Pour ne plus avoir à répondre aux questions sur son père, Grisha s'est coupé la langue. Il avait treize ans. Aujourd'hui, il est prêt à entendre son histoire, celle de Paltiel Kossover, poète juif assassiné. En retraçant le destin de son père, il plonge au coeur de toutes les violences du XXe siècle. Le témoignage qu'il recueille devient pour lui une mémoire retrouvée.
" pourquoi j'essaie de vous haïr, john dawson ? parce que mon peuple n'a jamais su haïr.
Sa tragédie, au cours des siècles, s'explique par le manque de haine dont il fit preuve à l'égard de ceux qui, souvent, réussirent à l'humilier, notre seule chance, à présent, john dawson, c'est de savoir vous haïr, c'est d'apprendre l'art et la nécessité de la haine. ".
Vivants ou morts, présents ou rêvés, Elie Wiesel rassemble des personnages au pied du Mur des lamentations et les ancre dans l´un des événements majeurs de l´histoire d´Israël: la guerre des Six Jours. Devant ce mur, les mendiants parlent, commentent et témoignent de la prise de Jérusalem. Aux histoires et légendes se mêlent les récits d´holocauste et des temps d´occupation.
Jérusalem est au centre des débats : ceux qui les écoutent repartent plus riche d´une foi et d´une histoire éternelle.
New York, 1975 : Shaltiel Feigenberg, un conteur juif américain, est enlevé en plein jour à Brooklyn, par un groupe révolutionnaire. Première action de ce type sur le sol américain, l'affaire fait la une des médias à travers le monde. Reclus dans une cave, les yeux bandés, livré à lui-même, le prisonnier se souvient : la déportation de ses proches, sa survie qu'il doit à sa passion pour les échecs, le récit du père et de l'oncle rescapés d'Auschwitz, l'émigration aux États-Unis.
" on se revoit enfant, accroché à sa mère.
Elle murmure quelque chose. parle-t-elle du messie ? on a envie de lui dire : " tu es morte et il n'est pas venu. il viendra peut-être, mais ce sera trop tard. " on marche avec son père à l'office du shabbat. puis dans les rangs d'un cortège de morts. on souhaite le rassurer, le consoler : " n'aie pas de crainte, ton fils tâchera de vivre en bon juif. " mais on ne dit rien. on appelle en silence une petite fille belle et souriante, grave et recueillie, on lui caresse les cheveux qui sont comme des rayons de soleil.
Dresser le bilan cette fois encore ? contenir l'émotion ou la libérer ? on laisse sa pensée escalader des montagnes, dévaler des chemins escarpés, s'égarer dans des cimetières invisibles, rechercher et fuir la solitude et les gens, les histoires déjà racontées et celles qu'on racontera plus tard. " elie wiesel.
Comment un homme peut-il être à la fois coupable et non coupable ? C'est la question que se pose Yedidyah, critique théâtral chargé de couvrir le procès de Werner Sonderberg, jeune Allemand accusé d'avoir assassiné son vieil oncle.
Quand les innocents se sentent coupables et les coupables innocents, quand le passé resurgit et demeure incompréhensible, que reste-t-il ?
Victime d'hallucinations, Doriel pense être possédé par un dibbouk , une âme errante. Pure folie ? Dans le huis clos du cabinet de sa psychanalyste, il traque les fantômes de sa mémoire. Et remonte aux sources de son exil douloureux, hanté par l'Holocauste. Doit-il vraiment restituer la voix du petit garçon écorché qui sommeille en lui ? Jusqu'où est-il bon de se souvenir ? Une dernière fois, Doriel interpelle les âmes disparues : sa mère, si belle, Jonathan l'ami de toujours, Maya et Ruth aussi...
" je vais devenir militant.
Et enseigner. partager. témoigner. révéler et diminuer la solitude des victimes ". tels sont les défis que se lance, à 40 ans, elie wiesel. les lieux oú règnent la guerre, la didacture, le racisme et l'exclusion déterminent la géographie de son engagement et son histoire au jour le jour : urss, moyen-orient, cambodge, afrique du sud, bosnie .
Conférences, manifestes, interventions : pour le romancier de l'angoisse et du doute, la parole devient une arme.
Il dénonce la libération du terroriste abou daoud par la france, la visite de reagan au cimetière militaire allemand de bitburg, les contrevérités de mitterrand, walesa ou simon wiesenthal, les excès de l'armée ou de la justice en israël. et combat ces intellectuels inquisiteurs qui comptent les " dividendes d'auschwitz ", ces producteurs pour qui l'holocauste est prétexte à grand spectacle, cette intelligentsia qui jette le trouble entre israël et la diaspora.
Avec le prix nobel de la paix viennent la célébrité, les honneurs, les désillusions. et parfois la solitude, malgré la présence, au coeur des rêves, de la famille disparue, malgré la chaleur des étudiants de new york, boston ou yale, malgré le cercle des amis et l'ahavat-israël, l'amour pour israël.
" tous les fleuves vont à la mer, et la mer n'est pas remplie ". et pourtant, comment l'adolescent miraculé de buchenwald renoncerait-il à son rôle de témoin et de défenseur des droits de tous les hommes ?.
« Votre père est malade, sa mémoire s'éteint. » Malkiel vacille. Comment imaginer son père, Elhanan Rosenbaum, dépossédé de sa propre histoire, lui qui vit dans le culte du souvenir ? Mais quel souvenir ? Malkiel quitte New York et la femme qu'il aime pour un pèlerinage sur la terre de ses ancêtres, en Roumanie. La guerre, le ghetto, Israël... Il doit découvrir ce qu'Elhanan n'a pu lui dire.
Adam (ou le mystère du commencement), abraham et isaac (ou histoire du survivant), joseph (ou l'éducation d'un juste), job (ou le silence révolutionnaire), d'autres personnages bibliques sont ici évoqués par un conteur qui les fait émerger tout ruisselants de leur passé et du passé de ceux qui en transmirent la mémoire - et tout présents à ceux auxquels le poète ouvre cette immense symbolique pour aujourd'hui.
"enfant je lisais ces récits bibliques avec un émerveillement mêlé d'angoisse. j'imaginais isaac sur l'autel, et je pleurais. je voyais joseph prince d'egypte, et je riais". cet émerveillement et cette angoisse, elie wiesel les fait partager à ses lecteurs dans cette interprétation à la fois poétique et critique qui s'appelle le midrash.
" J'ai une histoire à te raconter, une histoire juive très drôle.
C'est un messager nommé Gavriel qui me l'a racontée.
Je n'aime pas les histoires juives drôles. Elles sont tristes et font appel à la pitié. Je n'aime pas que les Juifs fassent appel à la pitié.
Dans mon histoire, il ne s'agit pas de pitié, mais plutôt de colère.
Dans ce cas, je t'écoute.
Grégor se passe la main sur ses lèvres. Par où commencer ? "
Parmi les passagers du vol new york-tel-aviv, il y a claudia, qui va retrouver l'homme qu'elle aime ; razziel, qui a rendez-vous avec un mystérieux sage qui l'a aidé quand il était en prison ; yoav, qui retourne en israël finir ses jours ; george kirten, qui espère se décharger d'un secret trop lourd pour lui, et bruce schwarz, qui souhaite échapper enfin à son destin d'éternel séducteur insatisfait.
Mais l'avion fait un atterrissage forcé dans le connecticut et les cinq voyageurs sont recueillis par le juge et son adjoint, le bossu. enigmatique et inquiétant, le juge impose à ses hôtes d'une nuit un interrogatoire serré : en quoi sont-ils coupables, innocents, responsables ?
Tous comprennent alors qu'au terme de son enquête, le juge prononcera une sentence de mort contre l'un d'entre eux.
Le Hassidisme, ce mouvement qui est né au XVIIIe siècle dans le peuple juif dispersé aux confins de l'Europe centrale et orientale, n'a constitué ni une doctrine ni une idéologie. Il a été avant tout une façon d'être, de voir, et de vivre. Au départ, un visionnaire solitaire : Israël Baal Shem-Tov, le Maître du bon nom. Aux Juifs opprimés par des siècles de persécution, il lance un étonnant appel à la joie. Et ses disciples, le grand Maguld, Levi-Yitzhak de Berditchev, Israël de Rizhin ou Rabbi Nahman de Bratzlav, à travers un étrange réseau de communications et de successions, vont surgir ici et là, susciter les enthousiasmes, animer des communautés. "Le Hassidisme qui prêchait la fraternité et la réconciliation devint l'autel sur lequel tout un peuple fut immolé. Parfois, l'enfant en moi me dit que le monde ne méritait pas cette Loi, cet amour, ce message de spiritualité, ce chant qui accompagne l'homme sur sa route solitaire."
La vie de déraciné de Gamliel Friedman a commencé à Budapest à l'automne 44. Il a alors 8 ans. Juifs d'origine tchèque, ses parents s'y sont réfugiés en 40. Après l'invasion de la Hongrie par les Allemands, le père a été arrêté. Pour sauver Gamliel, sa mère le confie à la catholique Ilonka, une jeune chanteuse de cabaret, et disparaît à son tour. Désormais, Gamliel s'appellera Peter.
Presque 50 ans plus tard. Gamliel vit maintenant à NewYork, seulement entouré de quatre amis, anciens apatrides comme lui qu'il a rencontrés à Paris où il s'était installé quand il avait 20 ans. En ce début de printemps, Gamliel doit visiter à l'hôpital une vieille femme d'origine hongroise, gravement blessée et mutique.
Il a accepté cette corvée à la demande de Bolek, son meilleur ami, pour rendre service à Lili Rosenkrantz, le médecin de la vieille Hongroise : elle espère que Gamliel réussira à faire parler sa patiente. De son côté, Gamliel se prend à rêver : va-t-il retrouver Ilonka qu'il a perdu de vue en 56, lors de l'insurrection de Budapest ? Tout le roman se déroule au cours de cette journée ponctuée par plusieurs visites à la malade. Journée au cours de laquelle Gamliel va se remémorer toute sa vie faite de déchirements, d'espoirs, d'amours, d'échecs bref, une vie d'éternel déraciné. Mais une journée qui permettra à Gamliel de retouver l'amour auprès de Lili, et de découvrir que la Hongroise qu'il aura vue mourir était sa propre mère.
A propos de Gamliel , il est important de noter qu'il gagne sa vie comme "nègre", tout en écrivant pour luimême ce qu'il appelle son Livre secret, la confrontation, en 1944, entre un jeune rabbi mystique (Hananel, dit "le Fou béni") et un archevêque hongrois qui lui offre sa protection à condition qu'il se convertisse.
Le roman raconte également la rencontre de Gamliel et d'Esther, une jeune juive marocaine pour qui il a eu une brève passion platonique. Puis le mariage avec Colette, fille de riches juifs parisiens : ensemble ils ont deux jumelles (Katya et Sophie). Mais Colette, dominatrice, hystérique, violente, réussit à détacher ses filles de leur père avant de se suicider. Et enfin, à New York, la liaison avec Eve, une jeune veuve rencontrée chez Bolek. Liaison placée sous le signe de la sensualité et de l'intelligence, qui s'achèvera lorsque Eve décidera d'épouser Samaël (le gendre de Bolek) afin de sauver Léa de l'influence maléfique de son mari.
Pour compléter ce résumé, noter que sont rapportés divers épisodes de la vie des quatre amis de Gamliel ce qui permet à Elie Wiesel d'évoquer les ghettos et le martyre juif pendant la guerre, l'antisémitisme stalinien, la guerre d'Espagne, l'expérience d'agent secret israélien d'un des amis de Gamliel. Ce dernier évoque enfin Rabbi Zousia devenu son maître spirituel.
Elie Wiesel nous propose ici un vrai roman (son onzième) nourri de portraits, d'anecdotes, de souvenirs probablement personnels (le séjour à Paris ). Il porte un regard au fond assez humaniste sur les soixantes dernières années du XXe siècle.
Pour échapper aux fascistes hongrois, Gamliel Friedman est séparé de ses parents et confié à Llonka, une femme catholique. Cinquante ans plus tard, il vit à New York, est nègre pour des écrivains sans talent alors qu'il n'est préoccupé que par l'achèvement de son livre secret. Une rencontre fortuite le contraint à un retour forcé sur son passé.