Les analyses proposées dans cet ouvrage s'articulent sur la définition centrale que l'auteur donne du capitalisme des monopoles généralisés : les monopoles sont désormais dans une position qui les a rendus capables de réduire toutes les activités économiques au statut de sous-traitants. Ce concept de capitalisme des monopoles généralisés permet de situer la portée des transformations majeures concernant la configuration des structures de classe et les modes de gestion de la vie politique. La perte de contrôle du conflit qui oppose la financiarisation indissociable de la domination des monopoles et la poursuite de la croissance économique, l'implosion du système européen, l'émergence de pays du Sud et la paupérisation accélérée sont analysés dans ce cadre global. Mais faire coïncider un authentique « printemps des peuples » avec l' « automne du capitalisme » annoncé par l'implosion du système exige à son tour de l'audace dans la pensée et l'action.
Les grandes révolutions font l'histoire ; les résistances conservatrices et les contre-révolutions ne font qu'en retarder le cours. La Révolution française a inventé la politique et la démocratie modernes, la Révolution russe a ouvert la voie à la transition socialiste, la Révolution chinoise a associé l'émancipation des peuples opprimés par l'impérialisme à leur engagement sur la voie du socialisme.
Ces révolutions sont grandes précisément parce qu'elles sont porteuses de projets fort en avance sur les exigences immédiates de leur temps. Et c'est pourquoi elles se heurtent dans leur progression aux résistances du présent à l'origine des reculs, des « thermidors » et des restaurations. Les ambitions des grandes révolutions, exprimées dans les formules de la Révolution française (liberté, égalité, fraternité), de la révolution d'Octobre (prolétaires de tous les pays unissez-vous), du maoïsme (prolétaires de tous les pays, peuples opprimés, unissez-vous) ne trouvent pas leur traduction dans la réalité immédiate. Mais elles demeurent les phares qui éclairent les combats toujours inachevés des peuples pour leur réalisation. Il est donc impossible de comprendre le monde contemporain en faisant abstraction des grandes révolutions.
Marx s'était proposé de traiter de l'économie capitaliste mondiale dans un volume VI du Capital, qui n'a jamais vu le jour. De ce fait, les marxismes historiques, largement confinés dans l'exégèse des écrits de Marx, ont éliminé de leur programme la réflexion, pourtant indispensable, sur la mondialisation de la loi de la valeur. Samir Amin tente dans cet ouvrage de combler cette lacune et propose une analyse de la transformation de la loi de la valeur en loi de la valeur mondialisée. Il dégage ainsi les fondements théoriques de la polarisation produite par l'expansion mondialisée de la domination du capital.
Samir Amin a entrepri de déconstruire de façon les concepts de « développement » et « sous-développement » vulgarisés par les théories économiques conventionnelles. Chemin faisant, il a développé des thèses audacieuses et originales qui ont fini d´asseoir sa réputation à l´échelle mondiale et d´en faire l´un des plus éminents économistes de la deuxième moitié du 20e siècle jusqu´à sa disparition. Ses audaces et intuitions ont permis de mieux comprendre l´évolution de notre monde. Quand les idéologues du système dominant présentaient la mondialisation comme une ère de « prospérité et de paix pour tous », Samir Amin prédisait plutôt l´avènement de « l´Empire du chaos ». Le chaos entraîné par la mondialisation capitaliste n´épargne aucune région de la planète. Ce sont les guerres commerciales entre les puissances établies, le déchaînement du terrorisme à l´échelle planétaire, les guerres locales et la militarisation du monde pour le contrôle des ressources.
le moment actuel de la mondialisation libérale est caractérisé par l'émergence de l'impérialisme collectif de la triade composée par les etats-unis, l'europe et le japon à travers laquelle s'exprime la solidarité fondamentale du capital dominant.
dans le même temps. par le contrôle militaire de la planète, les etats-unis " subalternisent " leurs associés dans le façonnement d'un nouveau monde unipolaire. les peuples ne pourront avancer leurs projets propres de progrès social et de démocratisation que si, en contrepoint, ils parviennent simultanément à mettre en déroute le projet de washington et à imposer la reconstruction d'un monde multipolaire.
l'analyse porte, dans les chapitres successifs de ce livre, sur les obstacles qui interpellent le mouvement altermondialiste dans cette perspective. l'europe rompra-t-elle avec l'atlantisme qui réduit son projet au statut de volet européen du projet des etats-unis ? la chine parviendra-t-elle a poursuivre son développement sur la base d'un " socialisme de marché " dont l'adhésion a l'omc remet en question la portée potentielle ? les suds pourront-ils reconstruire une alliance efficace face aux défis ? un programme de réformes radicales de l'onu, que ces perspectives impliquent, est formulé ici dans un esprit qui concilie le respect de la souveraineté des peuples et la démocratisation des sociétés.
l'analyse fait ressortir les interdépendances qui associent les options politiques et sociales propres aux différentes nations et régions et leurs implications en termes de géostratégie.
Un point fait aujourd'hui largement débat :
Faut-il soutenir ou au contraire rejeter la souveraineté nationale ? Or pour l'auteur, cette question de stratégie fait l'objet de graves malentendus, tant que son contenu de classe n'est pas identifié.
En effet, dans les sociétés capitalistes, le bloc social dominant conçoit toujours la souveraineté nationale comme un instrument pour promouvoir ses intérêts de classe. On comprend dès lors pourquoi le discours national faisant l'éloge des vertus de la souveraineté ? tout en cachant les intérêts de classe qu'elle sert ?
A toujours été inacceptable pour tous ceux qui défendent les classes travailleuses.
Pourtant, nous ne devrions pas réduire la défense de la souveraineté à cette modalité. Cette défense n'est pas moins décisive pour la protection d'une alternative populaire. Elle constitue même une condition incontournable d'avancées dans cette direction.
La question agraire, l'accès à la terre pour tous, la souveraineté alimentaire sont au coeur des problèmes à résoudre. Et l'agriculture paysanne s'impose comme la voie de l'avenir !
Marx s'était proposé de traiter de l'économie capitaliste mondiale dans un volume 6 du Capital, qui n'a jamais vu le jour. De ce fait les marxismes historiques, largement confinés dans l'exégèse des écrits de Marx, ont éliminé de leur programme la réflexion, pourtant indispensable, sur la mondiali-sation de la loi de la valeur. Samir Amin tente dans cet ouvrage de combler cette lacune et propose une analyse de la transformation de la loi de la valeur en loi de la valeur mondialisée. Il dégage ainsi les fondements théoriques de la polarisation produite par l'expansion mondialisée de la domination du capital.
L'histoire du capitalisme est celle de la conquête du monde par les centres (Europe, États-Unis, Japon) et la soumission des périphéries (Asie, Afrique et Amérique latine). À partir de ce constat historique dont la prégnance contemporaine est indéniable, l'ouvrage aborde des questions fondamentales pour l'élaboration d'une conception crédible du socialisme du 21e siècle et d'une stratégie capable de produire des avancées vers sa réalisation. Des voies nouvelles sont à inventer, des alternatives se dessinent qui alimentent les discussions des mouvements sociaux, notamment au sein du mouvement altermondialiste: colonialismes externes et internes, révolutions technologiques, "capitalisme cognitif", crise de la démocratie représentative, alignement libéral et atlantiste du projet européen, nature du capitalisme des oligopoles. Pour Samir Amin, "l'avenir est toujours ouvert" et face aux défis planétaires, la voie capitaliste, bien qu'en "révolution permanente" est obsolète et sénile. Ce n'est pas le seul horizon possible !
Samir Amin, économiste marxiste franco-égyptien, est depuis de longues années étroitement lié aux mouvements de lutte dans le tiers-monde. Figure intellectuelle marquante du Monde arabe, il a assisté aux mouvements des peuples qui se sont multipliés depuis 2011 dans cette partie du monde, en particulier en Égypte, son pays d'origine et le plus grand des pays arabes, point stratégique de référence dans la région. Dans ce livre, il analyse le mouvement, ses potentialités, mais aussi les dangers de dévoiement et de récupération qu'il court (comme par exemple celui de l'instrumentalisation de l'islam politique par les puissances occidentales). Au-delà de ces événements qui changent la face du monde, il montre comment, pour mieux comprendre le monde arabe, il faut l'envisager sur la longue durée. Cet essai est une esquisse fondamentale de l'histoire du monde arabe et de ses rapports avec les puissances impérialistes.
Historien, économiste et président du Forum mondial des alternatives, l'auteur raconte son enfance à Port-Saïd, ses études en France, son parcours politique en Egypte et dans d'autres pays d'Afrique. En spécialiste des problématiques du Tiers-Monde, il livre ses analyses concernant les problèmes Nord-Sud et la situation du socialisme et du capitalisme dans le monde.
« Les pages qui suivent ne constituent en aucune manière une « histoire de l'ère de Bandoung ». J'ai proposé, dans de nombreux articles et ouvrages qui couvrent la période, des réflexions et des analyses concernant de nombreux aspects des réponses que les peuples concernés du Sud ont apportées à l'époque aux défis de l'impérialisme dominant. Il s'agit ici de Mémoires qui comportent nécessairement et toujours une dimension personnelle marquée, et ajoutent peut-être, je l'espère, aux analyses proposées.
Les activités de l'Institut africain de développement de l'ONU - IDEP - (de 1970 à 1980) puis du Forum du tiers-monde - FTM - (à partir de 1980) - séminaires et conférences, ateliers de recherche - la poursuite de mes recherches personnelles comme l'occasion offerte par des missions de consultation - de gouvernements et d'organisations politiques - auxquelles il me paraissait utile de donner suite, m'ont offert la possibilité de connaître a peu près le monde entier - Australie et îles du Pacifique exclus. Je n'infligerai pas au lecteur une énumération de mes voyages qui risquerait de lui faire croire que j'exerce la profession de tour operator ou que j'appartiens à la surclasse (pour employer le terme stupide et vulgaire d'Attali dont Gilles Chatelet nous a donné un commentaire fort amusant) des jet-experts. Je ne suis ni l'un ni l'autre, mais plus modestement un militant de la cause du socialisme et de la libération des peuples, convaincu que cette cause est universelle et que, de ce fait, la bataille se déploie sur tous les continents. Les circonstances de ma vie professionnelle m'ont, de surcroît, offert fort heureusement la possibilité de donner un terrain d'action à cette conviction. »
La mondialisation est une dimension permanente du développement des sociétés. Cependant, alors que dans ses formes anciennes elle permettait d'accélérer l'histoire et renforçait les chances de rattrapage des retards, dans ses formes modernes associées à l'expansion capitaliste, elle produit systématiquement l'inégalité. Les projets sociétaires de l'après-guerre avaient contraint le capitalisme à se soumettre aux impératifs des compromis sociaux majeurs dont les Etats tiraient leur légitimité, et, pour cela, avaient institué des mécanismes de contrôle de la mondialisation. Dans la crise actuelle, le capitalisme tente de retourner à son utopie permanente : celle de la soumission de la vie sociale à la logique exclusive du marché et à la mondialisation débridée. Toutes les régions de la planète sont confrontées à ce même problème, mais dans des conditions différentes à l'extrême. L'ouvrage met l'accent sur cette diversité des défis et sur les réponses qui leur sont apportées dans les différentes régions considérées (l'Europe, la Russie, la Chine, le tiers monde). Inappropriées jusqu'ici, ces réponses mettent en péril la construction européenne, la reconstruction des pays de l'Est et l'insertion active du tiers monde dans le système mondial. Sera-t-il possible de sortir de ces impasses et d'imaginer des projets sociétaires nouveaux, capables d'associer la mondialisation approfondie des temps modernes au renouveau des aspirations à la libération et au progrès humain ? L'auteur suggère des pistes d'une réflexion théorique qui pourrait aider à avancer dans cette direction.
Le cent cinquantième anniversaire du manifeste communiste
L'intervention de l'OTAN en Yougoslavie a signifié un renforcement de l'hégémonie américaine, même si elle le fut à la demande de l'Europe. Débordant les Nations unies, cette action a prouvé l'incapacité des européens à organiser eux-mêmes leur politique ( et leur défense). Les conséquences en sont dramatiques surtout pour le Sud. La recherche d'alternatives semble passer par la construction d'un monde multipolaire.
Le capitalisme est un système mondial. Ses victimes ne peuvent donc faire face efficacement à ses défis qu'à la condition de s'organiser également à cette échelle.
La mondialisation des stratégies du capitalisme dominant appelle celle de la riposte de ses victimes. Alors pourquoi ne pas concevoir qu'une nouvelle Internationale puisse fournir un cadre efficace pour la construction des convergences nécessaires au succès des luttes engagées par les peuples contre le capital oe
La réponse que je fais à cette question est positive, sans hésitation, mais à condition que l'Internationale envisagée soit conçue comme le fut la Première, et non la Seconde, la Troisième ou la Quatrième.