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jerome leygat
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Campagne de France (1944-1945) ; la libération par l'armée d'Afrique
Jérôme Leygat
- Etai
- Histoire Militaire Etai
- 3 Septembre 2013
- 9782726897164
Les rudes combats de Tunisie de 1942 à 1943 ont été une résurrection pour l'armée française d'Afrique, car ils ont effacé un moment des esprits le spectre de la défaite de 1940. En mai 1943, cette armée encore dépenaillée de soixante mille hommes défile dans Tunis en tête des armées américaine et anglaise. Après l'euphorie de cette victoire alliée comparable en tout point à celle de Stalingrad, les dangereux ferments de la discorde franco-française divisent encore pourtant les Français libres (gaullistes) de 1940 et les "Africains" (légitimistes) de 1942. Mais la campagne d'Italie va commencer. L'armée d'Afrique y joue encore un rôle de premier plan et l'amalgame tant souhaité par son chef brillant, le général Juin, se réalise lors de maints combats, tous victorieux, contre un ennemi commun. Ses cent vingt mille goumiers, spahis et tirailleurs, principalement marocains, algériens, tunisiens et sénégalais, se battent aux côtés des Français réconciliés, alors leurs égaux, pour restaurer leur empire brisé, dans le fol espoir pour ceux qui en ont conscience, d'y voir enfin établi en reconnaissance de leurs combats livrés, une nouvelle ère de justice sociale, comme celle existant alors dans cette petite armée française de transition.
En juin 1944, pour tous ceux qui défilent sous les vivats dans Rome libérée, la victoire est belle et laisse présager le meilleur à venir. Mais le même jour, le débarquement anglo-saxon en Normandie relègue soudain au second plan ce théâtre d'opérations italien qui doit être abandonné par les Français dès la mi-juillet. Un mois plus tard, rassemblés sur les cargos et paquebots d'une armada franco-américaine voguant en direction du continent, ces "Africains", sous le nouveau commandement du général de Lattre de Tassigny, constituent une véritable armée moderne, forte de sept divisions d'élite regroupant déjà deux cent soixante-cinq mille hommes parfaitement équipés.
Ils débarquent dès le 15 août dans le Sud de la France et vont découvrir, pour la plupart, cette métropole mythique et inconnue, au fur et à mesure de leurs engagements douloureusement victorieux. Ils supporteront, presque à eux seuls, côte à côte avec l'armée américaine, l'essentiel de sa libération, de la Provence à l'Alsace jusqu'au franchissement de la frontière allemande, le 19 mars 1945.
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Campagne de Tunisie ; 1942-1943 ; une épopée oubliée de l'armée d'Afrique
Jérôme Leygat
- Etai
- 10 Février 2011
- 9782726894743
Le dimanche 8 novembre 1942, une armada anglo-américaine se présente devant les plages et les ports de l'Afrique française du Nord situés à l'ouest du méridien d'Alger. Tiraillée entre son serment de fidélité au maréchal Pétain et l'obligation évidente de reprendre le combat avec ces forces alliées seules à même de libérer la France occupée et son Empire sous contrôle, l'armée d'Afrique va tout de même combattre cette «invasion» pendant trois longs jours, déchirée entre les ordres et contre-ordres de ses officiers généraux vichystes ou «dissidents». Le 9 novembre, profitant de ces atermoiements sanglants, les armées allemandes et italiennes de l'Axe débarquent en Tunisie et commencent d'investir en force ses principaux ports et aérodromes. Le 11 novembre au matin, l'armée d'Afrique cesse ces combats absurdes et se range enfin tout entière au côté des Alliés. Le 19 novembre, une semaine plus tard, mais une semaine trop tard, tant à cause de la «résistance» initiale française aux débarquements anglo-saxons que des errements stratégiques du haut commandement allié, qui a négligé d'investir dans un même mouvement les côtes tunisiennes, l'armée d'Afrique reprend le combat contre ses seuls véritables ennemis depuis l'armistice dramatique de juin 1940 : l'Allemagne hitlérienne et l'Italie mussolinienne. La campagne de Tunisie commence. Son histoire étrangement ignorée aujourd'hui marquera pourtant la renaissance de l'armée française après trois années d'humiliation. Pour l'Axe chassé d'Afrique, cette bataille acharnée sera aussi longue et dévastatrice que la bataille de Stalingrad et signalera à sa suite, en un parfait fondu enchaîné, selon le mot de Churchill, le début de sa fin.
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Le 13 mai 1943 marque la fin de la campagne de Tunisie. L'Allemagne et l'Italie sont définitivement chassées d'Afrique. Deux mois plus tard, la Sicile tombe à son tour et précipite la chute de Mussolini. L'Italie tout entière met bas les armes. A partir du 9 septembre, son invasion commence doublement. Une armée allemande la traverse du nord au sud, tandis que des armées anglo-saxonnes débarquent à Salerne et à Tarente. Un mois plus tard, Naples est investie par les Alliés, tandis que les Allemands se retranchent dans le massif des Abruzzes, le long d'une ligne de défense dénommée Gustav, qui s'étend de la mer Tyrrhénienne à la mer Adriatique et barre les principales voies d'accès à Rome, et donc au reste de l'Italie et de l'Europe. Remarquablement organisée par le maréchal Kesselring, elle va permettre de stopper net les armées anglo-saxonnes dès la mi-novembre 1943. Un mois plus tard, un corps expéditionnaire français (CEF), commandé par le général Juin, est appelé en renfort et prend enfin sa part des combats. Ses succès immédiats vont permettre à cette petite armée française d'Afrique (65 000 hommes) d'occuper rapidement un secteur autonome et de s'y couvrir de gloire tout au long de l'hiver, au contraire de ses alliés anglo-saxons qui s'épuisent devant Cassino en vaines offensives. Au printemps, le haut commandement allié, désemparé, adopte enfin la véritable manoeuvre d'armée que le général Juin lui présente depuis des mois. Le 11 mai 1944, une offensive générale est lancée. Elle va conduire irrésistiblement le CEF, et les Alliés à sa suite, de Cassino à Rome, puis jusqu'en vue de Florence le 22 juillet. Des impératifs politiques et logistiques éteindront là cette épopée que le général Juin comptait poursuivre, tel Napoléon, jusqu'à Vienne et, au-delà, jusqu'au coeur de l'Allemagne. Et le retentissant débarquement du 6 juin 1944 oblitérera alors pour longtemps des mémoires des Français la geste unique de cette armée française d'Italie, de ces «Africains» de toutes origines, pourtant héroïques et victorieux et qui vont rétablir à eux seuls la France dans sa grandeur passée, parmi les cinq vainqueurs de ce conflit mondial.
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Voici le récit d'un morceau de l'histoire française. Au lendemain du désastre militaire et civil de juin 1940, exaspéré par al résignation ambiante, George Leygat, jeune étudiant en droit âgé de 19 ans, quitte clandestinement la France pour le Maroc, sans billet de retour possible. En novembre 1942, les Anglo-Américains, débarquant enfin en Afrique du Nord, il va participer à leurs côtés, en première ligne, au sein d'un régiment d'artillerie de l'armée d'Afrique, " sans jamais une défaillance et avec un merveilleuse bonne humeur ", comme le dira le général Guillaume, aux campagnes de Tunisie, d'Italie, de France, d'Allemagne et d'Autriche. Dans une indifférence quasi générale de la métropole, ces " Africains " de toutes origines vont s'y couvrir de gloire. Rappelons simplement que grâce à cette épopée victorieuse " oubliée ", la France va retrouver in extremis son rang au sein du nouveau Conseil de sécurité des Nations unies et le " droit de veto " réservé aux cinq vainqueurs de ce conflit. Un témoignage vivant, raconté par son fils, d'une " jeunesse française " sans compromission, d'une " certaine idée de la France ", aussi, à mille lieues de toutes idéologies et de toute haine de soi.