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Patrick Kéchichian
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L'écrivain, comme personne (essai de fiction)
Patrick Kéchichian
- Claire Paulhan
- 3 Avril 2023
- 9782912222787
Exercice d'introspection morale et visionnaire, L'écrivain, comme personne est le dernier livre de Patrick Kéchichian. Il y cerne la tension entre l'« inconnaissance » des origines, les « taiseuses dérives » de l'adolescence et la fragile « loi d'équilibre » de la vie adulte, toujours menacée par l'« ivresse de l'effacement».
« Si je me confesse aujourd'hui, si je développe et retourne comme un gant ma petite histoire intime, ce n'est pas à voix basse, feutrée, confortablement installé dans mon boudoir, en robe de chambre, mais en la hurlant, comme l'assoiffé couvert de cendres qui court, nu, éperdu, dans le désert. »
Depuis l'espace du dedans jusqu'au loi de l'hospitalité, en passant par les sentiments de désespoir et d'imposture, la tentation de la folie, la double conversion bienfaisante à la langue française et à la foi catholique, le dépôt des armes sociales, Patrick Kéchichian met à nu sa conscience et son « insolvabilité psychique » : « Par la reconnaissance du mal, la voie était donc ouverte au bien. »
Prisant un style pesé au trébuchet et non dénué d'auto-dérision, il dévoile l'axe de sa démarche : « Je ne suis pas fou ». Et pose la question qui embrasse tout : « Comment, en un seul geste, donner et recevoir ? Parler et écouter ? Lire et écrire ? » Après avoir creusé de ses propres mains son abîme, il accède enfin, en écrivain, à cette « mince barrière de mots et d'intuitions, d'espérance. De larmes. » -
«Le désir de l'éloge, comme tout vrai désir, est sortie, abandon joyeux de soi. L'éloge suppose l'existence, la consistance de la personne (ou de la chose) dont on veut dire et chanter les mérites, l'intérêt, l'intelligence, la séduction, la beauté, la hauteur, la profondeur, etc. Cette personne il faut d'abord la nommer - ou échouer à la nommer -, l'invoquer, se placer, en pensée et de toute son âme, face à elle. Les pièces qui composent cet ouvrage, à partir des entrées choisies, ne forment pas un dessin complet, pas davantage une synthèse. Encore moins un guide. Il y a des omissions criantes, des trous profonds, des impasses. Le contournement d'immenses massifs. Ces manques seraient injustifiables si n'était la volonté qui m'anime et peut-être me justifie : témoigner d'un bouleversement intérieur, la foi, qui, peu à peu, s'est constituée, dans ma vie, en lignes de pensée, de conduite - et partant d'inconduite -, en morale, en horizon.» Patrick Kéchichian.
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Saint Paul ; le génie du christianisme
Patrick Kéchichian
- Points
- Points Sagesses
- 11 Octobre 2012
- 9782757826287
Prendre saint Paul à la lettre, considérer que sa foi et son intelligence sont des modèles qui valent pour ici et pour maintenant. La présence du témoin et de l'apôtre que Dieu a choisi en la personne de Paul dépasse infiniment les circonstances historiques de sa mission. Et cette mission elle-même dépasse infiniment les singularités de sa personnalité.
La conversion sur le chemin de Damas marque un commencement : celui de l'épreuve décisive de Saul, l'ancien persécuteur des chrétiens, mais aussi celui de l'Église universelle qui se fonde sur l'événement de la Croix. Composées dans l'urgence et l'adversité, premier enseignement raisonné et ardent pour les disciples de Jésus, les Épîtres constituent une indépassable leçon de vie et de sagesse. Elles donnent surtout à entendre que la religion du Christ n'est pas d'abord un sentiment, une émotion, mais une raison et une doctrine, une action et une volonté.
P. K.
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Jean Paulhan (1884-1968) fut « l'autre » grande figure fondatrice des Éditions Gallimard, aux côtés de Gaston Gallimard.
Philosophe et psychologue de formation, sympathisant anarchiste, chercheur d'or, enseignant à Tananarive, blessé de guerre, il entre à la NRF en 1919 comme secrétaire de Jacques Rivière et ne la quittera plus. Mais qui était vraiment Jean Paulhan ?
Pour Patrick Kéchichian, il n'est possible d'approcher cette personnalité déconcertante qu'à travers ses multiples facettes, qu'il s'agisse des temps forts de son existence (le voyageur, le résistant.) ou d'aspects moins connus de son caractère, ainsi son humour et son esprit juvénile, qu'il gardera jusqu'à la fin de sa vie. Il en ressort un Paulhan inattendu : un homme extrêmement sensible, humain, jamais pervers, alors qu'on l'a souvent dit manipulateur. Mais un homme capable, aussi, de se mouvoir selon des chemins obliques parfois difficiles à suivre : dans ses écrits, il se montre un brillant manipulateur de paradoxes, se plaît à émettre une hypothèse, à la contredire, à la réfuter. Il fait preuve d'une volonté permanente de revenir à une certaine vérité (utopique) du langage, et sa manière bien à lui de jongler avec la grammaire des idées le rend tout aussi fascinant qu'agaçant. Mais le plus étonnant est peut-être son côté iconoclaste : ainsi, celui qu'on appelait volontiers « l'éminence grise des lettres françaises » considérait que l'« homme de lettres » n'était pas un être d'exception, mais un personnage d'une grande banalité, le premier venu, rien de plus.
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L'aiguille de minuit. carnets de l'alpiniste
Patrick Kéchichian
- Le Seuil
- Fiction Et Cie
- 9 Mars 2004
- 9782020638449
Qui est l'Alpiniste ? Pourquoi ce nom si commun malgré sa majuscule Je ne sais pas. C'est ainsi. Mais ce que je sais, je m'empresse de le dire : au retour de son ascension, et avant de me faire ses adieux, l'Alpiniste m'a remis ses Carnets, Ce que je sais, je le lis à présent dans ces pages bizarres, méditatives ou colériques, désolées ou extasiées, déclamatoires, plaintives, jubilantes, exagérées... Ce que je sais, c'est lui, l'Alpiniste, qui me l'apprend, dans le récit fragmenté de sa mystérieuse épreuve. Moi, je n'ai plus qu'à me taire afin d'écouter celui qui parle :
« Au cours de ce que j'appelle un peu vite ma vie sportive, je suis monté de moins en moins haut et je suis descendu de plus en plus bas. Tant et si bien qu'un sommet inversé s'est profilé à l'horizon. Heureusement, on était dans le plein jour et le ciel était dégagé : l'aiguille de minuit a ainsi pu resplendir et dispenser sa lumière sans réticence, avec même une surnaturelle générosité. Dans la nuit blanche de mon insomnie, je me suis senti guidé hors du désespoir.» « Suis-je parti pour me sauver seul ? Ce fut ma première question en arrivant à cette hauteur où je ne croisais plus aucun berger, plus le moindre bovidé. Le glacier, sur l'un des flancs de la montagne, m'offrait son miroir. À mesure que je progressais, le silence de l'air se faisait plus intense. La lumière, avec sa vigueur propre, lui donnait la réplique. Sans regret, j'abandonnai tous les rêves transitoires de vaine gloire. Alpiniste : non seulement ce titre me suffisait, mais je devais encore m'en rendre digne.» P. K.
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Des princes et des principautés
Patrick Kéchichian
- Le Seuil
- Fiction Et Cie
- 16 Mars 2006
- 9782020856997
Patrick Kéchichian est critique littéraire au Monde, où il est connu et reconnu pour sa mesure, son
bon goût, sa curiosité à l'égard des oeuvres rares et fragiles. Il vit mal, depuis longtemps, une
certaine vulgarité qui gagne du terrain dans le monde des lettres et de l'édition. Les fausses
valeurs et les carrières intempestives s'y construisent à grand renfort de bruit et de cacophonie, et
c'est le plus outrecuidant et le plus exhibitionniste qui semble désormais promis au meilleur sort.
Face à ce désastre où les mauvais livres tapageurs mangent l'espace et relèguent les oeuvres
littéraires dans l'ombre discrète, Patrick Kéchichian n'a pas choisi la dénonciation directe, mais
l'ironie décapante de conseils donnés à un jeune auteur impatient qui voudrait réussir sa carrière
dans le monde actuel : il lui enseigne l'audace, l'arrogance, le narcissisme conquérant, bref, toute
une stratégie de conquêtes. Mais, par contre-pied, et entre les lignes de la véhémence se laisse
deviner une profession de foi dans ce qui fait la vérité de la littérature : une obstination discrète, et
le subtile travail du temps.
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C'est l'histoire intérieure d'un enfant, puis d'un jeune homme, de sa formation, ou plus précisément de son édification. Elle est racontée par un narrateur, à la fois intéressé, avisé et impatienté, qui tente de rassembler des fils épars, de construire une sorte de cohérence dans un parcours fort chaotique. Fils d'immigrés, l'enfant en question a vingt ans au début des années 1970 et vit à Paris, au Quartier Latin. Là, il observe avec mélancolie, réfléchit autant qu'il le peut, lit et écrit d'une manière désordonnée, tente de s'éduquer dans la langue et la culture de son pays d'adoption. L'action de la grâce vient donner à l'usage de cette langue et à la parole qui en procède une importance et une centralité décisives. Il se convertit alors au catholicisme et entre dans la demeure que constitue désormais l'Église. Dieu, le langage, la parole et la littérature, la critique enfin, traceront, pour lui, des voies d'accès au monde et à son prochain.Patrick Kéchichian est né à Paris en 1951. Il est critique littéraire et écrivain.
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Les usages de l'eternite. essai sur ernest hello
Patrick Kéchichian
- Le Seuil
- Fiction Et Cie
- 5 Novembre 1993
- 9782020197106
Un homme qui pleure a-t-iI quelque chose à espérer de la gloire? Née dans les larmes et l'humiliation, sa parole peut-elle s'affranchir de la faiblesse pour dire la puissance? Dans quelle mesure sa plainte et son tremblement sont-ils conformes aux « usages de l'éternité »? Ernest Hello (1828-1885), né et mort à Lorient, catholique radical, contemporain de Renan et de Louis Veuillot, créa un journal - Le Croisé -, publia de nombreux articles et des livres - L 'Homme (1872), Physionomie de saints (1875), Paroles de Dieu (1877)... Il transposa également en français des auteurs mystiques comme Ruysbrock et Angèle de Foligno. Dans ses écrits comme dans le désert que fut sa vie, il se lamenta beaucoup, tout en rêvant à la gloire. Mais c'est surtout de l'oubli et de l'effacement qu'Hello eut à souffrir. Barbey d'Aurevilly, le premier, rendit hommage au génie mystique de celui qu'il appelait le «démantibulé sublime». Léon Bloy, qui entretint quelque temps avec lui un étrange commerce spirituel, tenta de sauver sa mémoire, de rappeler son nom et de se souvenir de son visage. Dans notre siècle, Paul Claudel, Georges Bernanos ou Henri Michaux l'ont lu et admiré. Rien cependant ne pouvait empêcher le destin d'Hello de s'accomplir, ni le silence de l'ensevelir.
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Les origines de l'alpinisme ; exercices spirituels
Patrick Kéchichian
- Le Seuil
- Fiction Et Cie
- 7 Février 2001
- 9782020472982
De toutes parts, des questions fusent : Où suis-je ? Combien sommes-nous ? Vous plaisantez ? Qui êtes-vous pour me parler de la sorte ? Comment cela va-t-il finir ? Mais pourquoi pleurez-vous ?
Dans le brouhaha, on distingue quelques réponses, comme venues de nulle part. Certaines sont violentes, péremptoires, destinées à faire taire l'adversaire, d'autres lamentables ou encore de pure convention. Mais très vite, on prend la mesure des décalages : les réponses sont souvent étrangères aux questions qui, à leur tour, ne semblent en attente d'aucune réponse. Les malentendus abondent, qui prennent force de loi. Cette cacophonie pourrait être joyeuse : elle n'est que risible. Toutes ces voix impuissantes à se parler, à se rassembler, on se fatigue à les distinguer, à tenter de démêler en elles le vrai du faux. Alors il faut lutter avec le langage, ruser avec les lieux communs, les idées emprisonnées dans les expressions toutes faites. Avec ou contre ? Finalement, nous jouons moins avec les mots qu'ils ne jouent avec nous. Au milieu de ce paysage de voix et de discours, au centre de la société invisible qu'ils finissent par former, une montagne s'élève soudain. Si elle n'était d'opérette et de carton-pâte, elle serait symbolique. Sur l'une des pentes, un alpiniste d'occasion, tel un ludion silencieux, monte, et surtout descend. Sur sa malheureuse personne, beaucoup de paroles vont converger.
Quant à l'auteur, il revendique «l'entêtement» du «guetteur» dont parlait Roland Barthes. Un guetteur placé «à la croisée de tous les discours, en position triviale».