que le point de départ vous est parfaitement connu, étant cette sorte de secret qui est au foyer de l'esprit maintenant, et que tous subissent et très peu tentent de comprendre. A mesure que j'écris, il y a quelque chose de plus en plus commun qui s'impose à moi - et vous savez aussi que nous vivons quelque chose d'inouï. Le problème de la communication ou non-communication poétique me paraît étrangement dépassé, et même renversé : tout est communiqué, et rien n'est encore exprimé (ce qui est peut-être le contraire, ou la contre-partie). Naturellement les rêveries prolifèrent, je n'arriverai jamais à couper à travers - je ne vois le soleil qu'en sous-bois.
Philippe Jaccottet est né en Suisse à Moudon en 1925. En 1941 il rencontre Gustave Roud qui lui fait découvrir Novalis et Hölderlin. Agé de vingt ans, il voyage en Italie, rencontre Ungaretti, puis en France où il séjourne, à Paris de 1946 à 1952. Dépassant l'existentialisme comme le surréalisme, Jaccottet instaure un clacissisme plus concret. En 1953, il s'établit en Provence à Grignan avec sa femme, peintre, et ses deux enfants, au moment où paraît son premier grand recueil : L'effraie et autres poésies. On lui doit, en marge d'une oeuvre poétique abondante, de nombreuses traductions : Ungaretti ou Musil dont il a rendu accessible au lecteur français la quasi-totalité de l'oeuvre.
Henri Thomas est né en 1912. Proche de Gide et du groupe de la NRF, il noue très tôt de solides amitiés littéraires. Il publie en 1940 son premier roman, Le seau à charbon, puis l'année suivante son premier recueil poétique, Travaux d'aveugle. Après quelques années à Londres, John Perkins, prix Médicis en 1960, puis, Le promontoire, prix Femina en 1961, lui assureront une certaine notoriété. L'année 1965 marque le début d'une période sombre. Devenu veuf il ne publie que de minces plaquettes avant de renouer, en 1985, avec une intense activité créatrice.
La correspondance de ces deux figures majeures de la poésie est le filigrane d'un demi siècle d'histoire littéraire. Débutée en 1949 elle ne prend fin qu'en 1993 avec la mort d'Henri Thomas.
Réunis par le même souci d'équilibre entre «délice et supplice de vivre», entre angoisse et splendeur, c'est d'abord la poésie qui est au centre de leurs échanges : la littérature est le seul grand sujet de cette réflexion vivante.