A partir d'octobre 2017, #MeToo devient un phénomène mondial, en diffusant internationalement le slogan que Tarana Burke, militante new-yorkaise contre les violences sexuelles avait lancé dix ans plus tôt. Une multitude de victimes témoignent sur divers supports numériques et médiatiques, reformulant et intensifiant des luttes féministes en cours contre les violences sexistes.
A l'initiative d'une nouvelle génération de chercheuses et chercheurs francophones sur les violences de genre, ce premier ouvrage académique en France sur #MeToo cherche à comprendre l'événement. Il propose une approche empirique de ce mouvement mondial. Il décrypte d'abord l'événement #MeToo dans sa matérialité, ses contextes de réception et d'appropriation et s'efforce de montrer comment l'usage des réseaux socionumériques permet d'articuler de nouvelles formes de militantisme ou de renforcer des pratiques militantes existantes en ligne et hors ligne. Il inscrit ensuite #MeToo dans une histoire des luttes féministes de plus long terme et s'efforce de questionner son unité à travers l'étude de ses résonances contrastées dans différents milieux professionnels.
Les nombres occupent une place prépondérante dans les sociétés contemporaines et sont des acteurs clefs de leurs transformations.
Dans un langage parfaitement accessible à tous, cet ouvrage expose différents usages contemporains des nombres et l'évolution des méthodes pour les traiter : depuis la statistique classique vers les big data, l'intelligence artificielle, mais aussi des pratiques plus artisanales parfois appelées « statactivistes ». Les données numériques n'apparaissent pas « naturellement » dans la société, mais se développent et se transforment au cours de processus sociaux et politiques. Elles méritent d'être observées comme des objets à part entière et non pas comme de simples instruments de production de connaissance. Cet ouvrage nous prouve qu'aujourd'hui, la statistique, ou plus généralement les méthodes de quantification, sont à la fois des outils de savoir et des outils de pouvoir.
Cet ouvrage accompagne le dixième anniversaire de la revue Statistique et Société, publiée par la Société Française de Statistique.
L'urgence écologique, le développement éthique de l'intelligence artificielle, le stockage et la maîtrise de l'énergie... Tels sont les défis majeurs auxquels la France est confrontée et qui impliquent des transformations profondes de notre société.
Répondre à ces enjeux s'annonce d'autant plus difficile que notre système démocratique est en crise : défiance envers les institutions et leurs élus, abstention sans précédent et polarisation de la vie politique en sont des symptômes préoccupants.
Inquiets de cette situation et conscients de leurs responsabilités, trois ingénieurs du Corps des mines proposent par cet ouvrage d'étudier une nouvelle forme de démocratie : la démocratie délibérative.
À visée pédagogique, il permet tout d'abord de mieux comprendre ce qu'est la démocratie délibérative en s'appuyant sur son histoire, ses principes et des exemples concrets. Il propose un cadre d'emploi clair pour faire émerger l'intelligence collective au service des politiques publiques et dans le respect des institutions existantes.
Les auteurs dessinent une voie profondément enthousiasmante vers un renouveau démocratique et des politiques publiques plus justes et plus efficaces, voie qu'ils nous invitent à défendre avec détermination.
La transition numérique et la mutation profonde de modes relationnels entre les individus dans tous les domaines - politiques, sociaux, économiques, amoureux, amicaux, professionnels, pédagogiques... - occupent une partie considérable de l'espace public. Ces changements invitent à une réflexion éthique fondamentale sur ce que la numérisation du monde révèle de nos conceptions contemporaines de l'être-soi, de l'être ensemble et de leur articulation. Ils invitent aussi à inscrire ces analyses dans un contexte de profondes mutations idéologiques contemporaines dans le cadre du devenir démocratique des sociétés modernes et du projet démocratique qui les animent aujourd'hui.
Voici le chantier intellectuel que les chapitres de cet ouvrage contribuent à ouvrir, traçant des pistes à la fois plurielles et articulées.
Résolument interdisciplinaire, ce livre réunit des spécialistes initiaux en éthique et/ou dans les technologies informatiques, mais aussi des personnes d'horizons variés qui ont en commun de s'engager dans une démarche de réflexivité éthique face aux transformations numériques qui saisissent leurs domaines respectifs d'activité et de compétence.
Camille Roelens est chercheuse au Centre Interdisciplinaire de Recherche en Éthique, Université de Lausanne.
Chrysta Pélissier, MCF HDR, Université Paul Valéry Montpellier 3, Unité de Recherche LHUMAIN.
Quelle est l'influence réciproque entre l'environnement numérique, les organisations en réseau et les processus de communication ? Quels sont les effets de l'accélération des échanges par le numérique et de l'amplification par les réseaux ?
Pour aborder ce sujet et proposer des réponses, le groupe TIC.IS, qui est un des groupes de travail de la Société Française des Sciences de l'Information et de la Communication, poursuit ses réflexions épistémologiques. Dans cet ouvrage nous proposons d'interroger deux phénomènes dans le champ de la science des systèmes : la fractalité et la résonance.
Ces deux thèmes ont fait l'objet de deux journées d'études du groupe :
-Fractalité et auto-similarité. L'émergence de nouveaux modèles dans les environnements numériques -Résonances, Échanges et interactions à l'ère du numérique.
Nous avons fait le choix de réunir et de confronter ces deux thématiques, car bien qu'elles convoquent des cadres de référence et des modes de pensée différents, elles nous amènent toutes les deux à remettre en cause la vision habituelle des événements extrêmes et les mécanismes de pensée qui les accompagnent pour ouvrir d'autres horizons.
Les individus modestes sont-ils exclus de la révolution numérique ? On l'a longtemps cru. Ils sont peu ou pas diplômés et exercent des métiers qui ne demandent pas d'usage de l'informatique. Pourtant, ils se sont pleinement emparés d'internet et en ont fait un instrument de leur vie quotidienne. La recherche en ligne leur a ouvert un monde jusque-là hors de portée : elle leur permet de percer le mystère des termes médicaux, leur fournit des armes pour l'aide scolaire aux enfants, leur ouvre de nouvelles activités. Des biens et des services, auxquels il leur était impossible d'accéder avant dans ces zones rurales, sont à portée de clic, à des prix imbattables. Internet est aussi un lieu de parole et de réconfort : dans l'entre soi des comptes Facebook sont confiés aux proches les drames de la vie en milieu populaire - le célibat subi, la perte d'emploi, les incertitudes du travail précaire.
Mais cette aventure a un coût. Ces outils, dont le potentiel d'individualisation est fort, fragilisent la vie collective familiale en multipliant les "moments à soi" entre conjoints et en rendant le contrôle de la sociabilité des enfants impossible. Les achats en ligne contribuent à détruire le petit commerce et à désertifier l'environnement immédiat. Les relations électroniques avec Pôle Emploi ou la CAF tournent souvent au cauchemar et transforment l'État providence en État tourmenteur.
Fondée sur des entretiens et l'analyse approfondie de comptes Facebook, cette recherche sur les classes populaires non précaires, éclaire la tension constante entre ouverture et risque que représente la course à la modernité électronique.
Entre 2012 et 2019, Baptiste Coulmont et Pierre Mercklé ont tenu une chronique régulière dans le journal Le Monde. Au coeur de leur démarche : rendre compte de la sociologie telle qu'elle se fait aujourd'hui.
Dans le foisonnement des enquêtes, ils ont choisi les plus instructives. Celles qui nous expliquent pourquoi les top-modèles ne sourient pas, quelles sont les bonnes raisons de croire au Père Noël, comment contourner l'impôt sur la fortune, ou si la participation des hommes aux tâches ménagères est un facteur de divorce. Celles qui nous montrent comment les sociologues travaillent, avec des enquêtés qui meurent, qui mentent ou qui s'insultent. Celles qui nous rappellent que nous n'avons tous ni les mêmes ressources, ni les mêmes désirs.
Rassemblées pour la première fois dans cet ouvrage, ces chroniques sociologiques traversent une décennie d'enquêtes, de grandes questions sociales et de petites énigmes sociologiques. Elles nous rappellent qu'il faut de tout pour faire le monde social tel qu'il est. Et elles montrent comment les sciences sociales peuvent aider, avec les armes et les outils de l'enquête, à mieux comprendre la société, dans toute sa diversité et toute sa complexité.
Depuis la pandémie de Covid-19, la valeur « travail » dévisse. Démissions en cascade, désengagement silencieux, de plus en plus de Français estiment que la vraie vie est ailleurs. D'où vient ce raz-de-marée ? Comment faire pour y remédier, quand le virage de la transition énergétique requiert l'engagement de tous ?Pressés par le besoin de comprendre et d'agir, un groupe d'artisans, sociologues du travail, ingénieurs, formateurs, enseignants, employeurs, se sont réunis en association. Le Festival des Vocations, organisé en mai 2022 à Mirmande, est leur première réalisation. Aussi fécondes qu'improbables, les rencontres qui s'y sont tenues sont la matière de ce livre. On y voit dialoguer des horlogers avec des neurochirurgiens, des ingénieurs avec des maraîchères, des charpentiers avec des médecins... Leur point commun ? Manuels comme intellectuels, tous vibrent de passion pour leur métier et partagent une même vocation : celle de réparer - les objets, les esprits, les lieux, les corps, le lien social. Leur message : le bonheur au travail est à portée de toutes et de tous.L'empêcher dès l'école est un crime de lèse-citoyen. Y renoncer, c'est démissionner de la vie.
Bien des opportunités et des tensions se font ressentir d'un point de vue existentiel depuis que les technologies numériques ont investi nos vies. Nous évoluons, en effet, dans un monde de fluidité télé-communicationnelle, d'accès à l'information et de libération de la parole, tandis que des régimes de captation de l'attention et de surveillance s'accentuent toujours davantage. Interroger - d'un point de vue à la fois sociologique et philosophique - ce que la métamorphose numérique fait à la coexistence nécessite donc de se tenir au plus près des ambivalences qui lui sont inhérentes ; ceci afin de mieux cerner des conditions de possibilité d'un déploiement des technologies numériques qui soit éthiquement plus soutenable qu'il ne l'est aujourd'hui.
Un enjeu important qui ressort de cet ouvrage est l'ambition d'affirmer un attachement à certaines valeurs éthiques - telles que le libre-arbitre, la responsabilité ou l'autonomie - en les comprenant, non plus comme des principes abstraits, mais comme des expériences existentielles à part entière, engageant un pluralisme de compétences et de pratiques techniques, scientifiques ou artistiques. Il s'agit par-là d'ouvrir la voie d'une socio-philosophie des temps hypermodernes, au sein desquels nous devons impérativement apprendre à mieux vivre.
En postface : un entretien avec Andrew Feenberg, titulaire de la Chaire de recherche canadienne en philosophie de la technique à la Simon Fraser University de Vancouver (Canada).
Comment la mobilisation des savoirs et la construction d'une expertise peuvent-elle façonner une trajectoire sociale? La biographie intellectuelle de Philippe Frédéric de Dietrich (1748-1793) tente de répondre à cette question en examinant le cas du fils d'un riche maître de forges alsacien, souvent présenté comme celui qui aurait délaissé le monde de l'entreprise au profit d'une carrière savante, administrative puis politique.
L'observation des pratiques et des habitudes de travail de Dietrich met en lumière ses liens avec plusieurs collectifs de pensée: les naturalistes, les minéralogistes, le groupe de l'Arsenal, les bureaux du Contrôle général, les hommes des mines et les réformateurs influencés par le caméralisme d'outre-Rhin. L'examen de ses écrits permet de cerner la façon dont il a établi sa position à la confluence de plusieurs mondes. Par ses entreprises de traduction, il a contribué à la circulation de savoirs entre l'espace germanique et la France. Ses mémoires rédigés pour le contrôle général témoignent de sa lecture économique des ressources minières, de même que ses efforts pour élargir aux techniques le corpus des savoirs mis à la disposition de l'Etat monarchique. Au début de la Révolution, il tente de concilier réformes et carrière personnelle.
Entrepreneur des savoirs, Dietrich l'est donc à plus d'un titre et son parcours, des années 1770 aux années 1790, offre un observatoire privilégié de ce qui se joue dans le dialogue entre savoirs et pouvoirs.
L'objet de cet ouvrage est d'explorer ce qui mène du "souci de soi", tel que défini par l'Antiquité grecque, au "corps augmenté", dont le sport de haut niveau propose aujourd'hui une version expérimentale. Ce trajet n'est pas seulement un reflet historique, celui d'une histoire des pratiques corporelles qui inclurait la médecine, les gymnastiques, l'éducation physique et le sport, dans leurs acceptions et finalités variées, et parfois antagonistes, au cours des siècles. Il traduit aussi le noeud problématique qui lie l'exercice physique à la thématique du dépassement : dépassement de soi lorsqu'il s'agit de s'améliorer, de s'entraîner pour "performer" ; dépassement des limites lorsqu'il s'agit de rendre effective la croyance moderne - et sportive - dans l'idée de progrès infini ; dépassement de la nature aussi lorsqu'il s'agit de mettre en question le "corps naturel", tout autant que l'"identité humaine" et ses contours, par l'usage de substances chimiques ou de prothèses.
Si l'évolution humaine se définit comme un arrachement permanent à la nature, la question du dopage et celle des exosquelettes pose celles des limites éthiques de la science, du prolongement du corps par la technique et d'un corps-machine d'un nouveau genre. L'impératif de performance pèse sur chacun et croise l'obsession de la santé parfaite, de la jeunesse et de la beauté éternelles. Cette quête s'empare du corps comme d'un prétexte pour viser une transcendance hypothétique, qui fait défaut par ailleurs. Améliorer, augmenter - la forme, les performances, l'apparence - semble toujours possible, occultant les questions de la souffrance et de la mort, du handicap, reléguant la vieillesse dans l'impensé. La chirurgie esthétique, l'entraînement sportif, la diététique, le(s) dopage(s) n'ont pas le même rapport à la temporalité, mais postulent un corps idéal dont la perfection est toujours différée. L'hypercorps entraîné, remodelé, esthétisé, médicalisé, technicisé du sportif d'élite, avec sa valeur d'objet marchand et fantasmatique, est à ce titre exemplaire.
Les conflits sociaux s'appuient sur des "armes matérielles" et notamment sur les technologies de communication qui, dès leur genèse, y ont joué un rôle central. Les politiques du conflit reposent ainsi sur une variété de médias qui, aujourd'hui, relèvent assez largement de l'informatique connectée, de plus en plus portable et mobile.
De la Révolution bolchévique aux Indignados, de la lutte de libération algérienne aux Révolutions arabes, en passant par les groupes Medvedkine ou Radio Alice, cet ouvrage rend compte de la rencontre entre technologies médiatiques et luttes sociales. Il s'agit, d'une part, de relativiser le caractère supposé inédit de l'usage des technologies de communication par les mouvements sociaux contemporains et, d'autre part, d'entrer dans le détail de ce que ceux-ci font des outils numériques les plus récents qui supportent leurs activités essentielles tout en déplaçant, parfois, certaines de leurs "manières de faire".
Ouvrage publié avec le soutien de l'Université Paris 8 (Laboratoire CEMTI, EA 3388.
Assurément, les crises donnent à penser - mais pas seulement sur les moyens à mettre en oeuvre pour les éviter ou pour en sortir. Elles nous interpellent dans notre capacité à trouver des solutions face à des difficultés inédites, à reposer autrement des problèmes que l'on croyait résolus ou à accélérer des évolutions que l'on avait seulement esquissées.
En un mot, elles conduisent à innover.
L'épidémie de Covid qui a débuté à la fin de 2019 en constitue un cas emblématique. Si elle a en un temps record déstabilisé le fonctionnement social, politique et économique des sociétés à une échelle planétaire, elle aura constitué aussi une occasion d'innover dans toute une série de situations. Cet ouvrage examine la manière dont se sont jouées la réaction, l'adaptation et la transformation face au virus, dans des domaines divers: l'expertise et la décision politique, les pratiques de mobilité, le petit commerce, le télétravail, l'organisation des institutions de santé, la culture, la communication sur les média sociaux...
Rédigé par des chercheurs en gestion, économie, sociologie, sciences de l'information et de la communication rassemblés dans l'Institut Interdisciplinaire de l'Innovation (i3), ce livre témoigne de la vigueur des logiques individuelles et collectives qui se sont manifestées dans la crise sanitaire, et de la variété même des formes sous lesquelles se présentent les phénomènes d'innovation.
Qu'est-ce que le numérique a fait à nos pratiques culturelles, à nos usages de la musique, des films, des séries, des livres, des jeux vidéo ? Ce livre montre comment les utilisateurs ont bricolé leurs pratiques et expériences pour s'adapter à ces nouveaux supports, sans se débarrasser nécessairement des objets : comment ont-ils fait pour les choisir, les manipuler, les stocker, les acheter, s'en débarrasser, gérer la profusion... L'auteur s'appuie sur une très riche enquête par entretiens, qui permet d'entrer dans la finesse des cas individuels, et par questionnaires pour découvrir des pratiques disparates et comprendre trois étapes particulières : le rangement-classement, l'exploration et la consommation.
L'approche, très novatrice, s'appuie sur la sociologie pragmatique, pour analyser les manipulations bricolées des utilisateurs. Au total, l'ouvrage redéfinit la notion même d'usage en montrant comment elle résulte à la fois des bricolages individuels, des cadrages par les dispositifs techniques, des interactions avec les proches.
Soigner à distance, telle est la promesse de la télémédecine, soudainement devenue une réalité pour nombre de professionnels de santé lors de l'épidémie de Covid-19. Jusqu'alors, sa mise en oeuvre paraissait difficile, voire entravée par des politiques sanitaires peu ambitieuses : il a fallu attendre septembre 2018 pour que les actes de téléconsultation soient remboursés par l'Assurance maladie. Ce lent développement de la télémédecine s'explique aussi par les bouleversements des pratiques professionnelles et de l'organisation des soins qui l'accompagnent. Pour beaucoup de praticiens, la télémédecine jouit, aujourd'hui encore, d'un statut fl ou et suscite des interrogations et des problèmes pratiques inédits qu'il importe d'élucider. Ce livre propose une analyse sociologique unique du développement de la télémédecine depuis les années 2010, en adoptant le point de vue des professionnels de santé qui l'expérimentent. Alexandre Mathieu-Fritz s'appuie en particulier sur deux terrains d'enquête : un dispositif de télémédecine reliant un hôpital gériatrique à un centre hospitalier universitaire et un dispositif extrahospitalier de téléconsultation en santé mentale. Il lève le voile sur le déroulement des consultations à distance, lors desquelles les praticiens sont privés d'éléments cliniques cruciaux fondés habituellement sur le toucher, la vue rapprochée et l'audition fine. Ils doivent se confronter ainsi à des transformations profondes de leurs activités et de la relation thérapeutique, mais aussi de la dynamique de la coopération entre professionnels.
À l'origine d'un regain du féminisme, le mouvement MeToo nourrit depuis 2017 une série de vagues d'indignation qui touchent toutes les sphères de la société. Déferlant sur les réseaux sociaux, les messages de colère contre les violences faites aux femmes ont frappé l'opinion publique, gagné les grands médias, bousculé l'agenda politique et conduit à de nouvelles mesures législatives et judiciaires. Ils se sont peu à peu étendus à d'autres causes bouleversant les institutions et les professions. En ligne, les féminismes contemporains réactualisent ainsi des combats anciens pour l'égalité des droits et ouvrent de nouveaux champs de subversion autour de la sexualité, des discriminations de genre et de race.
L'ouvrage, qui s'appuie sur une observation qualitative de collectifs et d'autrices indépendantes, propose une plongée dans le foisonnement du web féministe et dans ses retombées médiatiques et sociopolitiques. Le numérique est, en effet, une caisse de résonance et un levier de mobilisation. Expertes dans le recours aux dispositifs du web, les activistes produisent une multitude de contenus créatifs, s'approprient de nouvelles formes culturelles et témoignent des transformations sociales ainsi que de l'évolution des mentalités. La trame des féminismes est retissée à l'aune des évolutions technologiques et sociétales.
Le numérique a permis aux féminismes de changer d'échelle et de sensibliser un grand nombre de femmes non engagées. Toutefois, les rapports de domination patriarcale persistent dans toutes les strates de la société, la high-tech étant une chasse gardée quasi-exclusive des hommes. Le nouvel élan féministe, irriguant le web et d'autres espaces sociaux, marque néanmoins une étape cruciale de l'émancipation des femmes.
Le livre semble provenir d'une autre époque, celle de l'information linéaire, clôturée, paginée. Une époque où, faute de mieux, les contenus étaient soudés aux contenants, et où l'écrivain André Suarès pouvait voir dans le livre le dernier refuge de l'homme libre.
Sur les réseaux au contraire, l'information est discrète, évolutive, sécable et volatile, de sorte que l'Internet semble avoir été créé pour se défaire des livres et de leur pesante verticalité.
Mais alors qu'est-ce que cela veut dire : "un livre numérique" ? De quel droit, par quel miracle, un fichier informatique pourrait-il être un livre ?
Le standard sur lequel repose la création des livres numériques s'intitule "EPUB". Grâce à une exégèse de ce standard et à une description détaillée de son histoire et de son mode de gouvernance, l'auteur sonde les tenants et les aboutissants de la transplantation du livre dans un écosystème pourtant conçu pour contrevenir à ses principales caractéristiques informationnelles.
'Activité rationaliste de la physique contemporaine " Le surrationalisme " est un article de Gaston Bachelard qui occupe une place singulière dans sa production épistémologique. Publié en juin 1936, dans l'unique numéro de la revue Inquisitions, ce manifeste rédigé dans un style flamboyant défend la liberté de la raison face au conservatisme des habitudes de pensée. Le progrès de l'esprit en science, en art ou en politique, exige, selon Bachelard, une phase de " turbulence " et d'" agressivité " pour faire advenir la nouveauté.
80 ans plus tard, quelques uns des meilleurs spécialistes mondiaux de Bachelard se penchent sur les enjeux actuels du surrationalisme. Ils précisent l'originalité de la notion dans l'oeuvre du philosophe, en questionnent la portée dans les sciences, et en dégagent les implications pour repenser la place de la science dans la société. Cette réflexion aboutit à une épistémologie de la " raison créative " inspirant les recherches actuelles sur la conception innovante et les régimes de création.
Quand le préfixe " sur " promeut une expansion et une transgression des limites, le " rationalisme " rappelle à la rigueur et à la vigilance. Leur alliance forme une pointe, finement ciselée et précisément calculée, qui exprime les exigences quasi-paradoxales de toute invention. Comme Bachelard visait à éclairer le présent de la science en fonction d'un futur encore incertain, il s'agit aujourd'hui de créer des concepts neufs dont on ne peut encore garantir la validité mais qui peuvent orienter notre action en brisant les certitudes sur ce qui est possible ou impossible.
En revisitant les ambitions surrationalistes de l'épistémologie bachelardienne, ce livre tâche donc aussi de livrer des clefs pour penser l'avenir de la culture.
La sous-reconnaissance des maladies liées au travail constitue aujourd'hui, en France comme dans d'autres pays industrialisés, un fait social massif. Qu'il s'agisse de cancers provoqués par l'exposition à des produits toxiques, de troubles musculo-squelettiques induits par des postures répétitives ou par le port de charges lourdes, ou d'atteintes psychologiques associées à certains modes de management, les effets du travail sur la santé restent un problème insuffisamment pris en charge par les pouvoirs publics. Les dispositifs devant assurer leur reconnaissance et leur indemnisation ne fonctionnent pas de façon satisfaisante, rendant en grande partie invisibles les origines professionnelles de nombreuses maladies et décès.
Cette situation n'est pas nouvelle. Elle perdure depuis le début du XXe siècle malgré l'adoption, dans plusieurs pays occidentaux, de législations permettant d'indemniser les pathologies engendrées par les conditions de travail. Remarquablement résistantes à l'épreuve du temps, ces lois fondatrices structurent en effet toujours aujourd'hui le soubassement légal et épistémique de la reconnaissance des maladies professionnelles, continuant à s'avérer incapables de réparer correctement les maux du travail.
Cet ouvrage rassemble des contributions d'historiens et de sociologues qui étudient les raisons de cette inertie, et donnent à voir les causes de la sous-reconnaissance chronique des maladies professionnelles, depuis les débats fondateurs jusqu'aux controverses contemporaines sur les dégâts que le travail peut induire pour la santé physique et mentale. Ces recherches ouvrent des pistes de réflexion pour revoir les modalités de la réparation de ces dégâts, et sortir de l'impasse que ceux-ci, depuis plus d'un siècle, occasionnent pour la justice sociale dans nos sociétés.
Les accidents industriels majeurs sont rares, mais ils affectent leur environnement naturel et social comme nous l'ont rappelé la catastrophe d'AZF à Toulouse en 2001 et l'incendie de l'usine Lubrizol à Rouen en septembre 2019. De nombreux acteurs, internes et externes à l'entreprise, travaillent à la prévention de ces risques. Cet ouvrage présente les résultats d'une enquête par immersion au coeur de cinq entreprises de la chimie de spécialité. L'approche du quotidien de ces entreprises à risques est inédite, dans le monde académique, mais aussi dans les autres sphères de la société. L'ambition des deux auteur.e.s est par leur approche descriptive et ethnographique de donner à comprendre la complexité, à la fois sociale et technique, de ces entreprises industrielles. La prévention des risques industriels majeurs est un sujet difficile qui peut être abordé de diverses manières. Le croisement de la sociologie du travail, de l'emploi et de l'activité avec la sociologie des systèmes à risques permet une lecture originale de cette activité qui résulte de l'interaction entre de nombreux acteurs internes et externes à l'entreprise. Dans une perspective de sociologie publique, les deux auteurs se sont efforcés de rendre la lecture accessible à tout public.
La concurrence est omniprésente dans nos sociétés et semble s'imposer aux acteurs qui en subissent les effets. Et s'il en était autrement ?
Les auteurs de cet ouvrage invitent à changer le regard habituellement porté sur ce phénomène, pour s'interroger sur ses possibilités. Mettre en concurrence des individus, des produits, des services ou des organisations, ne va pas de soi. Cela suppose d'opérer des comparaisons et de les instrumenter, de préciser sous quel aspect les entités sont semblables ou dissemblables. Les acteurs ne restent pas passifs dans ces situations et doivent négocier, résister et s'interroger sur les bonnes conventions de mesure à adopter. Par-delà leur pertinence, c'est la légitimité des modalités de la compétition qui peut être discutée.
La perspective adoptée par l'ouvrage permet de parcourir une grande variété de terrains d'enquêtes (hôpital, industrie télévisuelle, marché du bio, musées, écoles de commerce, industrie high-tech, recherche, enseignement supérieur, secteur associatif), qui sont tous traversés par des luttes concurrentielles. Au fil des chapitres, la concurrence se révèle comme un processus collectif, aux mains de nombreux acteurs et dispositifs qui participent à la modeler, à l'organiser et à la faire évoluer sans parvenir nécessairement à la contenir.
Du primaire au supérieur, le système éducatif français est prisonnier de représentations sociales à la vie dure qui contrarient son efficacité. Ce ne sont pas tant les élèves, ni les étudiants, que le système tout entier qui est victime de décrochage. Ses performances sont en berne, en dépit des budgets colossaux qui lui sont consacrés. Ce sont donc bien les paradigmes qui le régissent qu'il faut infléchir, et de manière urgente, par des réformes de rupture qui le replacent dans un schéma de réussite.
Sur la base d'une analyse sans complaisance, mais qui souligne le caractère éminemment collectif des responsabilités, l'auteur suggère une refonte structurelle des finalités et de l'organisation scolaire et universitaire.
L'industrie mondiale se transforme en profondeur. Confrontée à une concurrence internationale toujours plus vive et, dans le même temps, à de nouvelles exigences sociales et environnementales, elle est également bouleversée par l'introduction de technologies de rupture (impression 3D, cobotique, automatisation, internet des objets, etc.) et, plus encore, par la diffusion très large de nouveaux outils numériques. La mise en place de cette "industrie du futur" permet de nouveaux modes de production et donc de fabriquer dans un temps plus court, plus proprement, parfois "sur mesure" à la demande des clients. Elle implique toutefois une réorganisation profonde du travail, une élévation des qualifications de tous les salariés, l'apparition de nouveaux métiers et de nouvelles exigences en termes de compétences.
Faisant la synthèse des publications les plus récentes sur le sujet, et s'appuyant sur une quarantaine d'auditions de chercheurs et d'acteurs de terrain (industriels, partenaires sociaux, acteurs de la formation...), cet ouvrage vient répondre à un certain nombre de questions. Quel sera l'impact de ces mutations sur la structure et la nature de l'emploi ? Peut-on anticiper les métiers de demain ? Comment les organisations et les modes de travail vont-ils évoluer ? L'appareil de formation professionnelle est-il bien équipé pour relever ces défis ? Quelles solutions mettre en oeuvre pour réussir cette transition ?
Cet ouvrage s'adresse aux cadres et dirigeants d'entreprises, représentants du personnel, formateurs, consultants et observateurs soucieux de l'enjeu de la transformation des compétences et des métiers industriels dans les prochaines décennies.