Le marcheur n'est pas un être social l'objet de son regard n'est pas d'apprécier ce qui lui est semblable, ses yeux ne s'arrêtent pas sur ce qui est droit devant mais sur ce qui est droit au-dessus.
Et s'il est nourri de mille petite choses, s'il est attentif aux mille petit pièges du chemin qui pourraient accentuer sa fatigue, ce sont autant de tremplins avec lesquels il joue pour considérer le monde. Léo Gantelet est de ceux-là. Lorsqu'il décide, un beau soir, de partir à pied pour Compostelle, son choix n'est motivé par aucun argument rationnel. Pourtant quelques mois plus tard, de Seynod près d'Annecy à Compostelle, sur 1900 km, 30 000 fois par jour pendant près de 90 jours, un de ses pieds passera devant l'autre.
Qu'est-ce qui fait " tenir le coup " à un marcheur " de l'âme " qui n'est pas un marcheur " en son corps " ? Un fragment de réponse est sans doute dans ces quelques mots : " Ce n'est pas moi qui marche, c'est le chemin qui glisse ". Quel culot ! de la part d'un Léo Gantelet qui prend ainsi la dimension de l'Homme, " fragile au milieu de tant de démesure ", dans un livre débordant d'humanisme, d'humour et d'émotions.
Cette nouvelle édition est enrichie d'un vade-mecum, de photographies et d'une relation du chemin de Gillonnay à Arles effectué ultérieurement.
" C'est un jardin extraordinaire ", comme aurait dit Trénet.
Une sorte de folie où s'exprime à la fois l'amour de l'art, la quête du Graal, la nostalgie du Paradis Perdu... Un chemin de vie qui se faufile à travers un peuple de sculptures chargées de symboles et de sens. Léo Gantelet nous conte la genèse et l'histoire de ce " Chemin Idéal " ; il nous fait vivre ses coups de coeur, ses intuitions, ses enchantements à travers ses découvertes, comme le site de Carrare et le village de Pietra Santa, la fondation Carzou et " le choc de Manosque ", la villa San Michele et l'indicible beauté de Capri...
Chemin de pierre, chemin intérieur, chemin vers l'idéal... c'est à ces promenades multiples que nous invite l'auteur.
Sacré Félix !
Il s'appelait Archibengalazor...
Si, comme on dit, un prénom déteint sur le caractère de la personne qui le porte, il faut s'attendre à du truculent et du haut en couleur !
De fait, les tribulations de cet énergumène n'engendrent pas la morosité.
D'un continent à l'autre, du bonheur au drame, la même étoile veille sur lui.
Avec gourmandise, il trace une route magistrale en promenant son cul (sauf votre respect) d'une selle de cheval (canadienne) à une souche d'arbre (bien française).
Un inconnu, à demi-mort, venu s'échouer sur la plage d'une île lointaine.
Un passé qui resurgit par bribes de sa mémoire défaillante. On comprend que l'océan règne en maître dans les rêves et les désirs de cet homme et de ceux qui croisent son chemin.
La première partie, sous le titre Hymne au lac, est une évocation sur un mode théâtral des splendeurs du Lac d'Annecy comparé à six autres lacs du monde : Baïkal, Victoria, Titicaca.
Ensuite, vient un dialogue poétique entre l'auteur et le Lac, intitulé Poèmes du lac (poèmes publiés aux Éditions de l'Astronome dans le recueil Dis-moi ! Lac.).
Enfin, la troisième partie présente Variété, large sélection de poèmes pour la plupart inédits.
" J'aime les nuages...
Les nuages qui passent... là-bas... les merveilleux nuages ". Ce murmure baudelairien, cet appel à nos rêves de voyages vibre à jamais dans l'âme des poètes. Voyageur et poète, Léo Gantelet - rêveur éveillé - au gré des mots, au fil de l'eau, ici davantage au gré de l'eau en allant au fil des mots, nous rappelle à sa manière notre mesure d'enfant. L'enfant que nous avons tous été, avide de ces escapades vers des horizons mystérieux qui nous ramènent toujours, pour nous le faire mieux aimer, à notre village, notre maison, notre jardin...
Léo Gantelet affiche un mérite particulier - qui devrait lui valoir un particulier succès - : substituer au cadre attendu du jardin, de la maison, du village, le lac, notre lac " toujours recommencé "... Des mots nus, simples, directs, bien portés, en contrepoint aux subtiles images de son miroir - ou de son double - Stéphane Gantelet... Philippe Tomasini