Qu'est-ce que le cinéma? Un lieu, la salle, dans lequel des spectateurs assistent, dans le noir et en silence, à un spectacle collectif sur grand écran? Ou plutôt un film, objet artistique né de l'imaginaire des auteurs, que le spectateur apprécie quel que soit l'écran choisi? La question divise alors que se multiplient les ½uvres réalisées par des metteurs en scène renommés, qui ne sortent plus en salle, mais sont directement diffusées sur Netflix ou Amazon Prime Vidéo.
L'ouvrage éclaire d'un regard nouveau les mutations d'une filière industrielle. Il montre la dislocation progressive de l'économie commune qui liait la salle et le film au profit d'économies multiples. Les frontières entre le film et les autres productions deviennent poreuses. La salle s'intègre dans une large économie mondialisée des écrans. La régulation de l'audiovisuel, passion française, est sommée de s'adapter au monde numérique. L'industrie hollywoodienne, longtemps dominante, est soumise à rude épreuve, tantôt absorbée par les géants du numérique, tantôt confrontée à des pays qui, comme la Corée ou la Chine, veulent, à leur tour, faire de l'audiovisuel un outil de soft power.
L'EMNS - École des Médias et du Numérique de la Sorbonne - dirigée par Joëlle Farchy, est un pôle pluridisciplinaire qui rassemble les activités de formation du Master 2 Économie de la culture et numérique (m2ecn) de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, et les activités de recherche de la Chaire Pluralisme culturel et Éthique du numérique (PcEn).
Joëlle Farchy est professeure à l'Université Paris 1 Panthéon - Sorbonne, spécialiste de l'économie des industries culturelles.
Fondée en 1941 par Paul Angoulvent, traduite en 40 langues, diffusée pour les éditions françaises à plus de 160 millions d'exemplaires, la collection " Que sais-je ? ", est aujourd'hui l'une des plus grandes bases de données internationales construite, pour le grand public, par des spécialistes.
La politique d'auteurs, la régularité des rééditions, l'ouverture aux nouvelles disciplines et aux nouveaux savoirs, l'universailité des sujets traités et le pluralisme des approches constituent un réseau d'informations et de connaissance bien adapté aux exigences de la culture contemporaine.
L'ambition de cet ouvrage est de porter un regard d'économiste sur l'industrie particulière du cinéma.
Particulière, dans la mesure où, comme toute " industrie culturelle " le cinéma est marqué par les tensions entre l'importance de la phase de création d'un prototype et un processus industriel de fabrication et de diffusion soumis aux mêmes exigences de rentabilité industrielle que n'importe quelle autre activité. De cette tension " originelle " découlent toute une série de paradoxes économiques autour desquels s'organise la lecture de cet ouvrage.
Ces paradoxes sont aujourd'hui exacerbés par de vastes mutations économiques et technologiques qui sont autant de défis que doit relever l'industrie cinématographique. D'une part, le cinéma ne se limite plus à l'exploitation classique d'un film en salle mais s'intègre comme un élément parmi d'autres d'une large économie de l'audiovisuel mondialisée. D'autre part, le numérique bouleverse de l'amont à l'aval à la fois les stratégies industrielles des acteurs, la consommation des (télé)spectateurs et le financement des oeuvres.
2001 : les majors du disque ont eu raison du site gratuit d'échange de fichiers musicaux Napster.
Pour n'avoir pas respecté les règles du copyright, celui-ci doit s'incliner devant la justice américaine, laissant des millions d'internautes orphelins. Mais les successeurs de Napster, plus astucieux, plus performants encore, symbolisent toujours le rêve, grâce à Internet, d'une autre forme d'accès au savoir et à la culture. Face à la gratuité et à la liberté d'utilisation revendiquées, la propriété intellectuelle fait figure d'obstacle emblématique.
Comment en effet favoriser l'accès universel au savoir et à la culture, dans un monde où les informations circulent de plus en plus vite, tout en garantissant la pérennité et la diversité des créations et productions futures ? La question n'est pas purement juridique ou commerciale, mais aussi éthique et politique ; il s'agit de savoir qui doit profiter de la société de l'information et pour quoi faire Dans le contexte actuel, la propriété intellectuelle ne mérite ni surplus d'honneur ni indignité et ceux qui pensent qu'il suffirait de la renforcer pour limiter le copiage ou de l'abolir pour favoriser le libre accès se trompent lourdement de combat.
Le véritable combat est d'apprendre à gérer la gratuité en trouvant des formes de financement diversifiées et de préserver la liberté d'accès en limitant les excès de la concentration économique. Car il ne semble pas que l'abandon pur et simple de la culture à la logique marchande puisse aboutir à un nouvel équilibre. Dans une configuration radicalement nouvelle, les formes de régulation se doivent d'évoluer mais seules des instances politiques fortes pourront faire coexister pluralisme et culture pour tous.
L'industrie cinématographique mondiale fait l'objet, depuis une décennie, de mutations économiques sans précédent. Les festivals internationaux offrent un miroir saisissant des évolutions du cinéma d'auteur pour lequel la circulation des films hors des frontières nationales constitue un enjeu majeur. Face à l'offre pléthorique de contenus numériques, le rituel bien huilé des festivals reste en effet le lieu de légitimation du film comme oeuvre artistique, un maillon essentiel d'une mécanique économique précise et le reflet de la géopolitique mondiale.
À partir de l'exploitation d'une base de données originale, l'ouvrage compare l'ambition internationale de la programmation et l'importance des critères nationaux et locaux. La place des femmes, la nationalité des films et réalisateurs sélectionnés, l'évolution des langues parlées, le rôle de chaque festival dans la carrière internationale des films, l'apparition de plateformes numériques comme Netflix sont autant de thématiques sur lesquelles un regard inédit est porté.
L'EMNS - École des Médias et du Numérique de la Sorbonne - est un pôle pluridisciplinaire de recherche et de formation créé par l'Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, en partenariat avec des entreprises et des institutions publiques. Dirigée par Joëlle Farchy, elle a pour vocation de décrypter l'actualité des médias et de la culture à l'ère numérique.
Dans un marché de l'art en plein essor, la mondialisation des échanges s'accompagne d'une forte concurrence entre les différentes places de marché. Introduit pour la première fois en France en 1920, le droit de suite est une forme particulière de droit d'auteur réservée à la revente sur le second marché d'oeuvres d'arts graphiques et plastiques. Progressivement étendu à de nombreux pays, il n'a cessé cependant d'alimenter fantasmes et polémiques en raison de ses effets négatifs supposés notamment en terme de délocalisation des transactions. Les places européennes les plus actives comme Londres ou Paris ne subissent-elles pas, en appliquant le droit de suite, une perte d'attractivité au profit de New-York ou Shanghai leurs principales rivales ?
L'ouvrage propose de répondre à cette question tout en soulignant l'importance des difficultés méthodologiques rencontrées. Des analyses empiriques originales complètent une revue des arguments économiques couramment avancés. Au terme de ce travail, le choix du lieu de vente d'une oeuvre d'art apparaît largement déconnecté de l'existence du droit de suite.
De multiples facteurs jouent sur la localisation des transactions, l'émergence de nouvelles places de marché ou le déclin de celles historiquement dominantes. Toutes, à leur manière, conservent de fortes spécificités locales.
Les industries culturelles et les médias se sont emparés des outils de l'intelligence artificielle grâce à des algorithmes nourris par de larges corpus de données. La recommandation, si cruciale face à une offre surabondante, se construit en rapprochant les comportements des utilisateurs et les caractéristiques précises des contenus. Les habituelles intuitions et expertises humaines sont complétées afin de découvrir, enfin, les clés de la réussite. De nouvelles oeuvres, plus ou moins automatisées, sont produites tel le fameux tableau Edouard de Bellamy dont la vente a atteint des records chez Christie's.
L'ouvrage abonde d'exemples d'utilisation d'outils d'intelligence artificielle par des plateformes comme Spotify ou Netflix ou par des start-ups spécialisées. Les industries culturelles font figure de laboratoire pour les modèles économiques émergents en posant de nouvelles questions. Qui sont les auteurs de ces créations et comment seront répartis les revenus associés ? Comment articuler la supervision par des humains avec l'automatisme des machines ? Sous quelles conditions les données personnelles des internautes sont-elles protégées ? La compétitivité des acteurs et la régulation d'un secteur atypique sont en jeu.
Le droit d'auteur sera-t-il emporté par la révolution numérique ? D'aucuns le prétendent. Son maintien serait pour eux incompatible avec une société de l'information fondée sur la libre et universelle diffusion des oeuvres permises par les technologies de l'information, contraire à l'idéologie du partage et de la coproduction inhérente à cette société et pour tout dire devenu superflu avec la dissolution de la notion d'auteur dans le vaste ensemble inextricable de textes, de sons et d'images, dont l'incessante recombinaison produit les oeuvres nouvelles. Ce numéro a pour objectif de présenter quelques axes de réflexion dans un débat où les non-initiés éprouvent, il faut bien le dire, une certaine perplexité.
Dénicher un livre ancien chez un bouquiniste, le DVD d'une série passée de mode dans un vide grenier ou un CD usagé dans les bacs d'un disquaire de quartier, autant de pratiques qui ne seront peut-être bientôt plus que les souvenirs d'une époque révolue, dans ces temps où le marché de l'occasion ne posait guère de problèmes aux acteurs des filières culturelles. Dans le monde physique, la revente de biens d'occasion s'est développée sans susciter de questionnements particuliers.
Mais qu'en est-il maintenant que ces biens deviennent numériques ? La question devient brûlante et interroge l'économie des secteurs concernés, les droits des internautes, les usages possibles ou autorisés. À partir d'une analyse des pratiques actuelles en matière d'achat et de revente d'occasion des biens culturels, l'ouvrage se penche sur l'opportunité de l'ouverture d'un marché de l'occasion numérique.
Le consommateur ayant acquis légalement une oeuvre dématérialisée peut-il et veut-il la revendre mais aussi la prêter, la donner, la jeter, la stocker, la dupliquer pour lui-même ou pour la partager, l'offrir, etc. ? L'enjeu n'est pas seulement la revente mais plus largement de trouver la place de ces biens dans une "seconde vie" numérique.
« Choc des civilisations », « Djihad versus McWorld », « exception culturelle » : c'est ainsi qu'est abordé à partir du milieu des années 90 le rôle de la culture dans les affaires mondiales.
Depuis lors, les questions identitaires - donc culturelles - se sont imposées partout avec une acuité nouvelle, comme en témoignent les craintes suscitées par l'élargissement de l'Union européenne, l'affaire des caricatures de Mahomet dans un journal danois ou le débat sur l'identité nationale en France. La mondialisation culturelle modifie les conditions dans lesquelles se déroulent les interactions entre les sociétés et leurs cultures.
Dans la sphère médiatique globalisée, de plus en plus soumise à la logique économique, c'est aussi la maîtrise des symboles qui se joue, c'est à dire la structuration des imaginaires. Du coup, la différence entre les valeurs, les visions du monde et les modes de vie acquièrent une importance décisive.
La question la plus importante que pose la mondialisation n'est pas celle de savoir comment commercer davantage, mais plutôt de décider comment vivre ensemble à l'échelle planétaire avec des différences culturelles qui ne cessent de se renouveler.
Cet ouvrage situe les enjeux géoculturels dans une perspective stratégique. Il propose de les inclure, sur le même pied que les enjeux géopolitiques et géoéconomiques, dans la gouvernance mondiale que le système international actuel ne suffit plus à assurer. Les politiques nationales, indispensables pour gérer les conséquences de la mondialisation, ne pourront être efficaces que si des entités géoculturelles s'instituent comme ères d'interactions culturelles privilégies. L'Europe des cultures, la Francophonie et l'IbéroAmérique, notamment, pourraient constituer des laboratoires du pluralisme culturel mondial et des alternatives crédibles à la perspective des chocs de civilisation.
le droit d'auteur est l'objet de débats passionnés ; le sujet est passé du cercle fermé des spécialistes à un véritable enjeu de société.
la contestation numérique constitue la manifestation la plus visible des multiples remises en question dont il a pu être la cible. a partir d'un retour sur les fondements de ce droit, ce livre de deux économistes montre la tension permanente entre la recherche de la diffusion la plus large des oeuvres de l'esprit et la volonté de protéger, respecter et rémunérer la création. il propose tout à la fois un état des lieux de la pensée économique sur le droit d'auteur et une synthèse originale des principaux débats sur la légitimité, le champ d'application et les enjeux stratégiques de ce droit.
Le prix Nobel d'économie Milton Friedman l'a dit clairement : « un repas gratuit, ça n'existe pas ». Pourtant, le web semble remettre en cause cet axiome puisqu'il permet aux internautes d'accéder, sans dépense apparente, à une multitude de biens culturels. Que vaut cette gratuité numérique ? Faut il dans la continuité du rapport Lescure proposer une légalisation des échanges non marchands ? L'ouvrage explore ces notions et analyse trois secteurs qui constituent les principaux produits d'appel du marché de l'internet : l'audiovisuel, la musique et le livre.
L'analyse des revenus que Spotify ou DpStream, iTunes ou Usenet, LastFM ou Popcorn, VLC ou Shazam, et bien d'autres encore, tirent de la circulation des biens culturels permet de comprendre leur place dans l'économie numérique. Derrière une même apparence de gratuité pour l'internaute, les modèles proposés ont des conséquences bien différentes. L'internaute devra lui aussi en payer le prix, sous forme directe ou indirecte, aujourd'hui ou demain tandis que les modalités de partage de valeur entre les acteurs économiques sont amenées à évoluer.