rolin olivier
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En 1983, dans un livre acheté en Patagonie, je découvrais L'existence d'un pittoresque aventurier français de la fin du XIXe siècle.
Trafiquant d'armes, explorateur, chercheur de trésors, il avait mené en Terre de Feu une expédition qualifiée de « funambulesque ». Un quart de siècle plus tard, j'apprenais qu'il était aussi un ami de Manet. Le peintre d'Olympia avait fait de Lui un curieux portrait en chasseur de lions. Voici, romanesque et romancée, leur histoire croisée.
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Faire tenir le monde dans un livre, ou tout au moins une journée du monde, celle de l'équinoxe de printemps de l'année 1989 : telle est l'ambition de ce roman qui se veut à la fois réaliste et délirant.
Des milliers de personnages vivent et meurent dans ces pages, des centaines d'histoires et de lieux s'y croisent. projet absurde, mégalomane ? il se peut, mais l'auteur ne croit pas que la littérature soit faite pour être nécessairement raisonnable ou modeste.
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Cette histoire a autant de sources que le Nil qui filait devant moi, rasoir tranchant tranquillement mon oeil. Le Nil n'a pas de source, pas d'autre début que les nuages de l'équateur, les milliers de gouttes de pluie ruisselant sur le Ruwenzori, les montagnes de la Lune, les hauts plateaux d'Éthiopie, la rosée qui vêt de perles les collines d'Afrique, l'urine des animaux et des hommes, et même leurs larmes...
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De Buenos Aires à New York, de Tokyo à Helsinki en passant par Brive-la-Gaillarde : trente-neuf chambres d'hôtel, dans le monde entier, donnent lieu à autant d'histoires et permettent à de multiples figures de se croiser : femme fatale, ex-colonel de l'armée soviétique, boxeur et trafiquant d'armes, marin contrebandier, poète alcoolique, strip-teaseuse... Un roman où l'auteur, inspiré par Perec, explore toutes les figures possibles de l'emboîtement.
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Dans les souvenirs d'un homme qui aime les barmaids tournent des silhouettes de villes lointaines, des portraits de femmes émergeant de l'ombre, des évocations d'écrivains qu'il a connus.
Les émotions qui nouent parfois, assez mystérieusement, les charmes des lieux, des livres, des visages, voilà ce que j'ai essayé de transcrire. au demeurant, il s'agit tout de même, mine de rien, d'une histoire, que j'aimerais avoir racontée en empruntant quelque chose à l'art lancinant de la rengaine, à la sentimentalité ironique d'un tango. la scène est aux quatre coins du monde, mais surtout à buenos aires, sous la dictature, et en arrière-plan, tout près, il y a la violence politique et la mort.
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Dans une ville et un temps imaginaires, mais qui ne sont pas sans rapport avec nos lieux et notre histoire, un homme se souvient de quelques autres, d'une femme, et d'événements révolutionnaires à demi légendaires qui les ont liés autrefois.
Mais il n'est pas interdit de penser - et ici phénomène futur se veut une parabole de la rêverie littéraire que ces personnages ne sont que les différentes figures de la mémoire d un seul, qui a aimé une femme dont la beauté demeure l'ultime évocation possible, la ville tombant insensiblement, à mesure que la vie du narrateur va vers sa fin, dans un état de barbarie et de servitude.
Le premier roman d'olivier rolin, dont l'écriture dense et variée s'est affirmée comme l'une des plus intéressantes de notre littérature contemporaine.
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Naviguant vers les îles Éparses du canal du Mozambique, je fais deux voyages en un seul. L'un me mène vers l'éblouissement d'une nature presque vierge : poissons aux couleurs et dessins extravagants, tortues marines, crustacés chamarrés et biscornus, grands papillons migrateurs, vols stridents de milliers d'oiseaux... profusion inouïe, fantasmagorie de formes baignées dans les « bleuités, délires » qu'évoque le poème le plus connu de Rimbaud. Intérieur et ironique, moins exaltant, l'autre voyage est presque le contraire du premier : passager insolite à bord d'un bateau dont les marins ont l'âge parfois d'être mes petits-enfants, ce n'est pas seulement vers les îles que je navigue, mais vers l'état fragile et un peu ridicule de vieux. Habitué à mon apparence, je ne me suis pas vu me transformer en cet être de papier mâché en qui les autres identifient immédiatement un semi-vivant. L'océan Indien sera pour moi la mer de la Sénilité... Parfois cela m'amuse, pas toujours - j'espère en tout cas en faire sourire le lecteur.
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On habite un très vieil appartement, on y a passé la moitié de sa vie, entassé un prodigieux bric-à-brac, journaux, lettres, photos, livres surtout, des livres partout - et puis un jour on est viré, il faut prendre ses cliques et ses claques. Les livres évoquent les lieux et les temps où on les a lus, la bibliothèque devient lanterne magique. Les histoires se bousculent, des paysages se déploient, sortis de l'oubli. O.R.
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La Maison du Chat-qui-pelote et autres nouvelles
Honoré de Balzac
- Folio
- Folio Classique
- 29 Août 2024
- 9782072947698
Augustine Guillaume, fille de marchands de drap à l'enseigne du Chat-qui-pelote, tombe amoureuse d'un peintre, Théodore de Sommervieux : coup de foudre, mariage... et après ? Le Bal de Sceaux (1830) raconte les déboires amoureux d'Émilie de Fontaine, cadette d'une famille noble qui a décrété qu'elle n'épouserait qu'un pair de France. Émilie rencontre au bal un jeune homme qui a tout du prince charmant... mais l'épousera-t-elle s'il n'est pas duc et pair ? Dans La Bourse (1832), de jeunes amants promis au bonheur sont séparés par un soupçon de vol. Entre romance sentimentale et conte moral, Balzac interroge ici la question du choix amoureux. Il met au jour le risque des unions mal assorties, les maux de l'orgueil et des préjugés, le piège des apparences et des associations par intérêt. Ce volume réunit les trois premières nouvelles de La Comédie humaine, dans l'ordre voulu par Balzac.
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Les villes que nous connaissons, où nous aimons errer, sont celles à demi imaginaires qu'ont bâties les écrivains, avec leurs perspectives et leurs avenues et leurs quais de mots, leurs coupoles et leurs colonnes de mots, et aussi leurs poubelles, égouts, remugles et décharges de mots. Celles qu'ils ont peuplées de leurs personnages, si étrangement vivants qu'on tombe parfois sur eux à l'improviste, et c'est comme si une rencontre espérée depuis longtemps advenait enfin. Propos de rêveur, dira-t-on?? Certes. On lit un de ces livres dont une ville est le lieu et puis, débarquant un jour pour la première fois, on constate que rien n'a changé depuis qu'on n'y est jamais allé.
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Je suis la fille de Robert Linhart, fondateur du mouvement maoïste en France et auteur de L'Établi. Mon père, figure marquante des années 1968, en est aussi l'une des plus marquées. Depuis 1981, après une tentative de suicide, il a opté pour le silence. Afin de comprendre ce qu'il avait vécu, je suis partie à la recherche de ses anciens compagnons. En chemin, j'ai découvert leurs enfants. C'est en les écoutant parler qu'ont resurgi les images que j'avais cru perdues à jamais ; l'étrangeté, la gaieté et la violence de cette enfance-là, son caractère irremplaçable aussi.
V. L.
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«Ceux devant qui se sont dressés, sous l'éclatant ciel bleu de juin, ces deux effrayants chefs-d'oeuvre de la guerre civile, ne les oublieront jamais» : Victor Hugo, dans un chapitre des Misérables, évoque ainsi les deux plus formidables barricades de l'insurrection parisienne de juin 1848, dont il fut un témoin et même un acteur. À la tête de l'une un «gamin tragique», ouvrier mécanicien, derrière l'autre un géant truculent, ex-officier de marine. Emmanuel Barthélemy, l'ouvrier, et Frédéric Cournet, le marin, ne sont pas des personnages de fiction, ils ont réellement existé. Ils ont beau se battre du même côté en ces jours de sang, ils vont devenir des ennemis mortels. Hugo résume leur destinée furieusement romanesque en quelques lignes qui m'ont donné envie de reconstituer du début jusqu'à la fin, de Paris à Londres, l'histoire croisée de ces deux figures oubliées des révolutions du dix-neuvième siècle. On y voit des barricades, le bagne, des évasions, un coup d'État, un duel à mort, plusieurs meurtres, le gibet, et des comparses comme Karl Marx et Napoléon III. Et Hugo lui-même, excusez du peu. C'est ce livre. O.R.
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« Il n'y a pas de bout du monde mais certains lieux, pour lesquels j'éprouve une incontestable attirance, sont tout de même plus susceptibles que d'autres de recevoir cette appellation. » De la Sibérie à la Chine, en passant par le Portugal ou le Soudan, Olivier Rolin nous fait découvrir sa géographie personnelle. Il redonne vie aux femmes et aux hommes qui ont croisé sa route. Sans oublier les écrivains qui l'ont accompagné dans ses pérégrinations : Chateaubriand, Hugo, Pessoa, Kafka, Borges, Proust... L'anecdote voisine avec des événements plus graves, guerres, catastrophes.
À travers ses rencontres, l'auteur de Port-Soudan rend un hommage vibrant au monde et à sa beauté.
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Martin raconte à la fille de son meilleur ami, mort depuis longtemps, ce que fut leur jeunesse à la fin des années 60, une époque où l'on croyait dur comme fer à la Révolution. Au Vietnam la « guerre du peuple » défaisait la puissante Amérique, la Chine était rouge pour l'éternité, le Che plus grand mort que vivant, les impérialistes étaient des tigres en papier. C'était dans la nuit des temps...
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Son domaine c'était les nuages. Sur toute l'étendue immense de l'URSS, les avions, les navires, les tracteurs avaient besoin de ses prévisions. Dans la conquête de l'espace commençante, ses instruments sondaient la stratosphère, il rêvait de domestiquer l'énergie des vents et du soleil, il croyait « construire le socialisme ». Jusqu'au jour de 1934 où il fut arrêté comme « saboteur »...
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La folie Almayer
Joseph Conrad, Odette Lamolle, Olivier Rolin
- Folio
- Folio
- 12 Octobre 1999
- 9782070410651
Annotations de Raymond Las Vergnas. Nouvelle édition
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« J'avais prolongé mon séjour à Veracruz tant qu'elle avait été là - je l'aurais prolongé jusqu'à la fin du monde, s'il n'avait tenu qu'à moi. Maintenant qu'elle avait disparu, je le prolongeais dans l'espoir de la retrouver, ou au moins d'apprendre quelque chose sur les raisons de sa disparition.
Un jour, un pli me parvint à l'hôtel, expédié par la poste, ne comportant aucune indication de provenance, aucun mot d'accompagnement. Il contenait les quatre récits, brefs et terribles, qu'on va lire. »
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5 000 kilomètres en train au long de la ligne Baïkal-Amour (BAM) qui traverse la Sibérie orientale pour finir sur les rives du Pacifique, tel est le voyage entrepris par Olivier Rolin dans l'histoire de la Russie et sa géographie démesurée. L'auteur y croise des vies, partage des histoires, et connaît la mélancolie des villes de pionniers à demi abandonnées dans l'immensité où survit encore la mémoire des milliers de déportés qui construisirent cette ligne au prix de leur vie.
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" c'est à port-soudan que j'appris la mort de a.
Les hasards de la poste dans ces pays firent que la nouvelle me parvint assez longtemps après que mon ami eut cessé de vivre. un fonctionnaire déguenillé, défiguré par la lèpre, porteur d'un gros revolver noir dont l'étui était noué à la ceinture par une lanière de fouet en buffle tressé, me remit la lettre vers la fin du jour. (...) comme presque tous ceux qui survivaient dans la ville, son office principal était d'ailleurs le racket et l'assassinat.
Comment s'était-il procuré le pli, je l'ignore. peut-être l'avait-il volé à la mort elle-même. "
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« Fleuves géants, déserts glacés, taïga sans limites, températures extrêmes : en Sibérie, la géographie n'y va pas de main morte. L'Histoire non plus, qui en a fait la terre des bagnards et des déportés, l'un des noms du Malheur au XXe siècle.
On peut pourtant trouver un charme secret à cette partie du monde que désigne assez bien le vieux mot de solitudes, et qui est comme le grand large sur terre. C'est mon cas.
Les chroniques ici réunies témoignent à leur façon d'une inclination contre-nature... » O.R.
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" c'était il y a juste dix ans, et il semble qu'un siècle ait passé.
Le drapeau rouge flottait encore de l'elbe au détroit de béring, l'armée de la même couleur faisait encore trembler l'europe, lénine foudroyait, de ses millions de regard de bronze, la moindre place de bourgade sur un sixième des terres émergées. ces impressions d'un voyage à travers un pays disparu, l'urss, ne prétendent être ni un essai, ni même une enquête au sens journalistique du terme. j'aimerais pouvoir penser qu'il s'agit d'une promenade poétique.
Des esquisses de choses vues, une série d'instantanés - ce qui ne veut pas dire, je l'espère, des clichés. " o. r.
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Anna, la cinquantaine, emménage dans sa nouvelle maison au bord de la mer. Son salon est envahi de cartons qui renferment mille objets, et autant de souvenirs... Un soir, Anna les ouvre, les uns après les autres, et c'est tout son passé qui refait surface, peuplé des êtres, vivants ou disparus, qui ont le plus compté pour elle : ses parents, ses trois filles et leurs pères. Chacun d'entre eux vient, à sa manière, lui rendre visite et évoquer les bons moments, les non-dits, les drames. La nuit passe, à discuter, se disputer, rire, se comprendre enfin, se pardonner peut-être... Au petit matin, Anna, en paix avec elle-même, reprend espoir et marche vers une nouvelle vie...
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En 2004, dans son roman Suite à l'hôtel Crystal, Olivier Rolin mettait en scène son suicide dans une chambre d'hôtel de Bakou. Six ans plus tard, et malgré les mises en garde de ses amis, il décide de se rendre dans la capitale azérie pour affronter ce destin imaginaire. Il y découvre une ville pleine d'histoires et de contradictions, où derricks, minarets et faux palais vénitiens voisinent paisiblement aux abords de la mer Caspienne. Notes de voyages, souvenirs et réflexion littéraire se mêlent dans ce texte atypique, journal d'un séjour qui aurait dû être le dernier.
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Ce livre regroupe les photos prises par Vincent Perez lors des quatre voyages qu'il a faits en Rus- sie avec Olivier Rolin, au cours des années 2016 et 2017 : d'Arkhangelsk au nord à Astrakan au sud, de Saint-Pétersbourg à l'ouest à Oulan-Oude à l'est, le photographe et l'écrivain, amoureux tous les deux de la Russie d'aujourd'hui, nous livrent, comme dans un carnet de voyage, une vision sensible du pays des tsars...
Vincent Perez propose ici une galerie impression- nante de portraits d'une intensité saisissante : des menuisiers, paysans, pêcheurs, agriculteurs côtoient des cosaques, artistes, chômeurs, et même un cha- man, deux chiens et une tête de poisson... Quelques paysages...
Quant à Olivier Rolin, cherchant à « confronter les mots à l'oeil du photographe », il décrit, raconte, déploie tout à tour anecdotes, descriptions et don- nées historiques.
Au final, le regard du photographe et la plume de l'écrivain se mêlent et, à la manière d'un récit de voyage, saisissent l'atmosphère et parfois même, lorsque le « poeinochnik » (vent de minuit) souffle, la température de ce pays de glace et de feu.