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Joan Ungersma Halperin
-
Lettres & enveloppes rimées à Noura (Suzanne des meules)
Félix Fénéon, Joan Ungersma Halperin
- Claire Paulhan
- Tire-a-part
- 11 Juin 2018
- 9782912222619
Le réservé et ironiste « F.F. » est aujourd'hui reconnu comme le « critique et parfait critique » d'art qui exposa de nombreux peintres à la galerie Bernheim-Jeune et révéla, entre autres, Georges Seurat en 1886. Collaborateur décisif de nombreux périodiques symbolistes, artistiques et libertaires, Fénéon fut aussi l'éditeur qui publia, toujours en 1886, Les Illuminations de Rimbaud. Il est l'auteur, enfin, des inoxydables « Nouvelles en trois lignes »... Mais cette figure de l'avant-garde esthétique et de l'anarchisme intellectuel fut avant tout un personnage énigmatique.
Début 1912, dans la station thermale du Mont-Dore où sa femme Fanny prenait les eaux, Félix Fénéon succomba au charme d'une jeune « danseuse de caractère »... Il avait alors cinquante et un ans, Suzanne Des Meules vingt-quatre. Cette différence d'âge ne transparaît guère dans les lettres de celui qui signe parfois « Félicie ». Enjouées, érotiques, spirituelles, elles révèlent une constante « légèreté de l'être » tout au long de leur tendre et libre relation, qui dura jusqu'à la mort de Fénéon en 1944 : « Donne-moi de tes nouvelles, lui écrit-il en 1916, et dis-moi si ton con divin est toujours à sa place, entre ton doux ventre et ton cul adoré. Je t'embrasse sur le recto et le verso de ta page érotique, sur l'avers et le revers de ta médaille à l'effigie de Sapho, sur le côté face et le côté pile de ta pièce au millésime 69. » À la fin des années 60, Joan U. Halperin montra quelques-unes de ces lettres retrouvées à Jean Paulhan, qui en fut « un peu sonné », lui qui avait connu un « Fénéon si délicat, usant de tant de circonlocutions pour dire bonjour et bonsoir, et tout d'un coup... Bien ».
Illustrées par des photographies d'époque, des oeuvres d'Émile Compard, de Paul Signac et de Séverin Rappa, voici 70 lettres et enveloppes rimées (que n'aurait pas reniées Mallarmé) envoyées par Félix Fénéon entre 1913 et 1942 (complétées par 5 lettres de sa veuve) à celle qu'il appelait Noura.
Édition établie, présentée et annotée par Joan Ungersma Halperin, qui rassembla les Oeuvres plus que complètes de Fénéon (Droz, 1970) et écrivit sa biographie, Félix Fénéon. Art et anarchie dans le Paris fin-de-siècle (Gallimard, 1991). -
Félix Fénéon : art et anarchie dans le Paris fin de siècle
Joan ungersma Halperin
- GALLIMARD
- Nrf Biographies
- 21 Février 1991
- 9782070716999
Félix Fénéon (1861-1944) : éminence grise du Paris des arts et des lettres qui contribua à façonner le goût et à fixer les valeurs des générations de l'avant-Première Guerre mondiale. Directeur d'une dizaine de revues, dont la Revue indépendante qu'il fonda, puis la Revue blanche, il publia des oeuvres absolument neuves, au rang desquelles les Illuminations de Rimbaud et Paludes de Gide ; critique, il encouragea Mallarmé et la littérature symboliste, il révéla au public la peinture postimpressionniste de Seurat, Signac et Pissarro ; anarchiste de conviction, il fut suspecté par la République d'avoir joint l'acte propagandiste à la parole militante en jetant une bombe dans un restaurant de sénateurs en avril 1894, mais il fut acquitté par la justice faute de preuves ; moraliste, il acheva la période la plus riche de sa vie en rédigeant pour les faits divers de grands quotidiens des «Nouvelles en trois lignes», qui furent autant de bombes lancées à la face de l'existence et de son amère comédie.