Si nous pouvons sentir, connaître et étudier notre corps, l'âme en revanche se refuse aux définitions. Que recouvre-t-elle précisément ? Est-elle présente tout au long de notre existence, ou se révèle-t-elle seulement à certains moments ?
Telles sont les questions que se posent les personnages qui peuplent ce livre, à des instants à la fois exceptionnels et quotidiens : un médecin légiste s'interrogeant sur des traces visibles, une épouse esseulée qui se découvre des propriétés physiques étonnantes, un jeune homme qui se fond dans un paysage bien-aimé. En un subtil jeu d'échos, ces points déposés à la lisière entre la vie et la mort tracent une esquisse surprenante et délicate du passage dans l'au-delà.
Dans ce livre hors du commun nimbé d'une lumière apaisante, Ludmila Oulitskaïa fait scintiller des éclats de vie qui dessinent un atlas de l'âme.
Après des études de musique et de philosophie, boris pasternak se consacre à la poésie et publie son premier recueil en 1914.
En 1922, il publie un magnifique recueil ma soeur, la vie qui le rend célèbre en union soviétique. sa poétique était créée et son talent de poète lyrique se confirmera d'année en année. en 1945, il commence l'écriture de son ouvrage principal, le docteur jivago, qu'il terminera en 1956. interdit en u. r. s. s. à cause de son caractère antirévolutionnaire, le roman est publié chez l'éditeur italien feltrinelli en 1957, et traduit dans le monde entier.
Ce roman raconte la vie d'un médecin russe qui traverse la guerre de 14, la révolution russe et la guerre civile ; on y trouve de nombreux personnages qui se croisent sans se connaître, puis se retrouvent plus tard et se perdent à nouveau. dans le docteur jivago, le monde occidental a célébré une attaque du régime communiste alors que pasternak s'en est toujours violemment défendu. son attitude est essentiellement celle d'un artiste qui a voulu écrire un vrai roman et qui refuse les simplifications du "réalisme soviétique".
Ses personnages sont libres, contradictoires et traversent les grands moments de l'histoire sans être transformés. les sentiments comme l'amour, la pitié, la souffrance sont plus importants pour eux que les mythes collectifs, ce qui explique le désaccord qui s'est créé entre pasternak et les dirigeants de la culture soviétique. après l'attribution du prix nobel le 23 octobre 1958, pasternak est dénoncé et injurié dans la presse, exclu de l'union des écrivains soviétiques, et menacé d'exil.
Le 30 octobre, il écrit deux lettres, l'une à m. khrouchtchev et l'autre à la pravda, oú il fait son autocritique et réfute les interprétations politiques tendancieuses suscitées par le docteur jivago.
"quand vous m'avez pris la main, médée, j'ai senti qu'auprès de vous, la peur n'existait pas.
Et pendant toute la soirée, je n'ai rien éprouvé envers vous, je sentais simplement qu'auprès de vous, la peur n'existait pas. " telle est médée, calme et lumineuse, un centre mystérieux autour duquel gravite une immense famille, des gens ballottés de-ci de-là, aux destins parfois tragiques. contrairement à sa célèbre homonyme, médée mendès est une porteuse de vie, qui soutient, réconforte et pardonne.
A propos de ce livre, christa wolf écrit : "ludmila oulitskaïa a déployé ses filets pour capturer un enchantement, l'enchantement d'un lieu oú s'enchevêtrent des destins, l'enchantement d'un paysage et, surtout, l'enchantement qui entoure son héroïne médée mendès. ".
Dans la malle laissée par sa grand-mère Maroussia avant sa mort, Nora découvre des lettres échangées avec son grand-père, Jacob. Féministe avant la révolution, danseuse artistique et communiste ardente, la belle Maroussia a ses propres convictions intellectuelles. Mais les rêves et les ambitions du jeune couple croulent sous le poids de l'histoire soviétique. Et quand Jacob est relégué en Sibérie pour sabotage, même son fils, le père de Nora, lui tourne le dos.
Le destin du grand amour de ses grands-parents ne reflète cependant que le début des événements qui marqueront la vie de Nora. Scénographe passionnée et assoiffée de liberté, elle choisit elle-même ses amants et ses projets, élève son fils seule et découvre peu à peu la puissance de ces liens avec ses proches.
Sur les traces de la correspondance de ses propres grands-parents, Ludmila Oulitskaïa conte avec autant de tendresse que d'ironie mélancolique les hauts et les bas, la grande et la petite histoire de quatre générations d'une famille, tout en décrivant délibérément ce XXe siècle russe comme celui des femmes.
Paulina éclata de rire :
- vous m'avez dit l'autre jour, sur le schlangenberg, que vous étiez prêt, sur un mot de moi, à vous jeter en bas, la tête la première et nous étions bien à mille pieds de haut.
Je dirai ce mot un jour, uniquement pour voir si vous vous exécutez et soyez certain que je montrerai du caractère. je vous hais justement parce que je vous ai permis tellement de choses, et je vous hais encore plus parce que vous m'êtes si nécessaire.
Après de nombreuses années à travailler dans le monde des a aires, Piotr Solomine décide de refaire sa vie sur les bords de la rivière Oka, dans la campagne russe, et de se consacrer à sa passion, la peinture. Le balancement des pins dans l'air du matin, les remous de l'eau claire, la tombée de la nuit qui recouvre tout d'un voile de mélancolie; Solomine veut capturer ces impressions sur sa toile.Le rêve d'une vie d'artiste est cependant bouleversé par son histoire d'amour tumultueuse avec Katia. Le peintre cherche conseil auprès de ses voisins avec qui il discute à bâtons rompus. Se mêlent à des préoccupations terrestres comme la philosophie ou la politique nombre de légendes, de fantômes et de fantasmes, brossant un portrait poétique, érudit et violent de la Russie d'aujourd'hui.Le talentueux Alexander Ilichevsky déploie une fresque haute en couleur qui ne cesse de surprendre par sa richesse et son originalité. Tantôt drôle, tantôt sombre, Les anarchistes est un véritable voyage au coeur de la nature russe.
Marina Tsvétaïéva (1892-1941) est aujourd'hui reconnue comme l'un des grands poètes du XXe siècle. Femme de tous les paradoxes, à la fois russe et universelle, prosaïque et sublime, elle commence très jeune à écrire et à publier. Prise dans la tourmente révolutionnaire après l'écrasement de l'Armée blanche dans laquelle son mari s'est engagé comme officier, elle vit un douloureux exil de dix-sept ans à Berlin, à Prague, puis à Paris. De retour dans son pays natal en 1939, elle se suicide deux ans plus tard.
Il est des talents si impétueux que les événements les plus dévastateurs de l'histoire ne sauraient les étouffer. Réduite à néant par la terreur stalinienne, Marina Tsvétaïéva ne cesse aujourd'hui de revivre et de rayonner. Cette « danseuse de l'âme », ainsi qu'elle se nommait, traverse, subit et transcende les malédictions de l'Histoire comme une comète fracassée. Par sa poésie, fulgurante, rétive et exaltée, elle fraternise d'emblée avec toutes les victimes. La singularité tragique de son itinéraire, d'une indestructible intégrité, garde aujourd'hui toute sa charge libératrice.
Trois amis deviennent dissidents par amour pour la littérature : Ilya, Sania et Micha font connaissance à l'école où ils sont les souffre-douleurs des autres camarades, plus grands ou plus forts. Car Ilya est laid et pauvre, Sania un musicien fragile ; quant à Micha, il est juif.
Le soutien de leur professeur de lettres est essentiel pour les trois camarades, en cette Union Soviétique qui vient de vivre la mort de Staline et où chacun devra se positionner par rapport au pouvoir. Ilya documente ces années mouvementées en prenant des photos, Micha se rapproche du Samizdat. Et lorsque ce dernier est dénoncé et déporté dans un camp, c'est Sania qui se charge de s'occuper de sa femme et de son enfant.
Dans une vaste fresque plongeant le lecteur au milieu de la tragédie soviétique, Ludmila Oulitskaïa sait tirer le meilleur profit de son immense talent de conteuse pour évoquer la grandeur des hommes mus par le courage, les idéaux et l'amour, sans oublier les horreurs de la lâcheté, de la trahison et de la violence politique. Un magnifique roman dans la grande tradition russe.
«Puisant la matière de son oeuvre dans l'observation de soi nourrie par l'inquiétude morale et la soif de perfection, Léon Tolstoï (1828-1910) fait du roman réaliste, construit à partir de l'évocation plastique de l'instant concret, une épreuve de vérité soumise au critère esthétique de l' authenticité. Le sujet épique de La Guerre et la Paix étend ce critère aux mécanismes de l'Histoire, celui, tragique, d'Anna Karénine aux valeurs de la société et de la civilisation contemporaines dont il devient, après la crise existentielle de 1880-1881, le dénonciateur impitoyable au nom d'un christianisme ramené à l'exigence de l'amour du prochain et du perfectionnement individuel».
Michel Aucouturier.
Traduit du russe par Henri Mongault. Édition de Pierre Pascal. Index historique par Sylvie Luneau
Crime et châtiment est le premier des cinq grands chefs-d'oeuvre qui rendront Dostoïevski immortel. Il ne l'écrivit qu'en 1865, mais il en avait eu la première idée douze ans plus tôt, alors qu'il était au bagne. Il songeait alors à un roman dans lequel un de ces êtres forts, dont l'existence l'étonnait, qui ignorent les bornes du bien et du mal, écrirait sa confession.
On sait que Dostoïevski, condamné à mort, fut grâcié et fit quatre ans de bagne. Cette terrible expérience, si elle eut une influence sur toute son oeuvre, n'est jamais aussi manifeste que dans les textes qu'on a réunis dans ce volume. On y trouvera, en effet, outre Crime et châtiment : le Journal de Raskolnikov, Les Carnets de Crime et châtiment et Souvenirs de la Maison des Morts, ouvrage que Tolstoï qualifiait de «plus beau livre de toute la littérature nouvelle, Pouchkine inclus».
Dans Les Frères Karamazov, Dostoïevski a donné le résumé de sa carrière et de sa pensée. On y retrouve l'opposition père et fils de L'Adolescent, le duel de l'athéisme et de la sainteté des Possédés, le schéma de L'Idiot, avec le crime à la base et l'entrevue dramatique des deux rivales ; enfin et surtout l'un des frères, Aliocha, est la reprise du prince Mychkine : il s'appelait «l'Idiot» dans Ies brouillons.
Il semble même que Dostoïevski ait voulu exprimer dans les trois frères les trois aspects de sa personnalité ou les trois étapes de sa vie : Dimitri le schillérien rappelle sa période romantique, terminée aussi par le bagne ; Ivan, les années où il était près de remplacer ' la foi chrétienne par le socialisme athée ; Aliocha, son aboutissement, le retour au peuple russe et à l'orthodoxie.
Sous quelque angle qu'on les considère, Les Frères Karamazov sont un microcosme aux richesses inépuisables, le chef-d'oeuvre peut-être de Dostoïevski.
«... On nous attacha sur des tables pour nous faire subir la Grande Opération. Le lendemain, je me rendis chez le Bienfaiteur et lui racontai tout ce que je savais sur les ennemis du bonheur. Je ne comprends pas pourquoi cela m'avait paru si difficile auparavant. Ce ne peut être qu'à cause de ma maladie, à cause de mon âme.» Ainsi parle D-503, un homme des siècles futurs. Il vit dans une société qui impose fermement l'Harmonie sous la direction du Guide. Or D-503 qui participe activement à l'expansion de cette organisation à l'échelle interplanétaire en arrive à l'autocritique, à la dénonciation, au rééquilibrage psychique...
Bienvenu dans le monde de D-503... Ce texte passionnant est la première contre-utopie moderne qui préfigure celles de Huxley ou Orwell (ce dernier tenait ce texte en haute estime et ne cachait pas son influence dans la rédaction de «1984»). A lire absolument...
Anna Karénine et Résurrection sont accompagnés ici d'une partie importante de ce que l'on pourrait appeler leurs dossiers de préparation : pour Anna Karénine, les plans successifs envisagés par Tolstoï, des scènes entières qui n'ont pas été utilisées, des personnages différents ou les mêmes personnages vus tout autrement, une histoire aussi de l'élaboration du roman ; pour Résurrection, le premier brouillon achevé de l'oeuvre et quelques documents qui donneront une idée du travail accompli par Tolstoï avec la rédaction définitive.
Entre Anna Karénine et Résurrection se place la période moralisante et théologique de Tolstoï. La préface de Pierre Pascal qui ouvre ce volume en explique le sens et le développement.
Après l'arrestation de Babel en 1939, un interdit absolu a pesé sur l'homme et sur son oeuvre. Son nom fut banni des manuels et des encyclopédies, ses écrits devinrent introuvables. De là vient que les dix-sept récits recueillis dans le présent volume s'étendent sur toute la vie littéraire de Babel.
Comme tous ses écrits déjà connus, ils sont nourris d'expériences vécues, mettent en scène des personnages réels. Rien ici d'inventé, dirait-on, rien d'imaginaire ; et cependant, à travers la diversité des thèmes, la présence incomparable de Babel affirmée partout, composé unique de précision, de densité, d'émotion et d'humour.
Une gare perdue au fin fond de la Russie, dans la boue, le froid, les relents de chou et de vodka.
Et toutes les nuits, un train qui passe. Nul ne sait d'où il vient, où il va, ni ce qu'il transporte. Dans ce no man's land isolé du reste du monde vivent des gens qui aiment, espèrent, tuent et meurent, empoisonnés par l'attente d'une réponse qui ne vient jamais, par un mystère qu'il leur est interdit de chercher à connaître sous peine de mort. Il est difficile de qualifier ce récit court et puissant: trop cru, trop réaliste pour être une simple parabole, c'est pourtant du destin de la Russie et du destin de l'homme qu'il nous parle.
Tout en plongeant le lecteur dans un monde concret de terre, de fer, d'odeurs, de bruits, de chair et de sang, il relève de la même veine mythique que Le Désert des Tartares et débouche insensiblement sur une dimension tragique qui nous dépasse. Traduit du russe par Sophie Benech.
Il est des talents si impétueux que les événements les plus dévastateurs de l'histoire ne peuvent les étouffer. Admirée et aimée par Pasternak, Rilke et Mandelstam, Tsvétaïéva fait l'objet aujourd'hui d'un véritable culte en Russie. Entre révolte et impossible espoir, la singularité tragique de son itinéraire, d'une indestructible intégrité, garde en effet toute sa charge libératrice. «Jamais, comme l'affirma Joseph Brodsky, une voix plus passionnée n'a retenti dans la poésie russe du XXe siècle.» L'ensemble présenté ici comporte Le ciel brûle (soit les poèmes de jeunesse datant des années 1910-1923) et Tentative de jalousie, qui réunit tous les grands chants de la maturité (1924-1939). Ce large choix de textes, où se mêlent à l'infini tendresse et paroxysme, donne au lecteur l'image la plus juste possible du lyrisme expressionniste de Tsvétaïéva, dont l'oeuvre tout entière apparaît comme une extraordinaire leçon de vie.
Sur le conseil de Maxime Gorki de «courir le monde pour acquérir de l'expérience», Isaac Babel, alors apprenti écrivain, s'engage comme correspondant de guerre dans l'Armée rouge durant la guerre soviéto-polonaise de 1920. De mai à septembre 1920, il accompagne la I'armée de cavalerie en Volhynie sous le pseudonyme de Kirill Lioutov. La troupe, commandée par Semion Boudienny, se bat contre les Blancs et les Polonais.
Babel a trouvé dans ces événements vécus l'inspiration des contes de Cavalerie rouge qui font penser aux Désastres de la guerre de Goya : prisonniers fusillés, cadavres accrochés aux arbres, femmes éventrées... La truculence, la passion, le sombre humour de Babel remettent en question la condition humaine.
«Les textes qui suivent groupent des oeuvres lyriques, un poème, Le Cavalier d'airain, les Études dramatiques parfois nommées petites tragédies. Ces oeuvres ont été choisies et traduites de façon à donner l'image la plus large et diverse et on y trouvera des pièces lyriques originales ou traduites, des épigrammes, des vers satiriques ou polémiques, des ballades d'inspiration populaire ou médiévale, des croquis de route, des élégies, des parodies, des paraphrases d'inspiration religieuse. Nous avons tâché de respecter la vertu de Pouchkine:l'esprit de justesse qui lui a permis de tempérer la gamme russe pour plusieurs générations. Il y a chez lui un souci et un art de l'équilibre musical qui ne se réduit pas - heureusement! - à la mélodie spécifique de la langue et au jeu de ses sonorités, mais à la clarté et à l'harmonie du lexique employé, à la subtilité des dissonances tolérées, à l'économie des couleurs, à la vivacité du trait, à la sobriété du discours.» Louis Martinez.
Boulgakov travailla jusqu'à sa mort au Maître et Marguerite. Le roman parut dans la revue Moskva en 1966-1967, amputé d'un bon tiers, pour cause de censure. Il fut néanmoins le grand événement littéraire de la période du «Dégel». Les Russes furent sidérés d'y découvrir une représentation à la fois délirante et plus vraie que nature de la réalité soviétique dans laquelle ils étaient encore plongés, et qu'ils avaient fini par ressentir comme plus ou moins «normale». Ils furent, aussi, incroyablement fiers de ce livre vite reconnu comme un chef-d'oeuvre, et dont on propose ici une nouvelle traduction - la première depuis plus de trente ans.
Les théâtres, les comédies, les coulisses et les plateaux sont présents dans Le Maître et Marguerite comme dans les deux autres romans retraduits pour cette édition : La Vie de M. de Molière et Mémoires d'un défunt (Roman théâtral). Boulgakov était un passionné de théâtre. En partie inédites en français, ses oeuvres dramatiques - drames, comédies satiriques ou d'anticipation, pièces sur Molière ou sur Pouchkine -, viennent logiquement compléter ce volume. Sans oublier Batoum, pièce de commande sur la jeunesse de Staline, finalement non agréée par la maître du Kremlin. Une fois de plus, Boulgakov avait écrit «pour son tiroir» ; le Choix de correspondance qui clôt le volume révèle les conditions dramatiques dans lesquelles il composa l'une des plus grandes oeuvres de notre temps.
Le censeur de Sa Majesté Nicolas Ier, à qui fut présenté Le Revizor, conclut à une farce amusante, et l'autorisation de publier fut accordée. Le sens profond de cette oeuvre ne fut compris que beaucoup plus tard.
D'ailleurs, lorsque Le Revizor fut créé au théâtre, le 19 avril 1836, il ne s'imposa pas d'emblée. Personne ne savait ce qu'il fallait penser de la pièce. Farce plaisante ou calomnie ? On se méfiait. Gogol souffrit longtemps de cette suspicion du public. C'est en 1839 seulement, à Moscou, que Le Revizor fut accueilli triomphalement.
Les personnages de Gogol sont pour la plupart des gens simples, paisibles, qui dépouillent autrui ou qui se font dépouiller avec le plus parfait naturel. Ils sont les produits inévitables de la société de ce temps, où la pourriture n'a plus rien d'exceptionnel.
Pendant quelques mois, trois des plus grands poètes de leur temps échangent un courrier d'une passion extrême.
Pasternak est cloué à moscou par la révolution (il est le docteur jivago), tsvétaïeva en france par l'émigration et rilke en suisse où il meurt lentement. seuls pasternak et tsvétaïeva se connaissent bien. rilke n'a jamais rencontré tsvétaïeva et connaît à peine pasternak : le lien réel de leur triangle est l'admiration réciproque. l'isolement, l'absence de tout contact et de toute connaissance concrète favorisent l'exaltation, l'idéalisation, le sublime...
Mais aussi les drames de susceptibilité, jalousie, les remords et les ruptures. la passion amoureuse est indéniablement mêlée à la fougue poétique.