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Dominique Rolin
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Dominique Rolin est une autrice belge née à Ixelles en 1913. Bibliothécaire de profession, elle déménage à Paris en 1946 et publiera près d'une quarantaine d'oeuvres, récoltant plusieurs prix dont le Prix Fémina pour Le Souffle en 1952. Son oeuvre, influencée dans les années soixante par le Nouveau roman, aborde les thèmes du drame familial et des périodes de l'existence échappant la conscience : la naissance et la mort. Elle décède à Paris en 2012
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Dulle Griet plonge dans les souvenirs de sa narratrice par l'intermédiaire d'une identification au personnage d'un tableau de Bruegel et de l'imaginaire populaire des anciens Pays-Bas : Dulle Griet, ou « Margot l'Enragée », figure double entre pureté et corruption. En convoquant cet imaginaire, Dominique Rolin utilise l'écriture cathartique pour explorer le passé et les deuils familiaux afin d'y trouver les réponses aux doutes et aux douleurs du présent. Pas à pas, un langage fourmillant de jeux de mots mêle habilement souvenirs réels et images fantasmagoriques pour faire émerger de ce combat entre la mort et la vie de nouvelles possibilités d'existence
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Cloué sur son lit d'agonie par un rhumatisme articulaire qui l'empêchera à jamais de peindre, Brueghel se rappelle sa vie. Première enfance paysanne, atelier d'un maître célèbre, paysages et peintures des Flandres puis d'Italie, villes déchirées par la répression espagnole, humanité grouillante, femmes qu'il a aimées... vie transformée en oeuvre.
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Entre les murs d'une sombre bâtisse, Madame Tord et ses cinq enfants subissent quotidiennement la tyrannie d'un patriarche en mal de reconnaissance. Gare à celui qui dérangera le père, jamais avare de coups de fouet, de gifles ou de coups de pied. Une manière de fuir cette ambiance sourde sera de se réfugier dans un monde imaginaire aux dimensions insolites. Mais les événements auront raison de chacun d'eux : la mort accidentelle de la petite Barbe, la fuite de Ludegarde qui cherche à se délivrer des «marais» de son enfance, la départ d'Alban auprès d'une jeune femme rencontrée au hasard de ses fugues, tout cela brise leur rêve de liberté et l'univers visionnaire qu'ils s'étaient créés. Irrésistiblement, la maison Tord les ramène à elle, vieillis et désenchantés.
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Lettres à Philippe Sollers (1958-1980)
Dominique Rolin
- GALLIMARD
- Blanche
- 25 Octobre 2018
- 9782072795428
Quand ils se rencontrent le 28 octobre 1958, elle a quarante-cinq ans, lui, vingt-deux. Il est l'auteur d'un récit et d'un roman célébrés par Mauriac et Aragon, elle a publié en 1942 son premier roman salué par Cocteau et Max Jacob. Lattirance est immédiate et réciproque. Tout va très vite. Cette différence d'âge, impensable, semble-t-il à l'époque, scelle entre les amants un pacte de clandestinité. Ils ne se montreront jamais ensemble; personne ne se doutera de la nature et de la force de leur relation. Dans ce deuxième volume, l'envers du premier qui présente les lettres de Philippe Sollers, nous donnons près du quart des 892 lettres écrites par Dominique Rolin à Philippe Sollers entre 1958 et 1980. Cest le caractère romanesque de cette passion hors du commun qui a guidé notre choix. Nous avons tout simplement voulu raconter une grande histoire d'amour épistolaire.
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«Les chiffres ne nous ont jamais intéressés, Jim et moi. Nous avons su dès le départ, il y a quarante siècles, qu'il fallait se méfier de ces bestioles rusées, trompeuses, et souvent d'un rigorisme malfaisant.Nous nous fions aux battements d'une horloge qui serait sidérale. Pas de cadran, pas d'aiguilles, pas de remontoir. Les heures tournent d'elles-mêmes sans avoir besoin de nous qui les avons pourtant inventées.»
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Plaisirs ; messages secrets ; entretiens avec Patricia Boyer de Latour
Dominique Rolin
- GALLIMARD
- L'infini
- 25 Avril 2019
- 9782072849053
«Avec Plaisirs, j'entrais dans le monde de Dominique Rolin, éblouie par son rire, son courage, ses obsessions et ses dons. Messages secrets est d'une toute autre nature. Elle m'embarque avec elle dans un voyage d'où l'on ne revient pas. Elle le sait, elle m'entraîne et elle sait ce qu'elle fait. Elle sait que je peux l'entendre. Sans hystérie et sans pathos. J'entre dans son rêve. J'en suis la dépositaire. Je dois en transmettre les messages secrets. Je me fais traductrice d'une métaphysique concrète. Je redessine à l'infini l'espace de sa liberté. Et ensemble, nous nous approchons du miroir, le plus près possible de cet inconnu impensable où elle me précède.» Patricia boyer de Latour.
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Lettres à Philippe Sollers (1981-2008)
Dominique Rolin
- GALLIMARD
- Blanche
- 3 Décembre 2020
- 9782072893759
Cinquante ans, c'est la durée de cette correspondance amoureuse qui a commencé en 1958 et se poursuit sous le signe de «l'axiome», lien indéfectible entre amour et écriture, le lit et la page, surfaces lisses et blanches où déposer la passion et les mots. On assiste à deux oeuvres en train de se faire, reliées par un canal souterrain. Ce n'est qu'en 2000, au cours de l'émission Bouillon de culture où Bernard Pivot a invité Dominique Rolin et Philippe Sollers, que leur amour, clandestin jusqu'alors, est révélé au grand jour.La vie suit son cours. On n'entend plus que le crissement de la plume sur le papier. Tout le reste, famille et mondanités, est devenu sans objet. Mais Dominique Rolin a beau se remettre à l'ouvrage chaque jour, insensiblement, elle y renonce. Il n'y a plus que les lettres, dont l'écriture quotidienne se fait vacillante, jusqu'au 25 avril 2008 où elle écrit ces derniers mots:«Moi aussi je ne pense qu'à toi. Et je continue à respirer comme la plus belle femme du monde.»
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Cela commence par une rumeur. L'immeuble ancien où vit la narratrice va être vendu, transformé, rénové. À partir de là se déroule une guerre d'usure. Malgré le bruit, la poussière, le toit qu'on enlève, la charpente dénudée comme un crâne, les murs que l'on abat, elle relève le défi. Elle décide de rester, de résister. Abandonner son «ici», ce serait trahir. C'est aussi le début d'une comédie, avec un défilé de personnages pittoresques. Sans parler des fantômes, convoqués pour l'occasion : «Car notre péché de survivants détraqués consiste à jeter le bordel chez les morts.» Et des incursions de la grande ennemie, Lady Mémoire. Et si cette «rénovation», tout ce remue-ménage, tous ces intrus faisaient partie d'un vaste complot ? Même le perroquet des voisins se moque d'elle en répétant : «Don't cry !» Comme si elle était une dame qui pleure !Tandis que le réel et les fantasmes se confondent, la narratrice gagne la partie. La rénovation achevée, c'est l'heure de la fête.
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Dans ce match en dix-neuf rounds se déroulant à partir d'un matin de Noël jusqu'au lendemain soir, qui sont les adversaires ? Un et Deux, faces intérieures de la narratrice elle-même, partagée depuis toujours entre deux tendances contradictoires ; Un est sensuelle, mûre, équilibrée ; Deux, à l'opposé, n'est que doute, peur, culpabilité agressive. Heure par heure, chacune lutte avec l'autre en s'exprimant à tour de rôle, violemment et patiemment, sans craindre de
mélanger tous leurs temps vécus : passé, présent, avenir. -
L'auteur du Journal amoureux nous parle avec une liberté insolente de la «divine comédie du bonheur de vivre». De la célébration des trois Fêtes majeures : le vin, la musique, le sommeil. Elle réduit son ennemi, le Temps, à ce qu'elle appelle le «futur immédiat», c'est-à-dire des illuminations, des instantanés «insaisissables à première vue, jaillis en direct du fond de ma tête sans qu'il soit possible de les prévoir. Mais il faut faire vite : ils s'éteignent presque aussitôt pour me faire mal ou m'humilier. Aucun d'entre eux n'a le pouvoir de se fixer, fût-ce en éclair, dans un compartiment de ma mémoire. Ils veulent m'échapper, telle est leur vocation joueuse, malsaine : faire éclater à mon insu tout ce qui se dit, se tait par passion du mensonge ou de la vérité». Pourquoi faudrait-il mourir ?
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Il y a le dessus et le dessous. La vie présente avec Jim, à Venise, à Paris, et les fantômes du passé, les fantasmes du temps jadis. D'où vient le bonheur, l'amour fou qui dure depuis trente ans? D'une enfance entre une mère névrosée et un «Homme gris» qui n'est peut-être pas le vrai père de la narratrice. De l'étrange destin de la meilleure amie, Marie, qui avait tout pour séduire et dont la vie va être bafouée, usée, détruite. Du premier mariage de la narratrice avec un alcoolique demi-fou, de ses années auprès d'un peintre raté. Dans ce récit plein de violence, de poésie, mais aussi d'impudeur et parfois de sadisme, quelle est la part de vérité, quelle est la part d'imaginaire avec ses cauchemars nocturnes? Qu'importe, puisque le rêve, le «dessous», qu'il dise vrai ou qu'il mente, est aussi présent, aussi réel que le «dessus».
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«Le Temps qui passe a posé sur mes lèvres un léger baiser, et le voilà qui se met à rire : à moins que ce ne soit moi, Dominique, en train de rire à travers ce misérable suppôt du Diable. Entre le Temps qui passe et moi, maintenant, circule un tourbillon de violence. Je le mords. Il pousse un cri. Il tombe. Avec précaution, j'avance le pied sur le tapis de ma grande pièce pour m'assurer que je l'ai bien tué. Oui, il a disparu sans laisser la moindre trace de son passage en éclair. Mon triomphe m'a mise en appétit. Boire un café bien chaud et savourer deux tranches de pain beurré, cela suffit à me ramener dans la zone voluptueuse du Temps qui ne passe pas, qui ne passera jamais. Pourquoi ?»
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«Je dors, je m'éveille et voici que mon corps de nuit, ultravivant, agile, aigu, me dépêche en instantané une sorte de fax quasi professionnel. À moi de déchiffrer cet avant-texte qui ne souffre ni commentaire ni correction : un certain je qui commence un nouveau jour. La passation de pouvoir se fait avec naturel : un vrai cadeau. La transcription doit s'opérer dans l'immédiat. On m'ordonne sourdement d'ouvrir mon carnet pour y noter mot par mot, image par image, une série de petits romans bien construits dont la mobilité délirante n'a pas besoin d'être décodée. J'en suis toujours la désastreuse héroïne visitant des villes fantômes, des maisons ou des campagnes inconnues, on m'attend ici et là mais je rate les rendez-vous car il n'y a pas de trains, pas de taxis, je perds mes vêtements et mes bagages, mon passé et mon présent se confondent, un théâtre saugrenu s'organise afin de m'humilier, me disqualifier même, et l'angoisse me réveille en sursaut.» Dominique Rolin.
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Deux narratrices parlent à tour de rôle. La première grandit en Belgique parmi les siens, rêveuse, féroce et gaie mais saisie, dès l'adolescence, par les drames ordinaires de l'espèce. Écrire est sa vocation. Un mariage destructeur la force à fuir à Paris au lendemain de la guerre. Elle publie son premier livre, se croit perdue, erre en pleurant dans les rues, frappe le regard d'une inconnue qui, d'autorité, l'emmène chez elle. La seconde a réalisé son oeuvre de romancière. Elle vit depuis longtemps auprès de Jim, l'écrivain célèbre et caché : ils sont heureux. Qu'est-ce que l'amour sinon l'élaboration et le lucide entretien d'un jardin d'agrément ? Il y faut un commun génie de paysagiste : ronds-points, allées, bosquets, pavillons de rires, discipline de fer, complicité dans la sagesse et la folie, silence et musique, bancs de repos ombragés. Le trajet de la première narratrice est montant, marqué par les curiosités, les chagrins, les espoirs. Celui de la seconde obéit à l'horizontalité vibrante, orgueilleuse et modeste de la sérénité. La rencontre de ces deux femmes apparemment contradictoires donne à penser qu'un principe d'équilibre, coupant l'espace et le temps de chacune, va les amener à se confondre grâce aux jeunes prémonitions de l'une et à l'ancienne mémoire de l'autre.
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Les Van Zeel, riches amateurs d'art, se tuent dans un accident de voiture. Quelques jours plus tard, leur fils Klaus, quarante-quatre ans, quitte son travail à la banque, Louis, le vieux majordome qui l'a élevé, et Blossom, sa maîtresse. Son errance le mène d'une chambre d' hôtel à l'autre, tantôt dans un palace, tantôt dans une pension sordide. Hanté par le passé, il cherche à retrouver le goût des femmes.
Qu'importe qu'elles soient jeunes ou vieilles, belles ou laides. Sa fuite, ou sa quête, l'entraîne dans un univers de plus en plus onirique, de plus en plus fantastique, à travers lequel l'auteur semble rejoindre certains maîtres flamands de l'étrange. De son point de départ, l'hôtel de l'Horloge, jusqu'à la vingtième chambre à l'hôtel du Bon Accueil, Klaus Van Zeel décrit une sorte de grand cercle qui le ramène, épuisé, à demi mort, jusqu'à sa maison où l'attend une dernière aventure extraordinaire. Une des singularités de ce roman plein de surprises est le rapport conflictuel que le personnage principal entretient avec l'auteur, c'est-à-dire Dominique Rolin elle-même. Comme s'il était possible de sortir indemne des audaces d'une telle narration. -
«Et encore un peu plus tard, je me suis déshabillée dans la salle de bains, pliant mes affaires sur le dossier de la chaise, brossant mes cheveux, lavant mon linge. Et puis j'ai ouvert le grand lit, où les deux oreillers se gonflaient - les couvertures sentaient encore le désinfectant -, me suis glissée à ma place en prenant soin de ne pas empiéter sur l'autre place, large, puissante, lourde, et de me conformer à cette largeur, à cette puissance, remplacées désormais, sous mes paumes, par le vide. Et enfin, enfin, après cette première nuit, j'ai pu tirer de mon sac la lettre de Martin. J'ai décacheté l'enveloppe, déjà fripée, usée, et j'ai lu.»
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Si l'on regarde les choses d'une certaine façon, Constance, la mère, est une chanteuse ratée, et Shadow, la fille, un écrivain à la vocation contrariée. Elles vont dîner ensemble au restaurant, le jeudi de l'Ascension. Dîner sans doute, mais s'affronter encore plus sûrement. Un duel avec des renversements de situation, des coups de théâtre. Tour à tour l'une ou l'autre prend le dessus. Est-ce de la haine ? Peut-être pas. Plutôt la rage de ne jamais vraiment communiquer, de ne pouvoir abattre les obstacles. Le duel se prolonge à la sortie du restaurant, dans la nuit. Peut-on imaginer deux adversaires aussi dissemblables ? La mère encore belle, maquillée, portant tous ses bijoux, aime la vie et connaît l'art de tout tourner à son avantage, même le suicide de son fils. La fille ne voit que le mauvais côté des choses. Au terme de la nuit, vont-elles enfin se comprendre, ou vont-elles devenir définitivement deux étrangères, comme le redoute Constance quand elle dit : «Elle a cessé d'être mon enfant pour devenir une ombre à l'intérieur de l'ombre.»
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Plaisirs ; entretiens avec Patricia Boyer de Latour
Dominique Rolin
- Folio
- Folio
- 25 Mars 2004
- 9782070304615
«Depuis octobre 1999, nous nous sommes vues régulièrement. Le rituel a été immuable. J'arrive à l'heure, je branche le magnétophone, et c'est parti. À ma demande, c'est elle [Dominique Rolin] qui a fixé les thèmes de nos rencontres : le doute, la question du double, les visages, l'amour... D'autres se sont présentés au fur et à mesure : la gourmandise, les chansons, des apparences... Elle m'avait dit au début : On va faire un livre vrai, et, plus tard : C'est une promenade dans un jardin. Nous avons échappé au jeu des réponses prévisibles aux questions convenues, nous avons pris tous les détours, laissé entrer le silence et les rires. Qui parle de travail ? Personne. Plaisirs, donc.»Patricia Boyer de Latour.
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«L'enfant-roi n'est pas seulement le plus beau roman de Dominique Rolin, c'est une des fictions les plus fortes, les plus serrées qu'on ait écrites sur l'enfance, depuis (comme le suggère l'épigraphe du livre) les Suspiria de profundis de Thomas de Quincey. "Le génie, disait Baudelaire, c'est l'enfance retrouvée à volonté." Dominique Rolin a trouvé ce coup de génie : le narrateur de sept ans, ultra-lucide, qui voit à travers les situations et les corps, qui entend l'envers des discours. Ce petit garçon qui vous parle est une machine terrible, drôle, lyrique ; une machine à faire du vrai avec le mensonge adulte ; un danseur, un voyeur, un inspecteur, un prophète ému, un blagueur, un juge, un témoin, bref, le révélateur de chaque heure du jour et de la nuit. Le monde entier dans une famille, observée et retournée dans chacun de ses plis. Écoutons-le raconter à voix basse : il va vous dire d'où viennent vraiment les enfants, où ils vont, comment ils disparaissent pour devenir comme nous tous, des sacs d'imposture. Est-ce qu'un enfant peut tout comprendre par anticipation, et avoir envie de se tuer ? Oui. Est-ce qu'il peut s'en tirer quand même ? Toute l'histoire est là. Musique, donc. Et commencement des sortilèges.» Philippe Sollers.
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