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Voix D'Encre
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Pierre Jourde : Mettre en scène la prégnance de choses anciennes, les morts, les souvenirs, tout ce qui est de l'ordre du fané, du désuet, du décomposé. La force de ce qui n'est pas, mais qui par-delà le ridicule s'impose à nous. Cela prend à chaque fois la forme d'une danse (rock, rumba, valse), parce que la poésie est musique. Alors pourquoi ne serait-elle pas dansante ? On valserait sur elle, avec le fantôme des choses mortes.
La sonorité est cacophonique, chocs de sonorités, constructions bancales, argot, comme si l'orchestre populaire de ce bastringue jouait des couacs. Ça sonne comme Rain Dogs de Tom Waits. Il y a aussi, un peu comme sur les partitions d'Erik Satie, des indications d'exécution, de petites formules en marge qui ont pour fonction de donner une inflexion, d'appuyer la loufoquerie triste du propos. Orchestré par Pierre Jourde, le recueil est interprété par Pierre Jourde, qui en est un autre, et qui fait chalouper les images comme Mimile fait chauffer le baloche.
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Celui qui ouvrira ce livre verra l'origine du monde. Vue de beaucoup plus près que Courbet : photographies, en gros plan, d'un sexe féminin. Plus encore : sexe au carré, multiplié par quatre, disposé en collages étranges. Celui qui ouvrira ce livre verra l'objet secret. Rien n'en est voilé, et pourtant il contemplera tout autre chose que ce à quoi il s'attendait. Plus on le scrute de près, plus l'objet désiré se diffracte, se démultiplie, se métamorphose. L'origine du monde est ce chaos, ce Big bang des formes. Il suffit de le déplier en ses quatre parties, le monde entier y est contenu. Celui qui ouvrira ce livre verra la diversité monstrueuse de la vie, avec ses insectes, ses plantes carnivores et ses mastodontes, surgir de l'émouvante fragilité d'une vulve.
Henri Maccheroni, peintre, photographe, graveur, a publié de nombreux ouvrages. Maintes expositions lui ont été consacrées, tant en France qu'à l'étranger. Il a fondé le Centre National d'Art Contemporain de la Villa Arson, à Nice.
Pierre Jourde, essayiste, poète, romancier, est l'auteur d'une trentaine d'ouvrages. Il a récemment publié Littérature monstre (L'Esprit des péninsules) et Paradis noirs (Gallimard). Aux éditions Voix d'encre, il a fait paraître Haïkus tout foutus, avec le peintre Kristian Desailly, et a contribué au recueil collectif Qui rira le dernier.
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Haïkus foutus, poésie cassée, fabriquée avec du matériau de récupération.
Images d'un monde de coins et de poussière, d'inquiétude et d'obscurité, dont on n'aperçoit que des fragments, comme par un trou de serrure. le grotesque y hésite entre jérôme bosch et les fratellini. les portes grincent et les pendules claquent. on touille des soupes bizarres et le contenu des frigidaires fait froid dans le dos. il y a des bêtes, insolites et risibles, faites de bric et de broc. des oiseaux morts dérivent dans le ciel et des zèbres explosent.
On attend l'arrivée d'un escargot et d'un hareng saur.