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Les Allusifs
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La haine et la rancoeur peuvent ronger un être jusqu'à le détruire. C'est ce qui arrive à doña Lena, épouse d'Erasmo Mira Brossa, avocat, président du Parti national hondurien, et mère d'une fille unique, Teti. La fielleuse Lena, dont les insultes et les accusations traversent tout le roman comme des coups de tonnerre, enferme son mari dans les toilettes pour l'empêcher d'assister au mariage de leur fille, une union qui à ses yeux démolit l'image de la famille. Car Teti épouse un Salvadorien divorcé beaucoup plus âgé qu'elle, et certainement communiste, croit sa mère. Horacio Castellanos Moya utilise ici la voix d'une bourgeoise hystérique pour faire un portrait au vitriol des classes possédantes d'Amérique centrale. À sa façon excessive, il dépeint le démantèlement d'une grande famille sur fond d'écroulement politique, dans une ambiance de folie, de conspiration, de suspicion et de conflits. Effondrement confirme ses dons de portraitiste acide et le révèle comme l'un des meilleurs connaisseurs de sociétés qui semblent répéter leurs névroses à l'infini.
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On retrouve l'assassin d'Olga María rencontré dans le précédent titre publié aux Allusifs en 2004. On découvre cet assassin sans âme ni conscience à travers le même procédé du monologue déjà utilisé par l'auteur. Il se nomme Robocop et est sergent dans une troupe d'assaut, il mesure un mètre quatre-vingt dix, pèse près de cent kilos et est un des combattants les plus féroces. Mais une fois la guerre terminée et les accords de paix signés entre la guérilla et le gouvernement d'une nation d'Amérique centrale, la démobilisation survient et que deviennent ces soldats ? Les uniques biens qu'il a conservés à cet instant à la réintégration d'une supposée vie civile furent trois fusils, huit grenades à défragmentation, son pistolet neuf millimètres et un chèque équivalent à trois mois de salaires. Que faire alors ? Comme les faibles ne survivent pas, Robocop continuera à se consacrer à l'unique tâche pour laquelle il a été préparé : se battre.
Et ainsi, il se convertira en membre de diverses bandes de délinquants intégrées par des ex militaires ou des ex guérilleros qui opèrent comme commandos hautement spécialisés dans le cadre d'une transition politique bien délicate. Des bandes dans lesquelles la loyauté est à peine provisoire et les trahisons toujours imminentes. On retrouve également dans ce titre la critique acerbe d'une société salvadorienne corrompue et prête à tout pour s'arracher les biens.
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D'oú est venu le coup de grâce qui a achevé atberto aragon ? pourquoi l'ex-ambassadeur salvadorien a-t-il fui son pays un matin de juin 1994 pour aller s'égarer dans le labyrinthe de mexico, vivre ses derniers jours rongé par l'alcool et abandonné de tous ? personnage ambigu, impliqué dans d'obscures tractations politiques, homme de confiance de ta guérilla salvadorienne et diplomate éphémère au service du gouvernement de la junte militaire, il a longtemps oeuvré dans les coulisses d'une guerre civile longue et meurtrière.
Pepe pindonga, un détective salvadorien fou de femmes et d'alcool mais abstème volontaire dont l'incontinence verbale est aussi irrésistible qu'inépuisable, est chargé par un mystérieux ami du défunt d'enquêter sur cette disparition : une mission providentielle pour le privé qui a justement besoin de s'extraire du marasme éthylique d'une peine d'amour comme il n'en a jamais connu.
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Un jour, à San Salvador, Olga Maria Trabanino est assassinée devant ses enfants.
Le tueur, un ancien militaire, est arrêté, mais il tait l'identité du commanditaire. L'enquête s'enlise et Laura Rivera, amie de la victime, s'immisce dans le mystère et découvre un dédale d'intrigues où d'énormes intérêts sont en jeu. Dans ce roman, Horacio Castellanos Moya porte un témoignage impitoyable sur la difficulté d'établir la vérité dans une société corrompue. Le talent de l'auteur (né en 1957) repose sur sa prodigieuse maîtrise du monologue intérieur et des registres oraux, comme l'avait démontré Le dégoût publié chez Les Allusifs.
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dans les rues d'une capitale latino-américaine, eduardo sosa, un jeune homme désoeuvré, décide de suivre l'intrigant jacinto bustillo, qui vit dans une voiture stationnée au pied d'un immeuble.
quelques heures et autant de gorgées d'alcool plus tard, l'étudiant chômeur tue le clochard pour se glisser à ta fois dans ta chevrolet - jaune criard - et dans la personnalité de jacinto, ou du moins celle qu'il imagine. là, c'est la divine surprise : loti, beti, valentina et carmela, de somptueuses créatures toutes d'écailles vêtues, t'adoptent. ensemble, ils s'en vont pied au plancher régler quelques problèmes conjugaux du trépassé.
et tant pis si leur virée contraint à ta fuite le gouvernement et met la moitié de la ville à feu et à sang.
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À travers un monologue ressassant, qui brasse des faits terribles, des interprétations plus ou moins assurées, des scènes à caractère hallucinatoire, un narrateur raconte en 12 chapitres les étapes d'une descente aux enfers, ses propres enfers et ceux d'une société qui baigne dans la violence et le meurtre, comme dans son élément naturel. Ce narrateur, homme sans nom et étranger au pays où il se trouve, est devenu un exilé volontaire afin de fuir les persécutions entreprises par les autorités de son pays. Il lit et corrige un rapport élaboré par l'Église Catholique dans lequel sont reportés minutieusement les massacres d'Indiens, toutes les exactions et les violations de ce que l'on nomme les Droits de l'Homme, commis par des militaires, nommément désignés et dont l'impunité est totale et le pouvoir de nuire et de tuer, encore immense. Chaque chapitre mêle dans les propos emportés du narrateur des descriptions des atrocités de l'armée, des citations des témoignages des survivants assimilées à la plus haute poésie, et les inquiétudes personnelles de ce correcteur - le sexe, la peur, la panique, la colère et la rage qui naissent de tout incident quotidien, le tout plongé dans un fort courant que le narrateur lui-même nomme paranoïa. Plongée dans le délire, ce roman est autant le portrait d'un homme aux lisières de la folie, que celui d'un pays qui vit la violence comme sa nature. C'est aussi un réquisitoire politique : après l'échec et la fin des guérillas, l'ensemble des sociétés n'ont plus les valeurs ni les forces nécessaires pour imposer la démocratie.
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Pendant une fin d'après-midi, un homme,Vega, revenu dans son pays, après dix-huit ans d'absence, pour enterrer sa mère, parle, monologue devant un ami retrouvé dont on ne saura que le nom, Moya. Ses propos sont une longue imprécation contre le Salvador, une description sarcastique qui naît du dégoût que lui inspire la réalité salvadorienne, sous tous ses aspects. Ce long monologue, par moments d'une grande violence, est traversé d'épisodes comiques, d'un comique très noir.