Qui a tué le roi Hamlet ? Sa veuve, la reine Gertrude ? Son frère Claudius, devenu roi en épousant la veuve ? Le jeune prince Hamlet, visité par le fantôme de son père, les soupçonne tous deux... "Il est admis par tous qu'Hamlet est plus vivant qu'un homme qui passe." Alfred Jarry.
Honte et malédiction sur le royaume de Grande-Bretagne! Folie, trahison, mensonge, cupidité, orgueil démesuré! Tous les vices y grouillent comme autant de rats affamés. Tous les crimes s'y préparent...
Lear a voulu savoir! Ô! Roi, ta sagesse n'a pas grandi au fil des années... Hélas! Vanité stupide, insolence coupable, curiosité funeste: tu as voulu savoir et provoquer les dieux.
La fille féroce enfonce ses crocs; l'autre se prépare à la curée; le fils, contre son frère, trame la ruine du père, la soeur contre la soeur, l'épouse contre l'époux. La bouche déchire la main qui l'a nourrie, dépèce le flanc qui l'a portée, vomit l'amour qui l'a élevée. Ô, Lear, seigneur infortuné, tu sauras donc de tes filles laquelle t'aimait le mieux...
21 grands noms de la scène poétique francophone se racontent. Ces lettres racontent leur parcours, leur intimité, leur place dans la société des lettres. Dans ces billets, mots d'humeur, mots d'ordre pour un nouvel ordre du monde, elles prennent le contre-pied d'un lyrisme classique. La femme n'est pas (seulement) Muse, mais Poète, Musicienne, Inspiratrice, Agente de son propre désir. Poésie verticale et adressée, ces lettres racontent les combats, les dialogues et les rencontres qui font de l'écriture une matière politique. Une chair à vif, une matière spirituelle inflammable, une sensualité sans contraintes. Dotées d'une virulence poétique radicale et troublante, ces lettres racontent une soif de partage, un désir de transmission, un rêve de l'autre, l'histoire d'une reconquête de soi.s.
antigone nous parlerait de la résistance courageuse d'une jeune fille contre la machine broyeuse de l'etat, incarné par créon.
il défendrait les valeurs de la cité, elle défendrait les valeurs de la religion. antigone est sympathique parce qu'elle aurait le courage de se révolter, créon est antipathique parce qu'il aurait le pouvoir d'etat. mais on peut inverser les sympathies : antigone est une intégriste, une fanatique de la religion des morts, à qui sa naissance souillée - elle est née d'un inceste - interdit tout avenir.
face à elle, un créon nationaliste, un militaire à poigne, veut imposer un etat " laïque ". l'histoire permet surtout à deux grandes voix de s'affronter musicalement. l'une en chantant son propre deuil de jeune fille n'ayant jamais eu d'enfant, l'autre le suicide de son fils et de sa femme, morts par sa faute. lequel est le plus malheureux ? lequel des deux entraînera le choeur dans son chant et sa douleur ? tel est peut-être l'enjeu d'une tragédie qui est d'abord, comme toute tragédie, une suite de choeurs offerts à dionysos.
la traduction de florence dupont est philologiquement exacte et d'une limpidité parfaite. plus rien de ce côté fumeux qui caractérise trop de traductions classiques.
Dans Retour de la Préfecture, deux voix, la voix de la femme et la voix de l'homme, relatent l'accueil qui leur a été réservé à la Préfecture de Police, où ils avaient rendez-vous pour un renouvellement de titre de séjour. Tous deux disent la violence des paroles subies, le poids des discriminations qui s'abat sur les épaules, l'incompréhension qui cède la place à la colère. Tous deux disent la honte éprouvée, les doutes qui les assaillent, tous deux comme en écho disent l'effondrement de l'espoir de vivre ici, dans un pays qui rejette les siens. Replaçant ce récit d'un décret d'exécution sociale dans une filiation historique remontant aux ancêtres et à l'histoire coloniale du pays, Jessica Biermann Grunstein s'inspire d'une histoire vécue dans la chair.
Opus pour un amour en deux modes mineurs, cet écrit pour la parole se déploie à deux voix, avant l'entrelacs amoureux du choral final.
Nous vaincrons, disent-ils.
Par la fenêtre d'un grand appartement presque vide à Bruxelles, apparaît une femme, en peignoir. Elle passe une grande partie de son temps au téléphone, pour parler à sa fille de Ménilmontant qui voyage beaucoup, à son autre fille qui vit aujourd'hui en Amérique, à ses cousines, à sa grande famille dispersée à travers le monde. Elle leur parle sans vraiment leur parler, évitant certains sujets, comme des parents que l'on a perdus dans les camps ou des histoires tragiques que l'on garde pour soi. Par-delà les drames, elle se concentre sur ses souvenirs heureux et des bribes de clarté qui permettent de poursuivre sa vie.
Sous la forme d'un flux de conscience, glissant d'un esprit à un autre, comme une conscience partagée, Une famille à Bruxelles est le portrait d'une femme au travers de ses relations à ses filles et à son mari. Comme prise sur le vif et toujours pressée, sa langue fait s'entrechoquer les souvenirs. Dans ce texte proche de l'autofiction, aucun nom ne vient fixer une quelconque identité. L'intimité et l'amour d'une famille prennent le pas sur les thématiques biographiques. Une famille à Bruxelles est un livre sur le cours inéluctable du temps.
On avait toujours dit que les astres étaient fixés sur une voûte de cristal pour qu'ils ne puissent pas tomber.
Maintenant nous avons pris courage et nous les laissons en suspens dans l'espace, sans soutien, et ils gagnent le large comme nos bateaux, sans soutien, au grand large. et la terre roule joyeusement autour du soleil, et les poissonnières, les marchands, les princes, les cardinaux et même le pape roulent avec elle.
Journal des « événements » tragiques survenus à Gênes en juillet 2001 lors du sommet du G8, Gênes 01 retrace la violente répression des manifestations altermondialistes par la police et les carabiniers italiens. Proche de l'asphyxie et rythmé de jets de balles lacrymogènes, cet oratorio politique donne la parole aux acteurs de la tragédie. Au terme de trois jours d'émeute et de répression sanglante, le bilan est lourd : 600 blessés du côté des manifestants, près de 200 voitures brûlées, et un mort, Carlo Giuliani, 23 ans, militant « no global » tué par balles à la tête par un policier.
L'acmé de la tragédie composée par Paravidino évoque le dernier jour du sommet : l'assaut de l'école Diaz où s'étaient réfugiés des militants issus de médias alternatifs, détenant des preuves de violences policières. Séquestrés pendant trois jours à la caserne de Bolzaneto, ils subissent de nombreux sévices, violences et humiliations. Ce qu'Amnesty International qualifia de « plus grande violation des droits humains et démocratiques dans un pays occidental depuis la Seconde Guerre mondiale » donna lieu à un acquittement des forces de l'ordre, accusées d'abus de pouvoir, de violences, d'injures et de coups, et de « falsification de preuves », lors de leur procès en mars 2008, en vertu d'une loi d'amnistie instaurée en 2006. Les tortures ne seront officiellement reconnues par les autorités policières italiennes qu'en 2017.
L'appendice Gênes 2021 revient sur le chemin politique et social parcouru depuis le G8. y Passant au crible le système idéologique de l'économie libérale, Fausto Paravidino souligne, de sa plume ironique, les dérives de plus en plus grossières d'un système capitaliste au service des puissants.
" Tu crois que je veux porter tes enfants sous ma peau, les nourrir avec mon sang. te faire un fils et prendre ton nom ! Au fait, quel est ton nom ? Je ne l'ai jamais entendu, ton nom - tu n'en as même pas, probablement. Je serais "Mme la gardienne" ou "Mme Durand", chien qui portes mon collier, laquais qui as mes armes sur tes boutons ! Moi, te partager avec ma cuisinière, être la rivale de ma propre servante ! Oh ! Oh ! Oh ! Tu penses que j'ai peur et que je veux filer ! Non, maintenant, je reste, souffle le vent, tombe la foudre ! " (Mademoiselle Julie).
" Ainsi je me promène comme un bourreau et anthropophage. Quel métier d'être écrivain : d'avoir à tuer et de vendre comme un boucher. " Ces mots écrits en 1898, Strindberg (1849-1912) les a envoyés, après le divorce de sa deuxième femme, à sa fille Kerstin qui habitait alors chez sa grand-mère en Autriche. Peu importe que la fille n'ait que quatre ans et ne sache pas lire. Écrire fut pour Strindberg un acte magique : avant tout comptait l'acte lui-même. C'est par là qu'il a sauvé sa vie et s'est libéré de la peur de devenir fou. En quelque sorte, il n'y a dans son oeuvre qu'un seul personnage principal : lui-même, dans toutes ses variations, transformations, évolutions. Mais attention : talent oblige, il était parfaitement conscient, et son oeuvre le montre, qu'il faisait partie d'un monde et d'une époque auxquels il ne pouvait pas échapper.
Cette pièce vient clore la trilogie des « Points de non-retour » débutée avec [Thiaroye] en 2018, suivie de [Quais de Scène] en 2019, formant ainsi une grande fresque historique aux récits intimes enchâssés. Poursuivant son exploration des récits manquants de l'histoire postcoloniale française, Alexandra Badea s'attache ici à un épisode lui aussi largement méconnu : les « enfants de la Creuse ». Le transfert d'enfants réunionnais organisé par les autorités françaises, dans le but de repeupler certains départements victimes de l'exode rural dans les années 1960 et 1970. Qui sont ces enfants déracinés, qui peuplaient les foyers de la DDAS dans les années 1980 ? D'autres récits d'abandons viennent s'y articuler, posant la question de la responsabilité de l'État dans cette vaste entreprise de déportation.
Dans un foyer abandonné, envahi par la végétation, Nora (figure récurrente des autres volets de la trilogie) réalise un documentaire sur les « enfants de la Creuse » pour saisir des traces de sa mémoire familiale. Elle rencontre trois anciens pupilles qui, trente ans auparavant, ont séjourné dans ce foyer, aujourd'hui dévasté par le temps.
S'articulent ainsi mémoire familiale, générations sacrifiées et pages effacées de l'histoire contemporaine, mettant à jour les interférences politiques dans un espace intime anéanti.
De 1618 à 1648, la guerre de Trente Ans a dévasté l'Europe. Pour Brecht, cette guerre est " l'une des premières guerres gigantesques que le capitalisme a attirées sur l'Europe. " Mère Courage reconnaît l'essence mercantile de cette guerre : elle suit les armées avec sa carriole de marchandises et fait de bonnes affaires. " Tout au long de la pièce, Mère Courage a les yeux collés, elle n'arrive pas à le voir ; pour elle, le négoce est extensif à la guerre, la guerre est contingente au négoce. " (Roland Barthes) Mais cette marchande a aussi des enfants, et c'est là que la bât blesse et que la dialectique passe à l'attaque.
Brecht écrivit Mère Courage en exil, à l'automne 1940, à une époque où le peuple allemand était aussi peu capable que Mère Courage de tirer les leçons de ses malheurs et de surmonter ses contradictions. Mais aujourd'hui, les Mère Courage ont-elles disparu ?
La mise en scène de la pièce par Brecht en 1949, avec le Berliner Ensemble, a pour la première fois fait connaître concrètement au public, et avec un immense succès, le théâtre épique et dialectique, tel que Brecht l'avait conçu pendant son exil.
À la fin de ce volume, le lecteur trouvera des textes de Brecht éclairant Mère Courage sous cet angle.
Quoi ?! Ce misérable émigré ose revenir ?! Voilà le comble de l'impertinence, l'effronterie faite homme, la provocation la plus éhontée du siècle !
Manque est un texte duquel la violence physique, si caractéristique d'Anéantis ou de Purifiés, est absente. Quatre voix dont l'identité n'est pas clairement définie parlent respectivement entre elles et à ceux qui les écoutent. La lecture de Preparadise sorry now de R.W. Fassbinder est à l'origine du projet. Les ressemblances avec La Terre vaine de T.S. Eliot sont patentes, du moins sur le plan poétique, car le texte est truffé d'allusions et de citations, sans que Kane ait voulu les identifier. Quant au sujet, les voix qui déversent leurs sensations dans un torrent d'impressions, de souvenirs et de désirs sont à l'image de l'idée que Sarah Kane se faisait de l'amour : dès que deux personnes forment une relation, une sorte de colonisation prend place et l'une d'elles risque d'être abusée par le pouvoir que l'autre exerce sur elle.
Fable écologiste et apocalyptique, Quand viendra la vague est une comédie humaine aux allures de Jugement dernier.
Le déferlement d'une vague bouleverse l'écosystème d'une petite île et menace de frapper de plus belle. Avec humour, la pièce oscille entre jeu réaliste et fiction eschatologique. Qui survivra à la mystérieuse crue ? Qui « mérite » d'être sauvé ? Assis sur un rocher, Mateo et Letizia assistent à la montée des eaux et procèdent à la sélection des espèces.
A l'heure du règlement de comptes et de l'effondrement de leur monde, ces maîtres du jeu sauront-ils pardonner aux fantômes du passé et se libérer de leur insularité ?
Dans cette courte forme aux dialogues ciselés, Alice Zeniter s'intéresse à l'enfermement que représente le couple. Que signifie choisir quelqu'un ? Nul homme n'est une île.
Le passeport est la partie la plus noble de l'homme.
D'ailleurs, un passeport ne se fabrique pas aussi simplement qu'un homme. on peut faire un homme n'importe oú, le plus étourdiment du monde et sans motif raisonnable ; un passeport, jamais. aussi reconnaît-on la valeur d'un bon passeport, tandis que la valeur d'un homme, si grande qu'elle soit, n'est pas forcément reconnue.
Léonora Miano propose dans ce recueil des écrits d'une grande musicalité à la composition graphique libre, parfois proche du calligramme. Il comprend : « La question blanche », « Le fond des choses » et « La fin des fins ».
Rythmée de beats musicaux, sa langue fait s'élever une injonction vibrante à la paix. Elle aborde les questions d'assignation sociale et raciale, la façon dont la couleur de peau constitue un problème dans le regard de celui qui dit l'autre noir, de même que l'immigration, autrefois économique sur le sol français, est aujourd'hui perçue comme une menace et alimente les discours identitaires et fascistes.
Ces trois textes sont à lire comme les partitions
En 1995, Sarah Kane écrit Anéantis (Blasted) qui est aussitôt créé au Royal Court Theatre de Londres. Presque trente ans après Sauvés d'Edward Bond, créé dans le même théâtre, la presse britannique se déchaîne : sale, alarmant, dangereux. Mais l'auteur et sa pièce accèdent immédiatement à la célébrité.
L'histoire de Ian et Cate dans un hôtel de luxe à Leeds est l'histoire d'un amour impossible. C'est aussi l'histoire d'une aliénation profonde entre les légionnaires de la guerre civile et la population qu'ils sont susceptibles de conquérir.
Ce qui fait la gloire des dramaturges, c'est la forme qu'ils savent donner à leurs sujets. Et l'écriture de Sarah Kane est scénique, c'est-à-dire à trois dimensions. Dialogue et action s'enchevêtrent, se complètent et s'enrichissent mutuellement pour donner à l'ensemble une nouvelle profondeur de champ.
Yerma fait partie de la trilogie rurale composée par Federico García Lorca entre 1932 et 1936, avec Bodas de sangre (Noces de sang), et La casa de Bernarda Alba (La maison de Bernarda Alba). Yerma, qui donne son nom à la pièce, est une jeune épouse intensément frustrée de ne pas être mère. Elle sublime son désir d'enfant avec passion et en fait un but idéal, mais elle se heurte à la froideur de son mari Juan, et à la société qui l'entoure. Dans un dernier recours elle participe à un pèlerinage supposé favoriser la fertilité, mais qui donnera lieu à la tragédie finale. Teatr Penn-ar-Bed signe avec cette pièce puissante son retour sur les planches, avec la langue bretonne pour servir la richesse du texte de Lorca.
Pour monsieur c'était des esprits, pour madame c'était un cheval emballé !.
Et tous les deux reviennent au domicile conjugal avec le même oeil en compote !. et ils voudraient nous faire croire que ce n'est pas en se débattant contre les agents qu'on leur a servi ces deux yeux au beurre noir.
Dans Jeune fille sur un canape´, pre´sent et passe´ se confondent. Une femme peint un portrait d'elle-me^me plus jeune, assise sur un canape´. De la` surgit un corte`ge de figures hante´es par leurs souvenirs. Des sce`nes de jalousie et de de´fiance se succe`dent, entre me`re et soeurs. Cette toile, miroir illusoire d'une jeunesse e´ternelle ou exutoire d'une enfance meurtrie, reve^t une e´trange puissance.
Dans un espace onirique habite´ par des voix, Ces yeux de´vide l'e´cheveau de souvenirs d'un Homme et d'une Femme, invite´s par une ombre, devenus vieux, a` la rejoindre dans son royaume. Pre´sence sonore obse´dante, ces voix habitent le monde sans jamais le quitter.
" j'ai toujours entendu dire : quand on aime, on marche sur un petit nuage, mais ce qui est bon, c'est qu'on marche sur la terre, sur l'asphalte.
Vous savez, le matin, les pâtés de maison ressemblent à de gros tas d'ordures dans lesquels on aurait allumé des lumières, quand le ciel est déjà rose et encore transparent parce qu'il n'y a pas de poussière. vous voulez que je vous dise, vous perdez beaucoup si vous n'êtes pas amoureux et que vous ne voyez pas votre ville à l'heure où elle se lève de son lit, comme un vieil artisan qui, le ventre vide, emplit ses poumons d'air frais et saisit ses outils, ainsi que chantent les poètes.
" le 18 mai 1941, lion feuchtwanger écrit à brecht depuis son exil californien : " j'ai reçu le manuscrit de la bonne ame du se-tchouan. c'est un petit miracle qu'au milieu de cette confusion barbare vous ayez pu réaliser quelque chose d'aussi beau, clair, tranquille et classique. " dans le se-tchouan, une province fort reculée de la chine, trois dieux voyagent. ils recherchent des justes. ils en trouvent une seule : shen té, la prostituée.
Pour la récompenser, ils lui donnent un peu d'argent ; elle quitte son métier, ouvre une boutique de tabac. les ennuis commencent : passer de l'autre côté de la misère, c'est aussi devoir l'affronter. misère physique, sociale. mais aussi misère morale. dans la clairvoyance avec laquelle sont dépeints les habitants du se-tchouan, parle toute la tristesse et la révolte de l'exilé brecht devant l'incapacité des peuples à faire échec aux structures de domination.
Brecht écrit cette pièce pendant que la guerre achève de détruire son pays. on retrouve, transporté en chine, le monde de l'opéra de quat'sous, mais s'y ajoute une tonalité morale, qui n'est pas sans rappeler parfois la flûte enchantée. la fresque épique des aventures de shen té est ponctuée d'appels désespérés à la bonté et d'explosions de colère, devant la médiocrité et la passivité des humains.
à l'heure où les libertés civiles sont de plus en plus menacées, la pièce n'a rien perdu de sa force.
Le mythe de l'étranger connaît comme chaque mythe mille et une versions. Aiat Fayez fut un étranger en France et il l'est resté après avoir quitté ce pays. Le regard de l'étranger reste toujours un regard différent de celui des autochtones. Même avec la meilleure volonté, il parle avec un accent, s'habille différemment ou bouge autrement et, surtout, ne peut se défaire de sa peau. Il est marqué et tous ceux et celles qui le rencontrent le savent tout de suite : " D'où vient votre petit accent ? " Les autochtones ne lui sont pas hostiles, ce serait une hypothèse trop facile. Mais ils sont conditionnés, réagissent comme on les a éduqués, ce qui est simplement humain, n'est-ce pas ?...
Voici quatre scènes qui jettent une fascinante lumière sur cette incompatibilité. Sous quatre angles successifs, Aiat Fayez observe des choses que nous ne pouvions voir avec nos yeux. C'est pour cela que nous avons besoin des siens.