Dans la campagne espagnole, une jeune fille, contrainte d'épouser un homme qu'elle n'aime pas, s'enfuit avec son amant le jour de ses noces. Le jeune marié se lance à leur poursuite...
Inspirée d'un tragique fait divers, la pièce Noces de sang, chef-d'oeuvre dramatique, allie toute la beauté de la poésie d'inspiration gitane au classicisme de la langue espagnole.
Nouvelle édition en 2016 de Poésies, III
«Heureuse, géniale, miraculeuse, éminemment gracieuse, [la poésie de Federico Garcia Lorca] est aussi tragique. Et c'est là sans doute la raison profonde de son universel succès. Ses pièces sont fascinantes parce qu'elles sont, non seulement tragiques, mais la tragédie même, l'actus tragicus, l'auto sacramental, la représentation, non point d'une circonstance particulière et de ses contingentes conséquences, mais de la Fatalité elle-même et de l'inexorable accomplissement de sa menace : elles sont une algèbre de la Fatalité. Et la moindre des poésies lyriques de Federico Garcia Lorca ou tel moment de celles-ci qui se réduit à un cri, à un soupir, à l'incantatoire évocation d'une chose, nuit, lune, rivière, cheval, femme, cloche, olive, possèdent la même vertu. Laquelle est si puissante que même à travers la traduction (et il faut dire que les traductions françaises ici réunies sont toutes des réussites extraordinaires, fruit de ferveurs diverses, mais également au-dessus de tout éloge) on perçoit le son et la chanson,le ton, le tour, l'évidence du langage original, sa vérité espagnole, sa vérité populaire. Et du même coup se laissent deviner, inhérente au délice, poignante, obscure, terrible, la présence de la passion et, imminente, l'effusion du sang.» Jean Cassou.
224 pages, sou
Ce volume d'oeuvres de Garcia Lorca rassemble des proses d'époque diverses : Impressions et paysages, des textes d'inspiration surréaliste, et enfin des articles et des conférences. Publié à ses frais en 1918, oublié par la suite, Impressions et paysages est le premier livre de Lorca. Écrit à dix-neuf ans, quand le poète était étudiant à l'université de Grenade, il est la relation d'un voyage que fit le jeune homme avec quelques compagnons d'études à travers les terres de la vieille Castille et de León. oeuvre de jeunesse, Impressions et paysages révèle déjà, en sa forme encore hésitante, les prodigieuses ressources d'un tempérament exceptionnel. Le lecteur y découvrira, mêlées à des réflexions sur l'art, la religion, la musique, de riches variations sur deux grands thèmes chers à Lorca : l'obsession de la mort et l'amour de la ville natale.
Les proses surréalistes, contemporaines des derniers poèmes du Romancero gitan (1927-1928), sont d'un artiste en pleine possession de ses moyens. Elles oscillent entre le burlesque et l'horreur, où s'exprime, en images proches du délire, une terrible et étrange fascination du sang.
Cinq textes - conférences et articles - consacrés à Grenade terminent ce volume. Dédaignant le pittoresque et l'anecdote, le poète va droit à l'essentiel, à ce fond de quiétude jalousement défendue qui caractérise sa ville natale. Or il se confond tellement avec elle que c'est en lui-même qu'il en découvrira le secret.
Ce tome II et dernier est consacré au théâtre de Lorca. À côté des chefs-d'oeuvre - La Savetière prodigieuse, Le Public, La Maison de Bemarda Alba - donnés ici dans des traductions révisées ou refaites, il révèle des pièces encore inédites dans notre langue et propose pour la première fois les textes inachevés ou restés à l'état d'esquisse. La deuxième partie du volume est le complément naturel de ces textes, puisque les interviews accordées par l'écrivain et les déclarations faites par lui, dans la plupart des cas inconnues en français, ont pour principal objet le théâtre : le sien, analysé de manière extraordinairement vivante, et celui de l'Espagne, au service duquel il a consacré des années de sa vie.
Étrange trajectoire, selon le mot d'André Belamich, que celle de l'oeuvre dramatique de Federico Garcia Lorca. À son premier théâtre (1920-1926), imprégné de poésie symboliste, succèdent en 1930 des pièces oniriques et secrètes qui, plus de vingt ans avant Beckett ou Ionesco, placent le poète à l'extrême avant-garde de l'art occidental. Théâtre et méditations sur le théâtre, négation du théâtre et théâtre des vérités dernières, Le Public et Lorsque cinq ans seront passés acquièrent une valeur universelle. Mais, en 1932, volte-face : Lorca rencontre le «grand» public. Visionnaire dans la société, il veut désormais offrir des pièces accessibles, pour élever les hommes à un plan supérieur de beauté. Nouvelles aspirations, inspiration nouvelle, nourrie par le miracle du réel. Le dernier théâtre est celui de l'ouverture au monde. Mais il ne trahit rien. Par d'autres voies, plus larges, il continue à exprimer la révolte de l'homme devant l'inanité de la vie et de l'amour. Il contribue à donner à Lorca sa place, l'une des toutes premières, parmi les grands auteurs dramatiques de notre temps.