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antonio arevalo
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Tôt le matin, quand le soleil ne brûle pas encore le sable du « Coso del Pino » et que l'air salé du Guadalquivir rafraîchit les corps, ils s'entraînent ensemble : humbles et glorieux ils ne ménagent pas leurs peines. Chacun pousse le carretón pour l'autre, indifférent à son rang. Là se forgent les destins : ceux qui déchargeront les caisses de poissons au port de Bonanza ou qui défileront à la Maestranza.
Au milieu du ruedo, Emilio, avec humilité, éternellement dessine la même véronique, le torse luisant de sueur. Comme ses amis, ses frères de Sanlúcar de Barrameda, il vivait lui aussi dans le dénuement et la solitude, anonyme et sans perspective, mais habité par la foi en lui-même. Comment a-t-il brisé le mur de l'indifférence ? Pourquoi lui et pas les autres ? Quelles furent les épreuves qu'il dut traverser pour s'extraire du « montón » où tant finissent ? Quelles mains secourables se sont tendues ? Quels ont été ces moments de doutes et de souffrances ? Quel a été le rôle de la France dans son ascension ? Et que sera demain pour Emilio ?
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Le parcours de chaque torero est singulier. La vie de chacun d'entre eux est exemplaire. Toujours il y a un enseignement à tirer de leur expérience. Une leçon pour notre quotidien.
Curro Díaz n'échappe pas à cette règle. Aimé des aficionados les plus éclairés, il a su se faire une place auprès du grand public sans rien changer de sa tauromachie exigeante, profonde et élégante. Il a toujours suivi sa ligne, son idéal artistique sans faire de concessions à qui que ce soit, avec une conscience aigüe de ses objectifs devenus désormais sa marque de fabrique.
S'il est aujourd'hui un des toreros préférés de l'aficion française, un torero de Madrid surtout, son chemin ne se fit pas sans souffrances morales ni douleurs physiques. Grâce à l'enquête d'Antonio Arévalo, on mesure ce qu'il aura fallu au torero de Linares de détermination et de courage pour arriver au premier plan. Curro est sans aucun doute un exemple car il montre que l'on peut se placer aux avant-postes de la toreria sans avoir recours systématiquement aux subterfuges classiques comme le choix de ces ganaderias dîtes commodes qui assurent des succès souvent éphémères. Comme il le dit, il ne choisit pas, il prend. Chose rare aujourd'hui.
On ne devient pas torero en un jour et le temps de la maturité peut même être très long. Curro a emprunté ce long et pénible chemin qui mène aux avant-postes. Mais en artiste sincère et lucide, il n'a pas d'amertume sur ce long apprentissage semé de chausse-trappes. C'est donc ce torero précieux qui se raconte ici sans langue de bois. C'est l'âme mystérieuse et fascinante d'un de ces hommes hors du commun qui se dévoile.
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Il a toujours eu le « duende », cette grâce innée des artistes qui provoque l'émotion la plus profonde, le olé le plus rauque, celui qui sort des tripes. On lui avait prédit une ascension fulgurante après s'être illustré comme l'un des novilleros les plus talentueux de ces derniers lustres. Mais la conquête s'est faite plus lentement, la fougue initiale a été canalisée et le torero a atteint petit à petit la maestria.
La beauté de sa gestuelle s'est épurée et le décryptage de la construction de ses faenas est un régal pour l'aficionado. Alliant art et technique, Daniel Luque est devenu un virtuose qui crée avec une facilité apparente. Jeune et ambitieux, il a déjà triomphé dans les plus grandes arènes de la planète taurine mais il tient à marquer son époque.
Nous l'avons rencontré hors-saison pour qu'il nous confie ses rêves et secrets, ce qui le porte et ce qui l'a fait douter. Il est probablement l'un des matadors les plus armés pour prendre la relève des grands toreros qui devraient quitter bientôt l'arène.
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Dans la saga de la tauromachie française, Robert Margé occupe une place essentielle et singulière. Pour trois raisons qu'Antonio Arévalo, dans son livre, nous montre avec sagacité : Robert Margé fut d'abord l'un des pionniers de l'élevage de toros braves en France. Parti de rien, il en est devenu en quelque sorte le porte-étendard avec des succès inespérés si on considère le nombre de ses toros graciés et surtout sa récente consécration madrilène lui permettant d'obtenir l'ancienneté, ce « graal » de tous ceux qui se lancent dans l'aventure ganadera. Ensuite Margé empresario fut celui qui mit les arènes du Plateau de Valras sur le rail du succès, contribuant à faire de Béziers une référence mondiale sur la planète des toros. Enfin, Margé apoderado permit, par sa perspicacité et surtout sa générosité, de faire éclore le plus grand torero que la France n'ait jamais eu : Sébastien Castella. Le témoignage de ce dernier reccueilli ici est, à cet égard, très touchant. Reste Robert l'aventurier, l'ami du riche comme du pauvre, le personnage chaleureux et empathique qui nous est présenté dans cet ouvrage : Un destin intimement lié au toro de combat et à la tauromachie française à découvrir.
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Marie Sara est issue d'une famille d'artiste, elle a côtoyé des écrivains de renom comme Aragon, et fréquenté les meilleures écoles. Rien ne la destinait à devenir torera. Elle ne montait pas à cheval, ne connaissait personne dans le milieu et surtout elle était une femme, française de surcroît, ce qu'il y a trente ans augurait d'un échec certain. Dans ce contexte son combat était loin d'être gagné mais c'était mal connaître cette fille singulière douée d'un caractère tenace. Marie va toréer dans les arènes du monde entier, les plus prestigieuses comme les plus modestes. Ce livre retrace l'aventure incroyable d'une femme française qui a su séduire son public. Marie a aujourd'hui quitté le centre de l'arène mais elle est devenue représentante de toreros à cheval, organisatrice de corridas et éleveur de taureaux. Une expérience unique, une vie étonnante qu'elle partage avec nous au travers de ces conversations avec la sincérité et la passion qui la caractérisent.
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