Beslan, septembre 2004. Plus d'un millier d'enfants et d'adultes sont pris en otage le jour de la rentrée scolaire dans uen école d'Ossétie-du-Nord, dans le Caucase, par un groupe de terroristes réclamant le retrait des troupes russes de Tchét- chénie. Après plusieurs jours, les forces russes donnent l'assaut : bilan, 334 morts. Tous les preneurs d'otage sont tués, sauf un. Il plaide non coupable. Malgré les demandes des familles des victimes, aucun responsable politique ou militaire ne répondra de cet assaut devant la justice.
Au bord d'une route, à la lisière de la forêt, un bar. Une chanteuse, Maca, beauté sur le déclin à la voix rauque ; un entraîneur déchu devenu videur ; Srecko, un ancien toxicomane ; un groupe de jeunes filles sur le départ, qui finiront peut-être sur un trottoir, quelque part en Europe... Des personnages au bord du monde qui se croisent, s'affrontent, s'ignorent, le temps d'une nuit.
Cette pièce courte au cadre restreint, ces personnages et les thèmes abordés - rencontre improbable entre un bus de prostituées en transit et les occupants d'un cabaret en déshérence - laissent entrevoir de solides possibilités de mise en scène.
Elles voulaient sortir de la misère et désespéraient d'attendre des jours meilleurs. Toutes ont cru au travail et à la promesse de revenus décents en Europe occidentale. Elles ne savaient pas qu'elles seraient vendues. Les marchands d'esclaves leur confisquent leur passeport et le cauchemar commence dès les premières heures du voyage. Il s'agit en effet de les anéantir afin de briser toute velléité de rébellion en utilisant les armes les plus viles et les plus redoutables à l'endroit des femmes : viol, violences et sévices, chantage, épuisement. Le piège s'est refermé. Terrorisées, elles sont désormais les marchandises de bourreaux proxénètes sans scrupules ni états d'âme. Dépossédées de toute dignité humaine, elles sont envoyées en enfer. Le Septième Kafana est une tragédie contemporaine, construite à partir de témoignages et de récits recueillis auprès de femmes moldaves victimes de la prostitution forcée et des trafics d'êtres humains.
A lire fièvre, d'anton pashku, on éprouve une sourde inquiétude, une crainte, une alarme.
Un danger mal identifié, mais à coup sûr terrible, menace les trois personnages de ce drame que l'auteur a choisi de situer en avril 1939, mais qu'il est aisé de transposer en d'autres temps. coincés par la tourmente dans un refuge en haute montagne, lulu et lulan cherchent vainement à comprendre ce qui les a menés là. grièvement blessé, en proie à une forte fièvre, lulash délire. agir ou subir ? dans certaines situations, il n'y a plus de bon choix, semble nous dire anton pashku, mort quelques années à peine avant le début d'une nouvelle tourmente.
Tchétchènes prit en otages les spectateurs d'une comédie musicale au théâtre de la Doubrovka à Moscou. Mais pourquoi un théâtre ? Ces combattants désespérés (et donc dangereux) d'une cause oubliée se placent là où nul ne peut plus les ignorer, dans la perspective de prince Vladimir Poutine, qui promit de les " buter jusque dans les chiottes ".
Ayant investi les lieux, les rebelles décident d'utiliser l'outil, qui est tombé entre leurs mains, pour ce qu'il est. Et ils vont donc en faire, à leur façon, du théâtre. Jusque dans les chiottes. Comédie tchétchène (pas toujours très drôle) a obtenu l'aide d'encouragement de la commission d'aide à la création d'?uvres dramatiques du ministère de la Culture en 2005. La pièce a ensuite été lauréate des journées des auteurs de théâtre de Lyon en 2005, puis a remporté en 2009 le concours Nouvelles Écritures organisé par quatre théâtres du Val-de-Marne.
Jeton Neziraj propose ici une vision originale de la société kosovare post-yougoslave, où l'intime des êtres amoureux se lie aux événements historiques récents.
Il nous parle de croyances anciennes, de conditionnements profonds, des adaptations hâtives et des espoirs stéréotypés, avec tendresse et acuité, humour et détermination.
Enfermés dans une grange, treize ouvriers agricoles déchargent des voitures de foin.
Au coeur de ce huis clos se greffent des questions - pourquoi nous a-t-on enfermés ici ? le foin va-t-il fermenter et faire exploser la grange ? Comment sortir ? faut-il continuer à travailler ? -, des figures de discours - le désir, la jalousie, le père, la fin, le meurtre, le salut. Mais de bout en bout, c'est la mort qui est présente dans cette pièce, dans les paroles comme dans les actes, dans la forme même du texte comme dans l'ambiance absurde sur laquelle une atmosphère soviétique jamais explicité appose sa tonalité particulière.
Burlesque, grinçante et poétique, cette pièce a été écrite par deux des auteurs les plus intransigeants de leur génération. Elle tient son efficacité du délicat mariage d'une construction rigoureuse et de la verve truculente de ses personnages. Portée pour la première fois à la scène vingt ans après son écriture en 1978, elle s'est imposée depuis comme un repère essentiel du théâtre estonien moderne.