Littérature générale
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Chants barbares se composent de 7 pièces. Elles peuvent être lues comme 7 actes, 7 chants, 7 tableaux... Plusieurs peuvent se monter ensemble, chacune peut être l'objet d'un seul spectacle. Monologues, pièces dialoguées, soliloques, récits : Chants barbares est un objet original, mêlant politique, musique et poésie. À l'image de son auteur, qui aime à mélanger les genres, Chants barbares surprend par son style éclectique. Tour à tour, il raconte l'esclavage, la misère, la trahison, l'amour, la rage. Chants, cris, appels à la révolte, hymne à la vie. Langue rythmique, propos aussi actuels qu'universels.
Par l'utilisation d'un imaginaire bien à lui, l'auteur nous fait entendre sa voix, ses voix et ses histoires prennent vie.
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Apoplexification à l'aide de la râpe à noix de muscade
Frédéric Ferrer
- L'archange minotaure
- 16 Novembre 2005
- 9782914453684
" Il y a 25 ans, sur le chemin de l'école, j'observais les gens. Et ceux que je croisais agissaient comme si de rien n'était. Ils me saluaient, me souriaient parfois, et continuaient leur chemin. Et plus ils agissaient de manière " naturelle ", plus j'étais convaincu qu'ils faisaient semblant, qu'ils trichaient, qu'ils avaient quelque chose à cacher. Ces modes comportementaux, presque identiques d'un individu à l'autre, étaient pour moi la preuve de l'existence d'une gigantesque organisation dont l'un des objectifs était de m'élever dans l'ignorance totale de la réalité. Dès que j'étais seul trop longtemps, l'organisation s'arrangeait pour que des êtres d'apparence humaine, fabriqués par eux, puissent venir naturellement à ma rencontre, afin que jamais je ne puisse douter d'appartenir à une communauté. Je savais que tout ceci n'était que mise en scène. Après les avoir croisés, je me retournais subitement pour les surprendre. Et sur le chemin de l'école, ces individus continuaient à faire semblant, comme s'ils avaient tout prévu, jusque dans la possibilité même de ce retournement. Je les voyais s'éloigner et je sentais bien qu'ils se retenaient de rire ".
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« Vous êtes mes témoins, en suivant la piste, j'ai flairé puis déterré des crimes plus vieux que vos enfants. Car sous ce toit vit ce choeur uni mais dissonant, qui jamais ne dit du bien d'autrui, ce choeur qui, ayant bu de larges goulées de sang d'homme, s'en trouve plus excité encore. Résidentes dérangeantes mais qu'on ne peut déloger : les Erinyes familiales.
Agrippées, comme la vermine, à chaque mur de la demeure, elles fredonnent l'ode au crime fondateur, puis vocifèrent à l'endroit du frère dont le lit devint cruel à celui qui osa le souiller.
Si je suis un archer, mon trait a-t-il atteint la cible, ou bien l'a-t-il manqué ? Suis-je une fausse devineresse qui va et radote de porte en porte ? Ne nie pas ce qui est.
Il t'est impossible de jurer que j'ignore quels crimes atroces ont été perpétrés ici même, sous ce toit, ces crimes sanglants qui dorment dans vos mémoires. »
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Quatre femmes - Pauline, Juliette, Lolita et Carla - habitent la même ville, la même banlieue, le même quartier populaire. Elles se croisent, se saluent, s'ignorent. Elles ne connaissent de l'autre que le commerce, le métier, la situation de famille, parfois le nom ou le prénom. Leurs chemins convergent, divergent et se séparent. Elles n'ont rien en commun, si ce n'est l'univers étriqué de leur quotidien et le rêve d'un amour absolu qui ne trouve pas sa place dans ce cadre étroit.
Le hasard par l'entremise d'une enveloppe égarée va réunir et bouleverser les destins de ce quatre femmes. L'enveloppe contient le test anonyme du virus du sida. Cette enveloppe qui porte en elle l'éventualité d'une trahison, d'un mensonge, d'un secret, cèle le mystère de son propriétaire et ouvre la voie à toutes les hypothèses.
En passant de main en main, cette enveloppe va semer le poison du doute, comme le virus instille la mort en utilisant les deux plus beaux vecteurs de vie!: le sexe et le sang.
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« La force d'une danse, c'est le temps nécessaire pour en énoncer les mots. Pour myth, de Sidi Larbi Cherkaoui, il m'a fallu un livre. Et si ces fragments d'histoires, ces échos des répétitions, ces tessons de vie, ces théories, ces emprunts, ces accidents, ces investigations, ces haïkus, ces dialogues imaginaires et autres évocations n'étaient ni plus ni moins qu'une forme de ratage? J'ai fini par conclure que je ne pouvais, en fait, que suivre le mouvement sans jamais parvenir à le définir. Mais dans l'intervalle, quelle aventure ! »
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Ce que nous désirons est sans fin
Jacques Descorde
- L'oeil du souffleur
- 2 Septembre 2016
- 9782918519171
Le fils : J'entends ta respiration profonde comme un gouffre sans fond. M'emmèneras-tu avec toi dans tes déambulations nocturnes, vers tes pays lointains exotiques, tes endroits étranges bondés de gens bruyants au teint blafard ? Je vois tes yeux rouler comme des billes sous tes paupières lourdes. Que vois-tu, dis-moi ? Des anges ? Des anges blancs ? Parles-tu aux anges blancs ? À ton ange gardien ? Pourquoi cet air, mon père ? Qu'est-ce qui t'effraie ? Hein ? Qu'est ce qui te fait peur, Monseigneur ? Nous sommes une terre brûlée, mon père. Nous sommes la boue, la merde et le limon. Nous sommes un arbre atrophié aux racines pourries, une rivière asséchée, un ciel dégueulasse. Nous sommes une mauvaise blague. Un sang noir de la colère. Un malentendu. Nous sommes un amour trahi. Tu es mon père et je suis celui que tu ne voulais pas.
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Le frère. __ la nuit n'existera plus. Jamais. Les chiens sont là, je les entends, ils me suivent à la trace. Se débarrasser de cette odeur. J'ai froid, mes vêtements sont trempés. Je n('ai plus peur. La nuit n'existera plus et ma bouche va s'ouvrir. le soleil se lève, les yeux me piquent. Quand je me suis enfui de la maison, je l'ai regardée une dernière fois sur sa balançoire. Anna. Chemisier ouvert sur trois boutons. Les seins offerts.
Ma petite soeur.
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L'homme qui regarde.
- Tu es fou. l'homme qui travaille. - Je suis vivant. Et l'avenir m'appartient ! (Il remplit son verre, le vide d'un trait, le remplit à nouveau et se remet au travail.) L'homme a besoin de boites pour ranger ses souvenirs, pour protéger ses rêves, pour semer ses projets, pour nourrir ses utopies. L'homme qui regarde. - Mais qui voudra de ces boîtes qui ne ressemblent à rien ?
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Ni les mots déchirés à son père, ni les supplications, ni son âge virginal / Ne sont parvenus à freiner l'ardeur des chefs de guerre. / Après une prière, le chef des chefs ordonna qu'on la saisisse et qu'on la porte à l'autel, / Pareille à une chèvre. / Elle, donne l'impression de vouloir s'enfouir sous sa robe, / Déploie ses forces de presque femme et racle de ses doigts, si fins qu'ils se disloquent et se retournent, la terre rêche, témoin de l'innommable. / Lui, commande qu'on l'arrache du sol, Qu'on verrouille ses lèvres délicates avec un bâillon, qu'on étrangle sa bouche, / De sorte que ses cris s'étouffent et que ses imprécations ne viennent pas salir la demeure familiale.
Poésie populaire, voix alternative, antisociale ou politique, le hip hop a depuis longtemps avec ses images, ses sons et ses propres mythes un rôle de perturbateur et de subversion comme l'eut la tragédie grecque en son temps.
Si Agamemnon et les Choéphores sont adaptées par D' de Kabal, les Euménides ont fait l'objet d'une totale réécriture. Les questions posées par Eschyle à travers cette histoire de vengeance, de malédiction et de jugement témoignent des mêmes interrogations que celles dont est porteur le rap et esquissent dans son dénouement les traits d'une communauté harmonieuse capable de traiter tous ses enfants de la même façon.
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Qui est donc cette femme mystérieuse qui s'incruste chez ce célèbre écrivain, un soir de réveillon de jour de l'an, tandis qu'il travaille sur un nouveau projet ? Et d'où vient-elle ? Par quel miracle sait-elle tout de lui, alors qu'il ne l'a jamais rencontrée auparavant ? Qu'a-t-elle donc à lui reprocher ? Pourquoi le pousse-t-elle dans ses derniers retranchements.
Tombera-t-il enfin le masque ?
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Paul : J'en ai assez de m'entendre traiter de parpaillot, de cul serré, de colonialiste, de peintre du dimanche, et que sais-je encore ! Je ne suis pas venu vous chercher, je ne vous ai rien demandé. Je voulais vivre cette dernière journée ici seul, sereinement, et.
Elle : . Et c'est ainsi que je vous imaginais pour cette improbable rencontre avec Issiakhem le flamboyant, le délirant, le provocateur et Kateb le poète écorché, le révolté, le cracheur de lave. Je rêvais pour vous d'une joute urticante mais c'était sans compter les dates de péremption qui altèrent les aspérités et les couleurs. Je vous aurais aussi aimés plus proches, plus présents. Mais je sais que la séparation est inéluctable et que le temps est venu. Les sirènes du port se font de plus en plus assourdissantes. Non, attendez, monsieur Guion ! Je voulais vous dire.
Paul : Oui ?
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la mère.
- alors c'est que vous n'avez jamais eu froid. vous êtes trop jeune. le froid, ça appartient au passé, comme les loups et les grandes familles. vous ne pouvez pas savoir ce que c'était, de traverser l'hiver des hautes terres avant qu'on y ait planté tous ces sapins qui ont, paraît-il, modifié le climat, l'ont réchauffé, ont échangé un peu de douceur contre la nuit des résineux et ont chassé les hommes, oui, une nuit maintenant sans légendes parce que sans personne pour dire l'hiver, pour écouter les morts et plaindre les vivants, non, plus personne...
(elle se lève, va à la fenêtre.) paul est en retard... ils sont tous en retard.
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Manifeste pour un théâtre musical populaire
Annaix, Kerr
- L'oeil du souffleur
- 15 Octobre 2009
- 9782918519010
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Borghese : La vérité, le juge Felice la découvrira, je n'ai aucun doute là-dessus.
Artemisia : Demain, il me fait subir le supplice de la Sibylle. Si je perds mes mains, c'est comme si je mourais...
Borghese : Pourquoi tu t'imposes cette épreuve? Renonces-y.
Artemisia : Pour innocenter Agostino ? Et rester déshonorée ? Et mon père aussi ? Je préfère mourir !
Borghese a un mouvement d'agacement.
Borghese : Ce procès est scandaleux. Malheur à celui par qui le scandale arrive ! Pour ce qui est de la vérité, nous l'aurons. La justice de notre Saint-Père sera sans défaillance... Artemisia : Pourquoi Agostino ne la subit-il pas, lui, la torture de la Sibylle ?
Borghese, avec une froide ironie: Hé ! Mais j'en ai besoin, moi, des mains d'Agostino !
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« C'est dingue comme chez les grandes personnes ça embraie vite. On est parti d'une chaîne de vélo cassée, ils ont fini sur la folie de la belle-mère et les urines de mémé. Peut-être que tout ça vient des hommes préhistoriques. J'ai donc été privé de télé pour une semaine. Je m'en fiche, j'ai une télé dans ma tête qui ne fait pas de bruit mais qui tombe jamais en panne. »
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Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit?
Patricia Dolie
- L'oeil du souffleur
- 15 Novembre 2013
- 9782918519119