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Olivier Rolin
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Naviguant vers les îles Éparses du canal du Mozambique, je fais deux voyages en un seul. L'un me mène vers l'éblouissement d'une nature presque vierge : poissons aux couleurs et dessins extravagants, tortues marines, crustacés chamarrés et biscornus, grands papillons migrateurs, vols stridents de milliers d'oiseaux... profusion inouïe, fantasmagorie de formes baignées dans les « bleuités, délires » qu'évoque le poème le plus connu de Rimbaud. Intérieur et ironique, moins exaltant, l'autre voyage est presque le contraire du premier : passager insolite à bord d'un bateau dont les marins ont l'âge parfois d'être mes petits-enfants, ce n'est pas seulement vers les îles que je navigue, mais vers l'état fragile et un peu ridicule de vieux. Habitué à mon apparence, je ne me suis pas vu me transformer en cet être de papier mâché en qui les autres identifient immédiatement un semi-vivant. L'océan Indien sera pour moi la mer de la Sénilité... Parfois cela m'amuse, pas toujours - j'espère en tout cas en faire sourire le lecteur.
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On habite un très vieil appartement, on y a passé la moitié de sa vie, entassé un prodigieux bric-à-brac, journaux, lettres, photos, livres surtout, des livres partout - et puis un jour on est viré, il faut prendre ses cliques et ses claques. Les livres évoquent les lieux et les temps où on les a lus, la bibliothèque devient lanterne magique. Les histoires se bousculent, des paysages se déploient, sortis de l'oubli. O.R.
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Les villes que nous connaissons, où nous aimons errer, sont celles à demi imaginaires qu'ont bâties les écrivains, avec leurs perspectives et leurs avenues et leurs quais de mots, leurs coupoles et leurs colonnes de mots, et aussi leurs poubelles, égouts, remugles et décharges de mots. Celles qu'ils ont peuplées de leurs personnages, si étrangement vivants qu'on tombe parfois sur eux à l'improviste, et c'est comme si une rencontre espérée depuis longtemps advenait enfin. Propos de rêveur, dira-t-on?? Certes. On lit un de ces livres dont une ville est le lieu et puis, débarquant un jour pour la première fois, on constate que rien n'a changé depuis qu'on n'y est jamais allé.
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«Ceux devant qui se sont dressés, sous l'éclatant ciel bleu de juin, ces deux effrayants chefs-d'oeuvre de la guerre civile, ne les oublieront jamais» : Victor Hugo, dans un chapitre des Misérables, évoque ainsi les deux plus formidables barricades de l'insurrection parisienne de juin 1848, dont il fut un témoin et même un acteur. À la tête de l'une un «gamin tragique», ouvrier mécanicien, derrière l'autre un géant truculent, ex-officier de marine. Emmanuel Barthélemy, l'ouvrier, et Frédéric Cournet, le marin, ne sont pas des personnages de fiction, ils ont réellement existé. Ils ont beau se battre du même côté en ces jours de sang, ils vont devenir des ennemis mortels. Hugo résume leur destinée furieusement romanesque en quelques lignes qui m'ont donné envie de reconstituer du début jusqu'à la fin, de Paris à Londres, l'histoire croisée de ces deux figures oubliées des révolutions du dix-neuvième siècle. On y voit des barricades, le bagne, des évasions, un coup d'État, un duel à mort, plusieurs meurtres, le gibet, et des comparses comme Karl Marx et Napoléon III. Et Hugo lui-même, excusez du peu. C'est ce livre. O.R.
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« Il n'y a pas de bout du monde mais certains lieux, pour lesquels j'éprouve une incontestable attirance, sont tout de même plus susceptibles que d'autres de recevoir cette appellation. » De la Sibérie à la Chine, en passant par le Portugal ou le Soudan, Olivier Rolin nous fait découvrir sa géographie personnelle. Il redonne vie aux femmes et aux hommes qui ont croisé sa route. Sans oublier les écrivains qui l'ont accompagné dans ses pérégrinations : Chateaubriand, Hugo, Pessoa, Kafka, Borges, Proust... L'anecdote voisine avec des événements plus graves, guerres, catastrophes.
À travers ses rencontres, l'auteur de Port-Soudan rend un hommage vibrant au monde et à sa beauté.
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Son domaine c'était les nuages. Sur toute l'étendue immense de l'URSS, les avions, les navires, les tracteurs avaient besoin de ses prévisions. Dans la conquête de l'espace commençante, ses instruments sondaient la stratosphère, il rêvait de domestiquer l'énergie des vents et du soleil, il croyait « construire le socialisme ». Jusqu'au jour de 1934 où il fut arrêté comme « saboteur »...
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« J'avais prolongé mon séjour à Veracruz tant qu'elle avait été là - je l'aurais prolongé jusqu'à la fin du monde, s'il n'avait tenu qu'à moi. Maintenant qu'elle avait disparu, je le prolongeais dans l'espoir de la retrouver, ou au moins d'apprendre quelque chose sur les raisons de sa disparition.
Un jour, un pli me parvint à l'hôtel, expédié par la poste, ne comportant aucune indication de provenance, aucun mot d'accompagnement. Il contenait les quatre récits, brefs et terribles, qu'on va lire. »
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Martin raconte à la fille de son meilleur ami, mort depuis longtemps, ce que fut leur jeunesse à la fin des années 60, une époque où l'on croyait dur comme fer à la Révolution. Au Vietnam la « guerre du peuple » défaisait la puissante Amérique, la Chine était rouge pour l'éternité, le Che plus grand mort que vivant, les impérialistes étaient des tigres en papier. C'était dans la nuit des temps...
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5 000 kilomètres en train au long de la ligne Baïkal-Amour (BAM) qui traverse la Sibérie orientale pour finir sur les rives du Pacifique, tel est le voyage entrepris par Olivier Rolin dans l'histoire de la Russie et sa géographie démesurée. L'auteur y croise des vies, partage des histoires, et connaît la mélancolie des villes de pionniers à demi abandonnées dans l'immensité où survit encore la mémoire des milliers de déportés qui construisirent cette ligne au prix de leur vie.
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« Fleuves géants, déserts glacés, taïga sans limites, températures extrêmes : en Sibérie, la géographie n'y va pas de main morte. L'Histoire non plus, qui en a fait la terre des bagnards et des déportés, l'un des noms du Malheur au XXe siècle.
On peut pourtant trouver un charme secret à cette partie du monde que désigne assez bien le vieux mot de solitudes, et qui est comme le grand large sur terre. C'est mon cas.
Les chroniques ici réunies témoignent à leur façon d'une inclination contre-nature... » O.R.
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" c'est à port-soudan que j'appris la mort de a.
Les hasards de la poste dans ces pays firent que la nouvelle me parvint assez longtemps après que mon ami eut cessé de vivre. un fonctionnaire déguenillé, défiguré par la lèpre, porteur d'un gros revolver noir dont l'étui était noué à la ceinture par une lanière de fouet en buffle tressé, me remit la lettre vers la fin du jour. (...) comme presque tous ceux qui survivaient dans la ville, son office principal était d'ailleurs le racket et l'assassinat.
Comment s'était-il procuré le pli, je l'ignore. peut-être l'avait-il volé à la mort elle-même. "
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En 1983, dans un livre acheté en Patagonie, je découvrais L'existence d'un pittoresque aventurier français de la fin du XIXe siècle.
Trafiquant d'armes, explorateur, chercheur de trésors, il avait mené en Terre de Feu une expédition qualifiée de « funambulesque ». Un quart de siècle plus tard, j'apprenais qu'il était aussi un ami de Manet. Le peintre d'Olympia avait fait de Lui un curieux portrait en chasseur de lions. Voici, romanesque et romancée, leur histoire croisée.
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En 2003, j'ai passé une nuit à Bakou (Azerbaïdjan) dans un hôtel portant le nom, Apshéron, de la péninsule sur laquelle est construite la ville. J'écrivais alors Suite à l'hôtel Crystal, livre qui est une collection d'histoires plus ou moins extravagantes se déroulant dans des chambres d'hôtels à travers le monde.
Le nom de cet hôtel, si proche de celui du fleuve des morts grec, me suggéra l'idée d'y mettre en scène mon propre suicide. La notice biographique sur la couverture du livre (« Bibliothèque du XXIe siècle », 2004), mentionnait mes lieux et dates de naissance et de mort : BOULOGNE-BILLANCOURT 1947- BAKOU 2009.
Depuis 2004, j'étais donc mort en 2009 à Bakou, dans la chambre 1123 de l'hôtel Apshéron, à mesure que se rapprochait cette fatidique année 2009, les recommandations se multipliaient : si par hasard tu es invité à Bakou en 2009, n'y va pas ! Ces amicales mises en garde firent naître en moi l'idée qu'au contraire je devais y aller, et y rester assez longtemps pour laisser à la fiction de ma mort sur les bords de la Caspienne une chance de se réaliser.
C'est ainsi que, le 28 avril 2009, j'ai pris l'avion pour Bakou où j'allais demeurer jusqu'au 30 mai. Ce livre est en quelque sorte le journal de mon séjour dans la ville où j'étais supposé mourir. Portraits, choses vues, rêveries, lectures, notes de voyage, évocations de figures du passé, etc. Naturellement, il s'agissait d'un jeu, commençant par un jeu de mots (Apshéron/Achéron), mais tout de même ce jeu donnait une certaine coloration à mes pensées, orientait jusqu'à un certain point mes imaginations et même mes regards. Qu'on se rassure : ce récit d'un rendez-vous (manqué) avec la mort n'est nullement sinistre, plutôt léger je crois, sinon badin.
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Faire tenir le monde dans un livre, ou tout au moins une journée du monde, celle de l'équinoxe de printemps de l'année 1989 : telle est l'ambition de ce roman qui se veut à la fois réaliste et délirant.
Des milliers de personnages vivent et meurent dans ces pages, des centaines d'histoires et de lieux s'y croisent. projet absurde, mégalomane ? il se peut, mais l'auteur ne croit pas que la littérature soit faite pour être nécessairement raisonnable ou modeste.
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" c'était il y a juste dix ans, et il semble qu'un siècle ait passé.
Le drapeau rouge flottait encore de l'elbe au détroit de béring, l'armée de la même couleur faisait encore trembler l'europe, lénine foudroyait, de ses millions de regard de bronze, la moindre place de bourgade sur un sixième des terres émergées. ces impressions d'un voyage à travers un pays disparu, l'urss, ne prétendent être ni un essai, ni même une enquête au sens journalistique du terme. j'aimerais pouvoir penser qu'il s'agit d'une promenade poétique.
Des esquisses de choses vues, une série d'instantanés - ce qui ne veut pas dire, je l'espère, des clichés. " o. r.
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Cette histoire a autant de sources que le Nil qui filait devant moi, rasoir tranchant tranquillement mon oeil. Le Nil n'a pas de source, pas d'autre début que les nuages de l'équateur, les milliers de gouttes de pluie ruisselant sur le Ruwenzori, les montagnes de la Lune, les hauts plateaux d'Éthiopie, la rosée qui vêt de perles les collines d'Afrique, l'urine des animaux et des hommes, et même leurs larmes...
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Tout en pensant qu'il n'est pas indélicat, pour un écrivain, de réfléchir à sa pratique de l'écriture et de la lecture, que c'est même assez souhaitable, je crois aussi qu'il doit se convaincre de ce que Valéry écrivait dans Rhumbs : en art, les théories qu'on peut se former ne peuvent prétendre à une portée universelle, ce sont des bricolages qui servent surtout à leurs auteurs, des lanternes qui n'éclairent, sur les chemins nocturnes, que ceux qui les portent. Ce recueil rassemble une collection hétéroclite (comme son titre l'indique) de petites lanternes personnelles. A côté de textes à visée plus ou moins générale sur la littérature, on en trouvera d'autres dont l'objet est plus nettement circonscrit, notamment un hommage au Hugo des Choses vues et une lecture de l'Iliade où éclate, je l'espère, un peu de l'enthousiasme éprouvé à revisiter les beautés de cet immense poème, que je n'avais plus fréquenté depuis ma jeunesse.
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Ce livre regroupe les photos prises par Vincent Perez lors des quatre voyages qu'il a faits en Rus- sie avec Olivier Rolin, au cours des années 2016 et 2017 : d'Arkhangelsk au nord à Astrakan au sud, de Saint-Pétersbourg à l'ouest à Oulan-Oude à l'est, le photographe et l'écrivain, amoureux tous les deux de la Russie d'aujourd'hui, nous livrent, comme dans un carnet de voyage, une vision sensible du pays des tsars...
Vincent Perez propose ici une galerie impression- nante de portraits d'une intensité saisissante : des menuisiers, paysans, pêcheurs, agriculteurs côtoient des cosaques, artistes, chômeurs, et même un cha- man, deux chiens et une tête de poisson... Quelques paysages...
Quant à Olivier Rolin, cherchant à « confronter les mots à l'oeil du photographe », il décrit, raconte, déploie tout à tour anecdotes, descriptions et don- nées historiques.
Au final, le regard du photographe et la plume de l'écrivain se mêlent et, à la manière d'un récit de voyage, saisissent l'atmosphère et parfois même, lorsque le « poeinochnik » (vent de minuit) souffle, la température de ce pays de glace et de feu.
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La langue ; mal placé ; déplacé
Olivier Rolin
- Verdier
- Litterature Francaise
- 7 Septembre 2000
- 9782864323259
Dans un bistrot d'une petite ville, deux eprsonnages dialoguent : la serveuse, venue de la campagne, et un client de passage, qui semble être ce qu'on appelle un " intellectuel ".
Ils parlent " pour rien ", ou plutôt : pour échapper à la monotonie, à l'ennui, à la tyrannie du stéréotype : calamités qu'ils éprouvent tous deux, mais évidemment pas de la même façon.
Ce dialogue ne va donc pas de soi. il se hasarde, c'est une histoire progressive de séduction/éducation mutuelles, l'invention d'une fantaisie commune par la liberté des mots.
D'abord, de fréquentes incompréhensions l'interrompent.
Dans le silence ouvert par ces crises de non-parole s'élève - si l'on peut dire - une " voix " bredouillante, grommeleuse, qui est probablement celle de la télévision, ou d'une radio. mais il serait trop simple de la réduire à cela. elle est plus généralement celle des nouveaux maîtres. elle émet un magma de lieux communs, dans une langue faiblement articulée. cette " voix " de personne, aussi éloignée de la langue " littéraire " que de la langue " populaire " (pour faire vite), enfin, des langues matérielles, ,nous ne l'entendons, ne la lisons que trop, il nous arrive même de l'utiliser.
A la fin, elle " s'incarne " en une sorte d'ectoplasme. parce que cette chose-là, en effet, ne cesse de se réaliser - sans jamais être personne.
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Dans les souvenirs d'un homme qui aime les barmaids tournent des silhouettes de villes lointaines, des portraits de femmes émergeant de l'ombre, des évocations d'écrivains qu'il a connus.
Les émotions qui nouent parfois, assez mystérieusement, les charmes des lieux, des livres, des visages, voilà ce que j'ai essayé de transcrire. au demeurant, il s'agit tout de même, mine de rien, d'une histoire, que j'aimerais avoir racontée en empruntant quelque chose à l'art lancinant de la rengaine, à la sentimentalité ironique d'un tango. la scène est aux quatre coins du monde, mais surtout à buenos aires, sous la dictature, et en arrière-plan, tout près, il y a la violence politique et la mort.
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Le roi des taupes
Olivier Rolin, Adrien Albert
- L'École des loisirs
- Mouche
- 30 Août 2012
- 9782211209786
Où est le roi des taupes ? Peut-être s'est-il assoupi dans un hamac de brume au milieu des nuages. Peut-être est-il en train de faire du rangement sur sa planète molle, où se promènent des souris d'un mètre de long. S'il fait chaud, il peut très bien s'être fait avaler par le poisson Robert, aux écailles transparentes comme des hublots. Mais, me direz-vous, si c'est le roi des taupes, ne vit-il pas plutôt sous la terre ? Si, bien sûr, le monde souterrain est son royaume. Si vous l'y suivez, peut-être vous fera-t-il visiter son gigantesque musée personnel, ou vous apprendra-t-il à mélanger les racines des plantes pour surprendre les jardiniers. De toute façon, c'est lui qui décide, puisqu'il est le roi.
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Buenos Aires, New York, Tokyo, Helsinki, Budapest, Krasnoïarsk, Brive-la-Gaillarde etc... Des dizaines de chambres d'hôtel, dans le monde entier. Chacune d'elles est décrite, minutieusement, scrupuleusement.
Chacune d'elles est le lieu d'une histoire à dormir debout, qui est racontée. Le texte oscille ainsi constamment entre le procès verbal et la fantaisie la plus délirante. Tous les genres se donnent rendez-vous dans ce livre qui ne correspond à aucun genre. Il peut s'agir d'un constat d'huissier, d'un guide hôtelier, d'un exercice péréquien, d'une autobiographie fantasmatique, d'un portrait (ou plutôt d'une caricature) du monde, d'un roman d'aventures à succursales multiples.
Si l' objet est déroutant, le lecteur s'y retrouve, car il y a un secret dans ce roman, que chacun retrouve en soi : une chambre vide, l'espace même du romanesque.
D'une richesse littéraire qui coïncide avec le rare talent de l'auteur, ces chambres d'hôtel font aussi un état du monde aujourd'hui : une sorte de roman de l'extrême qui invite le lecteur à y découvrir un autre Nord de la réalité.
Un livre ambitieux. Un roman à la hauteur de son ambition. D'une chambre à l'autre,en voyage dans cette Suite à l'hôtel Crystal : un enchantement.
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Dans une ville et un temps imaginaires, mais qui ne sont pas sans rapport avec nos lieux et notre histoire, un homme se souvient de quelques autres, d'une femme, et d'événements révolutionnaires à demi légendaires qui les ont liés autrefois.
Mais il n'est pas interdit de penser - et ici phénomène futur se veut une parabole de la rêverie littéraire que ces personnages ne sont que les différentes figures de la mémoire d un seul, qui a aimé une femme dont la beauté demeure l'ultime évocation possible, la ville tombant insensiblement, à mesure que la vie du narrateur va vers sa fin, dans un état de barbarie et de servitude.
Le premier roman d'olivier rolin, dont l'écriture dense et variée s'est affirmée comme l'une des plus intéressantes de notre littérature contemporaine.
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J'ai toujours aimé Cendrars, son cosmopolitisme, sa puissance sans falbalas, son Transsibérien et ses Sept Oncles, sa trogne de nègre suisse dont il serait difficile, même à un artiste des Postes, d'effacer l'éternel clope au bec.
Ce recueil d'impressions de voyage lui est un modeste hommage, le "galurin gris" dont il se coiffe est celui que Blaise évoque dans un poème du Coeur du Monde consacré à sa malle de cabine. On y "tourne dans la cage des méridiens comme l'écureuil dans la sienne", passant sans transition ni dessein préconçu du détroit de Magellan à la mer Rouge, de la Gironde à Saigon, d'une tombe égyptienne aux ruines de Kaboul, de l'archipel des Açores à La Havane.
Alexandrie y voisine avec New York et la Lozère. Aucune cohérence à attendre, donc, sinon peut-être celle-ci : à chacune des escales de cette pérégrination, on a essayé d'exiger quelque exactitude des mots, de façon à ce qu'ils composent comme les fragments d'une géographie, autrement dit d'une écriture scrupuleuse de la terre.