Un couple (Sélection Officielle - Mostra de Venise 2022)
«Tant de souvenirs du passé se dressent devant soi quand on essaie d'évoquer les traits d'un être chéri, qu'à travers ce souvenir on ne les aperçoit que confusément et comme à travers des larmes.»Russie, milieu du XIX? siècle. Nikolegnka vient d'avoir 10 ans. Sa vie est faite de mille impressions vives et contrastées:les tracasseries et les bontés de son vieux précepteur, la chasse à courre et les goûters sur l'herbe, sa chère maman jouant du piano, ses jolies petites soeurs et Mimi, leur sévère gouvernante... Un jour, il faut quitter ce paradis pour apprendre les manières du beau monde à Moscou, chez grand-mère, la babouchka. Il découvre alors la camaraderie et l'amour, mais aussi la mort. Autour de l'enfant émergent des paroles, des visages:ceux de la vieille noblesse russe et de ses valeurs ancestrales.
Cette nouvelle qui, pour être souvent passée inaperçue dans l'oeuvre de Tolstoï, n'en constitue pas moins, en même temps que son écrit le plus serré, le plus fondamental, une parabole à la fois violente, sobre et universelle digne de prendre place parmi les grands témoignages spirituels.
Le Père Serge, dont l'écriture fut terminée en 1898, a été publié dans le tome II des oeuvres posthumes éditées par Alexandra Lovna1. La nouvelle raconte le long et difficile chemin vers la sainteté d'un homme orgueilleux.
Vers 1840, le prince Stéphane Kassatsky est un jeune officier promis à un brillant avenir. Dévoré par l'ambition, habité par l'orgueil. Lorsqu'il apprend que sa fiancée, la comtesse Korotkova, a été la maîtresse du Tsar, il rompt ses fiançailles, démissionne de l'armée et rentre au couvent : il sera moine.
Il se retire dans le couvent de Tambino pour y vivre une vie d'ermite. Sous le nom de père Serge, il devient un guérisseur réputé et sa cellule un lieu de pèlerinage.
Un jour, il reçoit la belle et excentrique Makovkina. Pour ne pas succomber à la tentation il se coupe un doigt.
Les années passent. La renommée du Père Serge dépasse la région. On vient le voir pour obtenir une guérison, un conseil, une bénédiction. Il est un starets, et le monastère en tire profit. Un marchand qui a fait quatorze cents verstes pour faire guérir sa fille de vingt-deux se jette à ses pieds : sa fille est malade. Seul avec la belle Marie, le Père Serge sent le désir monter en lui.
Elle lui avoue avoir rêvé de lui. Ils passent la nuit ensemble.
Le lendemain, le Père Serge quitte secrètement le monastère, déguisé en paysan. Un ange en rêve lui a révélé d'aller voir sa cousine Prascovia Nicolaëvna Pachégnka. Cette femme a été le souffre-douleur de la famille, de son mari et doit maintenant subvenir aux besoins de sa fille, son gendre et de leurs cinq enfants.
À son contact, le Père Serge comprend la signification de la sainteté. Il abandonne alors jusqu'à son nom et part comme pèlerin sur les routes. Arrêté par la police et considéré comme vagabond il est déporté en Sibérie.
Écrit en 1886, La Mort d'Ivan Ilitch est un récit emblématique de l'oeuvre de Léon Tolstoï.
Un magistrat, très satisfait de lui-même apprend qu'il est malade, condamné à mourir dans de grandes souffrances. Il va apparaître de cette peur primitive et essentielle qu'éprouve le héros, une nouvelle conscience du monde et de lui-même. La lucidité surgit de la douleur et entraîne avec elle l'abandon des vanités humaines.
En gare de Moscou, deux jeunes gens s'aiment au premier regard. Femme d'un haut fonctionnaire, ornement de la société tsariste de son temps, Anna Karénine éblouit le frivole comte Wronsky par sa grâce, son élégance et sa gaieté. À ce bonheur, à cette passion réciproque porteuse de scandale et de destruction, ils ne résistent pas longtemps.
En écho à cette tragédie programmée, on entend toute l'âme d'un peuple et les premiers craquements de l'Empire russe en train de se lézarder. L'inoubliable Anna Karénine, c'est l'apogée du génie littéraire de Tolstoï.
Traduction anonyme du russe parue en 1886.
@ Disponible chez 12-21.
L'ÉDITEUR NUMÉRIQUE.
«- Ah ! enlevez ces... enlevez donc ces... (Elle désignait les lunettes.)Pierre les enleva. Son regard n'était pas seulement étrange comme l'est d'ordinaire celui des gens qui enlèvent leurs lunettes, il était apeuré et interrogateur. Pierre voulut se pencher sur la main d'Hélène et la baiser, mais d'un mouvement rapide et brutal de la tête, elle s'empara de ses lèvres et y appuya les siennes. Le visage d'Hélène frappa désagréablement Pierre par son expression égarée.»
« - Ah ! enlevez ces... enlevez donc ces... (Elle désignait les lunettes.) Pierre les enleva. Son regard n'était pas seulement étrange comme l'est d'ordinaire celui des gens qui enlèvent leurs lunettes, il était apeuré et interrogateur. Pierre voulut se pencher sur la main d'Hélène et la baiser, mais d'un mouvement rapide et brutal de la tête, elle s'empara de ses lèvres et y appuya les siennes. Le visage d'Hélène frappa désagréablement Pierre par son expression égarée. »
En 1855, Léon Tolstoï participa à la défense de Sébastopol, dont la chute mit fin à la guerre de Crimée. Quinze ans plus tard, il écrira la vaste fresque de «Guerre et Paix». Ces «Récits de Sébastopol» en sont la préfiguration. On y trouve déjà la tonalité et le rythme du grand roman à venir. On y discerne aussi le même mélange de scènes guerrières et de tableaux intimes. Un reportage unique sur un événement crucial de l'histoire de la Russie.
Un cheval est chahuté par ses pairs car il est vieux. Il l'a été par les hommes car il est pie. Car il est différent. Pourtant, il cache un surprenant passé... En donnant la parole à ce cheval, Tolstoï évoque la décrépitude de la vieillesse, et prouve qu'il ne faut pas se fier aux apparences. Deux récits, deux prodiges déchus.
La collection « Les auteurs de ma vie » invite de grands écrivains d'aujourd'hui à partager leur admiration pour un classique. Elle reprend le principe des « Pages immortelles », publiées dans les années trente et quarante chez Corrêa/Buchet-Chastel : chaque volume se compose ainsi d'une présentation de l'auteur choisi, suivie d'une anthologie personnelle.
Le volume que Zweig consacre à Tolstoï est l'un des plus personnels et emblématiques de la collection.
La présentation de Stefan Zweig s'ouvre sur un Tourgueniev moribond qui, du fond de sa couche, rédige quelques mots à l'attention de Tolstoï pour le supplier de reprendre la plume (« Revenez à la littérature ! C'est votre don véritable. Grand écrivain de la terre russe, entendez ma prière ! »). Avec cette scène inaugurale, Zweig amène aussitôt le lecteur au moment clé de la biographie de Tolstoï : vers sa cinquantième année, l'écrivain russe est victime d'un ébranlement intérieur qui va le pousser à rechercher sans fin, chez les philosophes d'abord, puis dans la religion, le sens caché de la vie. Zweig ne cache pas son admiration pour celui qui s'est alors donné pour mission de se sauver lui-même, et toute l'humanité avec.
« Tout homme d'état, tout sociologue découvrira dans sa critique approfondie de notre époque des vues prophétiques, tout artiste se sentira enflammé par l'exemple de ce poète puissant qui se tortura l'âme parce qu'il voulait penser pour tous et combattre par la force de sa parole l'injustice de la terre. »
Après une longue journée de réunions, décrets et audiences, le jeune tsar s'endort en attendant sa femme pour le réveillon. Lorsqu'il rouvre les yeux, il n'est plus dans son palais mais à la frontière avec la Prusse et voit un soldat tirer sur un contrebandier. Toute la nuit, il voyage ainsi à travers la Russie et prend peu à peu conscience du poids des responsabilités qui lui incombent...Des contes d'une vérité poignante, témoins d'une époque en train de disparaître, par l'auteur d'Anna Karénine.
Anna Karénine et Résurrection sont accompagnés ici d'une partie importante de ce que l'on pourrait appeler leurs dossiers de préparation : pour Anna Karénine, les plans successifs envisagés par Tolstoï, des scènes entières qui n'ont pas été utilisées, des personnages différents ou les mêmes personnages vus tout autrement, une histoire aussi de l'élaboration du roman ; pour Résurrection, le premier brouillon achevé de l'oeuvre et quelques documents qui donneront une idée du travail accompli par Tolstoï avec la rédaction définitive. Entre Anna Karénine et Résurrection se place la période moralisante et théologique de Tolstoï. La préface de Pierre Pascal qui ouvre ce volume en explique le sens et le développement.
«Les familles heureuses se ressemblent toutes ; les familles malheureuses sont malheureuses chacune à leur façon.» Ainsi s'ouvre ce grand roman du couple, de la passion amoureuse et de la tentation.Anna Karénine est une jeune et belle femme de la noblesse russe. Alors qu'elle se rend à Moscou pour voir son frère dont l'infidélité a été révélée, elle tombe sous le charme du brillant mais frivole comte Vronski. C'est la naissance d'une passion. Abandonner mari et enfant, elle y songe. Mais que dirait la bonne société ? Jusqu'où cette liaison interdite peut-elle mener ? Témoin impuissante de leur idylle, Kitty, qui aime secrètement Vronski, refuse la main de Levine, qu'elle connaît pourtant depuis l'enfance.Satire des moeurs de son temps, Anna Karénine (1878) dénonce le carcan des conventions sociales dans une fresque sociale éblouissante. Tolstoï semble poser cette simple question : l'engagement dans le couple est-il aussi une dépossession de soi ?
A l'aube au XXe siècle, Sofia Andreïevna Tolstoï vient de passer ta majeure partie de sa vie au côté de l'auteur de Guerre et Paix, l'illustre romancier et maître à penser russe. Elle décide alors d'entreprendre le récit de sa vie, en cherchant à se réapproprier cette part d'elle-même qui s'est consumée au contact du grand homme. Le besoin de Sofia Tolstoï de se confier à elle-même était fondamental mais, loin de suivre un récit linéaire, le lecteur est plongé dans les contradictions de cette femme de talent, rongée parfois par l'orgueil et la jalousie. Elle ne se borne pas à une simple description : à travers une sorte d'auto-analyse et dans un irrépressible besoin de comprendre, elle devient interprète de sa vie. On découvre une femme écrasée parfois par le génie de son mari, en proie à une sourde frustration, éternellement occupée par les soucis quotidiens. Matière première irremplaçable pour la connaissance intime de Tolstoï, l'oeuvre de Sofia Andreïevna restitue, par le menu détail, son existence d'épouse de l'écrivain. On suit, pas à pas, sa propre vie, celle de ses enfants, et le cheminement intellectuel de Tolstoï. Il en ressort un portrait de l'écrivain dans toute sa complexité, déchiré par ses contradictions et un perpétuel conflit intérieur. Document humain, touchant de sincérité, d'une franchise allant parfois jusqu'à la cruauté, Ma vie représente également une histoire au féminin de la culture et de la vie quotidienne de son temps : la maternité, l'éducation des enfants, la poésie de la nature, avec, en toile de fond, l'omniprésence de la mort et des grands bouleversements historiques. Ma vie restitue la parole à cette belle figure féminine dévouée à Tolstoï, faisant revivre les instants fugitifs de grâce, de bonheur ou de peine qui ont accompagné toute son existence. Le manuscrit de Sofia Tolstoï n'a jamais été publié en Union soviétique ou en Russie et sa parution simultanée à Moscou et à Paris constitue un véritable événement littéraire.
Dans son essai, Sur l'importance du refus du service militaire, Léon Tolstoï invite les citoyens à une forme de sédition au nom de la liberté des peuples et du droit de disposer de soi-même en toute quiétude. Contre l'oppression, contre les oppresseurs, Tolstoï fédère et apporte son soutien. La correspondance ici reproduite entre Tolstoï et les docteurs Skarvan et Makovitzky ainsi que l'article du docteur Skarvan « Le refus du service militaire » relaient l'influence que la contestation initiée par Tolstoï eu sur une partie de la population en Russie, comme en Europe.
«Puisant la matière de son oeuvre dans l'observation de soi nourrie par l'inquiétude morale et la soif de perfection, Léon Tolstoï (1828-1910) fait du roman réaliste, construit à partir de l'évocation plastique de l'instant concret, une épreuve de vérité soumise au critère esthétique de l' authenticité. Le sujet épique de La Guerre et la Paix étend ce critère aux mécanismes de l'Histoire, celui, tragique, d'Anna Karénine aux valeurs de la société et de la civilisation contemporaines dont il devient, après la crise existentielle de 1880-1881, le dénonciateur impitoyable au nom d'un christianisme ramené à l'exigence de l'amour du prochain et du perfectionnement individuel.» Michel Aucouturier.
Anna Karénine et Résurrection sont accompagnés ici d'une partie importante de ce que l'on pourrait appeler leurs dossiers de préparation : pour Anna Karénine, les plans successifs envisagés par Tolstoï, des scènes entières qui n'ont pas été utilisées, des personnages différents ou les mêmes personnages vus tout autrement, une histoire aussi de l'élaboration du roman ; pour Résurrection, le premier brouillon achevé de l'oeuvre et quelques documents qui donneront une idée du travail accompli par Tolstoï avec la rédaction définitive.
Entre Anna Karénine et Résurrection se place la période moralisante et théologique de Tolstoï. La préface de Pierre Pascal qui ouvre ce volume en explique le sens et le développement.
Tolstoï entame une enquête immense, descend dans l'enfer putride des prisons, scrute les détenus, polémique avec les «idéologues» révolutionnaires, interroge le peuple. Résurrection se veut un roman - total, mais cette fois-ci le Tolstoï millénariste refuse la durée et exige tout tout de suite : le salut total de la création. C'est peut-être ce qui fait de Résurrection, paru quand naissait le XX? siècle, un signe avant-coureur des grands soubresauts millénaristes de notre siècle à nous.
Cette étude, publiée dans une revue moscovite, présente la pensée sur l'art du grand romancier russe alors âgé de 70 ans.
Reconnu pour son art de la fresque, Tolstoï s'illustre dans ces sept nouvelles par la maîtrise du détail. Avant que le romancier ne fasse chanter le choeur de l'histoire, le nouvelliste nous murmure la poésie des petits évènements : ici la neige se lève, là des paysans délibèrent. Le hennissement du cheval solitaire, la riche musique du violoniste crasseux entonnent à l'unisson une même plainte : celle de la nature blessée. Car la nature est l'autre nom de l'authenticité, mise en péril par le calcul égoïste, et de la communauté, que la société bourgeoise prétend civiliser. En peignant la détresse d'une Russie anonyme, Tolstoï offre un récit à tous ceux que l'Histoire a exclus.
«Il n'est plus possible de continuer à vivre comme j'ai vécu jusqu'à présent, et comme nous vivons tous. Voilà ce que m'ont révélé la mort d'Ivan Ilitch et le journal qu'il a laissé. Je veux donc décrire ma conception de la vie et de la mort avant cet événement, et je transcrirai son journal tel qu'il m'est parvenu.» Ces lignes de Tolstoï définissent le propos qui lui a dicté ces trois nouvelles. La maladie d'un magistrat, la mort et la rédemption d'un négociant pris dans une tempête de neige, Trois morts, incarnent dans des personnages et des événements simples et poignants la même interrogation : «Et la mort ? où est-elle ? Il chercha son ancienne peur et ne la trouva plus. Où était-elle ? Quelle mort ?» Et la découverte finale, qui permet de répondre : «Il n'y avait pas de peur, parce qu'il n'y avait pas de mort.»
"En opposant la haine à la haine, on ne fait que la répandre, en surface comme en profondeur", écrivait Gandhi. Tolstoï, qui influença si fortement l'apôtre de la non-violence, ne disait pas autre chose !
Irténiev, propriétaire terrien, est un homme sérieux, qui gère son domaine avec efficacité et rigueur. Marié à la douce et fragile Lise, romantique amoureuse qui l'idéalise, Irténiev fait de son mieux pour être à la hauteur. C'est sans compter sur Stépanida, une belle paysanne impudique, au regard de braise, au corps vigoureux et à la peau laiteuse, qui met tous ses sens en émoi...
Peut-on résister aux tentations de la chair? Tolstoï nous dresse un tableau diabolique de la sensualité.
À travers les paysages du Caucase et le régiment de Cosaques auquel il est affecté, un jeune officier, Olénine, qui n'est autre que Tolstoï lui-même, découvre la splendeur du monde primitif. «Dieu que notre Russie est triste», soupirait Pouchkine ; le Caucase, c'est pour Tolstoï la découverte de la joie, l'oubli de l'accablant sentiment de culpabilité qui est au fond de l'âme russe.
D'admirables évocations de nature. Le pittoresque éclatant des voyages romantiques. Et une histoire d'amour où nous voyons Olénine s'éprendre d'une jeune Cosaque, Marion, qui est pour lui le symbole d'une liberté encore insaisissable. Marion refusera d'épouser Olénine mais celui-ci ne l'oubliera jamais, et Les Cosaques sont le point de départ de l'évolution morale de Tolstoï.