Depuis vingt ans, le droit de la non-discrimination a été largement étoffé. La qualification de "discrimination" est aujourd'hui utilisée pour dénoncer de nombreuses inégalités de traitement.
Mais qu'en est-il de ses usages réels ? Pourquoi et comment des individus décident-ils de dénoncer des discriminations devant les tribunaux ? Quelles difficultés rencontrent-ils ?
Ce livre s'intéresse à l'appropriation de cette catégorie de discrimination dans les contentieux du travail. À partir d'une approche ethnographique auprès de plaignants et d'intermédiaires du droit (CGT et SOS Racisme), il retrace le parcours difficile des victimes devant les prud'hommes et les stratégies développées pour rendre ce droit plus efficace.
Prenant appui sur les apports d'une sociologie pragmatique du droit, l'ouvrage montre comment les normes juridiques sont capables de rétablir ponctuellement la justice au travail.
Faire du droit un véritable levier pour l'égalité dépendra de la capacité des organisations militantes à concilier la grammaire juridique avec le souci des victimes et un horizon transformateur des pratiques sociales.
Que faire du droit quand on est sociologue du travail ? Quelle place lui laisser à? côté? des pratiques et normes informelles ? Longtemps négligé?car considéré?comme relevant des seuls juristes, les évolutions récentes du travail et des modes de régulation rendent plus que jamais l'étude sociologique du droit du travail indispensable. Que ce soit pour analyser ses évolutions, la façon dont il participe à la constitution des relations de travail, dont il est utilisé, critiqué, détourné ou ?évite , l'analyse sociologique du droit du travail permet d'appréhender plus globalement l'évolution du travail et de ses règles.
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À partir d'analyses générales et d'études de cas empiriques, ce livre collectif démontre l'acuité et la pertinence du regard sociologique pour expliquer l'évolution et les pratiques sociales du droit du travail.
Il invite à?dépasser l'opposition entre normes formelles et informelles pour comprendre comment le droit, tel que les travailleurs et employeurs se l'approprient, participe à l'ordre social. Au-delà de la seule sociologie, il offre un point de vue original et stimulant sur les bouleversements en cours des mondes du travail et la remise en cause de son droit.
Jusqu´aux années 1990, le terme de discrimination syndicale n´était pas une catégorie utilisée par les syndicalistes pour décrire leurs relations avec les employeurs. Les faits de répression syndicale et le délit d´entrave à l´action syndicale étaient déjà prohibés par le code pénal et le code du travail. Mais les effets de l´engagement syndical sur la situation professionnelle des individus étaient souvent banalisés et tolérés par les syndicalistes eux-mêmes. Ces derniers considéraient souvent la « placardisation » ou le ralentissement de carrière comme le prix à payer de leur engagement syndical et parfois politique. Si les syndicalistes peinent encore à se reconnaître comme discriminés, notamment du fait du caractère plus ou moins visible des formes de répression ou stigmatisation subies, l´évolution de la législation antidiscriminatoire et la croissance des contentieux, notamment menés par la CGT, ont contribué à une prise de conscience de leurs droits.