Filtrer
Support
Éditeurs
Langues
Prix
PUF
-
L'histoire de l'ivresse est l'histoire d'une fascination oscillant entre exaltation romantique et dénonciation scandalisée - entre l'esthétisation et la moralisation. Pourtant, nombreux sont ceux qui, de tous temps et dans toutes les cultures, ont refusé cette alternative pour plutôt s'interroger sur ce que l'ivresse fait - sur les puissances insoupçonnées qu'elle recèle. De la Bagdad du IXe siècle au New York du XXe, de la France médiévale au Japon de l'ère Meiji, poètes, philosophes, écrivains, alchimistes ou simples ivrognes ont exploré, de manière souvent vacillante et imbibée, ce que l'ivresse change dans le domaine de l'art comme dans celui de la science, dans celui de la politique comme dans celui de l'éthique - et jusqu'à celui de l'être. Cheminant en compagnie de Abû Nûwas, Nakae Chômin, Rabelais, Dorothy Parker, Zhang Xu et de nombreux autres, Laurent de Sutter propose une traversée des transformations que l'ivresse propose, à la recherche d'une vérité nouvelle, ne tenant plus sur ses pieds que de manière hésitante : une vérité ivre, ridiculisant la police millénaire de la sobriété.
-
« Je suis déçu. » Cette phrase tombant comme un couperet vaut toutes les condamnations. Qu'elle concerne un film, un repas, une relation amoureuse ou un choix politique, la déception est le signe d'une chute sans pardon. Et si, dans l'affirmation de la déception, ne se cachait pas autre chose qu'une certaine bêtise : celle qu'il y a à attendre quoi que ce soit de quoi que ce soit ? Et si la déception n'était rien d'autre que le prix à payer de l'espoir - l'espoir n'étant jamais gratuit ?
Ce qui semble ne relever que de la morale implique en réalité toute une politique, un droit et même une théologie. Renoncer à l'espoir, ce n'est pas seulement renoncer à la possibilité d'être déçu ; c'est renoncer à un ordre beaucoup plus vaste, qui tente de régler chacune de nos rencontres avant même qu'elle n'ait lieu.
Poursuivant son travail de décadrage des grands concepts issus de la modernité, Laurent de Sutter ajoute un chapitre jouissif au chantier de ses Propositions. -
Pour en finir avec soi-même Tome 1 ; propositions
Laurent de Sutter
- PUF
- Perspectives Critiques
- 14 Avril 2021
- 9782130827009
Qui sommes-nous ? À cette demande, chacun nous intime désormais de répondre. Du développement personnel aux documents d'identité, des luttes politiques aux relations intimes, de la vie professionnelle aux moments d'illumination mystique, réussir à enfin être soi-même semble constituer la condition essentielle de tout. Mais d'où provient cette obsession pour le fait d'être quelqu'un ? Et, surtout, que révèle-t-elle de l'ordre du monde dans lequel nous vivons ? Dans son nouveau livre, Laurent de Sutter, propose une solution inédite à ces questions au terme d'une dérive surprenante, saisissant dans un même mouvement la méthode Coué et le très ancien droit romain, l'invention philosophique du moi et la pensée chinoise, la psychanalyse et la spiritualité indienne, le théâtre et la neurologie. Et si être soi-même n'était rien d'autre que le nom de la police ? Et si, pour résister aux appels à être « quelqu'un », il fallait enfin apprendre à devenir n'importe qui ?
-
Partout autour de nous règne le danger. Il nous effraie lorsqu'il est trop précis et nous angoisse lorsqu'il nous échappe. Face à lui, nous ne réclamons qu'une chose : la sécurité. Pourtant, cette réclamation ne vient pas de nous. Nous n'en sommes que les porte-parole - les hérauts inquiets d'une réalité qui nous dépasse davantage que nous le croyons. Car le danger n'est pas un sentiment personnel. Ce qui angoisse ou fait peur est d'abord l'enjeu d'un vaste processus politique de définition, où ce qui se joue n'est rien moins que la possibilité d'une distinction entre le pensable et l'impensable.
Mêlant musique et droit romain, philosophie et histoire de l'assurance, psychanalyse et théologie, Laurent de Sutter nous rappelle combien craindre le danger est se faire l'écho de la crainte d'un pouvoir pour qui la sécurité est la meilleure manière de se perpétuer. -
« Pop'philosophie » : s'il fallait se fier aux crises d'urticaires ou la morgue méprisante que ce simple mot provoque, il faudrait sans doute en conclure qu'il s'agirait du nom d'une étrange maladie. Cette maladie, ce serait celle de la philosophie qui se prostituerait au spectacle ou aux industries culturelles, à la pop-culture ou, pire, aux sirènes du populisme. Avec la pop'philosophie, ce à quoi on assisterait serait la ruine de la philosophie tout court, devenue tantôt gadget pédagogique pour enseignants désespérés, tantôt tentative un peu pathétique de capitaliser sur la glamour frelaté du monde du rock, du cinéma ou de la télévision pour ressasser les banalités les plus éculées. Et si c'était faux ? Pour Gilles Deleuze, en tout cas, qui inventa ce concept au mili eu des années 1970, ça l'était : à ses yeux, rien n'était plus important que l'invention d'une pop'philosophie qui sauverait enfin la pensée en général de la double tentation de la correction professorale ou de la pontification esthétique. Permettre d'inventer une pensée véritablement anarchiste, enterrant la philosophie pour l'ouvrir à des devenirs inédits : tel était l'objectif qu'il donna au concept de pop'philosophie.
Rien n'était moins simple - ni plus ambitieux. Il est temps de comprendre en quoi.
-
« Après la loi, il y a le droit ; après la loi, il y a la totalité de ce dont la loi a signé l'oubli ; il y a l'invention et le désordre, le savoir et l'exploration, la multiplicité et la singularité, les êtres et les choses, la force des gestes et celle de mots.
Après la lex, il y a le ius, le li, le giri, le dharma, la fiqh, la aggadah, la maât et le dînum ; après le nomos , il y a l'anomie, l'anarchie, l'injustice, l'arbitraire, la casuistique, la magie, le récit, la religion, les rituels. Après la loi, il y a l'ensemble des moyens que les êtres humains ont inventé pour devenir plutôt qu'être, et pour faire devenir avec eux les relations qui les unissaient à d'autres et finissaient par les constituer en groupes. Car telle est la différence principale qui sépare la loi du droit : la loi ne connaît que l'être, un être à la défense duquel elle est vouée par structure et par fonction - un être qu'il est de son devoir de ne pas remettre en question. »
-
Le 14 mai 2013, deux jeunes doctorants de la London School of Economics, Nick Srnicek et Alex Williams, publiaient, sur le site Critical Legal Thinking, un texte intitulé : « #ACCELERATE. Manifesto for an Accelerationist Politics ».
Ils y défendaient une thèse iconoclaste : la gauche, si elle veut sortir du marasme dans laquelle elle se complaît désormais, doit repenser sa relation au futur, à la technologie, au travail et à l'économie. Plutôt que continuer à résister aux innovations qui ne cessent d'étre produites dans tous les domaines, il est grand temps qu'elle apprenne à les embrasser si elle veut parvenir à dépasser un jour le capitalisme.
Il faut accélérer plutôt que tenter de décélérer - car seule une accélération politique, technologique, scientifique et économique assez puissante pourrait nous donner les chances de réaliser une révolution qui ne soit pas réactionnaire et vouée à l'échec. La parution de ce texte a suscité un débat mondial, et a aussitôt fait de Srnicek et Williams les chefs de file de ce qui a été appelé « accélérationnisme » - le mouvement défendant le dépassement du capitalisme par le haut, plutôt que par le bas. D'Antonio Negri aux xénoféministes de Laboria Cuboniks, des chefs de file du Réalisme Spéculatif au critique culturel Mark Fisher, les critiques féroces et les salutations enthousiastes n'ont pas cessé de fuser. Il fallait que les lecteurs francophones puissent avoir accès aux principales pièces du dossier : voilà qui est fait.
-
Réflexion du philosophe sur les motivations des auteurs d'attentats-suicides, depuis la fin du XIXe siècle. Ecartant les explications idéologiques, il démontre qu'ils sont pris dans une guerre des images, rappelant la surenchère visuelle des société...
-
Nous vivons l'âge du triomphe de la critique. Dans tous les domaines, il n'est rien qui soit davantage valorisé : esprit critique, théorie critique, critique d'art ou études critiques - tout se passe comme si la critique était le lieu de l'intelligence contemporaine. Mais sait-on vraiment ce que l'on fait, lorsqu'on défend la critique ?
Sait-on d'où elle vient et où elle va ? Se rend-on compte, surtout, de la manière dont le discours de la critique, en saturant tout le domaine du pensable, nous rend bêtes ?
Car la critique est d'abord une position : celle de la suprématie du sujet sur l'objet, de l'individu sur ce qui lui arrive, du spectateur sur ce qu'il voit. Et si la critique nous rend bêtes, c'est parce qu'elle nous rend forts : celui qui critique a toujours raison. Or c'est le désir d'avoir raison qui, dans le contemporain, est à la source de tous les maux que nous endurons : politiques, éthiques, esthétiques, écologiques, épistémologiques. Il est donc grand temps d'en finir avec la critique, et d'ouvrir une nouvelle ère. C'est cette nouvelle ère qu'appellent de leurs voeux dix des plus brillants penseurs de la nouvelle génération, en un manifeste appelé à faire date.
-
Vies et morts des superheros
Laurent de Sutter
- PUF
- Perspectives Critiques
- 20 Janvier 2016
- 9782130735120
Dix trentenaires biberonnés aux comic books et aux blockbusters hollywoodiens. Dix penseurs qui considèrent que la vérité du monde se situe là où l'on aime le moins la regarder. Dix écrivains qui ont un jour décidé que penser, au XXIe siècle, impliquait désormais de raconter des histoires. Dix super-héros emblématiques. Dix méditations virtuoses. Voilà ce que vous trouverez entre les pages de Vies et morts des super-héros : dix manières de tenter de réfléchir le contemporain, à partir du coeur le plus ambigu, le plus méprisé, de la pop culture mondialisée.
Superman et l'enfance. Batman et la surveillance. Hulk et la guerre. Iron Man et le capital. Dr. Strange et la pensée. Spider-Man et l'éthique. X-Men et la culture. Captain America et la nation. Et même Capitaine Chaos. Non, les super-héros ne sont pas qu'un produit - que l'enfant bâtard du capitalisme des industries culturelles et des délires identitaires, raciaux ou machistes d'une nation fantasmant son histoire et sa grandeur. Ils sont bien plutôt ce à partir de quoi l'un comme les autres entrent en crise. Ils sont le moment de leur réel. Le moment où tout craque.
-
Magic est de ces livres étonnants, bouleversant tout ce que nous croyions savoir sur un sujet. À partir d'une interrogation sur l'apparition du concept de « lien social » chez Rousseau ou Durkheim, Laurent de Sutter propose une surprenante remise en cause du consensus régnant autour de l'idée de lien. Plutôt que de poursuivre l'investigation du côté de la sociologie, il suggère, pour comprendre ce qui nous lie, de regarder du côté d'un droit qui aurait retrouvé ce qui lui a toujours été consubstantiel et que l'on a pourtant tenté de refouler, à savoir sa magie.
Que se passerait-il si, en effet, le droit était la dernière manifestation de la magie dans un monde qui croyait pouvoir s'en passer ? Telle est la question au coeur de ce bref essai érudit, spectaculaire et fascinant, passant avec une grâce provocante de Montesquieu à Giordano Bruno, des juristes romains à Gabriel Tarde, de Marcel Mauss aux inspirateurs du Code civil, de Giorgio Agamben à Quentin Meillassoux.
-
De l'indifférence en politique
Laurent de Sutter
- PUF
- Perspectives Critiques
- 13 Février 2008
- 9782130566861
Le livre que le lecteur tient entre les mains est un bréviaire de l'indifférence à la politique. Ce bréviaire, toutefois, ne vise aucune fin édificatrice, ni prosélyte. Il se contente d'être l'exposé fragmentaire d'un soupçon vague : que la politique ne rend pas heureux. Plutôt qu'y dépenser une énergie que nous n'avons pas, ne vaut-il pas mieux nous tourner vers d'autres horizons ? Déambulant le long d'une plage des Pouilles, assis à la terrasse d'un café parisien, ou goûtant, depuis le balcon d'un hôtel, la nuit londonienne, nous n'avons que l'embarras du choix. II suffit qu'une jeune fille croise notre chemin pour que la politique s'évanouisse comme un rêve d'hiver.
-
Le livre des trahisons ; le gouvernement Hollande contre la gauche
Laurent de Sutter
- PUF
- Hors Collection Puf
- 7 Septembre 2016
- 9782130785729
Le 15 mai 2012, François Hollande était élu président de la République française. Depuis, avec l'aide de ses différents gouvernements, il n'a cessé de multiplier les actions, les lois et les déclarations contraires à ce qu'il avait annoncé - et, surtout, contraires à l'idée la plus élémentaire de ce que peut être la gauche. Quarante intellectuels et écrivains se sont donc réunis pour dresser la chronique de ces trahisons et pour raconter, à rebours de l'épilepsie médiatique favorisant notre amnésie, quelque chose de la condition politique du présent. Du programme présidentiel au projet de loi El Khomri, des déclarations de Manuel Valls contre toute tentative d'explication au passage en force de la constitutionnalisation de l'état d'urgence, de la gestion de la jungle de Calais, jusqu'aux dictateurs invités par l'Élysée, à la lutte contre les prostituées et à la démission de Christiane Taubira, ce sont quatre années invraisemblables qui viennent de s'écouler. Ce n'est pas la première fois que la gauche a trahi la gauche, mais celle-ci pourrait bien être la dernière.