L'Oiseau noir perché à droite dans ma tête est un récit autobiographique qui mêle des photographies faussement disparates et des textes issus du journal intime de Jean-Christian Bourcart. Photographies et textes sont mis en dialogue, se répondant parfois directement, parfois de façon plus subjective. Alternant fragments narratifs issus de voyages lointains (Madagascar, Chine, Japon, Nicaragua...), reflets de vie intérieure (rêves, sentiments, fantasmes), regards sur la société américaine dans laquelle il vit, et scènes de vie familiale - tantôt sombre et douloureux, tantôt lumineux et doux -, le livre témoigne de l'évolution de l'auteur dans une période de transition.
En transposant ainsi sa propre vie, il suggère la possibilité d'explorer de nouveaux territoires de l'expérience humaine.
Depuis les années 1990, Jean-Christian Bourcart plonge dans les profondeurs des lieux du sexe, d'où il rapporte des images, volées, aux grains éclatés, au flou suggestif et aux couleurs dégoulinantes.
Tout a commencé quand un magazine l'envoie faire un reportage dans les bordels de Frankfort. Trois interdictions : pas de femmes, pas de photo, pas de film.
Il s'immerge dans les immeubles réservés au commerce sexuel, un monde à part aux couleurs crues. Dans la poche de sa veste truquée, un appareil photo trop bruyant ; il s'arrête devant les chambres et déclenche, la position du photographe voyeuriste, assumée.
Ce livre nous offre crûment la découverte de la nuit sexuelle, bordels ou clubs échangistes, ouvrant les portes d'un univers fellinien ou pasolinien, méconnu et souvent objet de fantasmes. Derrière la violence apparente des rapports semble se développer une certaine tendresse entre les différents acteurs, que certains des gestes capturés sur ces images semblent dévoiler. Les images prises sur le vif, mêlent des tons bleus et rouges au flou provoqué par le mouvement, nécessaire pour conserver l'opération secrète, qui accompagne la réalisation des photos. Il nous permet ainsi d'aller au-delà des préjugés, rejoignant ainsi son objectif premier :
Rendre visible des pratiques souvent cachées.
"Qu'est-ce que le visible ? Et si, pour comprendre cette question, il fallait d'abord réfléchir aux frontières du visible, ce qui éclairerait le visible et les visibles ? Frontières certes entre les différents discours sur les visibles. Mais surtout frontières-limites du visible : qu'y a t-il au-delà, en-deçà ? Car l'être ne se réduit pas au visible. Alors, pourquoi les hommes l'ont-ils privilégié ? La racine théo de théorie voulait dire voir : savoir est-ce voir ? Savoir est-ce ça-voir ? Voir est-ce savoir ?"