Sylvie Denis plante le décor d'un univers où le schéma classique de la fantasy est inversé :
Ceux qui ont des pouvoirs sont ceux qui sont soumis et terrorisés.
Dans une société proche de celle de la France à la veille de la Révolution, le sort des magiciens n'intéresse que quelques intellectuels contesta- taires. Les enfants dotés de pouvoirs magiques sont enlevés à leurs familles afin d'être éduqués à la Haute-École et contrôlés par la noblesse.
Au moment où le règne d'Urbain IV s'achève, Mérot l'Ancien, le directeur de la Haute-École, meurt et les complots se multiplient : marchands rêvant de pouvoir politique, soldats amers, pay- sans appauvris, magiciens asservis. Hérus Tork, qui intrigue pour succéder à Mérot, achève sa patrouille annuelle à la recherche des magi- ciens cachés. Lors de sa dernière halte il cap- ture Raoul des Crapauds, le fils d'un boulanger, mais ne repère pas Ian qui décide de partir vers la capitale à la recherche des magiciens clandes- tins...
Intrigues de cour, magiciens d'une puissance inouïe, personnages engagés pour un monde meilleur, Haute-École est un livre d'action et d'émotions intenses.
Recit de sciences sociales sur la condition des sans-papiers clandestins aujourdhui en France a travers lhistoire dune Azerie, originaire dArmenie, en France depuis 2006, apres une premiere tentative dinstallation en Allemagne de 2002 a 2005. Ce livre est le fruit de longs mois de reflexion avec Svetlana Grigorian sur les modalites de cette publication et de sept entretiens echelonnes sur six mois de lautomne 2010 et du printemps 2011.
Hacene Belmessous intervient comme narrateur, a la premiere personne, il commente la scene en cours et parfois lactualite en cours. Mais le dialogue ne reprend que la parole de Svetlana Grigorian, a de rares occasions celle de ses enfants et de quelques amis. Nous la rencontrons dans sept lieux choisis dun commun accord, trois fois chez elle, dans lespace public, au cafe a deux reprises, au restaurant, la ou elle fait le menage, chez une amie dont elle adore la maison. Autant dendroits qui fonctionnent comme declencheurs didees et de paroles specifiques : ils creent une intimite du discours, pas de la vie quotidienne. Et le tableau se forme de la vie dune femme clandestine en France et de la France face a elle. Cest dune femme instruite, entouree, mediatisee et accueillie dans un milieu social favorise dont nous ecoutons lhistoire. Tous les immigres clandestins nont pas cela. Elle semble vivre normalement puisquelle a des amis, travaille, part en vacances, a des enfants qui travaillent bien a lecole. Mais que choisit-elle ? Rien. Elle fait juste partie dun décor. Sa condition de sans-papiers la minorise au point detre dans une impasse : elle nous montre quelle est en train de mourir. LEtat français est remis en question dans ce livre a contrario de lidee generale de « la France terre daccueil », mais cela nous montre aussi la limite de lengagement dit citoyen, qui nait dune mobilisation du c½ur et ne sattaque pas aux pratiques redoutables du pouvoir sarkozyste à légard des sans-papiers.